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Augusta Palenfo : Artiste comédienne,…mais aussi réalisatrice

Accueil > Actualités > DOSSIERS > FESPACO 2017 • LEFASO.NET | Rita Bancé/Ouédraogo • jeudi 2 mars 2017 à 00h15min
Augusta Palenfo : Artiste comédienne,…mais aussi réalisatrice

Artiste comédienne, Augusta Palenfo est désormais réalisatrice aussi. Elle est présente au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) avec son tout nouveau bébé « carton rouge ». C’est dans le cadre justement de la biennale du cinéma que nous avons rencontré cette dame qui entend marquer le 7è art de son sceau. A cœur ouvert, elle nous raconte sa vie professionnelle, sa vie familiale, les difficultés rencontrées…

Lefaso.net : Pouvez-vous, vous présenter à nos lecteurs ?

Augusta Palenfo : Je me nomme Agusta Palenfo Bonsoya, artiste comédienne. Présidente de l’association éclipse culture, l’association qui organise le FIRHO (Festival international du rire et de l’humour de Ouagadougou) ; directrice générale de Mal… Production, une nouvelle structure pour l’audiovisuel.

Comment êtes-vous arrivée à la comédie ?

Après deux ans passés à l’Atelier théâtre burkinabé (ATB), j’ai évolué par la suite de compagnie en compagnie en passant de Malbayassa à Les merveilles du Burkina. C’est ainsi que je me suis fait connaître peu à peu. Ma première sortie en Europe, plus précisément à Bordeaux lors d’un festival avec la compagnie malbayassa y a beaucoup contribué. Et un beau jour j’ai décidé d’évoluer en free-lance, c’est-à-dire que je travaille avec tout le monde. Dès qu’on a besoin de moi, je suis disponible.

Pouvez-vous nous parler un peu de votre carrière de comédienne ? Les difficultés rencontrées à vos débuts ?

Difficulté familiale ! Au départ ma maman n’aimait pas ma profession de comédienne. Parce qu’étant ménagère, elle ne savait pas ce que l’on faisait dans ce métier de théâtre, elle écoutait tout ce qu’on lui disait. Certains lui disaient que c’était de la prostitution que l’on faisait. Petit à petit, j’ai fait comprendre à ma maman que ce n’était pas ce qu’on lui disait. J’ai essayé de lui montrer le bon côté de l’art à travers ce que je percevais au retour de chaque voyage que j’effectuais. Et c’est à partir de là qu’elle a commencé à respecter mon boulot, à m’aider et à m’accompagner dans ce que je fais. Au jour d’aujourd’hui, toute ma famille me soutient également.

De nos jours, quand tu dis à quelqu’un que tu fais du théâtre, on te demande mais hors mis cela, que fais-tu d’autres ? Comme si on pouvait avoir trois quatre professions en même temps. C’est un domaine qu’il faut respecter.

Les difficultés de la vie quotidienne. Les gens ont toujours quelque chose à dire sur le domaine de l’art. Les artistes sont ci…les artistes sont ça. Mais je pense qu’ils ont raison. Ils pensent nous connaitre parcequ’ils nous voient interpréter des rôles de personnages. En réalité, ils ne nous connaissent pas. Les artistes sont aussi des humains, ils ont droit à l’erreur. On fait tous des erreurs mais après on se ressaisit. Ceux qui pensent mal de nous ils le penseront et ceux qui pensent bien, ils le penseront également. On essaie de bien faire notre boulot et faire plaisir à nos fans.

N’est-il pas difficile d’être une femme dans le monde du cinéma ?

Non ! Il y a des femmes ministres et des femmes présidentes. Elles aussi ont beaucoup de boulot. Je dis simplement qu’il faut faire un planning, il faut faire un calendrier. Il faut savoir faire la différence entre la vie professionnelle et la vie familiale. Si tu as un mari qui te comprend, te soutient et qui aime bien ce que tu fais, je pense qu’ensemble vous pourrez surmonter les montagnes.

On dit souvent que le milieu du cinéma est un milieu ‘’pas très sain’’, avec des propositions indécentes, que pensez-vous de cela ?

Le milieu n’est pas sain avec les personnes qui ne sont pas saines.
Je me dis que c’est partout, ce n’est pas seulement dans ce domaine seulement. Par exemple, quelqu’un peut me faire des propositions indécentes mais c’est à moi de refuser. Si j’accepte, c’est que moi-même je cautionne cela. En toute chose, il y a les uns et les autres. Si tu sais pourquoi tu es rentrée dans ce domaine, si tu sais que tu es rentrée par la grande porte, il n’y a pas de raison que tu te laisses embarquer par ces propositions indécentes.

Accepteriez-vous par exemple jouer une scène ‘’osée’’ dans un film ?

Je dirai qu’en tant que artiste comédienne, j’aime bien le boulot que je fais. Tout dépend du scénario, cela dépend de ce qu’on va me demander. Pour ma part, il n’y a pas de scène tabou, il n’ya pas de scène osée. En tant qu’artiste ce n’est qu’un personnage que j’incarne. Ce n’est pas Augusta Palenfo. S’il faut être professionnelle, il faut être professionnelle jusqu’au bout avec bien sûr les modalités du contrat que l’on aura.
On aime bien regarder les films osés venant d’autres pays mais on ne veut pas que les artistes de notre pays fassent ces genres de scènes. Il y a un début à tout.
Sur cent personnes, il y a au moins quatre-vingt-dix-neuf personnes qui ont des films pornographiques sur leurs téléphones.
Si cette scène peut apporter un plus à ma carrière, je vais le faire.

Que pensez-vous du cinéma burkinabé ?

Du moment où l’on a le FESPACO, on peut dire que le cinéma burkinabè a un avenir. Il faudrait juste qu’on y mette un peu de sérieux. Il faut qu’on travaille à améliorer notre cinéma. On doit laisser untel a fait ça…untel a fait ci…Combien de millions a eu telle ou telle personne… Aussi, les réalisateurs doivent travailler avec les comédiens professionnels. En tant que comédienne, je peux faire six mois sans aller dans une salle de cinéma parce que la bande annonce des différents films que je vois et qui passe dans les différentes salles ne me motive pas. Je vois des films dans lesquels je ne vois pas le visage d’un ancien acteur. On a l’habitude de dire que ce sont les réalisateurs qui ne veulent pas bien payer les comédiens qui partent chercher les amateurs pour jouer dans leurs films. Des comédiens qui n’ont même pas une formation de base pour faire un film.

De comédienne, vous êtes passée à réalisatrice, qu’est-ce qui vous a motivée ?
Je suis toujours comédienne. J’avais seulement une histoire à raconter à travers ce film. J’en avais marre d’un problème récurrent au Burkina Faso : les ragots. J’en avais ras-le-bol. Tu es en train de travailler… quelqu’un t’appelle et te dit… d’après que…d’après que… d’après et puis quoi ? On s’en fout… ce n’est pas toi ? C’est moi…j’avais vraiment une histoire à partager avec tous ceux qui vont suivre ce film.

Parlez-nous de votre tout nouveau bébé « Carton rouge » ?

« Carton rouge », c’est l’histoire d’une jeune actrice qui a vu son foyer se briser à cause des ragots. Alors qu’elle était heureuse auprès de son mari.

Augusta parle-t-elle de sa propre histoire dans le film ?

Pas du tout. C’est une histoire que beaucoup de personnes vivent. Je peux avoir une partie de mon histoire dans ce film. Mais d’autres personnes peuvent également se retrouver dans ce film.

Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées dans cette nouvelle aventure ?
J’ai demandé à mes devanciers de m’accepter. Mais c’est toujours difficile. Quand on croit en soi, quand on croit en son projet et quand on est déterminé, on ne peut pas avoir peur parce que quelqu’un est rentré dans le même domaine que nous. On ne doit pas avoir de préjugés du genre telle personne n’est pas allée dans une école de cinéma donc elle ne doit pas réaliser un film.
Je connais de grands réalisateurs qui sont à l’extérieur mais qui n’ont jamais été dans une école de cinéma. Si ces personnes ont pu le faire…pourquoi pas Augusta Palenfo.

Je crois que mes seize ans d’expérience en tant qu’actrice me permettront d’avancer. Si j’ai à mes côtés une équipe professionnelle, dynamique, je vais arriver là où je souhaite. Seul le travail paie. Il y a des gens qui ont dit que j’ai reçu quinze millions du ministère en charge de la culture alors que le ministère ne savait même pas que je tournais un film. J’ai tourné mon film sans trop en parler aux gens. Cela a été une surprise. Du coup, il y a certains qui ont mal pris cela. Enfin ! Pas tout le monde…mais deux de mes devanciers. Ces derniers voulaient que je vienne leur en parler d’abord avant de tourner le film. Mais je suis désolée… je ne peux pas faire cela. Je sais que je suis la petite sœur dans ce domaine, je suis prête à accepter toutes les critiques positives et constructives qui peuvent m’amener loin dans ce domaine. Je suis prête à travailler avec tout le monde. Pendant et après le tournage, je n’ai pas eu de problème avec mon équipe. Comme je vous l’ai dit, c’est quand le film est sorti que tout a commencé.

Que représente le FESPACO pour vous ?

Je félicite toute l’équipe du FESPACO. J’ai personnellement apprécié l’ouverture du festival. Une organisation n’est pas toujours parfaite ; il y a toujours des hics… et c’est toujours ainsi. On n’y peut rien, on ne peut pas satisfaire tout le monde. Courage au comité d’organisation pour la suite. Je suis contente de participer à cette 25ème édition. J’espère bien que « l’étalon d’or de yenenga » restera au Burkina parce qu’il y a trois films de trois réalisateurs (Appoline Traoré, Tahirou Ouédraogo et Adama Rouamba) qui sont en compétition. Je suis contente parce que mon film est en Panorama. L’important pour moi, ce n’est pas d’avoir un prix. Ce qui me réjouit, c’est le fait que des festivaliers suivent mon film et que l’on me considère tout de suite comme une réalisatrice et me faire rencontrer d’autres personnes du domaine.

Interview réalisée par Rita Bancé/Ouédraogo
Lefaso.net

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