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Référendum en France : Le non du "non" au Burkina

Publié le mardi 31 mai 2005 à 07h24min

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Les urnes françaises ont donné leur verdict sur le référendum relatif au traité constitutionnel européen : 45,32% pour le "oui" et 54,68% pour le "non". Implaccables, les résultats ont donné gagnant un "non" pluriel, éclaté et assené par les Français, qu’ils soient de Gauche ou de Droite.

Le 29 mai aura donc été une date fatale pour l’image de Jacques Chirac et surtout de Jean-Pierre Raffarin son premier ministre.

Le président français, après sa "mal élection" en 2002 où il dût sa désignation à un vote-sanction des Français, de tous les autres bords politiques coalisés, contre Jean-Marie Le Pen, le leader du Front national, vient de subir son deuxième véritable camouflet. Sûr de son affaire au moment où il lançait l’idée de référendum sur la Constitution européenne, Jacques Chirac et nombre d’observateurs ont dû être surpris par la tournure prise par les événements.

Les effets de la chute de Jacques Chirac dans l’estime des Français n’a pas été sans dommage sur le vote du 29 mai. Inéluctablement, les Français attendaient leur chef d’Etat au tournant. Ils ont réglé les comptes avec lui, au détriment d’un texte qui lui-même était loin de rencontrer l’adhésion du peuple. La phobie de nouveaux venus dans l’Union, la réalité du "plombier polonais", la masse volumineuse de la Constitution européenne (plus de 400 pages) et l’accumulation de certaines frustrations, ont certainement été des facteurs déterminants du oui au "non" en France.

Plus que la Constitution européenne, c’est évident que ce sont les dirigeants français qui ont été sanctionnés par leurs concitoyens. Certes, Jacques Chirac a signifié que ces résultats n’ont rien à voir avec son mandat.
Mais le désaveu est cinglant et nombre de ses détracteurs n’ont pas hésité à lui suggérer de "se soumettre ou se démettre".

Si le "non" français semble être sans grande conséquence sur la marche de l’Union européenne, il influencera probablement le processus dans d’autres pays, comme les Pays-Bas où l’on se rend aux urnes le mercredi prochain pour se prononcer sur la Constitution européenne.

Les mêmes causes produiront-elles les mêmes effets ? Après le coup d’arrêt que la France lui a donné, les Néerlandais porteront-ils l’estocade à la Constitution européenne ? L’heure est loin d’être à l’optimisme et à la sérénité dans le camp des partisans du "oui" au royaume de la Reine Béatrix.

En Afrique, le débat a été suivi de près, même s’il n’a pas passionné outre mesure les uns et les autres. Il fallait bien que la tradition soit respectée, vu que les pays, francophones notamment, restent très proches de la France par des liens séculaires, nés de la colonisation. La légendaire solidarité africaine nous interdit, de toute façon, d’être indifférent à ce qui se passe au pays de nos ancêtres les Gaulois.

On ne saurait occulter les donnes incontournables de la "France-Afrique", même si la politique africaine de la France a connu depuis lors de grandes mutations. Les Africains, surtout les dirigeants, s’intéressent également au débat européen parce qu’ils sont hantés par la peur que l’aide en direction du continent noir soit réduite définitivement à sa portion congrue, au profit des pays de l’Europe de l’Est.

Les Français vivant au Burkina ont, quant à eux, choisi de dire majoritairement non au "non". Selon des sources diplomatiques, ils auraient voté à 75% pour le "oui". Un tout petit rayon de soleil dans l’immense ciel noir du "non" français.

Par Morin YAMONGBE
Le Pays

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