LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Egypte : article 76 de la constitution égyptienne : Le suffrage universel sous Etat d’urgence

Publié le mercredi 1er juin 2005 à 07h32min

PARTAGER :                          

Le 25 mai 2005 a été organisé en Egypte un référendum sur l’amendement de l’article 76 de la Constitution, relatif à l’élection du président de la République au suffrage universel direct avec une pluralité de candidats. Cette consultation qui, dit-on, a consacré le "oui" écrasant du peuple, vient mettre fin au système du référendum sur un seul candidat désigné par les 2/3 des membres de l’Assemblée du peuple, qui était en vigueur jusque-là.

Ce référendum, le Parti national démocrate (PND) au pouvoir l’a préparé depuis des mois dans toute l’Egypte, et il ne se passait pas un jour sans que la presse gouvernementale ne s’en fasse l’écho.

Il n’est pas jusqu’aux banderoles à chaque coin de rue, qui n’ont mis en exergue le caractère démocratique de la décision du président Hosni Moubarak, dont la photo officielle trônait dans toute la capitale et dans les autres villes du pays. La veille de la consultation, le raïs en personne a livré un message, qualifié d’historique, à la nation, message dans lequel il a exhorté les citoyens à voter au référendum pour "édifier le présent et l’avenir de la patrie".

Pour lui, le référendum sur l’amendement de l’article 76 de la Constitution et l’ajout à ses dispositions de l’article 192 bis, sont une réponse à sa demande formulée à l’Assemblée du peuple et au Conseil consultatif au mois de février dernier, s’appuyant sur les prérogatives que confère au président de la République l’article 129 de la loi fondamentale.

Entre autres points, les nouveaux textes stipulent que la présidentielle au suffrage universel direct doit se dérouler avec la participation de tous les citoyens ayant l’âge de voter ; le candidat doit être soutenu par au moins 250 personnes, dont un certain nombre de députés ; les partis politiques doivent jouer un rôle majeur dans le processus démocratique, encouragé en cela par la demande présidentielle d’amendement...

Les candidatures sont présentées à un comité de la présidentielle, qui jouirait de l’indépendance. Ce comité est présidé par le président de la Haute Cour constitutionnelle, et composé des plus anciens du président de la Cour d’appel du Caire, des plus anciens adjoints du président de la Haute Cour constitutionnelle, des plus anciens adjoints du président de la Cour de cassation, des plus anciens adjoints du président du Conseil d’Etat.

Plus de 30 millions de cartes électorales pour le référendum

Au total 32 millions de cartes électorales ont été imprimées et distribuées dans toute l’Egypte, selon une source proche du ministère de l’Intérieur. La Cour administrative du Conseil d’Etat avait rejeté une requête visant l’abrogation de la décision du ministre de l’Intérieur à propos des cartes d’électeurs, avançant comme raison que la carte d’électeur ne comporte pas le texte amendé de l’article 76.

Le 25 mai, les Egyptiens sont donc allés voter. Le président Hosni Moubarak, accompagné de son épouse Suzanne, a voté dès le matin à l’école pilote d’Héliopolis.

Plus de 54 000 bureaux de vote et 35 sous-commissions électorales ont été aménagés selon les autorités compétentes, pour accueillir en moyenne 600 électeurs chacun. Ils étaient administrés par quelque 120 000 fonctionnaires (un président et un assesseur) choisis hors du ministère de l’Intérieur.

Très tôt le matin du 25 mai, des équipes de la police et de l’armée étaient positionnées à des points stratégiques du Caire, armes bien en évidence. On soutient ici que leur tâche "consiste à sécuriser uniquement les commissions électorales et les bureaux de vote et à faire face fermement à tout acte illégal". Dans certains milieux proches du pouvoir, on affirme que "Le peuple a imposé sa volonté à travers le référendum du 25 mai 2005".

Ainsi, comme l’avait si bien titré "Le progrès d’Egypte" l’initiative historique de Moubarak répond au consensus national". Plus de 80% des électeurs ont dit oui à l’amendement de l’article 76 de la Constitution. Même si, suffrage universel ou pas, rien véritablement ne va changer dans la nature et les mœurs du régime. Moubarak est aux affaires depuis la mort, en 1981, d’Anouar el Sadate dont il était déjà le vice-président ; l’état d’urgence, prétexte à tout dans cet Etat policier, est en vigueur depuis aussi longtemps, et à bientôt 80 ans, Hosni prépare, sans oser l’avouer, son fils Gamal à hériter du patrimoine familial, c’est-à-dire de l’Egypte.

Depuis le Caire D. Evariste Ouédraogo
L’Observateur

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique