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La France dit non, Jacques Chirac prend acte, l’UE s’inquiète

Publié le lundi 30 mai 2005 à 08h48min

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Les électeurs français ont opposé dimanche un "non" massif au traité constitutionnel européen, un rejet à plus de 55% dont Jacques Chirac a aussitôt tiré les conséquences en annonçant un changement de gouvernement et dont Bruxelles a pris acte à regret tout en jugeant valide le processus de ratification du texte.

Selon les résultats quasiment définitifs communiqués par le ministère de l’Intérieur, 54,87% des Français ont voté "non" au référendum et 45,13% "oui".

S’exprimant solennellement à l’Elysée une demi-heure après la fermeture des derniers bureaux de vote, fixée à 22h00 à Paris et Lyon, Jacques Chirac a pris "acte" de la "décision souveraine" des électeurs et promis "une impulsion nouvelle et forte" pour répondre aux "inquiétudes" et aux "attentes" des Français.

Le chef de l’Etat a confirmé un changement de gouvernement "dans les tout prochains jours", sans donner plus de précisions. Dans un communiqué, le Premier ministre s’est engagé à soutenir les orientations que Jacques Chirac fixera pour la France.

Trois noms circulent pour la succession de Jean-Pierre Raffarin à Matignon : le favori est le ministre chiraquien de l’Intérieur, Dominique de Villepin, devant sa collègue de la Défense, Michèle Alliot-Marie. Le président de l’UMP, Nicolas Sarkozy, est lui aussi pressenti.

Dans le camp du "non" mais aussi dans celui du "oui", des voix se sont élevées pour demander plus qu’un simple remaniement gouvernemental, à savoir la démission de Jacques Chirac ou la dissolution de l’Assemblée nationale. Ainsi le souverainiste de droite Philippe de Villiers, le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, ou le sénateur socialiste Jean-Luc Mélenchon, qui a souhaité que Jacques Chirac "se soumette" ou "se démette".

Nicolas Sarkozy, qui ne cache pas son ambition de succéder à Jacques Chirac à l’Elysée dans moins de deux ans, a lui aussi fait monter la pression sur l’Elysée.

Les vingt-deux mois qui nous séparent de l’élection présidentielle de 2007 "doivent être mis à profit pour fonder un nouvel espoir", a-t-il déclaré. Il a appelé de ses voeux une "remise en cause profonde" pour "faire bouger le pays".

Concédant que le "non" français ouvrait "une période de grande incertitude" sur le plan économique, le ministre de l’Economie et des Finances, Thierry Breton, a affirmé que la France allait "redoubler d’efforts".

Un message à l’adresse des autres pays de l’Union européenne dans le sillage de Jacques Chirac, qui a assuré à ses partenaires que la France continuerait "à tenir toute sa place" au sein de l’UE, "dans le respect de ses engagements".

"LE CHOC"

Il a précisé qu’il défendrait les positions françaises au Conseil européen des 16 et 17 juin "en tenant compte du message" des électeurs, mais il a souligné que le "non" créait "un contexte difficile" pour la défense des intérêts de la France en Europe.

Le président en exercice de l’Union européenne, Jean-Claude Juncker, a déclaré qu’en dépit du coup de semonce français, le processus de ratification de la Constitution européenne devait se poursuivre dans les quinze autres Etats membres qui ne l’ont pas encore fait.

Le Premier ministre luxembourgeois - qui a parlé dimanche soir par téléphone à Jacques Chirac mais n’a rien révélé du contenu de l’entretien - a précisé qu’il allait "réfléchir" à la situation nouvelle engendrée par le "non" français qu’il juge contradictoire, certains électeurs voulant plus d’Europe et d’autres demandant moins d’intégration.

Le président de la Commission européenne, Jose Manuel Barroso, a écarté la possibilité d’une renégociation du traité, réclamée par les tenants français du "non", à gauche et à droite.

Le "choc" français, pour reprendre les termes du chancelier allemand Gerhard Schröder, a suscité regrets, inquiétudes et interrogations dans les autres capitales européennes.

"Le résultat de ce référendum est un choc pour le processus constitutionnel, mais ce n’est pas sa fin", a déclaré Schröder, qui a assuré que ce "non" cinglant ne signait pas l’épilogue du partenariat franco-allemand.

Le ministre britannique des Affaires étrangères, Jack Straw, a souhaité "une période de réflexion" sur l’avenir de la construction européenne. Le vice-président de la Commission européenne, Günter Verheugen, s’est dit "pas particulièrement optimiste".

"C’est une triste, triste journée pour la France et une triste journée pour l’Europe", a dit Poul Nyrup Rasmussen, ancien Premier ministre danois. Le président du parlement européen, Josep Borrell, a souligné que les Français "ne décidaient pas pour les autres pays européens". Les électeurs néerlandais se prononcent par référendum le 1er juin pour ou contre le traité constitutionnel européen.

Outre ses répercussions sur la scène politique européenne, le "non" français devrait entraîner au plan intérieur de douloureux réajustements au sein de la gauche. Le résultat du référendum constitue de fait un échec majeur pour le premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande, qui espérait conforter son autorité sur la gauche à l’approche des échéances présidentielle et législatives de 2007.

Son principal adversaire, le numéro deux du parti, Laurent Fabius, est le grand vainqueur du référendum. Avocat du "non", il ne s’exprimera pas avant lundi soir sur TF1.

Reuters

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