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IIe session de la conférence sur la gestion de l’environnement : De grands enjeux pour le Burkina

Publié le vendredi 3 juin 2005 à 07h18min

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La salle de conférences de Ouaga 2000 abritera du lundi 06 au jeudi 09 juin 2005, la IIe session de la conférence du Conseil national pour l’environnement et le développement durable (CONEDD).
Plus de cinq cents (500) participants prendront part à cette rencontre sur le thème : "Renforcement du rôle des acteurs dans la gestion de l’environnement, la lutte contre la pauvreté et la promotion du développement durable : l’éducation environnementale, une exigence pour l’instauration d’une véritable éco-citoyenneté".

Le secrétaire permanent du CONEDD M. Alain Edouard Traoré nous parle ici des enjeux de cette rencontre pour le Burkina et de la nécessité d’une éducation environnementale dans les milieux sociaux.

Sidwaya : (S.) : Pourquoi une session sur la question de l’environnement ?

Alain Edouard Traoré : (A.E.T.) : Ce n’est pas une session que nous avons initiée. Le Conseil national pour l’environnement et le développement durable, qui auparavant s’appelait Conseil national pour la gestion de l’environnement est une institution mise en place par le gouvernement. Elle prend en charge les questions environnementales. Dans la structuration de cette institution, il est prévu que l’ensemble de ces acteurs se réunissent tous les deux ans sous la présidence du Premier ministre. Elle est chargée de discuter régulièrement de l’ensemble des questions liées à notre environnement. La rencontre est alors institutionnelle. Cependant quant au contenu, il y a d’autres raisons. Notre environnement se dégrade au quotidien, les sols sont de plus en plus pollués, les sachets en plastique pullulent partout, il est tant de poser le débat sur les préoccupations environnementales au Burkina Faso.

S. : Quels sont les grands axes de cette rencontre ?

A.E.T. : Nous voulons une rencontre assez pertinente. Au niveau du CONEDD des membres statutaires doivent discuter tous les deux ans lors d’une conférence d’un certain nombre de questions. Nous avons pour cette rencontre, l’état de l’environnement au Burkina, la politique nationale en matière d’environnement ; le plan d’environnement pour le développement durable. Nous verrons comment nos politiques de production et de consommation doivent respecter l’environnement pour s’inscrire dans la visibilité. Comment dans le contexte de la décentralisation, se fait le partage des rôles entre l’Etat et les collectivités décentralisées dans la gestion des ressources naturelles. Il est également prévu à cette conférence une rencontre avec les chefs coutumiers, les représentants des communautés religieuses pour discuter de leur implication dans la gestion de l’environnement. Nous savons que la chefferie coutumière a une plus grande emprise sur les populations et dispose d’un savoir-faire traditionnel en matière d’environnement (protection des bois sacrés, classés).

Un autre point de cette conférence est la rencontre avec les experts, les acteurs de la société civile, les représentants des ONG et institutions, les universitaires pour échanger sur la question de l’éducation environnementale. Ceci dans le but de trouver une stratégie à mettre en œuvre et qui, à court ou à moyen terme pourra amener chaque citoyen à être un éco-citoyen.

S. : Comment justifiez-vous le choix de ce thème qui lie la gestion de l’environnement à la pauvreté ?

A.E.T. : Chaque mot de ce thème a une place. Le concept le plus important est l’éco-citoyenneté. Cela signifie que nous devons en tant que citoyen avoir le sens de la responsabilité dans la gestion de notre environnement. C’est nous qui polluons, qui dégradons et jetons nos sachets en plastique à tout vent, ce qui crée aujourd’hui un grand problème que tout le monde reconnaît unanimement.

Lorsqu’on lie la question de pauvreté à l’environnement, c’est une relation fondamentale car c’est l’environnement et les ressources naturelles qui permettent d’asseoir une économie nationale. Notre pays n’a ni pétrole ni autres richesses, pourtant les produits de notre production et de notre consommation sont issus de l’environnement.

La faible pluviométrie, les questions agricoles, la fertilité des sols constituent des préoccupations environnementales autant que la pauvreté. Il faut alors une politique en matière d’environnement à travers la préservation de la fertilité des sols, de leur restauration et de la protection de notre cadre de vie. Car si l’environnement se dégrade quotidiennement nous n’aurons pas de moyens pour juguler la pauvreté.

S. : Quels sont les enjeux de cette conférence pour le Burkina ?

A.E.T. : Pour le Burkina, c’est une action de sensibilisation. Au moins cinq cents (500) personnes sont attendues à cette conférence dont la plupart de nos partenaires sont très intéressés par la question environnementale. Le Burkina est considéré comme l’un des meilleurs élèves au plan international, car nous menons un certain nombre d’actions avec peu de moyens, d’où la motivation des bailleurs de fonds à toujours nous soutenir. L’enjeu majeur est l’implication des chefs coutumiers. Nous sommes persuadés que si la chefferie coutumière donne des instructions à leurs sujets, ces derniers seront de meilleurs éco-citoyens. Un autre enjeu non moins important c’est la relance du processus d’éducation environnementale au Burkina Faso. Il faut utiliser tous les axes et moyens possibles, pour faire en sorte que toutes les structures de formation d’enseignement, d’éducation formelle et non-formelle puissent intégrer des modules relatifs à la gestion de l’environnement.

S. : Avez-vous d’ores et déjà énuméré les grandes préoccupations environnementales à l’heure actuelle pouvant être prises en compte dans les politiques et projets de développement ?

A.E.T. : Absolument, nous avons une communication qui porte sur les grands problèmes de l’environnement du Burkina et la publication du deuxième rapport sur l’état de l’environnement.

Comme grand problème, il y a la désertification. Nous devons mener aujourd’hui une lutte acharnée contre ce phénomène. Les grandes vagues de poussière et le déficit pluviométrique sont liés à la désertification. C’est pourquoi nous invitons les uns et les autres à s’inscrire dans nos campagnes de reboisement et de reforestation. Et le thème de la Journée mondiale de lutte contre la désertification de cette année est : "Femme et désertification". Ce qui permet d’impliquer beaucoup plus les femmes parce que nous nous sommes rendus compte qu’elles ont une grande tendance à la protection de l’environnement. Outre cette question de désertification, il y a le problème des sachets plastiques qui n’existait pas il y a de cela, quinze ans. De nos jours, nous avons changé nos habitudes de production et de consommation ce qui a conduit à la création artificielle du problème des sachets plastiques. Si l’environnement est pollué et les sols dégradés, Cela est dû à la surexploitation des pesticides, à la vétusté de certaines usines, à la non maîtrise des techniques et politiques agricoles. Pourtant notre économie est basée essentiellement sur l’agriculture. Alors, si cette agriculture est malade, c’est notre économie qui en pâtit.

D’où notre appel à l’endroit des gouvernants afin qu’ils prennent des mesures pour mieux préserver l’environnement.

S. : On parle depuis les années 1998 d’éducation environnementale, d’éco-citoyenneté, pourtant rien ne semble bouger sur le terrain, est-ce un leurre ou une manière d’attirer les bailleurs de fonds ?

A.E.T. : Ce n’est ni un leurre ni une manière d’attirer les bailleurs de fonds. C’est un long processus qui est engagé. Si rien n’est visible sur le terrain comme vous le dites c’est qu’il y a un problème. Soit nous menons une mauvaise politique soit nous n’avons pas de bonnes stratégies. C’est vrai que ce n’est que l’année dernière que nous parlions d’éco-citoyenneté. Peut-être qu’avant nous étions en train d’envisager comment utiliser le concept d’éducation relative à l’environnement et nous ne sommes pas allés jusqu’au bout de notre logique. La conférence va permettre de faire le bilan des actions menées depuis 1998 et voir comment au-delà de la sensibilisation, nous pouvons réprimer ou taxer les pollueurs de notre environnement.

S. : Quelles sont les dispositions qui seront prises après la conférence, afin d’éviter que les conclusions ne dorment dans les tiroirs ?

A.E.T. : La conférence prend fin le 9 juin et le 30 juin est le délai pour élaborer le rapport qui sera édité au plus tard le 5 juillet. Mais avant le 15 juillet, il y a une commission ad hoc qui sera présidée par moi-même. Elle regroupera trois agents du secrétariat permanent du CONEDD, un représentant des bailleurs de fonds, un de la société civile, un des chefs coutumiers.

Elle aura pour mandat de suivre la mise en œuvre des décisions de la conférence. Nous allons faire un cadran pour connaître l’implication politique, administrative de ces décisions afin de savoir quelles actions menées pour leur concrétisation. Il n’est donc pas question que les conclusions de cette conférence dorment dans les tiroirs. Nous allons tout faire pour avoir une rencontre mensuelle pour faire le point. Nous sommes déjà inscrits dans la perspective de l’après conférence.

Interview réalisée par A. Verlaine KABORE
Sidwaya

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