LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Commune de Garango : Un conflit à double facette

Publié le dimanche 14 mai 2017 à 22h00min

PARTAGER :                          
 Commune  de  Garango : Un conflit à double facette

Le 20 février 2017, le député-maire de la commune de Garango, Jean-Célestin Zouré, adressait une correspondance aux chefs de circonscription de l’éducation de base (CCEB) de sa municipalité. Ladite note soulignait que les demandes d’établissement d’actes administratifs, notamment les certificats de prise de service, de non-logement, de cessation de service, doivent être désormais revêtus d’un timbre communal. Cette décision, que les travailleurs de l’éducation de base qualifient « d’autocratique et d’anti-démocratique », est à la base d’une crise dans la « cité des arachides ». Sit-in, fermeture de classes, interventions des forces de l’ordre, ont ponctué ce bras de fer entre les deux parties, jusqu’à la date du 21 avril 2017. Et si le conflit entre les deux camps est tu, un autre pourrait naître entre le maire et Haut-commissaire.

Pour le maire de la commune de Garango, c’est après avoir constaté une anomalie, que le conseil municipal a décidé de faire un rappel des textes. « Nous nous sommes rendus compte que de tous les fonctionnaires qui ont été transférés à la mairie, les enseignants, pour un certain nombre de dossiers, ne faisaient pas de demande, notamment pour leur certificat de prise de service », a situé Jean- Célestin Zouré.

A ce sujet, dit-il : « Ce n’est pas une innovation à Garango. Pour preuve, dans cette même commune, les agents de santé, quand ils font leur demande pour leur prise de service, ils timbrent leurs demandes en bonne et due forme ». C’est ainsi, poursuit-il, que les CCEB ont diffusé l’information et « les syndicats n’ont pas entendu la chose de pareille oreille, parce qu’ils disent que depuis des années, ils ne l’ont jamais fait. Nous leur avons opposé un argument de texte, on a sorti les dispositions du code de l’enregistrement et du timbre qui soulignent que toutes les demandes adressées aux autorités constituées, aux institutions, doivent être timbrées. Ils ont fait la sourde oreille et ils ont décidé d’engager le bras de fer ».

‘’La commune a besoin de ressources pour fonctionner’’

A en croire le syndicat national des travailleurs de l’éducation (SYNATEB), la fameuse note qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive leur est parvenue « un peu en retard, en début mars ». C’est ce qui ressort des propos du secrétaire général du SYNATEB, Issoufou Soulené. Pour lui, les actes administratifs sont de droit et ne doivent faire l’objet d’une quelconque demande. « Les actes cités, on les établissait auparavant sans demande », a-t-il souligné, confiant que le syndicat a sollicité une rencontre avec le maire le 14 mars 2017.

« Le 15 mars, le maire a reçu l’UAS. (…). Monsieur Zouré, s’appuyant sur le code fiscal, a signalé que sa commune a besoin de ressources financières pour fonctionner et que les agents publics qui sont sous sa responsabilité administrative, doivent se conformer à la dite correspondance », a affirmé Abdou Narcisse Guiébré, Secrétaire général (SG) de l’UAS de Garango. Et au SG du SYNATEB de souligner que les prix des timbres communaux, sont passés de 200 à 300 francs à Garango, depuis janvier 2017.

La hausse du prix du timbre étant également à l’ordre du jour, le SG du SYNATEB confie : « Le maire nous a fait savoir qu’il a consulté sa population qui a même suggéré d’envisager une hausse du prix du timbre de 400 ou 500 francs CFA. Si la population accepte de payer, nous ne voyons pas d’inconvénients pour le faire également (…). Nous ne voyons pas ici un problème de timbre », a déclaré Issoufou Soulené. Puis de poursuivre : « S’il y avait effectivement une demande à rédiger, il n’y avait pas de débat, mais il n’y a pas de demande pour obtenir ces actes ».

Le syndicat dit avoir adressé, à l’issue de cette audience infructueuse, une note au maire Jean-Célestin Zouré le 20 mars, lui exigeant d’annuler sa note. Mais, selon eux, le maire, depuis Ouagadougou, aurait dit à son secrétaire général de ne pas recevoir la lettre. Le maire, quant à lui, se justifie : « En mon absence, ils sont venus à la mairie, en manifestations, pour remettre du courrier au maire. J’ai fait demander s’ils avaient une autorisation de manifester et quand le secrétaire est sorti leur demander, ils ont dit qu’ils s’en foutent et là, j’ai été ferme, j’ai dit, mais s’ils s’en foutent de l’autorité, ils n’ont pas reçu d’autorisation, ils manifestent quand même, il n’y a pas de raison que l’autorité prenne leur correspondance ».

Après plusieurs tracasseries, un sit-in de 48 heures aura finalement lieu les 5 et 6 avril, mais il ne se tiendra pas au sein de la mairie. « Nous leur avons demandé de tenir leur sit-in à l’extérieur de la mairie. Là, ils ont forcé rentrer à l’intérieur de la mairie et nous avons dû faire appel aux forces de l’ordre qui n’ont pas réussi à les contenir » a indiqué le maire de Garango.

Il s’en suit alors une série de grèves dès le 14 avril 2017 et au regard des positions toujours tranchées, le haut-commissaire finit par initier un cadre de concertation avec les différents acteurs (le maire, la section provinciale du SYNATEB ; le directeur provincial de l’éducation nationale (DPENA) ; le directeur provincial des impôts). [ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

Nicole Ouédraogo
Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 14 mai 2017 à 14:48, par kankafogou le gorko En réponse à : Commune de Garango : Un conflit à double facettes

    les enseignants doivent faire pardon toute demande officille doit être revêtue d’un timbre . la mairie est structure autonome qui prend désormais en charge l’éducation donc par le parallélisme des formes ils doivent mettre un timbre sur leur demande

    • Le 14 mai 2017 à 23:05, par un gondwanais En réponse à : Commune de Garango : Un conflit à double facettes

      le gorko, on te dit que pour ces actes administratifs, il n’y a pas de demande ; on n’a pas besoin de rediger une demande pour un certificat de prise de service ; alors où va se mettre un timbre ?

  • Le 14 mai 2017 à 18:05, par Nama En réponse à : Commune de Garango : Un conflit à double facettes

    Les agents de santé aiment la moutonnerie. Quand bien-même les demandes d’établissement d’actes administratifs ne sont pas réglémentées, eux, se soumettent, sous exigeance de l’équipe cadre du district, jetant tout de même le discrédit aux autres corps. S’aurait été un travailleur éclairé de la santé qui était impliqué qu’on ne parlerait plus de lui tout le reste de sa carrière ! : neutralisé et réduit au néant avec le regard complice de ses pairs. Trop effrontées, ces brébis des districts.

  • Le 14 mai 2017 à 18:06, par madi En réponse à : Commune de Garango : Un conflit à double facettes

    le maire ZOURE doit raison gardée : je propose que ce soit le supérieur hiérarchique immédiat des agents qui établisse directement les actes administratifs (certificat de prise de service, administratif...) au lieu de les confier à d’autres !

  • Le 14 mai 2017 à 23:23, par Mon pays En réponse à : Commune de Garango : Un conflit à double facettes

    Le problème dans cette crise c"est la personne du maire Zouré. Il n’est ni le premier maire et ne sera non plus le dernier.Il gère la mairie comme son cabinet de notariat en ignorant totalement le social.La mairie gagne combien comme recette par an dans la vente de timbres aux enseignants pour leurs actes administratifs ? Mr le maire mettez balle à terre.

    • Le 15 mai 2017 à 11:22, par kobi En réponse à : Commune de Garango : Un conflit à double facettes

      Mon frère , la personne physique du maire a quoi avoir avec la gestion de la marie ?
      Garango est une commune urbaine et non une commune rurale ; donc le prix du timbre de 300 f est raisonnable ;
      de combien d’actes administratifs un enseignant a besoin par an ?
      OUI au développement participatif de nos communes ; après nous serons les premiers après 5 ans de gestion à dire que le maire n’a rien fait
      Pourquoi les autres fonctionnaires payent et les enseignants refusent de payer ?

  • Le 15 mai 2017 à 03:42, par sidwaya sorgho gomis En réponse à : Commune de Garango : Un conflit à double facettes

    Il ne faut pas exiger des fonctionnaires relevant des communes des choses qu’on exige pas des fonctionnaires relevant directement de l’Etat central.

    Dans aucun ministère à Ouaga, il ne viendrait à l’idée de personne d’exiger une demande avant de délivrer "une prise de service" ou "une cessation de service".

    Ces actes administratifs sont produits automatiquement par qui de droit dès que "la prise de service" ou "la cessation de service" est constatée. il n y a pas que les fonctionnaires intéressés qui ont besoin de ces actes ; l’Administration elle aussi en a autant besoin.

  • Le 15 mai 2017 à 10:20, par C’EST FOU En réponse à : Commune de Garango : Un conflit à double facette

    Bonjour.
    J’ai 19 ans de service. je n’ai jamais fait de demande ni payé pour un certificat de prise de service, de non- logement, administratif, de cessation de service...

    • Le 15 mai 2017 à 12:41, par PANTH En réponse à : Commune de Garango : Un conflit à double facette

      Et qu’en t’il des autorisations d’absence et décisions de congé ? La décision, je pense n’est fortuite. C’est avant tout la mise en oeuvre d’une délibération du conseil. Et parler de la hausse des prix des timbres, vraiment je tombe des nues. La commune est bien autonome dans sa gestion, elle peut le faire et aux habitants de la localité de s’y conformer.

  • Le 15 mai 2017 à 11:52, par Dara En réponse à : Commune de Garango : Un conflit à double facette

    C’est un maire UPC. Vous n’avez rien vu d’abord. On va vous faire les poches si ceux là arrivent au sommet du pouvoir !!!!!

  • Le 15 mai 2017 à 18:56, par Kato En réponse à : Commune de Garango : Un conflit à double facette

    Pourquoi tout ce ramdam ?
    Ces actes en question ne leur seront même pas demandés chaque année. On leur demande juste 300 ou 600 F comme contribution pour leur passage dans cette commune et ils en font un drame.
    Et puis, il y a quand même une manière plus élégante de rejeter une décision, mais pas en allant assiéger une mairie sans préavis !
    Dieu bénisse le Burkina.

  • Le 16 mai 2017 à 00:05, par Z En réponse à : Commune de Garango : Un conflit à double facette

    Kobi.Si une augmentation de 100F du prix du timbre n"est rien pour toi,c’est ignorer les réalités du terrain. Une commune comme garango n’a pas besoin de fouilleter des chats juste pour se faire un bilan . IL ne faut pas encourager le maire dans une telle démarche qui n’apporte pratiquement rien à la commune.Le haut commissaire à servi à garango en qualité de SG de mairie.Il connaît très bien le milieu.La décision qu’il a prise a permis d’apaiser et d’éviter le pire.Le maire doit se clalmer.

    • Le 16 mai 2017 à 23:39, par Mon avis En réponse à : Commune de Garango : Un conflit à double facette

      En parlant du pire, pensez-vous que c’est à votre honneur, vous enseignants, d’en arriver à là ? Pensez-vous qu’il était nécessaire de prendre l’avenir des écolier en otage pour arriver à vos fins ? Etait-il responsable de présenter les enfants comme bouclier ? Autant de questions que vous devriez vous poser. Les enseignants (il faut le reconnaître ), ont un complexe de supériorité. Le plus souvent, ils optent pour l’argument de la force (Ne vous sentez pas frustés. C’est un constat). Ils se disent qu’en tant que éducateurs, ils peuvent tout. Organisés en syndicats, ils ont tous les droits. Peut être. Mais permettez moi de m’attarder un peu sur le mot "éducateur". Quelle éducation l’enseignant donnera t-il aux enfant quand celui-ci descende dans la rue, affronte les CRS aux côtés des enfants ? Quelle éducation l’enseignant donnera t-il si il ne suit pas la procédure légale pour remettre en cause une décision du maire (Etant donné qu’ils n’ont pas suivi cette procédure, je suppose qu’ils ne la connaissent pas et je me permet de la leur montrer : D’abord il y a le recours gracieux. Si cela échoue, vous introduisez une requête auprès du tribunal administratif et enfin, si vous pensez toujours être dans la légalité et qu’on ne vous a pas donné gain de cause, vous pouvez passer à la grève.) Loin d’être un acharnement sur le corps enseignant, c’est une invitation à un mea culpa, à un comportement responsable à une prise de conscience.
      Pour terminer, nous décrions tous l’incivisme des élèves. Cependant, n’oubliez pas que pour l’enfant, le maitre représente un modèle, un exemple. De ce fait, il imite son maître en toute chose. Je n’ai pas besoin d’en dire plus.
      Ainsi se présente ma pensée objective et constructive.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Gaoua : L’ONG MERCY CORPS dresse le bilan de son projet PILAND