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Promotion des langues nationales du Burkina Faso (1/3) : Du San à l’ONU ? Pas de quoi voir rouge !

Publié le vendredi 14 avril 2017 à 21h24min

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Promotion des langues nationales du Burkina Faso (1/3) : Du San à l’ONU ? Pas de quoi voir rouge !

Louis Dominique Ouédraogo, ancien diplomate, ancien fonctionnaire du système des Nations Unies, qui se définit lui-même comme un "Analphabète en quête d’alphabétisation dans sa langue maternelle" nous propose, dans cette série d’articles, de discuter de l’enjeu des langues nationales dans le développement de nos Etats.

Le contexte

La 71ème session de l’Assemblée générale de l’ONU s’est ouverte le 13 septembre 2016 et l’ordre du jour adopté le 16 septembre comportait 173 points dont un (point 125) sur le multilinguisme. Le débat général tenu du 20 au 26 septembre a connu la participation de quelque 160 Chefs d’Etat et de gouvernement dont celle du Président Roch Marc Christian Kaboré qui est intervenu en français le 22 septembre.

Le 29 septembre 2016 le Président du Faso a procédé à l’installation officielle de la Commission constitutionnelle chargée de proposer un projet de nouvelle Constitution consacrant le passage de la IVème à la Vème République. L’avant-projet soumis par la Commission propose en son article 45 une modification de l’article 35 de la Constitution actuelle concernant la langue officielle. Le XVIème Sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) s’est tenu à Antanarivo (Madagascar) du 22 au 27 novembre 2016 et l’une des résolutions adoptées porte sur la promotion de la diversité linguistique.

Quel rapport peut-il y avoir entre ces divers événements et la promotion des langues nationales africaines en général et celles du Burkina Faso en particulier ? Beaucoup plus qu’il n’y paraît. Le lien entre langues et cultures est si prégnant qu’il me paraît difficile de prôner à l’ONU et ailleurs le multilinguisme comme étant l’expression de la diversité et du dialogue des cultures, de pointer d’un doigt accusateur la tendance au plan mondial à l’unilinguisme anglais et à la pensée unique tout en prônant une autre forme d’unilinguisme pour assurer la défense et l’illustration d’une seule langue.

Amoureux des langues, j’ai l’intime conviction que le débat à l’ONU sur le multilinguisme tout comme les prises de position de la Francophonie sur ce sujet doivent célébrer davantage la diversité linguistique des Etats membres et encourager l’utilisation de leurs langues nationales. Je rêve donc d’entendre un jour à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU le Président du Faso s’exprimer dans l’une de nos langues nationales et, pourquoi pas en langue san, la langue des Samo. Je rêve de voir dans la nouvelle Constitution qui régira la Vème République une version modifiée de l’article 35, mais différente de celle proposée par la Commission constitutionnelle. Je rêve enfin de voir nos autorités compétentes prendre des mesures plus audacieuses pour la promotion des langues nationales du Burkina Faso. Ces rêves seront détaillés en trois parties comme suit :
- Du San à l’ONU ? Pas de quoi voir rouge ! (1/3)
- Il faut modifier l’article 35 de la Constitution de la IVème République (2/3)
- Halte à la diglossie, vive le CaLin (3/3)
L’amour des langues
Oui, j’aime les langues et je crois bien que cela remonte à ma tendre enfance. Du temps où j’allais au catéchisme à Kaya, la fête catholique qui m’impressionnait le plus n’était ni Noël, ni Pâques, ni l’Assomption. Non, c’était la Pentecôte ! Pas tant en raison de ces langues de feu qui descendirent sur les Apôtres, que pour la suite : « .. ils se mirent à parler en d’autres langues » et les gens rassemblés dans la foule « ...étaient dans la stupéfaction parce que chacun d’eux les entendait parler sa propre langue » !( Actes des Apôtres, chapitre 2, versets 1 à 4 et 6).

Pouvoir parler toutes les langues et raconter des secrets à mon frère dans une langue non comprise de nos parents, quelle aubaine ! Et s’il y avait une langue que je rêvais de maîtriser en priorité c’était le latin, persuadé à l’époque que cette langue-là était celle de Dieu...puisque c’est souvent en latin que le prêtre s’adressait à Lui, parfois en chuchotant pour que nous autres, pauvres pêcheurs, n’y comprenions pas grand chose. Il faut dire qu’en plus, j’avais une raison moins...catholique de vouloir apprendre la langue de Sénèque.

Enfant, j’étais assez bagarreur. Gringalet et bagarreur comme c’est souvent le cas. Et lorsque j’avais à faire à plus fort que moi, loin d’être intimidé, j’engageais le combat. Toutefois, courageux mais pas téméraire, je savais quand me fier à mes dents...pour mordre et à mes mollets pour détaler. Pour parodier le grand Mohamed Ali (mon aîné de seulement 4 jours, et qui nous a quittés le 3 juin 2016) et son célèbre slogan lors de son match contre Georges Foreman en 1974 - « Float like a butterfly, sting like a bee » (« Vole comme un papillon, pique comme une abeille ») - , dans mon cas cela aurait été « Bite like a mosquito, run away like a hare » (« Pique comme un moustique, détale comme un lièvre »). Qui est fou ! Du coup, parmi les petits camarades, les plus gentils me surnommaient « moustique ». Les autres, plus méchants, usaient de leur latin mossifié pour transformer le « Dominus vobiscum » ( « Le Seigneur soit avec vous ») en « A Dominik va biig n ku ! » et les plus fielleux ajoutaient « N wudg n ti tuuda a yaogo ! ». (mes excuses auprès des linguistes pour les fautes éventuelles d’orthographe et merci à l’ami prêtre qui m’a conseillé). Traduction en français facile : « Dominique a frappé à mort un enfant et a couru creuser sa tombe ».

J’étais bagarreur mais de là à tuer ? Je m’étais donc juré d’apprendre cette « langue » dans laquelle on m’accusait à tort d’assassinat. Aussi, dès que l’occasion se présenta à l’entrée en sixième au Collège moderne de Bobo-Dioulasso (en 1955) devenu plus tard le Lycée Ouezzin Coulibaly, j’ai choisi sans hésitation la section classique. Ah ! Que j’aimais les cours de latin ! Il faut dire qu’avec un professeur qui s’appelait M. Bontemps, il ne pouvait en être autrement.

Hélas, après la classe de 5ème, il fallut faire un choix cornélien : la décision ayant été prise de supprimer la section classique, il fallait soit partir à Ouagadougou pour continuer dans cette section (et donc se refaire de nouveaux copains), ce à quoi m’encourageait M. Bontemps qui m’aimait bien, soit passer en section moderne et rester à Bobo. Après réflexion, ma décision fût prise : ce serait « les copains d’abord »,....bien avant que cela ne devienne en 1964 l’un des titres célèbres du répertoire de Georges Brassens. Adieu donc la déclinaison de rosa (la rose) qui sera si brillamment mise en musique en 1962 par Jacques Brel [https://www.lacoccinelle.net/287466.html] ; fini les thèmes et versions en latin et concentration désormais sur l’anglais. Si j’y excellais, le mérite revient à mon avis à la qualité de nos professeurs.

En effet, ayant conservé mes bulletins de notes de la sixième à la première, je suis surpris en les relisant de constater qu’il m’est arrivé d’être septième de la classe avec 12,5 de moyenne. Comment ne pas en déduire que les lacunes abyssales en anglais de mes jeunes neveux ou nièces après 4 à 6 ans d’apprentissage de la langue de Shakespeare n’étaient pas uniquement le reflet de leur « cancritude » ! Plus tard, en fonction des opportunités, je me suis essayé à des cours d’espagnol à la Escuela Berlitz à Barcelone en 1967, ai passé à l’ONU à New York en 1970 mon EAL (Examen d’aptitudes linguistiques) ou LPE (Language proficiency examination) en anglais, et pris des cours d’allemand au Goethe Institute à Ottawa en 1974. A la réflexion je me demande parfois si le choix de faire carrière dans la diplomatie n’était pas dû inconsciemment en partie au fait que c’est l’une des professions dans laquelle la maîtrise des langues est un atout. Toutes les langues...y inclus la langue de bois. Fort de cette diversité d’exposition à d’autres langues, je ne pouvais qu’être un fervent partisan du multilinguisme.

Pas étonnant dès lors que, devenu plus tard inspecteur du Corps commun d’inspection du système des Nations Unies (CCI), un organe subsidiaire de l’Assemblée générale dans lequel j’ai été élu et ai exercé deux mandats de cinq ans de 1996 à 2015, j’aie été co-auteur, avec mon collègue russe M. Eduard Kudryatsev, d’un rapport sur « Le multilinguisme dans le système des Nations Unies » publié en 2003 et qui fait encore autorité, puis seul auteur de deux autres rapports du CCI sur le thème du multilinguisme et de l’accès à l’information, portant respectivement sur l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et sur l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI).

A l’issue de mes mandats au CCI, l’OIF m’a sollicité pour rédiger deux rapports sur l’état de la mise en œuvre, dans les organisations basées à New York et à Addis Abeba, des résolutions de l’Assemblée générale de l’ONU relatives au multilinguisme. Enfin, retraité de la fonction publique internationale depuis 2006, je prépare un livre dont le titre provisoire est « Francophones d’Afrique, speak English as well..and honi soit qui mal y pense » (« Francophones d’Afrique, parlez également anglais..et honni soit qui mal y pense »), livre que je projette de publier simultanément en français et en anglais. Premier ambassadeur résident de Haute-Volta au Canada de 1974 à 1981, j’avoue avoir été conquis par la politique du bilinguisme anglais/français prônée à l’époque par le Premier ministre Pierre Elliot Trudeau (le père de l’actuel Premier ministre M. Justin Trudeau), une politique dont devraient s’inspirer plus particulièrement les membres de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Quel lien entre ce passé d’un « has been » amoureux des langues et la promotion des langues nationales du Burkina Faso ? C’est que j’ai un terrible aveu à faire : je souffre d’être resté ANALPHABÈTE ! Oui, analphabète dans son étymologie grecque analphabêtos (« an » privatif, « alpha » A et « bétos » B), c’est à dire « qui ne sait ni A ni B » autrement dit, qui n’a pas été à l’école et ne sait donc ni lire ni écrire. Généralement, en Afrique francophone, quand on traite quelqu’un d’analphabète (parfois avec condescendance), on sous-entend que comme il l’est en français, il l’est pour tout. La modestie impose de reconnaître que l’on peut être lettré en français et analphabète dans d’autres langues. Comme probablement nombre de mes compatriotes qui liront ces lignes, je suis donc analphabète...dans ma langue maternelle. A l’instar de nos aînés, les « jeunes » de ma génération ont appris le français sous la menace du « SYMBOLE ».

Ah ! Le symbole. Je vous parle d’un temps que les moins de...60 ans n’ont pas connu (j’ai eu 75 ans en janvier 2017). En ce temps là, il n’était évidemment pas question d’enseigner le français en même temps que des langues dites « vernaculaires ». A Houndé, où j’ai fait 5 ans d’école primaire, si vous étiez pris dans la cour de l’école en flagrant délit de vous être exprimé dans une de ces langues, qu’elle soit maternelle ou pas, vous étiez condamné à porter votre croix, à savoir un âne taillé dans du bois, symbole de votre attentat contre la langue de Molière. Et, cette croix, il fallait la porter jusqu’à ce que vous preniez vous aussi en flagrant délit un autre coupable à qui refiler l’effigie d’ Aliboron !

A ce « jeu », je n’ai pas été souvent pris et c’est pour cela que je sais lire, écrire et compter en français...mais que je suis resté analphabète en mooré. Vous me direz que le colon n’est pas seul responsable de mon analphabétisme mais s’il est vrai que l’enseignement dit bilingue a fait d’énormes progrès au Burkina Faso (heureux ceux qui, comme Toegui, ont connu l’ère du Bantaaré !..) cela ne date que depuis la fin des années soixante et beaucoup reste à faire. La preuve ? Alors que l’offre de cours d’anglais fait florès sur le site lefaso.net, sur les murs de différents établissements, dans les journaux et même sur les lampadaires d’éclairage public, que les cours de chinois refusent du monde, je scrute en vain tous les jours une publicité pour des cours (sérieux) en moore ou d’autres langues nationales. Il est donc urgent d’agir.

Lingua gentem facit (« la langue fait le peuple »)

L’année 2016 a marqué un double anniversaire pour la Francophonie. L’un des documents publiés par l’OIF à l’occasion du Sommet d’Antanarivo célèbre le dixième anniversaire du Vade-mecum.
En effet le 26 septembre 2006, dans la capitale roumaine, les ministres participant à la 22ème session de la Conférence ministérielle de cette Organisation, se sont dits « sensibles aux difficultés que rencontre l’usage du français dans les organisations internationales et régionales » et ont donc pris des engagements résumés sous l’expression « Vade mecum de Bucarest » dont le dispositif le plus important est comme suit :
« Dans les organisations internationales et régionales où le français bénéficie du statut de langue de travail ou de langue officielle, nous nous engageons, ainsi que nos représentants et délégués :
- à nous exprimer en français lorsque c’est notre seule langue nationale ou officielle ;
- à faire une part équitable et équilibrée à l’expression en français lorsque notre pays reconnaît plusieurs langues nationales ou officielles, illustrant ainsi notre diversité culturelle ;
- à privilégier l’expression en langue française dans tous les autres cas où l’usage de notre ou de nos langues nationales ou officielles, autres que le français, n’est pas possible ;
[ http://www.francophonie.org/IMG/pdf/Vade-mecum_Fcs_vie_intnale_2006.pdf ]

Sur la base de ce document, le Secrétariat de l’OIF a publié périodiquement un rapport intitulé « Document de suivi du Vade-mecum » dont la 5ème édition est la version la plus récente.
[http://www.francophonie.org/IMG/pdf/5e-document-de-suivi-du-vade-mecum_v2.pdf ]. Il fait le point sur l’usage ou non du français par les représentants des Etats membres de l’OIF dans leurs interventions dans les organisations internationales. A mon humble avis, on a eu trop tendance à s’appesantir sur le premier engagement pris à Bucarest (« nous exprimer en français lorsque c’est notre seule langue nationale ou officielle » ) au détriment du second (« faire une part équitable et équilibrée à l’expression en français lorsque notre pays reconnaît plusieurs langues nationales ou officielles, illustrant ainsi notre diversité culturelle »).

Les Etats africains francophones membres de l’OIF reconnaissent tous plusieurs langues nationales mais à trois exceptions près (kirundi au Burundi, sango en Centrafrique, kinyarwanda au Rwanda) aucune de ces langues n’a le statut de langue officielle dans le pays où elle a ses principaux locuteurs. Et s’agissant du statut de langues officielles, les 80 Etats et gouvernements participant à l’OIF comme membres de plein droit, membres associés ou observateurs peuvent être regroupés en 3 cercles concentriques. Le premier cercle que l’on pourrait appeler le noyau dur comprend treize pays ayant le français comme seule langue officielle : la France, Monaco et 11 pays d’Afrique francophone ( Bénin, Burkina Faso, Congo, Congo RD, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée, Mali, Niger, Sénégal, Togo).

Le deuxième cercle regroupe des pays (tels que Belgique, Burundi, Canada, Cameroun, Rwanda, Suisse Tchad..etc) dans lesquels le français est langue co-officielle avec une ou plusieurs autres langues . Dans les pays composant le troisième cercle (tels que Albanie, Cambodge, Cap Vert, Egypte, Emirats arabes unis, Ghana, Mauritanie, Tunisie, Vietnam, etc), le français a le statut de langue étrangère. Au total, on compte donc dans la galaxie OIF en plus du français, plus d’une trentaine de langues qui sont officielles dans les Etats concernés, allant de l’albanais au vietnamien en passant par le créole, le grec, le letton, le moldave, le romanche, le serbe ou le thai. C’est donc à dessein que, pour illustrer cet article, j’ai choisi l’affiche de l’UNESCO publiée en 2002 pour célébrer la Journée internationale de la langue maternelle et qui proclame que « In the galaxy of languages, every word is a star » (« Dans la galaxie des langues, chaque mot est une étoile »). Oui, chaque mot de chaque langue, quelle qu’elle soit, est une étoile. Et si, comme dans le firmament, toutes les étoiles ne brillent pas du même éclat, aucune ne mérite de mourir pour permettre à d’autres d’être plus brillantes.

Le second anniversaire a été passé sous silence, et pour cause ! De sources concordantes, le premier à utiliser les mots « francophonie » et « francophone » est Onésime Reclus (22 septembre 1871-30 juin 1916). Il eut été pour le moins incongru de marquer d’une quelconque manière le centenaire de sa mort. En effet, ce géographe français fervent partisan de la politique de colonisation de l’Afrique entreprise par la France sous le Second Empire et la IIIème République, est l’auteur de nombreux ouvrages dont deux concernent plus particulièrement le continent noir et qui méritent d’être revisités. En 1904, il publie « Lâchons l’Asie, Prenons l’Afrique. Où renaître ? Et comment durer ? », un ouvrage dans lequel il estime dénués de sens « ceux qui prient, supplient de ne pas franciser quant à la langue nos indigènes de tout idiome, Berbères, Arabes, Ouoloffs, Malinkés, Sonrhais, Peuhls, Mossis, Zandehs, Bantous, Malgaches, etc. » (page 167). Pour lui, ces langues sont condamnées à mourir de leur impuissance « par incapacité de suffire à ceux qui les parlent dans le tumulte du vingtième siècle ». Il estime en effet que, « ..avant qu’elles aient pu s’accommoder aux sciences, aux arts, à la philosophie, à la politique, avant d’avoir créé le vocabulaire sine qua non, inspiré les cent mille volumes sans lesquels un peuple ne peut vivre autrement que pour les basses besognes, elles seront depuis longtemps reprises par l’éternel silence ». Selon lui, « Mourir pour mourir, pourquoi n’auraient-elles pas le français pour héritier, au lieu de l’anglais, de l’allemand, de tout autre idiome d’Europe occidentale ou d’ailleurs ? » (page 170).

Dans un second ouvrage publié en 1917 (après la mort de l’auteur) et intitulé « Un grand destin commence », la politique linguistique prônée par Onésime Reclus dans les colonies africaines est mise en exergue de manière plus patente. Il prédit que, « …d’Alger à Brazzaville voire au Katanga, puisque le Congo Belge est aussi un Congo français, on peut déjà dresser les lettres de faire part du décès des idiomes nègres et négroïdes. Ils sont trop nombreux, par centaines et par milliers, trop frustes, trop inutiles pour résister pendant de longues décades d’années à la pression d’un langage unique, puissant, très utile et, pour tout dire, mondial (page 85).

Selon lui, les idiomes « qui n’ont derrière eux aucun témoignage du passé parce qu’ils ne s’écrivent pas ne peuvent subsister que pendant de très courtes générations. Nos petits-fils ou, si l’on préfère comme plus assuré, nos arrière-petits-fils auront donc sous les yeux une Afrique où le français seul sera parlé dans la majeure partie, voire la totalité des tribus, des villages qui l’animeront, à l’exception des contrées où le peuple a des traditions écrites.(page 87). Il en déduit que « Nous devons tout subordonner à l’œuvre qui sera notre grande œuvre. Cette œuvre …...consiste à assimiler nos Africains, de quelque race qu’ils soient, en un peuple ayant notre langue pour langue commune. Car l’unité du langage entraîne peu à peu l’union des volontés. » (page 95).

Et de conclure par une sentence souvent citée : « Dès qu’une langue a « coagulé » un peuple, tous les éléments « raciaux » de ce peuple se subordonnent à cette langue. C’est dans ce sens qu’on a dit « La langue fait le peuple » [Lingua gentem facit]. Faire du français le parler prépondérant, puis le seul entre la Méditerranée et le bassin du Zambèze, à cela doit viser la France, aidée en cela de la Belgique congolaise. »(page 116). Et, comme pour souligner la responsabilité des premiers concernés, il enfonce le clou en affirmant que « La malléabilité de nos Africains noirs hâtera l’heure de l’engloutissement des mots qui ne sont pas les nôtres » (page 117). Certes, il faut replacer les termes de ce « discours francophone » dans leur contexte historique, celui du XIXème siècle et de la ruée coloniale des puissances européennes sur le continent noir qui a conduit au partage de l’Afrique légitimé au Congrès de Berlin en 1885.

Si Onésime Reclus était encore vivant, il considérerait que l’OIF d’aujourd’hui est en partie aux antipodes de sa vision de la « francophonie », tant il vrai qu’elle parle de dialogue des cultures et de diversité linguistique et non d’assimilation, qu’elle prône l’enseignement bilingue français/langues africaines comme l’atteste le programme ELAN largement financé par la France, qu’elle fait la promotion de ces langues par le biais entre autres de l’institution du Prix Kadima ...etc. Ceci étant, force est de constater également que l’Afrique francophone du XXème siècle et de ce début de XXIème siècle ressemble bien étrangement à certains égards à celle dont rêvait Onésime Reclus, qui aurait sans doute apprécié que la langue française soit et demeure la seule langue officielle de onze pays africains plus d’un demi-siècle après leur accession à la souveraineté internationale et que l’OIF elle-même prône dans la résolution adoptée à Antanarivo la « protection et la promotion » d’une diversité linguistique « mettant l’accent sur le rayonnement de la langue française ».

Faut-il pour autant s’en réjouir, sachant que, selon des projections reprises par l’OIF, l’avenir démographique de la francophonie reposera de plus en plus sur l’Afrique [http://www.francophonie.org/Denombrement-des-francophones.html#h322e7b] et ce alors même que de nombreuses langues africaines sont menacées d’extinction...quand elles ne sont pas déjà mortes. Sur les quelque 700 millions de francophones prévus dans le monde en 2050, 80% seront sur le continent noir qui comptera alors 90% des jeunes francophones de 15-29 ans. Quelle maîtrise auront-ils par ailleurs de leurs langues nationales africaines ? Faut-il que, après « la force noire » qui, au cours de deux guerres mondiales, a fourni tant de « héros méconnus ou oubliés » pour défendre « la mère patrie » avec la « reconnaissance » que l’on sait, l’Afrique soit également la pourvoyeuse d’une sorte de « force noire linguistique » qui contribuera, « à l’insu de son propre gré », à faire en sorte que nos langues nationales soient « reprises par l’éternel silence », comme le prédisait Onésime Reclus ? Je prétends pour ma part que l’avenir de ces langues ne sera assuré que si les analphabètes de mon genre deviennent une espèce en voie d’extinction.

Le multilinguisme à l’ONU : Pour un signal fort du Président du Faso

Comme rappelé plus haut, le multilinguisme est l’un des points inscrits à l’ordre du jour de la 71ème session de l’Assemblée générale. A cet égard, l’année 2016 a été particulière car elle a marqué un important anniversaire. En effet, face à l’emprise croissante de l’anglais en dépit de résolutions précédentes sur l’égalité des six langues officielles (anglais, arabe, chinois, espagnol, français, et russe) et des deux langues de travail (anglais et français), l’Assemblée générale a adopté la résolution 50/95 du 15 novembre 1995 sur le multilinguisme, considéré comme le corollaire de l’universalité de l’Organisation. Depuis lors, l’Assemblée a examiné la question du multilinguisme tous les deux ans, adoptant à chaque fois une résolution sur ce sujet. Dans la résolution 69/324 du 11 septembre 2015 [http://www.un.org/fr/documents/view_doc.asp?symbol=A/RES/69/324] qui est la plus récente, l’Assemblée générale a entre autres considéré que « le multilinguisme est pour l’Organisation des Nations Unies un moyen de promouvoir, de protéger et de préserver la diversité des langues et des cultures dans le monde », que « le multilinguisme véritable favorise l’unité dans la diversité et l’entente internationale » et « qu’il importe de pouvoir dialoguer avec les peuples du monde dans leurs propres langues, y compris selon des modalités accessibles aux personnes handicapées ».

« Promouvoir », « protéger » et « préserver » la diversité des langues et des cultures dans le monde ? Y a t-il meilleure tribune que celle de l’Assemblée générale pour en faire la démonstration ? A mon avis, le débat à l’ONU sur le multilinguisme devrait donc être une opportunité, tous les deux ans, de montrer cette diversité linguistique. Le choix de six langues officielles à l’ONU – l’UNESCO en compte neuf...et l’Union Européenne 28 – n’est tout simplement pas représentatif de ce « Nous, Peuples des Nations Unies », phrase par laquelle débute la Charte de San Francisco. L’article 53 du règlement intérieur de l’Assemblée générale dispose que « tout représentant peut prendre la parole dans une langue autre que les langues de l’Assemblée générale. Dans ce cas, il assure l’interprétation dans l’une des langues de l’Assemblée générale ou de la commission intéressée ». Pourquoi ne pas en profiter ?

Pour ce qui concerne le Burkina Faso, et si « Lingua gentem facit », qui d’autre que le Président du Faso pourrait mieux incarner ce qu’est le peuple burkinabè ? A la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU, cet après-midi du 22 septembre de l’An de grâce 2016, lorsque, drapé dans son costume en Faso Dan Fani, il a fait sa déclaration en français, je me suis mis à rêver qu’il y glisse quelques phrases en langue san, la langue des Samo, et pas uniquement en raison de cette parenté à plaisanterie qui unit si bien Samo et Mossi...et pas non plus pour faire plaisir à son Premier ministre qui est peut être aussi analphabète dans sa langue maternelle que je le suis dans la mienne. Plusieurs raisons militent pour un tel choix, à commencer par la plus évidente : pour un Président moaga, poser un acte aussi historique en commençant par sa propre langue, c’est courir le risque de se faire taxer de « plateau-centralisme », et ce n’est pas le chef du parti « Lefaso autrement » qui vous dira le contraire. Du san à l’ONU, ce serait historique en effet.

Aussi historique que le célèbre « Ich bin ein Berliner » du Président Kennedy à Berlin le 26 juin 1963 en pleine guerre froide et le non moins célèbre « marchemos la mano en la mano » du Général de Gaulle dans un discours prononcé le 16 mars 1964 lors de sa visite officielle à Mexico. En second lieu, dans notre République qui est un « État démocratique, unitaire et laïc » (article 31 de la Constitution de la IVème République), l’expérience montre qu’en politique, il ne faut rien entreprendre de sérieux sans avoir requis au préalable les bénédictions des religieux de toutes confessions. Choisir le san, c’est s’assurer les bénédictions des musulmans, parce que le san était la langue d’un grand El Hadj, le Président Sangoulé Lamizana.

Choisir le san, c’est s’assurer les bénédictions des protestants, parce que le san était aussi la langue d’un grand pasteur, le Colonel Saye Zerbo, celui-là même qu’une certaine presse a affublé du surnom de « Dieu-m’a-dit ». Quant aux catholiques, s’ils n’ont pas de co-religionnaire samo parmi les anciens Chefs d’État, ils ne refuseront pas pour autant leurs bénédictions, et pas seulement par charité chrétienne. Je tiens d’une source digne de foi que le seul africain à s’être jamais assis dans un fauteuil papal est un Samo, en l’occurrence Alfred Diban Ki-Zerbo qui a été reçu en audience privée au Vatican le 5 mai 1975 par Sa Sainteté le Pape Paul VI, par l’entremise des cardinaux Paul Zoungrana et Bernardin Gantin [http://www.mission.catholique.fr/article2559.htm]. En raison de l’âge avancé de son visiteur (100 ans), le Pape l’a fait asseoir sur son trône pontifical ! Un fauteuil papal pour un samo ? Cela vaut bien le fauteuil présidentiel qui a échappé à son célèbre fils, le Professeur Joseph Ki-Zerbo !

Si j’avais donc l’oreille du Président Roch Marc Christian Kaboré, je lui conseillerai vivement d’oser parler san la prochaine fois qu’il s’adressera à l’Assemblée générale de l’ONU. Pour le convaincre, j’ajouterai aux raisons citées plus haut une présentation plus « politique » en lui disant à peu près ceci. « Excellence, depuis que, à la surprise générale, vous avez nommé comme Premier ministre M. Paul Kaba Tiéba, les parents de ce dernier n’ont cessé de nous pomper l’air au cri de « on a gagné, on a gagné » comme si c’est lui qui avait remporté l’élection présidentielle. Pour bien faire, vous avez vu comment il a mouillé le maillot pour « vendre » votre Programme national de développement économique et social (PNDES) avec le succès que l’on sait. Dans les gargottes de Toma, on prétend même qu’il a mouillé plus de maillots que toute l’équipe des Etalons lors de la CAN au Gabon. Il a lui même déclaré que pour le PNDES, il était disposé à dîner avec le diable, avec ou sans grande fourchette.

Le résultat a été au rendez-vous puisqu’il a obtenu des bailleurs potentiels près de 50% de « lenga » par rapport à l’objectif visé. Ce succès a été copieusement arrosé au village comme il se doit au point que, après moult calebassées de gnontoro, les plus lucides étaient convaincus que PNDES veut dire en réalité « Programme National de Développement Economique...des Samos ». Osez donc porter le san aux nues à l’ONU, et vous éviterez ainsi qu’à l’horizon 2020, votre Premier ministre ne vous fasse le coup d’Emmanuel [Macron] et de Manuel [Valls] à François [Hollande] en contractant le syndrome d’Iznogood, à savoir vouloir être calife à la place du calife. Osez faire du san une langue officielle au même titre que le français et vous verrez que tous les Samo et Samelles du Samogoland profond sauront que c’est vous le vrai « tieba », l’autre ne l’étant que de nom. [En dioula « tieba » pourrait se traduire par « Homme fort » - interprétation à éviter par les temps qui courent ou par « Grand homme ».] Certes, un acte aussi historique ne sera pas apprécié dans certains milieux mais, rassurez vous.

En fouinant dans les archives de l’Observateur Paalga (numéro 9052 du 16 février 2016), j’ai découvert un scoop passé inaperçu : Dieu parle san ! C’était à l’occasion de la publication du « Lawa Boo Somborè » (« La véritable Parole de Dieu ») autrement dit la Bible. Et si Dieu lui-même parle san, il faudrait être de très mauvaise foi, et en tout cas d’une foi pas catholique du tout pour reprocher à un christian d’en faire de même ». Peut-être suivra-t-il mon conseil. Je prétends donc que le jour où, au bord de l’East River à New York, on entendra du san à la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies, il n’y aurait vraiment pas de quoi voir rouge.

L. D Ouédraogo
Lettré en français et en anglais,
Analphabète en quête d’alphabétisation dans sa langue maternelle

POUR EN SAVOIR PLUS
1) Discours du Président Kaboré à l’Assemblée générale de l’ONU
[https://gadebate.un.org/fr/71/burkina-faso ]
2) Résolution du XVIeme Sommet de l’OIF sur la diversité linguistique
[http://www.francophonie.org/IMG/pdf/som_xvi_6_resol_div_ling.pdf]
3) Onésime Reclus. « Lâchons L’Asie, Prenons L’Afrique : Où renaître ? Et comment durer ? »
[http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80132h]
4) Onésime Reclus. « Un grand destin commence »
[http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k72918f.pdf]
5) Pinhas Luc. « Aux origines du discours francophone. » In : Communication et langages, n°140, 2ème trimestre 2004. Dossier : Du « document numérique » au « textiel ». pp. 69-82.
[http://www.persee.fr/doc/colan_0336-1500_2004_num_140_1_3270]
6) E. Kudryavtsev et L.D. Ouédraogo. « Le multilinguisme dans le système des Nations Unies »
[https://www.unjiu.org/fr/reports-notes/JIU%20Products/JIU_REP_2002_11_French.pdf]
7) Richard Marcoux « Et demain la francophonie. Essai de mesure démographique à l’horizon 2060 »
[https://www.odsef.fss.ulaval.ca/sites/odsef.fss.ulaval.ca/files/odsef_cahiers_marcoux_web.pdf]
8) Projet UNESCO « Atlas des langues en danger dans le monde »
[http://unesdoc.unesco.org/images/0019/001924/192416f.pdf]

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Vos commentaires

  • Le 15 avril 2017 à 11:09, par TRAORE JACQUES En réponse à : Promotion des langues nationales du Burkina Faso (1/3) : Du San à l’ONU ? Pas de quoi voir rouge !

    Quand la diplomatie se révèle dans la pureté de sa culture générale !
    Merci au doyen de nous éclairer notamment sur notre "inculture" qui définit les frontières
    d’un complexe que nous trainons à ne trouver que comme mode de communication vraie et porteuse que seule la langue qui vient de loin !
    Vivement que l’Ambassadeur Ouédraogo propose une rencontre - appelons-la comme on voudra : conférence, séminaire ...- sur ce sujet !
    Sa préoccupation rejoint, dans une certaine limite, celle du Président Sankara qui suggérait, à l’époque déjà, qu’on enseignât les 4 trois langues les plus parlées d’Afrique ( le bambara, le swahili, le haoussa et l’arabe ) dans tous les pays du continent, avec les avantages que l’on pourrait y reconnaître .
    Et le Président du Faso commençait à "marmonner" quelques mots de nos langues nationales dans ses discours , ne serait-ce que celles de fin d’année, avant qu’on ne pense à la tribune des Nations Unies !
    Enfin, je m’étais laissé à croire qu’on était jamais ANCIEN DIPLOMATE !
    UN DIPLOMATE DE CARRIERE L’EST A VIE ! TOUT COMME UN MEDECIN !
    LES DIPLOMATES DE CIRCONSTANCE POURRAIENT, EUX, ETRE QUALIFIES
    D’ " ANCIENS ..."

    • Le 15 avril 2017 à 15:33, par Sidbeyam En réponse à : Promotion des langues nationales du Burkina Faso (1/3) : Du San à l’ONU ? Pas de quoi voir rouge !

      Bel article plein de pédagogie, de cours d’histoire et d’apologie de nos langues africaines. Merci à son Excellence Louis Dominique Ouedraogo, d’ être encore un de nos anciens,veilleurs, qui nous éveille à la préservation et la promotion de notre identité dont la langue en est le socle. A travers son humour bienveillant, un défi de volonté politique est lancé à tous d’inscrire en lettre d’or sa prescription dans la Constitution à venir, son enseignement au primaire,secondaire et universitaire, son usage plus accentué dans la communication avec les populations par les autorités politiques et administratives.
      Comme l’a relevé monsieur TRAORE plus haut, l’intérêt de conférence, séminaire peut se coupler avec des débats télévisuels.
      Le Sénégal bien engagé dans la Francophonie laisse un bel exemple de la valorisation de ses langues en témoignent la communication télévisuelle et plus le vécu quotidien du citoyen alphabétisé...
      Les nombreuses manifestaions artistiques et culturelles qui font la fierté du Burkina doivent servir de tremplin de vivification de nos langues dont les subtilités, la force de sens stimulent le patriotisme, la fierté et le respect de soi.
      Monsieur Ouédraogo, à 75 ans, vous êtes un baobob dont les fruits (votre expérience, votre sagesse) nous sont encore plus utiles pour ne pas perdre nos répères. Alors rendez vous pour le prochain article. Les samos vous remercient de les avoir ressuscités.
      Ned taabo a Zezi Vuugr Kipsa yinga.( Bonne fête à l’occasion de la Résurrection de Jésus).

  • Le 16 avril 2017 à 13:35, par Amkoullel En réponse à : Promotion des langues nationales du Burkina Faso (1/3) : Du San à l’ONU ? Pas de quoi voir rouge !

    Article long, très long et qui noie toute la crème du sujet. Est ce qu’il est normal que des Etats dits souverains laissent le domaine de la langue, domaine aussi stratégique pour eux, au bon vouloir d’un corps étranger fut il L’OIF ? Il faut que les africains sortent de leur enfance légendairement entretenue par ces gens qui manient et manipulent leurs consciences dans le seul but de leurs intérêts contraire aux nôtres. Avons-nous besoin d’attendre les instructions de L’OIF pour situer la promotion de nos langues ? Monsieur le diplomate vous avez failli si à ce jour encore vous regardez cette question hautement stratégique sous l’angle de directives de telle ou telle organisation. Pensons par nous même, pour nous même d’abord. Respectueusement vôtre !

  • Le 16 avril 2017 à 22:11, par traoré dit djassikini Djessa En réponse à : Promotion des langues nationales du Burkina Faso (1/3) : Du San à l’ONU ? Pas de quoi voir rouge !

    Très belle info. Mais je pense que le Presi doit kameme souvent dire les termes forts de son messages dans certaines langues du pays ! Ou tout simplement clore son discours en saluant dans certaines langues (surtout prendre en compte celle qui sont en disparition). Je suis certain que dans 10 ans 50% de nos langues perdront plus de 80% des termes solides. Allez y au Kenedougou et demandez les jeunes de donner le prix des produits sur le marché : ils vous parleront soit en Fr ou en langue "albinos ou combinés" Vraima ces dur !

  • Le 17 avril 2017 à 03:55, par Bikutu En réponse à : Promotion des langues nationales du Burkina Faso (1/3) : Du San à l’ONU ? Pas de quoi voir rouge !

    C’est vraiment un très bel article que vous nous avez écrit là papa. Il est très plaisant à lire et très instructif comme l’a souligné l’internaute Sidbeyam. C’est un sérieux problème dont vous nous parlez là. L’analphabétisme dans nos propres langues. C’est vraiment dommage ; et c’est encore plus dommage que nos autorités ne fassent rien pour changer les choses.
    Pourront nous venir un jour à bout de cette situation ? Rien n’est moins sûr. Mais une chose est sûre, c’est que votre article redonne de l’espoir, et l’espoir, c’est souvent tout ce dont on a besoin pour changer les choses.

    Merci encore pour cet article. Mes hommages Excellence Louis Dominique Ouédraogo.

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