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Les Allemands, friands de la culture burkinabè

Publié le samedi 28 mai 2005 à 09h32min

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S’il y a une chose dont les Allemands savourent actuellement des Burkinabé, c’est leur culture et plus précisément les spectacles de danse dite contemporaine.

Depuis quelques mois, aucune activité culturelle d’envergure internationale ne se déroule en Allemagne sans une véritable participation d’une compagnie venue du Burkina.

En Décembre 2004, lors du festival international de danse à Düsseldorf, le Tanzhaus, parmi les nombreux groupes de danse et de musique du monde entier présents, seule la compagnie burkinabé Kongo Ba Téria a eu le privilège de réprésenter l’Afrique avec sa création Hydu-Byé ou encore « un et deux ».

Dernière création des chorégraphes Souleymane Badolo et Lacina Coulibaly, ce spectacle joué à deux reprises à guichet fermé invite les hommes et les femmes à ne pas se cacher derrière le capitalisme, l’individualisme mais aussi à penser à la solidarité, l’une des raisons fortes du développement humain.

Pendant que Kongo Ba s’envolait pour d’autres spectacles, la deuxième grande ville d’Allemagne, Hambourg, recevait lors d’un des plus grands festivals d’art chorégraphique d’Europe « kampnagel », la compagnie Salia ni Seydou et celle de Ta, toutes deux venues du Burkina.

En plus des spectacles donnés pendant le festival, des formations ont été dispensées par le chorégraphe Salia Sanou. Un des moments forts des chorégraphes où ils peuvent partager et expliquer profondément les rudiments de la danse africaine contemporaine.

Les spectacles données par les deux compagnies burkinabé ont été tant salués par le public que la presse. A propos du spectacle « Fignito » de la compagnie Salia ni Seydou, Dohrmann, un critique de danse allemand dans le quotidien « Die Welt »,disait que la déchirure entre la tradition et la modernité était autrefois sensible. « La pure Afrique » est aujourd’hui un concept romantique.

Le Festival de danse contemporaine « Potsdamer Tanztage » qui se déroule chaque année au mois de mai accueillait pour la première fois une compagnie africaine lors de sa 15ème édition. Kongo Ba Téria une fois de plus refuse du monde lors des deux spectacles. Le coté formation et débat animé par les deux chorégraphes ont été l’un des symboles forts de la présence des burkinabé à ce festival de Potsdam, surtout dans une ville réputée des neonazi.

Lacina Coulibaly et Souleymane Badolo qui ont saisit cette balle au bond se sont évertués à montrer l’importance des mouvements, des gestes, du rythme et surtout du message véhiculé à travers la danse dans la culture africaine.

La danse africaine, loin de se blottir toujours dans le folklore, le traditionnel, connaaîtt aussi une évolution, et a déjà pris en marche le train de la contemporanéité. Il lui faut le temps pour faire son chemin et évoluer et être acceptée comme un art complet sans préjugés.

Les recherches techniques ont été d’une qualité irréprochable et d’une approche très contemporaine. La stupéfaction des spectateurs de Potsdam et de Berlin fut ainsi grande à la « musique Live » du Djembé et surtout du balafon, une pratique qui leur reste quasi inconnue.

L’esthétique de la chorégraphie a été l’une des révélations de la maturité des chorégraphes Souleymane Badolo et Lacina Coulibaly. La souplesse, les mouvements d’ensemble, la beauté des images ont une fois de plus montré que l’Afrique regorge de formidables danseurs et chorégraphes conscients de la notion de la créativité.

La force du message des chorégraphes burkinabé et de leur spectacle à susciter un quotidien de Potsdam « Potsdamer Neueste Nachrichten » à titrer dans l’une de ces pages en ces termes « Kongo Ba Téria du Burkina Faso apporte la danse africaine contemporaine à Potsdam ».

Le groupe de musique Tim Winsé et le Wassamana et le chorégraphe-danseur Seydou Boro avec sa dernière création Solo « C’est à dire » sont programmés par la célèbre Maison des cultures du monde de Berlin lors de son prochain festival annuel « In Transit » prévu du 02 au 18 juin 2005. A entendre les organisateurs, les tickets de ces spectacles s’arrachent déjà comme des « BrÖchten », des petits pains très prisés en Allemagne.

La présence des groupes burkinabé à ces grandes rencontres culturelles allemandes témoigne du foisonnement de la création artistique et surtout celle contemporaine du Faso.

Cette participation doit être un tremplin à nos artistes qu’ils soient burkinabè ou africains pour montrer en quoi le continent noir avance positivement et où les créateurs, malgré les moyens limités, sont capables de poser sur une scène internationale un spectacle vrai, c’est à dire original, authentique et consommable par tous.

Alex Moussa Sawadogo
Berlin, Allemagne
Lefaso.net

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