Prix Thomas Sankara : « A place for myself » fait l’unanimité
LEFASO.NET | Par Nicole OUEDRAOGO
C’est un film contre la stigmatisation des albinos qui a recueilli l’assentiment du jury du prix Thomas Sankara. Initié en 2015, ce prix spécial du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou est décerné à un court métrage de la sélection officielle du Fespaco. Et pour cette 2ème édition, c’est le film « A place for myself » (une place pour moi) de la jeune Rwandaise Marie Clémentine Dusabejambo, qui a été sacré meilleur court métrage parmi les 26 films en lice. C’était dans la soirée du vendredi 3 mars 2017, au cours de la nuit du court métrage.
Agée de 5 ans, Elikia est une jeune fille albinos dans une école primaire du Rwanda. Rejetée par ses camarades de classe en raison de la couleur de sa peau, la petite fille doit aussi affronter le regard du voisinage. Face aux uns et aux autres qui considèrent sa différence plus comme un problème qu’un caractère particulier, Elikia a du mal à se faire une place dans la société. Néanmoins, bénéficiant du soutien de sa mère qui élève seule son unique enfant, les deux femmes réagissent et élèvent leurs voix pour trouver leur propre place.
En 21 minutes, avec très peu de mots et d’images, Marie Clémentine Dusabejambo a raconté une histoire extraordinaire. « Nous avons suivi 26 films et quand nous avons vu ce film, nous sommes tous ressortis de la salle en disant oui, oui et on savait déjà qu’à moins d’un miracle, on tenait notre lauréat » a confié la présidente du Jury, Osange Silou-Kieffer, soulignant que c’était la seule fois qu’un film recueillait l’assentiment de tout un jury.
Et la présidente du jury de renchérir qu’au-delà des qualités esthétiques et artistiques, « un très beau scénario, une très belle sélection d’acteurs, des personnages très attachants, une histoire extraordinaire racontée avec une grande simplicité », c’est aussi le message véhiculé à travers ce film qui a retenu l’attention du jury.
La lauréate du jour quant à elle, soutient : « Je suis très honorée et touchée. C’est énorme pour moi de ramener un tel prix au Rwanda. Je dédie ce prix à tous les jeunes cinéastes rwandais, nous avons aussi notre place dans l’industrie du cinéma » s’est –elle réjouie. Puis de poursuivre que l’idée de ce film a germé après les tueries des albinos en Tanzanie. ‘’ Je ne voyais pas assez d’albinos au Rwanda et j’ai voulu raconter une histoire propre à celle de mon pays. J’ai travaillé avec la maman de l’actrice depuis 2012 et je retiens que la souffrance des albinos au Rwanda était plutôt psychologique » décrit-elle.
Selon Balufu Bakupa-Kanyinda, initiateur de ce prix et président de la guilde africaine des réalisateurs et producteurs, ce film correspond à l’identité du prix Thomas Sankara, un prix qui vise à honorer la mémoire de celui qui a incarné la créativité et la mémoire africaine. Pour lui, il faut penser ce prix dans cette phrase du président Sankara : « Osons inventer l’avenir » c’est-à-dire, explique-t-il : « il faut avoir de l’audace pour l’avenir et le court métrage est toujours considéré comme une partie du débutant mais c’est pour nous aussi, un investissement vers l’avenir ». Balufu Bakupa-Kanyinda a par ailleurs informé que la Guilde Africaine ambitionne de récompenser des courts métrages hors compétition FESPACO.
Nicole Ouédraogo
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