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« La confiance affirmée de nos bailleurs de fonds est la résultante de nos performances », Yacouba Camara, directeur général du Fonds de développement de l’électrification

Publié le lundi 16 janvier 2017 à 18h46min

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« La confiance affirmée de nos bailleurs de fonds est la résultante de nos performances », Yacouba Camara, directeur général du Fonds de développement de l’électrification

L’essor du monde rural au Burkina Faso repose en partie sur la réussite du programme « Electricité pour tous » mis en œuvre depuis 2004 par le Fonds de développement de l’électrification (FDE). Les résultats et les performances de ce second segment de la politique nationale en matière d’électricité ne cessent d’avoir un impact considérable sur les conditions socioéconomiques des populations aux quatre coins du pays. Tout en saluant la fidélité des bailleurs de fonds à accompagner cette ambition d’électrifier les zones rurales, le directeur général du FDE, Yacouba Camara, revient sur le chemin, situe les nouveaux défis et la contribution de cet instrument dans l’exécution du Plan national du développement économique et social (PNDES).

Sidwaya (S.) : La vision du Fonds de développement de l’électrification (FDE) porte sur « Electricité pour tous ! ». Après une douzaine d’années de mise en œuvre de ce programme, quels sont les acquis enregistrés ?

Yacouba Camara (Y.C.) : Après plus d’une décennie de mise en œuvre de la politique d’électrification rurale, le FDE enregistre aujourd’hui 210 localités électrifiées dont 21 par kits solaires photovoltaïques (kits individuels, semi-collectifs et collectifs). Cette performance a été rendue possible grâce à la confiance que lui accordent l’Etat burkinabè et les partenaires techniques et financiers (PTF) dans sa capacité de mise en œuvre efficace des projets d’électrification rurale. Cette confiance de l’Etat a entraîné celle des bailleurs de fonds qui, aujourd’hui, constituent les premières sources de financement d’envergure.

A titre illustratif, depuis le démarrage des activités du FDE, les partenaires techniques et financiers ont permis l’électrification d’une centaine de localités, toutes technologies confondues (triphasé, câble de garde isolé, SWER, Solar Home Système, hybridation -centrale diésel/solaire) , soit 47% du total des localités électrifiées par le FDE. A la suite des PTF, interviennent les réalisations au titre de la taxe de développement de l’électrification (TDE), soit 28% du nombre total des localités électrifiées à ce jour. Quant à l’Etat, il a permis à travers les appuis budgétaires ponctuels, l’électrification de 38 localités, soit 25% de l’ensemble des localités électrifiées par le FDE. C’est dire qu’après les PTF, c’est aux Burkinabè eux-mêmes de prendre en main le développement de l’électrification dans notre pays et ceci est à saluer. Le PNDES s’oriente dans le même sens aujourd’hui.

S. : Les énergies renouvelables sont devenues incontournables dans les processus d’électrification. Quelle place le FDE accorde-t-il à celles-ci dans la conduite de ses projets ?

Y.C. : Les énergies renouvelables constituent une des options pour la réalisation des objectifs en matière d’accroissement de l’accès aux services électriques. Pour cette raison, l’énergie solaire occupe aujourd’hui une place importante dans tous les projets d’électrification et particulièrement dans les projets d’électrification rurale. Après une expérience réussie dans le mix-énergie en 2011, le FDE est depuis maintenant plus de 5 ans, résolument tourné vers les énergies renouvelables. Les premières réalisations de systèmes hybrides type économiseur de carburant (fuel saver), ont concerné les localités de Déou (11,7 kWc), Markoye (11,7 kWc) et Seytenga (15 kWc), dans la Région du Sahel. Des kits solaires photovoltaïques individuels, semi-collectifs et collectifs ont aussi été distribués dans 21 villages à travers le pays.

Dans cette perspective, plusieurs autres projets à prépondérance solaire sont en cours de réalisation ou en projet. C’est le cas avec le Projet d’accès aux services électriques (PASEL I & II) financé par la Banque mondiale dont l’objectif est de renforcer l’offre et la sécurité de l’approvisionnement en électricité, d’accroître l’accès des populations rurales à l’électricité, d’assurer une meilleure utilisation de l’énergie électrique, de renforcer et d’améliorer la gestion du sous-secteur de l’électricité. Ainsi, la composante 2 du projet qui est mise en œuvre par le FDE vise l’électrification de 207 localités par la réalisation de liaisons interurbaines classiques (triphasées) ou câbles de garde, l’hybridation de centrale diesel, la construction de centrales hybrides avec mini réseaux électriques, la construction de plateformes multifonctionnelles avec mini réseaux électriques. Cette composante financée à 51,88 millions de dollars US, soit 26 199 400 000 FCFA compte, à terme, raccorder plus de 13 000 ménages, permettant à plus de 85 000 personnes de bénéficier de façon directe du service électrique. De même, des structures administratives, communautaires, culturelles, éducatives et sanitaires seront raccordées. Le recrutement des entreprises qui exécuteront les travaux d’électrification de 79 localités est en cours.

En plus du PASEL, il y a le Projet électricité pour le Sahel (ELSA) financé par la Facilité II de l’Union européenne à hauteur de deux milliards quatre cent quatre millions deux cent quarante mille (2 404 240 000) FCFA. Conduit par le FDE en partenariat avec le bureau Innovation Energie Développement (IED), ELSA a permis d’électrifier 36 localités dans la région du Sahel et de construire une centrale hybride Diesel/PV dans la localité de Sebba qui permettra, outre Sebba, d’alimenter 16 autres localités, dont l’électrification a été exécutée dans le cadre dudit projet.

De plus, nous avons le Projet d’électrification rurale décentralisée des provinces du Ziro et du Gourma (ERD ZIGO) qui a été formulé aux fins d’apporter des solutions appropriées durables et respectueuses de l’environnement, au faible taux d’accès aux services énergétiques modernes dans les zones urbaines, périurbaines et rurales. Le choix des deux (2) zones d’intervention se justifie par l’importance de la biomasse et des opportunités de développement de technologies basées sur la valorisation des énergies renouvelables. D’un montant de sept milliards cent trente-six millions cent cinquante mille neuf cent cinquante-cinq (7 136 150 955) FCFA, son financement est assuré par l’Union européenne à hauteur de 71,64 %, l’Etat burkinabè à travers le FDE pour 27,57 % et les collectivités territoriales concernées -Matiacoali, Cassou, Gao, Dalo, Bougnoumou- pour 0,79 %). Les contributions des collectivités sont faites en nature et en espèces. Le recrutement des entreprises, qui exécuteront les travaux, a été lancé en décembre 2016.

A cela s’ajoute le financement du Conseil de l’Entente pour l’installation de plus de 350 kits solaires individuels et collectifs de type « Solar Home Systems », ainsi qu’un dispositif d’éclairage public à travers un premier financement qui a permis d’électrifier la localité de Sampopo dans la province de la Kossi. Le coût total du projet est de 40 millions de francs CFA et un deuxième financement permettra l’électrification dans les mêmes conditions, de la localité de Soungaledaga 2, dans le Houet. Le FDE conduit aussi le Projet d’électrification rurale décentralisée par énergies renouvelables sur financement de la Banque islamique de développement (BID), d’un montant de 12 millions de dollars US (un prêt à l’Etat burkinabè sur le Fonds de solidarité islamique pour le développement).

Ce projet permettra l’accès à l’électricité à plus de 4 500 ménages en Année 1 et l’électrification de 41 localités dans six régions du Burkina Faso avec une prépondérance pour l’énergie solaire. Les procédures de recrutement du consultant chargé de la supervision des travaux sont en cours. Par ailleurs, deux autres projets sont en cours notamment le Projet d’électrification de la localité de Gori, d’un montant de 160 millions de F CFA , dans la commune de Piéla, province de la Gnagna. Ce projet d’électrification piloté par hybridation d’une plate-forme multifonctionnelle est porté par l’ONG Tin Tua avec un cofinancement du FDE et du Centre de la CEDEAO pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique (ECREE) à travers son mécanisme de la facilité énergie.

De même, le Projet IRENA qui sera bientôt mis en œuvre permettra d’approvisionner en énergie, plus de 12 400 ménages ruraux, des commerces et des centres communautaires de 42 localités par des mini-réseaux, des extensions de réseaux, des kits solaires et des systèmes solaires photovoltaïques. Ce Projet est financé par l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) à la suite d’un appel à projet auquel le FDE a pris part. D’un coût global de 16 millions de dollars US, le projet a reçu l’approbation finale de IRENA, le 17 janvier 2016 à Abu Dhabi, pour un financement à hauteur de 10 millions de dollars et le reste du financement, soit 6 millions, sera supporté par la contrepartie nationale.

S. : Quels sont les fondements des performances enregistrées ces dernières années par le FDE au point qu’il soit perçu comme l’un des organismes d’électrification rurale les plus dynamiques au sein du club ER ?

Y.C. : Les performances du FDE qui peuvent être relevées sont entre autres, la diversité des technologies utilisées, l’administration efficace des projets d’électrification, la responsabilisation des acteurs, notamment les populations rurales à travers les coopératives d’électricité, la gestion efficiente des financements destinés aux investissements et la célérité de paiements des bailleurs de fonds.

S. : Malgré un environnement sociopolitique difficile des deux dernières années, le FDE a continué de bénéficier du soutien permanent des bailleurs de fonds. Quels sont les gages d’une telle constance dans la confiance accordée par les Partenaires techniques et financiers (PTF) ?

Y.C. : La confiance affirmée de nos bailleurs de fonds est la résultante de nos performances. Nous avions toujours bénéficié de leur inestimable soutien pour mener nos activités dont les résultats probants invitent à redoubler d’ardeur. Le FDE intervient dans la mise en œuvre de divers projets financés par des partenaires techniques et financiers. C’est le cas du Projet d’accès aux services électriques (PASEL). La composante 2 de ce projet est l’une des activités marquantes du FDE en cours d’exécution.

En effet, il s’agit d’électrifier 207 localités. Les résultats déjà atteints, dans la première phase qui concerne 40 localités, valent au FDE d’être magnifié par la Banque mondiale et d’être félicité par le Comité de pilotage du PASEL lors de sa session du 21 décembre 2016. Cette marque de reconnaissance des performances du FDE, est à considérer comme une invite adressée au FDE pour aller toujours de l’avant, par une bonne organisation interne et un suivi rigoureux des travaux confiés aux entreprises et aux bureaux d’études sur le terrain. Actuellement, un dossier d’électrification de 79 localités a été publié pour le recrutement des entreprises, avec l’avis de non objection de la Banque mondiale.

Aussi, un nouveau dossier d’électrification de 70 autres localités est en cours de soumission pour recueillir son avis de non objection avant le lancement. En rappel, l’objectif global visé par le PASEL est de renforcer l’offre et la sécurité de l’approvisionnement en électricité, d’accroître l’accès des populations rurales à l’électricité, d’assurer une meilleure utilisation de l’énergie électrique, de renforcer et d’améliorer la gestion du sous-secteur de l’électricité.

S. : Livrez-nous les principaux chantiers que le FDE entend conduire au cours de cette année 2017.

Y.C. : L’année 2017 sera une année charnière pour le FDE avec l’engagement de travaux d’électrification dans plus de 250 localités, toutes sources de financement confondues (Banque mondiale, Union européenne, Taxe de développement de l’électrification, Appui budgétaire de l’Etat, Conseil de l’Entente, Banque islamique de développement). Ce qui permettra au FDE de doubler le nombre de localités électrifiées d’ici à 2018. Le FDE envisage également introduire au cours de l’année 2017, un modèle à prépaiement de kits solaires individuels de nouvelle génération qui devrait permettre de résoudre les problèmes d’impayés de factures de consommations électriques.

S. : Quelles sont vos attentes pour que le programme « Electricité pour tous » tienne ses promesses dans toutes les contrées du pays ?

Y.C. : L’une des missions essentielles du FDE est de promouvoir une couverture équitable du territoire national en énergie électrique en développant l’électrification rurale. La gestion de la plupart des localités électrifiées étant laissée à la charge des Coopératives d’électricité (COOPEL) appuyées techniquement par des exploitants appelés « fermiers », la préoccupation majeure du FDE est que les infrastructures électriques puissent être bien gérées et procurer un mieux-être des populations. En effet, les COOPEL sont des organisations faîtières dont le fonctionnement et la constitution sont régis par les dispositions de la loi n° 014/99/AN du 15 avril 1999, portant réglementation des sociétés coopératives et groupements au Burkina Faso.

Cette forme d’organisation pour la gestion des systèmes électriques constitue l’identité même de la politique d’électrification rurale et qui veut que les populations soient responsables de leur propre développement. Après plus d’une décennie d’expérimentation, une évaluation de ce système coopératif a été réalisée par le bureau français Innovation Energie Développement (IED) dans le cadre de l’exécution du Projet électricité pour le Sahel (ELSA), cofinancé par le FDE et l’Union européenne. L’objectif visé est d’évaluer les performances de l’approche coopérative d’électricité, dans le but de permettre une gestion efficiente des systèmes électriques des localités rurales électrifiées.

S. : Que peut-on attendre du FDE en termes de contribution à la mise en œuvre du Plan national de développement économique et social (PNDES) ?

Y.C. : Au titre des objectifs à atteindre d’ici à 2020, il s’agit de contribuer à améliorer le taux d’électrification nationale par l’électrification d’au moins 500 nouvelles localités, conformément au projet de société du président du Faso, traduit dans le PNDES. Le FDE s’emploiera à renforcer le plaidoyer pour l’élargissement des interventions des PTF et pour le financement durable des investissements dans le domaine de l’électrification rurale.

A la faveur de la grande mobilisation des partenaires techniques et financiers pour la mise en œuvre du PNDES, le FDE soumettra bientôt des requêtes de financement qui sont essentiellement orientées vers l’accès aux services électriques à base des énergies renouvelables, conformément à la vision du gouvernement.

Toutes choses qui permettront d’ici à 2020, de relever le défi de l’accès aux services électriques de plus d’un million de ménages qui est l’objectif même du programme présidentiel de son Excellence Roch March Christian Kaboré.

Interview réalisée par Gaspard BAYALA in Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 16 janvier 2017 à 20:19, par Electricien sans frontiere En réponse à : « La confiance affirmée de nos bailleurs de fonds est la résultante de nos performances », Yacouba Camara, directeur général du Fonds de développement de l’électrification

    Malheureusement, tous ses projets ne profitent pas aux jeunes entreprises nationales. Pourtant, c’est des travaux qui peuvent être conçus de sorte que les petites et les grandes entreprises d’électricité puissent, chacune trouver son compte.On demande des chiffres d’affaires exorbitants, des marchés similaires... Donc finalement c’est des commerçants "quincailleries" qui font de gros chiffres d’affaires ou les sociétés étrangères qui raflent tout.Mr le Directeur, pensez aux jeunes entreprises,ayant un personnel formé,compétant et expérimenté, du matériel performant,le soutien des établissements financiers,des agréments mais qui sont à leur début d’entrepreneuriat. Ne les laissez pas dans la sous traitance éternelle. S’il vous plait encouragez, les jeunes dynamiques et que personne ne cumule encore plusieurs lots pendant que d’autres chôment.Merci !

  • Le 16 janvier 2017 à 21:28, par Cheikh En réponse à : « La confiance affirmée de nos bailleurs de fonds est la résultante de nos performances », Yacouba Camara, directeur général du Fonds de développement de l’électrification

    Qu’on nous rebatte les oreilles avec le succès des projets d’électricité rurale, cela est normal. Mais en attendant, il faut quand même faire en sorte que là où nous avons déjà de l’électricité urbaine, la population soit régulièrement approvisionnée. Sinon vérité pour vérité, il faut se le dire et se l’avouer, avec cette série ininterrompue de coupures d’électricité, qui n’attend que l’arrivée de la C.A.N, pour narguer les téléspectateurs de Bobo Dioulasso, en les privant du loisir d’un suivi régulier des matchs, on a comme l’impression que les sociétés comme la SONABEL, prennent le gouvernement actuel pour un dépotoir universel, où chacun a le devoir d’apporter sa part de déchets.
    Et pourtant si certains directeurs de cette société en ont fait les frais au temps de la « TRANSITION », cela devrait suffire ! Si ce n’est toutefois pas le cas, peut-être faudrait-il qu’à présent le gouvernement fasse plus,en sanctionnant plutôt les techniciens chargés directement de la distribution, que les dirigeants qui n’en sont que les coordonnateurs !
    Sans nous ériger en prophètes du mal, nous pensons que ce n’est qu’en cela, que pourrait résider la seule bonne solution. Quant à ceux qui en subiront les pots cassés, ils l’auront bien voulu, car "Qui avale une noix de coco, fait confiance à son anus".

    s

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