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Formation artistique et culturelle : Une filière à soutenir

Publié le samedi 28 mai 2005 à 09h10min

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La formation artistique se définit comme un enseignement formel des arts en général. Elle englobe diverses disciplines comme les arts plastiques (dessin, peinture, sculpture, modelage), la musique (solfège), la danse...

Si le programme scolaire actuel lui accorde peu d’intérêt, sa relance s’avère indispensable par les structures de formation d’enseignants, afin de relever le défi dès le cycle primaire.

Le Burkina Faso jouit d’une réputation culturelle à l’échelle continentale, voire mondiale. Avec plus d’un (1) million d’artistes répartis sur le territoire national et exerçant dans plusieurs domaines d’activités du secteur informel, beaucoup parmi eux manquent d’encadrement, ou sont formés sur le tas et parfois laissés à eux-mêmes. Ce problème est consécutif à l’absence de formation pour répondre aux besoins de la cause. Face à cette situation, les autorités burkinabè ont fait un grand pas en créant l’Institut national de formation artistique et culturelle (INAFAC). Cette structure de formation académique est à l’image de certaines écoles artistiques de la sous-région : l’Institut des arts de Bamako (Mali), l’école des Beaux-arts d’Abidjan (RCI) et des écoles artistiques publiques ou privées au Ghana.

Conformément aux objectifs qu’il s’était fixés dès le départ, l’INAFAC malgré ses moyens limités, s’attelle à la formation des artistes, à travers la formation académique, les stages de recyclage, les ateliers et les masters class. A côté de cet institut, existent d’autres structures moins formalisées comme le Centre national d’artisanat d’art (CNAA). Il assure aussi une formation sur le tas, de certains artistes plasticiens.

Selon le directeur de l’INAFAC, M. Vincent K. Nana, cette école vise comme objectifs, la formation artistique dans trois (3) domaines essentiels (musique, arts plastiques et danse) de diverses manières : une formation empirique (ceux qui apprennent sur le tas) et une formation académique qui requiert un certain niveau de l’enseignement général ou des connaissances de base dans les domaines ci-dessus cités. "La formation est sous-tendue par un programme selon le niveau donné, donc une formation formelle. Le premier avantage est qu’elle apporte à l’individu toutes connaissances utiles pouvant le servir au moment où il a le plus besoin. Pour ceux qui aspirent à la professionnalisation, un encadrement est indispensable", souligne M. Nana.

Des mutations marquées par plusieurs localisations .

Pour le directeur de l’INAFAC, l’ex-école de musique créée par Zatu n°85-003/CNR/PRES/MIC du 10 septembre 1985, a connu diverses dénominations (Académie populaire des arts, Ecole de musique et de danse, Centre national de formation et d’action culturelle) mais aussi des localisations à plusieurs endroits (Centre national d’artisanat d’arts, Théâtre populaire, Mess des officiers) avant de s’installer définitivement au secteur n°9, quartier Gounghin.

Toujours selon M. Nana, sa structure a enregistré pour la seule année académique 2004, une soixantaine d’inscrits, la plupart étant répartis dans les sections musique - danse et arts plastiques dont une vingtaine de femmes. "L’institut peut se féliciter malgré la modestie de ses moyens, mais avec un personnel qualifié et dynamique, d’assurer convenablement ses missions.

Ainsi, à travers ses diverses prestations et le concours de certains artistes comme Bil Aka Kora, Sami Rama, le Groupe Yeleen, Baz-Bil, Bob Sana, Rikson...) des exploits ont été réalisés, faisant ainsi de l’INAFAC un creuset de l’information et de la formation artistique par excellence", affirme M. Vincent K. Nana.

Elle est organisée sous forme de cours du jour et du soir au profit des artistes professionnels ou amateurs, aux travailleurs, aux élèves et étudiants désireux de se familiariser avec la filière artistique. Selon le chef de service pédagogique de l’INAFAC, M. Jules Yaméogo, l’importance de la formation artistique n’est plus à démontrer dans un pays comme le Burkina à forte obédience culturelle, dont les acteurs témoignent d’un certain dynamisme en la matière. "Si la culture burkinabè a connu une expansion mondiale, cela relève du domaine de la formation où l’action doit être de mise, pour ne pas la laisser s’essouffler par manque de continuité", affirme M. Yaméogo. Par conséquent, l’apprentissage aux métiers de l’art, qu’il soit formel ou sur le tas, est indispensable pour la promotion des talents. Ainsi, les disciplines enseignées à l’INAFAC intègrent la théorie à la pratique. Dans le domaine de la musique, la théorie musicale, le solfège, la dictée musicale, la technique vocale, chant, harmonie, piano-orgue, guitare, batterie, saxophone, trompette, djembé, et kundé local sont les principales matières. Quant à la danse, elle est axée sur la danse contemporaine à travers le langage corporel. Les arts plastiques consacrent le dessin et la peinture. En plus des artistes nationaux, des artistes étrangers participent également à des stages de perfectionnement. Des cours de vacances sont organisés chaque année au mois d’août, à l’intention des élèves et étudiants qui désirent meubler cette période. Le nombre d’années de formation varie d’une discipline à l’autre, trois (3) ans pour la musique et les arts plastiques et deux (2) ans pour la danse. Elle est sanctionnée en fin de cycle par un certificat d’aptitude professionnel (CAP).

Les vacances artistiques visent également à initier les plus jeunes à la formation artistique. L’institut mène depuis quatre (4) ans une expérience dans ce cadre. Elle est jugée satisfaisante compte tenu de l’engouement manifesté par certains élèves et étudiants, qui trouvent ainsi, un moyen de se distraire et meubler leur temps de vacances. A l’image de l’INAFAC, le Centre national d’artisanat d’art (CNAA) dispense également une formation sur le tas aux artistes plasticiens, dans les domaines du dessin, peinture, sculpture, bronze, batick, etc... Le centre organise également des cours de vacances artistiques à l’intention des scolaires.

L’arthérapie développe les facultés

"Les individus détiennent des facultés dans plusieurs domaines. Ces facultés sont utiles dans la vie de l’homme", explique M. Paul Darga, chef de service admnistratif et financier, du Centre national d’artisanat d’art et enseignant d’arthérapie à l’INAFAC.

Pour M. Darga, la suppression des disciplines artistiques dans les programmes scolaires n’est pas pour favoriser les élèves. Cette situation est tributaire du manque d’information sur l’importance des disciplines artistiques. "L’exécution des croquis de sciences et dessins cartographiques exigent au minimum quelques notions en dessin. La relance de la formation artistique doit commencer au niveau des écoles nationales d’enseignants du primaire (ENEP) et doit s’imposer comme une nécessité à l’heure actuelle pour relever le défi", selon M. Darga. Il faut dans ce cas, outiller d’abord les formateurs.

Le soutien des partenaires

De nombreux partenaires œuvrent à la promotion artistique et culturelle au Burkina Faso à travers de multiples soutiens. La coopération française, l’Allemagne, la Chine, le Japon et Cuba, ont apporté leurs appuis matériels à l’INAFAC, en le dotant d’instruments de musique (guitares, batteries, orgues et pianos, saxophones, trompettes, etc...). Le matériel de musique étant coûteux, l’Etat burkinabè ne peut à lui seul supporter les charges pour son acquisition.

La politique nationale du gouvernement en matière culturelle accorde un grand intérêt à la promotion du domaine. Pour cela, le ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme ne cesse de développer des initiatives pour dynamiser le secteur artistique et culturel, notamment par la mise en place de structures pour l’encadrement des artistes nationaux. En rappel, les acteurs de notre culture qui s’étaient réunis les 18 et 19 octobre 2004 à Ouagadougou, avaient convenu de la nécessité d’instaurer une vraie politique culturelle qui tienne compte des réalités du pays. Un document cadre avait été élaboré par le ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme et soumis à l’appréciation des acteurs culturels, qui ont travaillé à l’amélioration du contenu du document. A l’issue de cette rencontre, des recommandations avaient été faites pour l’introduction de l’enseignement artistique dans le système éducatif actuel, avec sa prise en compte dans le programme de formation des ENEP et à l’ENSK. Ils ont également souhaité la création d’un conseil national des arts et de la culture, qui servira réellement de cadre de réflexion et d’orientation de notre politique culturelle.

Privat OUEDRAOGO


Des élèves et un représentant des parents d’élèves ont livré leurs impressions

Angèle Evelyne Traoré (section musique) : J’ai beaucoup de passion pour le piano. Je me suis inscrite pour apprendre à jouer cet instrument dont les notes me fascinent pendant l’animation des chorales. Je suis membre d’une chorale d’église et mon plus grand souhait est de pianoter un jour le clavier.

Stéphane Somda (section arts plastiques) : J’éprouve une grande admiration pour les disciplines artistiques. Si dès les bancs du primaire, on nous donnait seulement quelques notions, j’avoue que je n’aurais pas eu de difficultés à l’heure actuelle pour exécuter mes croquis de sciences naturelles. A l’INAFAC, j’ai pu me familiariser avec le dessin d’art, par des représentations de symboles mathématiques, géométriques ainsi que les lettres alphabétiques.

Nadège Koné (section arts plastiques) : L’existence d’une structure comme l’INAFAC va favoriser l’éclosion des talents.

Jean Gabriel Ouédraogo (représentant des parents d’élèves de l’INAFAC) : J’ai personnellement compris le bien-fondé de cette école où j’ai inscrit ma fille dans la section arts plastiques. La formation artistique et culturelle étant très porteuse, ces disciplines ont un avenir très certain dans notre pays. Je ne me suis pas opposé, quand ma fille m’a exprimé son besoin d’apprendre. Avant, les gens pensaient que l’art en général était pour des "laissés-pour-compte" (ceux qui n’ont pas réussi sur les bancs de l’école).

Ma vision future pour cette école, est qu’elle puisse atteindre une vocation sous régionale et recevoir beaucoup d’enfants et d’adultes désireux de faire carrière dans les arts. En attendant que d’autres initiatives puissent être développées pour la relance de cette filière dans le système éducatif, la création d’autres structures de formation comme l’INAFAC, viendra renforcer les capacités en matière de promotion artistique et culturelle au Burkina Faso.

P. O
Sidwaya

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