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Crimes et violences extrêmes à l’encontre des enfants en Afrique : Vaincre à tout prix cette « honte cachée »

Publié le jeudi 10 novembre 2016 à 22h15min

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Crimes et violences extrêmes à l’encontre des enfants en Afrique : Vaincre à tout prix cette « honte cachée »

Le Forum africain sur les politiques en faveur des enfants (African child policy forum ACPF), a organisé les 7 et 8 novembre 2016, à Addis-Abeba, la septième Conférence internationale des politiques en faveur de l’enfant africain. Le Burkina Faso y a été représenté par la Secrétaire d’Etat chargée des affaires sociales, des personnes vivant avec un handicap et de la lutte contre l’exclusion, Mme Yvette Dembélé.

Des autorités politiques, religieuses, coutumières, professionnels des medias et des acteurs de la société civile, ainsi que des personnes ressources se sont retrouvés dans la capitale éthiopienne durant 48 heures pour réfléchir surles voies et moyens de vaincre ce qu’ils ont qualifié de « honte cachée », à savoir les crimes et violences extrêmes commis contre des enfants. Les objectifs communs à tous sont entre autres, de faire le diagnostic sur les crimes et les pires formes de violences à l’encontre des enfants, définir les causes et les conséquences et mettre un plan d’actions efficaces de lutte pour la défense des droits des enfants africains. La Charte Africaine des Droits et du Bien-être (CADBE) de l’enfant stipule dans son article 16, paragraphe 1 que « les Etats parties à la présente charte prennent des mesures législatives, administratives, sociales et éducatives spécifiques pour protéger l’enfant contre toute forme de tortures, traitements inhumains et dégradants, et en particulier contre toute forme d’atteinte ou d’abus physique ou mental, de négligence ou de mauvais traitements, y compris les sévices sexuels, lorsqu’il est confiéà la garde d’un parent, d’un tuteur légal, de l’autorité scolaire ou de toute autre personne ayant la garde de l’enfant ».

Malheureusement, les études réalisées par le Forum africain sur les politiques en faveur des enfants, (ACPF) montrent que 60% des enfants en Zambie, Maroc et en Ouganda, et près de la moitié au Mali et en Ethiopie ont subi des châtiments corporels de la part de membres de leur famille. Au Burkina Faso, la situation n’est guère meilleure, bien que le gouvernement ait créé une direction s’occupant de la lutte contre les violences faites aux enfants avec des programmes élaborés, un protocole de prise en charge et une ligne téléphonique d’assistance aux enfants en danger. En effet, a relevé, la Secrétaire d’Etat Chargée des affaires sociales, des personnes vivant avec un handicap et de la lutte contre l’exclusion, Mme Yvette Dembélé, l’étude nationale sur les violences faites aux enfants réalisée en 2008 révèle quatre types de violences exercées sur les enfants : violences physiques (83,6%), verbales (63,9%), psychologiques (18,7%) et sexuelles (16,7%).

Pourtant poursuit-elle, le pays a ratifié la plupart des instruments internationaux relatifs à la protection des enfants, parmi lesquels la Convention relative aux droits de l’enfant (CDE) et la Charte africaine des Droits et du Bien-être de l’Enfant. Aussi la Constitution du Burkina Faso dispose-t-elle en son article 2 que « la protection de la vie, la sûreté, et l’intégrité physique sont garanties. Sont interdits et punis par la loi, l’esclavage, les pratiques esclavagistes, les traitements inhumains et cruels, dégradants et humiliants, la torture physique ou morale, les sévices et les mauvais traitements infliges aux enfants et toutes les formes d’avilissement de l’Homme ».

Si ces chiffres sont éloquents, ils en sont plus quand il s’agit des violences à l’encontre des enfants en situation de handicap. Une étude menée en 2013, lors du recensement général des enfants handicapés (RGEH) au Burkina Faso montre que le pourcentage de ces enfants ayant subi une discrimination quelconque liée à leur situation de handicap est de 48%. Selon le rapport 2012, présenté par l’ONG Under The Same Sun (Sous Le même Soleil), 71 cas de meurtres commis contre des personnes atteintes d’albinisme ont été enregistrés en Tanzanie, 17 au Burundi, 07 au Kenya et trois en Swaziland.A ces violences s’ajoutent celles relatives aux mutilations génitalesféminines et au mariage précoce qui font état de trois millions de filles excisées chaque année en Afrique et 39% de filles mariées en Afrique subsaharienne avant l’âge de 18 ans.

Bannir à tout prix ces violences

Des statistiques qui font dire l’Imam Ousman Jah, Amirul Hajj de la République de Gambie, « nos enfants ne méritent pas la violence. Le prophète (PSL) interdit la violation des droits consacrés à la créature de Dieu qu’est l’Homme et appelle tous les musulmans à consacrer une attention particulière aux enfants ». L’évêque Michael Msonganzila du diocèse de Musoma en République Unie de Tanzanie, dira tout simplement que le défi du continent, c’est de permettre aux enfants africains de réaliser leur rêve, de devenir ce qu’ils veulent devenir, pour cela il faudra leur donner l’espace et le pouvoir de rêver.

C’est pourquoi les différents intervenants, tout en reconnaissant que les crimes et violences à l’encontre des enfants sont inacceptables, ont appelé les gouvernements, les leaders religieux et coutumiers, la société civile et les professionnels des medias à œuvrer pour une harmonisation des textes juridiques internationaux sur la protection des droits des enfants. Ils ont également recommandél’implication et l’appropriation de la lutte par les pouvoirs exécutifs ainsi, que le renforcement des capacitéséconomiques des parents afin de lutter contre la pauvreté et le travail des enfants. Au niveau panafricain, ils suggèrent la prise en compte du sujet sur les crimes et violences à l’encontre des enfants dans le programme des experts en droits, afin qu’il soit discuté lors du prochain sommet des chefs d’Etat africains. Il faut, conclut Mme Gracia Machel, présidente du Conseil d’administration international de l’ACPF, du courage pour se regarder dans le miroir. L’organisation de cette conférence marque le début d’un processus, celui de mettre fin à cette honte cachée.

Service presse Ambassade,
Mission Permanente du Burkina en Ethiopie

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Vos commentaires

  • Le 11 novembre 2016 à 09:32, par YONLI Babilibile En réponse à : Crimes et violences extrêmes à l’encontre des enfants en Afrique : Vaincre à tout prix cette « honte cachée »

    Les questions de droits et de protection de l’enfant ne peuvent être abordées de maniérè plus honnête et efficace qu’en intégrant les questions de développement et de gouvernance auxquelles nos pays font face ; l’une des racines de ce fléau est enfouie dans la misère que vivent la quasi totalité des familles. L’autre racine serait enfouie dans la mauvaise gouvernance, c’est a dire la mal-gouvernance dont les leaders sont les premiers responsables. Pour preuve, la protection de l’Enfant ne serait efficace que si le système de protection mis en place par les acteurs, dont l’État en tête, intègre le système de contrôlé juridictionnel et de sanction efficace. Je pose la un problème d’ordre institutionnel ; en effet, dans la chaine de protection, le maillon judiciaire reste central.

    La plupart des systèmes de protection desquels nous pourrons tirer des leçons, bien qu’ils sont loin d’être parfaits, sont caractérisés par l’organisation et la mise en place d’une institution judiciaire solide a même de pêcher les plus gros délinquants du phénomène. Pour finir, il faut en plus, une meilleure coordination des interventions de tous les acteurs pour en assurer la transparence et l’effectivité. C’est encore la l’État qui en est responsable.

    Le combat continue pour un radieux pour tous les enfants, sans exception aucune !

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