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Lutte anti-tabac : ‘’ Entre la cigarette et la drogue, il n’y a qu’un pas … !’’

Publié le dimanche 15 janvier 2017 à 23h11min

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Lutte anti-tabac : ‘’ Entre la cigarette et la drogue, il n’y a qu’un pas … !’’

Selon l’Afrique contre le tabac (ACONTA), le Burkina enregistre environ 2000 morts par an du fait du tabac. Le jeudi, 12 janvier 2017, de concert avec son partenaire traditionnel (le ministère de la santé) et le soutien du REJAT-BF (Réseau des journalistes pour la lutte antitabac au Burkina Faso), la structure a initié une formation en faveur de représentants de plusieurs organisations de la société civile (OSC) sur « l’interférence de l’industrie du tabac dans les politiques de lutte anti-tabac ». L’objectif visé est de favoriser une synergie d’action dans cette lutte « pour la préservation de la santé des population ».

Selon le coordonnateur de l’ACONTA, Salifou Nikiéma, cette action, qui a consisté pour sastructure de s’entreteniravec lesorganisations de la société civile ‘’sœurs’’ sur l’interférence de l’industrie du tabac dans les politiques de santé publique et dans les politiques de lutte antitabac, est capitale dans la mesure où chacune œuvre déjà de façon directe ou indirecte contre les conséquences du tabac. Il s’agitde revisiter, à travers cette formation, les « différents types d’interférences de l’industrie du tabac, les activités qu’elle mène dans les pays pour retarder la mise en œuvre de la Convention-cadre dans ces pays ». Selon le premier responsable de l’ACONTA, le constat au Burkina est que cette interférence se fait avec la bénédiction du ministère du commerce qui ‘’défend la cause de l’industrie du tabac, alors que le pays a pris des lois pour réglementer ces produits’’.

Des études ont montré, poursuit-il, qu’il y a près de 2000 morts par an au Burkina, du fait du tabac.A en croire M. Nikiéma, les jeunes sont la cible privilégiée de l’industrie du tabac via leurs lieux de fréquentation (établissements scolaires, maquis, restaurants, etc.). D’où l’urgence,selon l’ACONTA,d’interpeller le gouvernement burkinabè sur la nécessité de prendre des décisions pour protéger les populations. Sensibilisations, informations et bien d’autres actions seront donc menées sur le terrain pour exiger l’application des textes en matière de tabac au Burkina.
« Il y a actuellement même un contentieux entre le ministère de la santé et l’industrie du tabac sur la loi anti-tabac ; le ministère a posé plainte contre l’industrie du tabac, qui refuse de mettre en application la loi anti-tabac consistant à mettre des images sur les paquets et emballages du tabac. L’industrie du tabac à refuser de s’y conformer avec le soutien du ministère du commerce. Il y a donc un procès qui va s’ouvrir bientôt à Bobo-Dioulasso sur la question », confie Salif Nikiéma.
Il regrette en outre l’attitude de certaines personnes ‘’qui ne se gênent pas de fumer’’ dans les espaces interdits ; faisant des non-fumeurs, des « victimes de tabagisme passif ».
« Si vous avez envie de fumer, vous vous retirez juste cinq minutes, vous fumez puis vous revenez », recommande Salif Nikiéma, expliquant les actions que mène l’ACONTA à ce sujet par des sensibilisations (notamment par l’affichage de messages de rappel dans les lieux publics), de concert avec la Police municipale.
Pour les leaders des OSC participants, le danger est que le tabac semble une passerelle pour les jeunes pour s’adonner à la drogue. ‘’Des drogues sont vendues auprès d’établissements, pour ; dit-on, faire pousser la barbe et les enfants achètent …On dit qu’on ne doit pas vendre la cigarette en détail, qu’on ne doit pas vendre aux personnes de moins de 18 ans mais dans les quartiers, c’est le contraire qui se vit tous les jours et quand tu te plains, on te réplique que tu n’es pas policier ‘’, témoignentdes intervenants.
C’est pour mieux faire face à la lutte, que ces organisations ont décidé désormais en rangs serrés sur ce terrain de combat.

Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net

Réactions de leaders d’OSC à l’issue de la séance ...

Mariama Siri, présidente de l’association Mère Theresa de la Charité :
Nous avons le projet zéro grossesse précoce non désirée en milieu scolaire. Quand on dit zéro grossesse, on parle aussi de stupéfiants parce que, dans des cas de viols, certains auteurs avouentavoir agi sous l‘effet de la drogue. Or, quand on parle de drogue, c’est le grand-frère de la cigarette. Ce qui veut dire qu’on a commencé, la plupart du temps, par la cigarette avant d’arriver à la drogue. Notre organisation est baséedans la commune rurale de Saaba et nous sensibilisons donc en milieux scolaires où nous utilisons les ‘’heures creuses’’ (une heure par classe), avec la collaboration des établissements, pour sensibiliser les élèves. Nous sensibilisons sur la grossesse et aussi sur les stupéfiants ; parce qu’il arrive également qu’on donne des stupéfiants à des filles pour abuser d’elles, avec toutes les conséquences que cela comporte.
Le phénomène est préoccupant et une étude que nous avons faite en 2007 puis en 2014, donne par exemple déjà au premier trimestre de l’année 2014, 37 cas de grossesses sur dix établissements de la commune de Saaba. C’est énorme. Et quand vous regardez ces filles, ce sont vraiment des adolescentes ; la plus jeune en 2014 avait onze ans, elle était obligée d’accoucher par césarienne. Elle a par la suite perdu son bébé et jusqu’à présent, elle traîne les séquelles de cette grossesse précoce.

Babou Zio, Chargé de plaidoyer et communication du réseau et de la plateforme nationale des OSC de lutte contre les maladies non transmissibles :
Qui connaît les conséquences du tabac doit tout de suite adhérer à la lutte parce qu’on sait très bien que le tabac joue sur la santé et sur l’économie des pays. Contrairement à ce que dit l’industrie du tabac sur la consistance des taxes qu’elle reverse à l’Etat, ses contributions fiscales ne peuvent pas soigner le tiers des malades dus au fait du tabac. La société civile doit avoir une approche concrète et conséquente sur la question en sensibilisant non seulement sur le terrain (les jeunes frères surtout) mais également en mettant la pression sur l’industrie du tabac pour le respect des textes et sur l’Etat pour faire en sorte qu’il veille à la santé des populations par une application effective des mesures.

Songré Pamoussa, président de l’association d’assistance pour les maladies infectueuses au Burkina :
Etant une association de lutte contre les maladies infectueuses, notre participation à ce cadre va de soi. Au départ, nous avons commencé par les hépatites, ensuite la lutte contre la drogue. Nous avons donc un plan d’action dans ce sens et qui vise surtout les établissements scolaires parce que, nous savons que les jeunes sont la frange la plus touchée. Nous allons donc mettre en place des clubs au sein des établissements.
La pratique (consommation, ndlr) du tabac n’est pas une bonne chose parce qu’en fumant, on va contre notre santé et l’utilisation du tabac en milieu scolaire crée une dépendance qui peut jouer sur la performance des élèves et partant, sur la performance professionnelle plus tard.

O.L.O
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 16 janvier 2017 à 09:57, par kwiliga En réponse à : Lutte anti-tabac : ‘’ Entre la cigarette et la drogue, il n’y a qu’un pas … !’’

    Tout ça c’est très bien, mais si l’on veut regarder franchement les choses, ne serait-il pas prioritaire de s’attaquer au problème de l’alcoolisme qui me semble prégnant au Faso ?
    J’ai malheureusement l’impression qu’on est une fois de plus dans l’imitation des "blancs".
    Qu’on est là ou on nous dit d’être ! Là ou il y a de la subvention à bouffer.
    Du coup, on met tout dedans. Les grossesses non désirée : c’est le tabac, les maladies infectieuses : c’est le tabac,...
    Il serait bon que notre pays priorise ses véritables problèmes et tente d’y apporter des solutions idoines en prenant en considération nos réalités.

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