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Journée mondiale de l’eau 2017 : Les collectivités territoriales au cœur du service d’eau potable et de l’assainissement

Publié le jeudi 23 mars 2017 à 00h29min

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Journée mondiale de l’eau 2017 : Les collectivités territoriales au cœur du service d’eau potable et de l’assainissement

L’ONG Eau vive a célébré la 25ème édition de la Journée Mondiale de l’Eau les 20 et 21 mars 2017 à Boromo, à travers des activités de réflexion, de sensibilisation et d’encouragement des communes à poursuivre leurs efforts pour l’assurance de services d’eau potable et d’assainissement à tous leurs concitoyens et ce de manière durable.

Le 22 décembre 1992, l’Assemblée Générale des Nations Unies a adopté la résolution A/RES/47/193 déclarant le 22 mars comme Journée Mondiale de l’Eau (JME), qui se veut être une journée de mobilisation et de réflexion sur les enjeux et solutions pour une meilleure préservation et utilisation de l’eau. Cette année, le thème de la JME retenu au niveau international est : « Eaux usées ».

Au Burkina Faso, dans son processus de décentralisation, l’Etat a transféré en 2009 les compétences en service d’eau potable et d’assainissement aux collectivités décentralisées. Cependant, cela nécessite des ressources humaines et financières que malheureusement ces derniers n’ont pas toujours. L’ONG Eau vive, intervenant dans l’accompagnement des élus locaux à jouer pleinement leur rôle dans l’eau et l’assainissement, a décidé de saisir l’opportunité de la célébration de la 25ème édition de la JME, pour davantage interpeller, sensibiliser et encourager les élus locaux à poursuivre leurs efforts. C’est ainsi que les 20 et 21 mars 2017, un panel, une projection cinématographique, une course cycliste et la remise du prix Hama Arba Diallo se sont tenues à Boromo.

Les participants suivent et participent activement au panel

Dans la soirée du 20 mars, s’est tenu un panel sur le thème : « Rôle des communes dans la gestion des eaux usées et excrétas », afin de permettre aux participants d’échanger sur la problématique des eaux usées, de partager leurs expériences en la matière et de faire avancer les réflexions pour une meilleure gestion des eaux usées et excrétas.

Mariam Sou de l’Institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (2IE) entretenant les participants sur le sous thème : « problématique de la valorisation des eaux usées », a fait savoir que plus de 8.90% des eaux usées finissent dans la nature sans traitement dans la région de la Boucle du Mouhoun, et qu’au Burkina il ne se pose pas un problème d’insuffisance d’eau mais plutôt de mobilisation d’eau. Elle poursuit en disant que d’ici 2025, il faudra mobiliser plus de 25% de l’eau que le Burkina peut mobiliser pour ne pas être dans le stress hydrique. Le stress hydrique est la situation où chaque personne ne dispose pas d’au moins 1700m3 d’eau par an.

Pour elle, pour ne pas atteindre cette situation il faudra intégrer les eaux usées comme ressources en eau en plus des eaux conventionnelles. Poursuivant son analyse, elle ajoute que 70% des eaux conventionnelles sont utilisées pour l’agriculture, montrant ainsi le lien entre la disponibilité en eaux et la sécurité alimentaire. Elle conclut que plusieurs techniques existent pour la réutilisation des eaux usées, mais pour que cela prenne un envol, il faudra une volonté politique, un cadre législatif, et une mise en œuvre concertée des différents acteurs.

Hortense Damiba présente les interventions de l’ONEA dans le domaine des eaux usées

Hortense Damiba de l’Office National de l’Eau et de l’Assainissement (ONEA) donnant les interventions de l’ONEA dans le domaine des eaux usées a fait cas du réseau de collection et d’évacuation des eaux usées dans les villes de Ouaga et Bobo, long de 102 kilomètres, des puisards réalisés au niveau des ménages, des latrines de collecte des excrétas, et leur accompagnement dans le renforcement des capacités , le financement, la gestion et la délivrance de services aux communes pour les aider à mieux jouer leur rôle dans l’assainissement.

Pour Zakaria Bouraima Directeur Pays d’eau vive Burkina, dans les pays à faibles revenus comme le Burkina, 840 000 personnes meurent chaque année par manque d’eau ou d’assainissement. Pour souligner le fait que l’eau, l’assainissement et l’hygiène sont un réel problème de santé publique, il dit que l’OMS estime en 2015 qu’en améliorant l’approvisionnement en eau potable, l’assainissement et l’hygiène, on pourrait éviter la mort de 361 000 enfants de moins de 5 ans chaque année. Il poursuit son intervention en disant que dans des villes moyennes des pays en développement, 90% des eaux usées sont déversées partiellement ou tel dans les cours d’eaux. Et de la sphère domestique à la sphère publique se transposent les mauvais comportements en matière d’assainissement. Pour lui, un des impacts environnementaux des eaux usées au Burkina est principalement issu de l’activité minière notamment celui de l’or.

Zakaria Bouraima Directeur Pays d’Eau Vive Burkina retient du panel un besoin de plus de synergie entre les parties prenantes

Il termine en disant que selon certaines analyses sociologiques, si le contrat social entre une municipalité et ses administrés est rompu on entre dans une perpétuation des mauvaises pratiques. Autrement dit, si les populations ne se sentent pas attachées à une ville, elles ne feront rien pour que quelque chose change dans cette ville et les déchets sont une forme de contestation des autorités municipales par les populations. Les populations ajoutent de la saleté à la saleté sous forme de contestation aux municipalités.

Les débats ont permis aux participants de mieux enrichir le panel, de partager des initiatives en matière d’assainissement et en service d’eau potable. La soirée du 20 mars a connu une projection cinématographique sur les réalisations de feu Hama Arba Diallo en matière d’eau et d’assainissement dans la ville de Dori, et des témoignages ont permis de mieux connaitre le dévouement de cet homme pour l’approvisionnement en eau potable et un meilleur assainissement de sa commune.

Les cyclistes prêts pour le « mouiller le maill’eau »

La journée du 21 mars a débuté sportivement par une course cycliste dénommée « mouiller le Maill’Eau » mettant en compétition 10 filles et 10 garçons des différents lycées de la commune de Boromo. Au cours de cette cérémonie officielle, le prix Hama Arba Diallo a été décerné à la commune de Zorgho, qui s’est illustrée en matière d’amélioration des services d’eau potable et d’assainissement au cours des 10 dernières années.

D’une valeur de 2 millions de francs CFA, il est composé d’un trophée en bronze en forme de goutte d’eau, d’un diplôme de reconnaissance et la somme de 500 000 francs CFA. La commune du Zorgho a obtenu en 2016 un taux de couverture en eau potable de l’ordre de 99% en agglomération et 92% dans les villages. Un taux d’accès à un ouvrage d’assainissement de 33% en agglomération et de 9% dans les villages. Au-delà de ces chiffres, c’est l’engagement des acteurs qui est salué et un appel à poursuivre leurs activités.

Le gouverneur de la région de la Boucle du Mouhoun appelle les maires à la sensibilisation des populations sur la défécation à l’air libre.

Pour le gouverneur de la région de la Boucle du Mouhoun, Justin Somé, dans l’ensemble, l’accès à l’eau potable de la région est acceptable car il au-dessus de 50%. Mais le déséquilibre se trouve au niveau de l’assainissement parce que les populations ont toujours la mauvaise pratique de déféquer à l’air libre. Il lance un appel à tous les maires de la région, pour sensibiliser les populations à cet effet.

Pour Le Directeur Pays d’Eau Vive Burkina Zakari Bouraima, le panel a édifié les participants, et il en ressort un besoin de plus de synergie entre les parties prenantes, pour poser les bonnes questions et proposer les bonnes solutions quant à la question des eaux usées et des excrétas dans la mesure où cela impacte négativement la santé des populations, mais aussi l’environnement dans lequel nous vivions.
Le maire de Zorgho Jacques Kabore, confie que sa commune s’est illustrée depuis 2007 avec l’accompagnement de l’ONG Eau Vive dans la gestion du problème d’eau et d’assainissement à travers la réhabilitation et la construction de nombreux forages, la construction de latrines. Il laisse entendre que le prix Hama Arba Diallo honore sa commune en ce sens qu’il reconnait les actions concrètes menées.

Remise du prix Hama Arba Diallo au maire de Zorgho

Le prix Hama Arba Diallo du leadership pour l’eau et l’assainissement a été institué, afin de rendre hommage et montrer en exemple l’illustre disparu dont le leadership et l’engagement pour la cause de l’eau et l’assainissement ont permis à la commune de faire d’énormes progrès dans la commune de Dori. Entre 2006 et 2011 la ville de Dori a connu en agglomération 100% de taux de couverture en eau potable, et 60% pour le reste de l’aire communale. Pour la même période, le taux d’accès à un assainissement adéquat a atteint 45%. La ville de Dori a également devancé Ouagadougou dans la construction d’une station de boue de vidange. C’est donc en hommage à cet élu dévoué qui a montrer que c’est possible de faire avancer l’assainissement et le service en eau potable avec des moyens limités que ce prix a été institué. La première édition du prix Hama Arba Diallo a eu lieu le 22 mars 2015 à Dori à l’occasion de la 23ème journée mondiale de l’eau, et la commune de Dori en a été lauréate. Il est décerné tous les deux ans.

Youmali Koanari
Lefaso.net

Portfolio

  • Le maire de Zorgho se dit honoré par le prix Hama Arba Diallo
  • Les cinéphiles découvrent au cours de la projection le dévouement de feu Hama (...)
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