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Côte d’Ivoire : fin de la mutinerie, retour au calme à Bouaké

Publié le lundi 9 janvier 2017 à 00h17min

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Côte d’Ivoire : fin de la mutinerie, retour au calme à Bouaké

Le président Alassane Ouattara a appelé dimanche ses compatriotes à "vaquer à leurs occupations" en Côte d’Ivoire où des militaires ont mis fin à deux jours de mutineries qui avaient paralysé Bouaké, deuxième ville du pays.

"Après les événements regrettables de ces derniers jours, la situation est rentrée dans l’ordre et chacun peut vaquer à ses occupations" a déclaré dimanche M. Ouattara dans un tweet.

Le calme est revenu à Bouaké, où des tirs sporadiques et d’armes lourdes avaient résonné au cours des dernières 48 heures, semant la panique parmi les habitants de cette ancienne capitale de l’ex-rébellion armée. Les soldats mutins réclamaient le paiement de primes, des augmentations de solde, une promotion plus rapide entre les grades et des logements.

La situation s’est également normalisée dans le reste du pays après l’annonce samedi d’un accord avec les soldats mutins, selon des correspondants de l’AFP et des habitants.

A Bouaké, des militaires patrouillaient dimanche à bord de pick-up sous les regards parfois hostiles d’habitants, a constaté un journaliste de l’AFP.

"Nous souhaitons que la situation reste en l’état. On ne veut plus de tirs ici à Bouaké. Si les tirs continuent, je crois que la population va se révolter", a déclaré à l’AFP Adama Cissé, commerçant à Bouaké, devant sa boutique.

"Fort heureusement, les tirs ont cessé et ils ont promis qu’ils ne vont plus tirer pour nous effrayer", a confié Aya Justine Koffi, ménagère à Bouaké, vêtue d’une longue robe et prête à aller faire ses emplettes car les magasins ont pu rouvrir.

"On est content du dénouement heureux avec cet accord. Ce qu’on demande au président, c’est d’être attentif aux conditions de vie des militaires", a déclaré de son côté sous couvert d’anonymat l’un des meneurs de la révolte qui avait gagné plusieurs autres villes, dont Abidjan, la métropole économique et politique.

’On ne veut plus de bruits de bottes’

Dans une allocution télévisée samedi soir, M. Ouattara avait annoncé son "accord pour la prise en compte des revendications relatives aux primes et à l’amélioration des conditions de vie des soldats".

"Je demande à tous les soldats de regagner leurs casernes pour permettre l’exécution de ces décisions dans le calme", avait-il ajouté.

A Abidjan, où des tirs avaient été entendus samedi dans une caserne et un carrefour important bloqué par des militaires, le calme était également revenu dimanche.

A Man (ouest) et Korhogo (nord), où des soldats étaient également sortis de leurs casernes, "la vie a repris", ont témoigné des habitants joints au téléphone.

A Bouaké, le ressentiment de la population est fort contre des militaires qui ont semé la panique par des tirs à l’arme lourde et des rafales de Kalachnikov.

"On ne veut plus de cette situation à Bouaké. On est fatigués des agissements des militaires. Vivement que le président Ouattara trouve une solution définitive à leurs problèmes", a ainsi lancé Adama Coulibaly, un enseignant.

"On ne veut plus de bruits de bottes à Bouaké", a réagi Séraphin Kouadio, un informaticien.

Manipulation politique ?

L’accord avait été scellé samedi à Bouaké à l’issue d’une rencontre entre le ministre de la Défense Alain Richard Donwahi et des soldats réclamant de meilleures conditions.

Mais énieme rebondissement, juste après l’annonce de cet accord, des militaires en colère avaient retenu le ministre de la Défense et sa délégation à la résidence du sous-préfet en tirant des rafales de kalachnikov et à l’arme lourde.

Après avoir été retenus plus de deux heures, M. Donwahi et sa délégation avaient pu partir, et des militaires avaient ensuite levé les barrages interdisant l’entrée dans Bouaké.

"En ce qui concerne les primes, tous les arriérés seront payés. Il y a beaucoup de problèmes à régler, nous en sommes tout à fait conscients, nos hommes aussi. Je peux vous assurer que nous allons tenir nos engagements, mais eux aussi vont tenir leurs engagements", a affirmé samedi M. Donwahi.

Les revendications des mutins étaient matérielles mais elles marquent le retour d’un problème récurrent dans un pays sorti en 2011 de dix ans de rébellion dont Bouaké, 1,5 million d’habitants, fut la capitale.

En novembre 2014 déjà, une vague de protestation de soldats était partie de Bouaké pour des questions de soldes et s’était étendue à Abidjan et d’autres villes.

Les troubles de cette semaine interviennent alors que le président doit annoncer pour ce début janvier la nomination d’un vice-président et d’un Premier ministre. L’élection du président de l’Assemblée nationale doit également avoir lieu prochainement.

"Une des questions est de savoir s’il y a une manipulation politique. Est-ce que d’anciens chefs de guerre sont derrière ça ?", s’est interrogé un observateur questionné par l’AFP.

De leur côté, les soldats mutins rejettent toute récupération politique.

Le président Ouattara "est notre père spirituel, c’est une affaire de famille. On peut équiper l’armée mais si les hommes qui sont à la tâche ne sont pas motivés, ça ne servira à rien", a estimé l’un des mutins.

La rébellion du nord qui coupa la Côte d’Ivoire en deux en 2002-2011 était favorable à M. Ouattara, alors que le sud était tenu par les forces loyales à l’ex-président Laurent Gbagbo.

AFP

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Vos commentaires

  • Le 8 janvier 2017 à 15:09, par ngoonga En réponse à : Côte d’Ivoire : Alassane Ouattara annonce un "accord" sur une amélioration des conditions des soldats

    Aux ivoiriens héy, hey,hey. ADO fait déjà un effort pour le pays. Réclamer vos droits dans la légalité et non à travers les armes du peuple. La discipline militaire refuse çà, demander à vos voisins du Burkina, ils diront ce qui a été leur mutinerie. Certains font le garibou pour manger bien que d’autres ont été sanctionnés de façon injuste. Les auteurs de cette injustice sont entrain de payer pour leurs forfaits et méchanceté. Tu connais comment le feu s’allume mais comment il s’éteint.
    A bon entendeur salut

  • Le 8 janvier 2017 à 16:59, par Africa En réponse à : Côte d’Ivoire : Alassane Ouattara annonce un "accord" sur une amélioration des conditions des soldats

    En rappel, pour résoudre la crise post-électorale de 2010-2011, on a choisi de coaliser des armées étrangères avec une rébellion armée pour se débarrasser des forces armées nationales de Côté d’Ivoire (FANCI) restées loyales au président sortant. Les FANCI ont été remplacées par les armées rebelles rebaptisées Forces Républicaines de Côté d’Ivoire (FRCI) par le nouveau président avant même de prêter serment devant le conseil constitutionnel. Les généraux et autres officiers supérieurs vaincus ont été redéployés, qui comme diplomates, qui comme supplétifs, tandis que le reste de la troupe était reversé sous commandement des anciens rebelles qui venaient de les vaincre. Récemment encore, les FRCI ont été rebaptisées Forces Armées de Côté d’Ivoire (FACI) mais l’ADN rebelle a-t-il pour autant disparu ? Pas si sûr au vu des évènements.

    La réalité qui remonte en surface aujourd’hui, c’est que cette armée d’anciens rebelles ne perçoit pas la Côte d’Ivoire autrement qu’un butin de guerre et réclament que les promesses faites soient tenues. Un mutin ne disait-il pas sur une radio internationale qu’ils ont combattu 10 ans sans salaires et que le temps était venu d’honorer les promesses ? Le Président Ouattara a-t-il d’autres choix que d’être d’accord pour désamorcer cette bombe au sens réel ?
    La Côte d’Ivoire va mal mais personne n’ose le croire encore moins le dire ; on vante la performance économique qui est réellement bonne mais le passif aussi est lourd après l’humiliante défaite des forces armées nationales de Côté d’Ivoire (FANCI) en 2011 suivie de leur disparition . Faut-il rappeler que les FANCI ont été créées par le père fondateur du pays, le Président Félix Houphouet Boigny. Ainsi, la dignité et la fierté nationale sont atteintes, la cohésion sociale désintégrée, l’unité nationale une simple vue de l’esprit avec ces concepts de rattrapage ethnique dans l’administration , le repli sur soi et dans son terroir étant la règle du vivre ensemble. Le pays a besoin de se réconcilier avec lui-même, puis entre ses fils.

  • Le 8 janvier 2017 à 17:26, par BENBA En réponse à : Côte d’Ivoire : Alassane Ouattara annonce un "accord" sur une amélioration des conditions des soldats

    en cote d’ivoire ils ont le meilleur médiateur et faiseur de paix à COCODY. KOUASSI BLAISE COMPAORE Alias l’homme fort. ADO peut le consulter à tout moment . C’est le champion.
    Ici nous avons des problèmes avec des kolgweogo de BOBO qui ne demandent rien pour exister...

  • Le 8 janvier 2017 à 18:12, par Mafoi En réponse à : Côte d’Ivoire : Alassane Ouattara annonce un "accord" sur une amélioration des conditions des soldats

    Au lieu de solder le passif de ces mercenaires comme promis par cet assoiffé du pouvoir qui venait de parvenir à ses fins,il a vite fait fait de les oublier et cela dure depuis maintenant plus de 5 ans.Bien sûr la plupart de ces dozos sont des analphabètes mais quand même,il ne faut pas trop pousser le bouchon surtout que pendant ce temps,ce criminel qui se croit plus démocrate que les démocrates veut un vice président,un sénat sans oublier qu’il vient de décaisser 4 milliards pour que des fouteux aillent jouer à la ba-balle au Gabon pour la CAN.Foutaise et bien fait pour cette piqûre de rappel que ces mercenaires viennent de lui administrer à juste raison

  • Le 8 janvier 2017 à 21:26, par Bellis En réponse à : Côte d’Ivoire : Alassane Ouattara annonce un "accord" sur une amélioration des conditions des soldats

    Accepter des revendications comme ça de cette manière est une courte vue de l’esprit de la part des autorités ivoiriennes qui manifestement ne se préoccupent que de la dégradation de leur image au plan international, Ouattara étant vu comme un gentleman. Aux dépens d’une vision à long terme qui aurait dû s’imposer pour le bien du peuple ivoirien. Car c’est la énième fois que les mutins prennent les armes pour ces histoires de revendications, et c’est aussi la énième fois que le pouvoir se soumet sans broncher. Conséquence : il y a goût à répéter, et il y aura encore et toujours des revendications de cette même manière, jusqu’à ce que le pouvoir s’essouffle (certes, Ouattara sera déjà parti). Donc, si les revendications sont légitimes, la manière est condamnable et aurait dû être traitée par l’Etat comme telle.

    Mais Ouattara étant venu au pouvoir par l’épée, il doit aussi régner avec l’épée continuellement pointée sur lui. C’est triste comme sort, mais c’est comme ça. Yaako, Prési chouchou de la Communauté Internationale...

  • Le 9 janvier 2017 à 10:05, par ngoonga En réponse à : Côte d’Ivoire : fin de la mutinerie, retour au calme à Bouaké

    Il faut voir du côté de Soro. En prélude aux mutations que ADO envisage en bon stratége le génie de Bouaké (SORO) est capable d’actionner les mouvements d’humeurs pour se faire une place. ADO doit faire bcp attention car il faut éviter de liquider quelqu’un qui a été quelque dans votre ascension.

  • Le 9 janvier 2017 à 10:43, par osawad En réponse à : Côte d’Ivoire : fin de la mutinerie, retour au calme à Bouaké

    C’est ça la différence entre nos armées du tiers ou quart monde et celles des nations occidentales développées.

  • Le 9 janvier 2017 à 10:58, par zokou En réponse à : Côte d’Ivoire : fin de la mutinerie, retour au calme à Bouaké

    Nous mutin, les zens na ka compren nou. On a fait fête, l’argent est fini et puis notre prézdent dit il part à la fin de son mandat. A cause de pourquoi ? Nous on ne boit pas champagne, mais kima pousse ou koutougou seulemen. Donc même si ministre vient qu’il soit de la défense ou pas on s’en fou on le séquestre. Parce que ventre vide n’a point d’oreille Où bien ?
    Heureusement prézdent il a parlé "bon français"(donner l’argent..) donc palabre est fini oh. En ce moment même je boit mon bandji et j’ai sommeil. Si vous les journaliste me démande si ya gban gban ? ze repond c’est quoi le gban gban encore ?

  • Le 10 janvier 2017 à 17:16, par Zas En réponse à : Côte d’Ivoire : fin de la mutinerie, retour au calme à Bouaké

    Vous allez comprendre comment Guillaume Soro est dangereux. Après son échec quant à déstabiliser le Burkina, c’est maintenant la Côte d’Ivoire qui est sous sa menace. C’est un homme aux ambitions illimitées. Vous faîtes ce qu’il veut ou bien il vous crée des problèmes. Si la Côte d’Ivoire veut réellement vivre sa démocratie dans la paix, il faut qu’elle commence déjà à réfléchir à comment neutraliser Guillaume soro avant les prochaines échéances électorales, sinon, le pays restera toujours l’otage de Soro.

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