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Fait divers : Un malade imaginaire

Publié le samedi 28 mai 2005 à 09h09min

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Dominique n’a jamais fréquenté l’école. C’est un agent de liaison. Son arrivée à la Fonction publique a été l’œuvre d’une de ses cousines qui était la maîtresse d’un haut d’en haut. Avant son arrivée à la Fonction publique, Dominique vendait des abats de quadrupèdes dont personne ne savait la provenance.

Comme la soupe était bien pimentée, les gens s’en accommodaient. Pour être dynamique et serviable, il l’était mais avait un défaut. Tous les soirs, Dominique était "rond" car il buvait plus que de coutume. Le matin, il arrivait en retard au service et des remarques lui furent faites. Un jour, son chef de service le fit appeler et lui demanda d’être à l’heure le lendemain car il y avait plusieurs courriers à transmettre d’urgence.

A la descente, Dominique passa dans son cabaret préféré pour prendre un pot et rentrer. Il y trouva son ami Paulin. Vint à passer un vendeur de Tombola Minute que Paulin appela. Quand il gratta le ticket, il était gagnant de cinq mille francs. Dominique oublia les consignes de son patron car Paulin avait décidé de casser deux mille francs. Dominique était "rond". Il logeait à Dassasgho alors qu’il avait bu à Paspanga.

D’autre part, il était fatigué. Ainsi, comme un somnambule, il rentra à l’hôpital, y gara son vélo, trouva une salle d’hospitalisation avec des lits vides et s’y affala. Ce furent les bruits des balayeurs qui le réveillèrent. Il comprit aussitôt dans quelle situation il était. Il décida de se porter malade. Dominique interpella un des balayeurs et lui demanda s’il connaissait Boukaré, l’agent de liaison.

En effet, ces agents qui montent et descendent les escaliers des mêmes ministères et services se connaissent bien. Dominique fit appeler Boukaré et lui demanda d’aller avertir à son service qu’il était hospitalisé. Il devait aussi en informer sa femme.

A l’heure de la visite, quand le docteur se présenta et demanda qui avait amené Dominique, personne ne put lui répondre. Quand il s’adressa à Dominique, celui-ci d’une voix plaintive dit ceci : "Yapouga zabdé". Ce qui veut dire que c’est le ventre qui fait mal. Le docteur l’ausculta et demanda de procéder à l’examen des selles.

Le chef de service qui s’inquiétait de l’absence de Dominique vit apparaître Boukaré qui lui fit la commission. A son tour, il informa le personnel de l’hospitalisation de Dominique. Quant à l’épouse, informée, elle commença à verser des larmes tâtonnant par-ci et par-là pour chercher un plat ou une calebasse et rejoindre son mari. Dominique qui avait reçu un calmant dormait quand son épouse vint.

Elle le réveilla. Les premiers mots de Dominique furent : "Tampira, va me chercher du dolo au lieu de rester comme une statue". L’épouse s’exécuta sans mot dire, car c’est comme cela qu’on lui avait appris au village à respecter le mari, chef de famille. A son retour, elle trouva le patron de Dominique et des agents de son service venus lui rendre visite.

A leur grand étonnement, ils virent le bidon de dolo que tenait la femme. Et Dominique de se précipiter pour leur dire que son oncle devait venir veiller sur lui, or il lui fallait du dolo. Chacun d’eux remit un billet à Dominique tout en lui souhaitant un bon rétablissement.

Après leur départ, Dominique s’emporta contre l’épouse car elle devait laisser que les visiteurs partent avant de rentrer. Les visiteurs lui avaient laissé huit mille francs. Il but son dolo et se rendormit. Le lendemain, en regardant les résultats des selles, le docteur se rendit compte que Dominique hébergeait toutes sortes de vers intestinaux. Il lui remit une ordonnance et le libéra. Dominique fit une contorsion acrobatique pour signifier que son mal persistait mais le docteur ne le regardait plus.

Dominique sortit, prit son vélo et se dirigea vers son cabaret. Vers vingt deux heures, il était "rond" et décida de rentrer. Il confondit le feu rouge au feu vert et un véhicule le percuta. Cette fois, avec une jambe brisée, il ne pouvait plus jouer au malade imaginaire. N’a-t-il pas été victime de cet accident en jouant au faux type ?

Rakissé
Sidwaya

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