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Factures impayées de l’Etat à la presse privée : Le ministre Dandjinou à la recherche d’un remède

Publié le dimanche 19 mars 2017 à 00h05min

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Factures impayées de l’Etat à la presse privée : Le ministre Dandjinou à la recherche d’un remède

L’Etat burkinabè doit de l’argent aux organes de presse privée. Source de grincement de dents depuis un certain temps, le ministre de la Communication Rémis Fulgance Dandjinou a voulu battre le fer pendant qu’il est chaud en rencontrant des patrons de presse. C’était dans la soirée du vendredi 17 mars 2017 à Ouagadougou.

Cela fait quelques jours déjà que l’affaire de la dette de l’Etat nourrit les débats et conversations dans la capitale burkinabè et un peu partout. Circonstances des faits ou conjoncture oblige, de toutes les façons, les faits sont têtus et des organes de presse ferment sans pour autant voir leur débiteur, c’est-à-dire l’Etat solder les comptes.

Que faire si ce n’est chercher à arrêter l’hémorragie qui dure depuis plus de cinq ans pour certains. Du moins circonscrire cette saignée en attendant que la banque de sang se renfloue, au risque d’enregistrer d’autres pertes si les choses restent en l’état. Qui mieux que le ministre Dandjinou de la communication pour comprendre une telle situation, lui-même promoteur d’un média privé de la place. Selon lui, cette situation qui date, concerne autant les médias privés que ceux publics et avance des chiffres. En 2016, le bilan donne 800 millions de FCFA pour la Radiodiffusion télévision du Burkina (RTB) et 200 millions pour le quotidien d’Etat Sidwaya. Soit plus du milliard de factures impayées par l’Etat à ses propres Etablissements publics. Ce qui a fait l’objet d’un rapport en Conseil des ministres.

Quant à la dette au niveau de la presse privée (montant déterminable), cela a fait l’objet d’une communication orale lors d’un Conseil des ministres. Donc foi du ministre, le gouvernement est conscient de cette situation. Raison pour laquelle des actions sont en route pour rendre régulière cette dette dite irrégulière selon les règles de l’orthodoxie financière en vigueur. « A la faveur de la dette irrégulière de l’Etat, un certain nombres d’actions sont en train d’être menées pour régulariser ces factures-là », assure-t-il.

Un guichet unique en projet !

Le ministre reconnait que cette irrégularité est la plupart du temps suscitée par l’administration publique qui demande en urgence à la presse de faire des couvertures médiatiques, sans pour autant passer par les bons de commandes. Après prestation c’est la croix et la bannière pour se faire régler. Voilà tout le nœud du problème. Comme pour illustrer ses propos, il prend exemple sur les abonnements aux journaux. Selon le principe, on paie l’abonnement avant de recevoir le journal. Mais c’est le contraire au niveau de l’Etat.

« Tous les médias ne ferment pas parce qu’il y a des problèmes de facturation et d’impayés, mais beaucoup de médias sont fragilisés parce que les fracturations sont des éléments importants des recettes budgétaires, financières de nos médias », lance le ministre. De cette discussion il a bon espoir qu’une approche assez simple jaillira. Par la suite des questions plus structurantes trouveront des réponses à court, moyen et long terme. Et pourquoi pas, selon le ministre, aller vers un guichet unique pour éviter que les médias aient à courir derrière chaque ministère pour se faire régler.
Pour Boureima Ouedraogo, Président de la Société des éditeurs de presse privée (SEP), cette rencontre aurait dû intervenir il y a bien longtemps, tant le problème date. Tout compte fait, renchérit-il, il n’est jamais tard pour bien faire en trouvant des solutions. « Quand je dis trouver une solution, cela ne veut pas dire qu’on sortira ici avec nos chèques, mais on aura pris un certain nombre de mesures qui permettent d’espérer dans le court ou moyen terme ».

Il est d’avis que cette situation fragilise la presse burkinabè dans un tel environnement où le moindre sous quelque part est un manque à gagner. Et la fermeture de certains organes de presse selon lui, n’est pas exclusivement liée à la dette de l’Etat, mais, cela aurait pu sauver certains si les factures étaient payées. « C’est à l’Etat de faire l’effort pour que l’on ne dise pas que c’est à cause de lui que nous fermons », lance-t-il. De son avis, cette dette prise de 2013 à 2016, en ce qui concerne la presse écrite privée s’évalue à 304 millions de FCFA.

Marcus Kouaman
Lefaso.net

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