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‘’Il n’y a pas de favori qui se dégage pour le moment pour la présidence de la Chambre de commerce’’, El Hadj Harouna Gouem, porte-parole de l’alliance des candidats et directeurs de campagne

Publié le vendredi 4 novembre 2016 à 00h14min

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‘’Il n’y a pas de favori qui se dégage pour le moment pour la présidence de la Chambre de commerce’’, El Hadj Harouna Gouem,  porte-parole de l’alliance des candidats et directeurs de campagne

Constituée après l’affichage de la liste électorale provisoire des élections consulaires à la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina, l’alliance des candidats et directeurs de campagne pour les élections consulaires s’est donné pour mission principale d’œuvrer pour une participation massive des électeurs à ce scrutin post-insurrectionnel. Les acteurs de cette Coalition, qui se sont toujours prononcés sur certaines questions à polémiques telle la répartition des sièges, appellent à des élections sereines et transparentes pour une relance économique au profit de tous. Nous avons rencontré le premier responsable de cette Coalition, El Hadj Harouna Gouem, commissionnaire en douane, par ailleurs candidat consulaire dans la sous-catégorie commerce.

Lefaso.net : Nous nous approchons de la date des élections consulaires, quelle est la situation au sein de la Coalition ?
Harouna Gouem :
Tout se passe bien et je crois que les élections se dérouleront effectivement le 13 novembre, malgré des revendicationsrétroactives de certains groupes. On peut à ce stade tirer notre chapeau à la Commission (d’organisation des élections, ndlr) qui est en train d’abattre un travail colossal. La seule inquiète est liée au risque d’abstention du fait des dossiers transférés et le fait du retrait individuel des cartes d’électeur. A ce niveau, ils (les organisateurs, ndlr) avaient autorisé l’enrôlement collectif et maintenant, ils disent que le retrait doit être individuel sous présentation du récépissé ; à défaut il faut que l’intéressé fasse une procuration pour donner à celui qui va venir pour retirer. Et que celui qui vient pour retirer soit aussi inscrit sur la listeet dans la même sous-catégorie que la personne dont il vient pour retirer la carte. Pourtant, nous pensons que cette carte (d’électeur) n’est pas une pièce d’identité (il n’y a même pas photo là-dessus). Cette situation pourra causer des désagréments, à partir du moment où les gens ne veulent pas en réalité se déplacer comme cela. On nous dit que même le jour des élections, on peut faire le retrait et voter en même temps. Ce qui est compliqué parce que plusieurs électeurs peuvent s’y retrouver en même temps et ça devient compliquer, parce que pour le commerçant, le temps est très précieux.Cette situation décourager les gens et conduire à un taux élevé d’abstention.

Lefaso.net : De gros candidats sont en train de déposer des recours devant le tribunal du commerce pour se plaindre de certains candidats dans leur catégorie. De telles situations ne vont-elles pas jouer sur les élections…

Harouna Gouem : Non, c’est leur droit et c’est ce qui est souhaité, quand il y a litige. Il y a des voies légales pour cela et la loi lui permet d’introduire un recours contre des prétendants qui sont dans la sous-catégorie de celui qui l’estime. Si celui qui se plaint à des preuves qui lui permettent de le dire, c’est vraiment son plein droit et c’est dans l’ordre normal des choses. La Commission a validé les listes, je crois bien, sur la base des dossiers fournis par les prétendants. Si celui qui se plaint a aussi des documents qui prouvent que les prétendants contre lesquels, il se plaint ne peuvent pas s’inscrire dans sa sous-catégorie, il peut introduire un recours. C’est une question de preuves de part et d’autre donc.

Lefaso.net : Lors de votre dernière conférence de presse, vous avez soulevé un certain nombre de préoccupations, notamment les transferts de dossiers ; quelle est la situation à ce jour ?

Harouna Gouem : Effectivement, nous avons traité quelques centaines de dossiers mais sur presque trois mille dossiers à transférer, nous pensons que les gens n’ont pas trop adhéré au mouvement comme nous l’avions souhaité. En réalité, les dossiers sont transférés et nous avons des dossiers qui représentent environ 25% des électeurs validés. Mais, nous avons pu traiter des dossiers ; je n’ai pas le chiffre exact mais ce n’est pas moins de mille. Les gens s’y intéressent mais dans les zones reculées, on n’a pas pu travailler dans ce sens. Ce sera un handicap, parce que ça va poser des abstentions ; puisque les gens se sont inscrits pour voter quelqu’un et qui s’est transporté dans une autre localité ou dans la même localité mais dans une autre sous-catégorie.

Lefaso.net : On constate également qu‘il y a un groupe de petits commerçants qui donne de la voix pour demander à ce que ces élections consulaires soient reportées, ils insistent sur leur requête. Quelque chose peut-elle être faite pour ce groupe ?

Harouna Gouem : Voyez-vous, la plupart de ceux qui revendiquent sont même inscrits pour aller voter. Mais, sont-ils allés s’inscrire sur la base de quoi ? Des textes certainement. Si tu vas t’inscrire sur la base d’un texte pour voter, c’est quand même paradoxal que tu sortes après pour rejeter ces mêmes textes. Ces mêmes (protestataires)ont participé aux réunions et une fois un consensus a été trouvé, je pense qu’il est difficile de revenir sur les décisions. J’ai entendu qu’ils ont demandé l’âge maximum de 65 ans pour les candidats à la présidence. Mais, les gens avaient demandé 75 ans ! Nous, nous avions demandé 65 ans. Au finish, un consensus a été trouvé sur 70 ans. Donc, nous devons tenir notre parole ; nous avons accepté 70 ans et il faut qu’on l’assume. Ils disent aussi qu’il y a deux membres consulaires dans le petit commerce, que ce n’est pas suffisant. Moi-même, j’ai effectivement constaté cela, puisque le petit commerce a eu plus de deux mille inscrits, sur environ quatre mille à Ouagadougou alors qu’il n’y a que deux postes. Donc, il faut reconnaître que ce n’est pas proportionnel, par rapport au nombre d’inscrits. En fait, le ministère ne s’est pas basé uniquement sur le nombre d’entreprises ; il s’est basé non seulement sur le nombre d’entreprises mais également sur les salaires payés par les entreprises, les impôts directs payés, les chiffres d’affaires réalisés par les entreprises. Donc, sur la base de ces quatre critères, on comprend que le petit commerce ne peut pas s’en sortir mieux ; puisque le petit commerce, en général, ne déclare pas les employés, il n’utilise pas leur UIFI pour payer les impôts, n’en parlant pas de chiffres d’affaires. Il n’est pas évident qu’on ait plus de deux postes donc. La Chambre de commerce, si on veut partir sur la base seulement des entreprises, sera remplie de gens qui ne sont pas à la hauteur. Si on partait sur cette base, c’est certainement le petit commerce qui allait s’accaparer l’institution. Je fais partie du petit commerce mais je me dis qu’on doit être objectif, on est dans le domaine économique et on doit employer certaines manières pour laisser vraiment la place à ceux qui le méritent.

Lefaso.net : Mais, est-ce que cette cacophonie autour de la Chambre de commerce n’est pas aussi liée au fait que les gens ignoraient les conditions, ils sont en manque d’informations….Bref, on a l’impression qu’il y a eu un manque d’informations au niveau du ministère de commerce.

Harouna Gouem : C’est exact, le ministère n’a pas assez communiqué. Quand il faut sortir, le ministère ne sort pas. Quand les gens sortent pour poser leurs revendications, il faut leur répondre. Quand les gens contestent quelque chose, il faut sortir pour apporter des éclaircissements pour que l’opinion puisse avoir des éléments d’analyse. Mais, tel n’est pas le cas. Par exemple, quand les gens sont sortis pour revendiquer le petit commerce, il fallait sortir pour expliquer aux gens que les deux postes réservés au petit commerce, quand on se situe seulement au niveau de Ouagadougou, on peut dire que c’est peu. Pourtant, sur l’ensemble des 151 postes consulaires, le petit commerce a 47 postes ; donc, plus de 30%. Ils ont fait de sorte que dans chaque province, il y ait un représentant de petit commerce. Cela a aussi joué sur le nombre de postes de petit commerce à Ouagadougou. On n’a pas à se plaindre, parce qu’il faut que le petit commerce soit représenté dans tout le pays, pas uniquement à Ouagadougou.

Lefaso.net : Oui mais est-ce qu’il n’y a pas une part de vérité quand on sait que Ouagadougou est le concentré de petit commerce ; il y a quand même disproportionnalité !

Harouna Gouem : Oui, il y a une part de vérité mais, il faut aussi dire que les gens n’ont pas toutes les données. Quand on se base sur le chiffre d’affaires d’un secteur d’activité donné par rapport à l’ensemble du chiffre d’affaires réalisé par tout le secteur. Quand tu te réfères aux impôts directs payés par un secteur d’activité donné par rapport aux impôts directs payés par tout le secteur. Quand on se réfère au nombre d’employés d’un secteur d’activité donné par rapport à l’ensemble des employés de tout le secteur… Ce sont en réalité des données que nous ne maîtrisons pas. Autrefois, des voix se sont élevées pour dire que Ouagadougou représente 77% des entreprises et qu’il faut donc que 77% des membres consulaires soient de Ouagadougou. Ce qui est archi-faux. Ces dernières se sont référées aux statistiques d’une institution qui a donné l’évolution des entreprises entre 2012 et 2013. Ce ne veut pas dire que les entreprises n’ont été créées qu’en 2012 et en 2013. On peut, peut-être, aller revoir dans les critères ; si on se réfère aux critères cités ci-haut, on peut dire que le ministère a fait un bon travail. Par exemple, quand on divise la catégorie commerce en quatre sous-catégories ; c’est-à-dire chiffres d’affaires inférieur à 250 millions, chiffre d’affaires compris entre 250 millions et un milliard, chiffre d’affaires compris entre un et cinq milliards et les gros qui partent de cinq milliards à plus, vous trouverez que ce n’est pas conforme à la répartition au niveau des impôts. Puisqu’au niveau des impôts, les trois premières catégoriesse trouvent dans le petit commerce. Un chiffre d’affaire de 50 millions au niveau des impôts, c’est le régime simplifié qui s’applique. Pourtant, les 50 millions se trouvent dans le petit commerce. Vous trouverez qu’ils ont fait de sorte à laisser la voie libre à ceux qui ont vraiment un chiffre d’affaire consistant pour accéder à la Chambre de commerce. S’ils partaient sur la base des impôts, la répartition n’allait pas poser grand problème.

Lefaso.net : Comment se mène la campagne au niveau de votre sous-catégorie ?

Harouna Gouem : On est serein, on n’a aucun problème. Ceux qui ont promis voter tiennent parole. On continue même d’enregistrer de nouveaux électeurs. Avec aussi le système de dossiers transférés, nous sommes en contact avec certains (candidats) qui connaissent des électeurs qui peuvent nous voter et nous en ferons autant pour eux également.

Lefaso.net : Peut-on être sûr à ce jour de sa victoire ?

Harouna Gouem : Avec une multitude de candidatures, on ne peut pas être sûr à cent pour cent. Mais, on peut dire qu’on fait partie des favoris, même si on ne connaît pas encore le nombre de candidats (l’entretien a eu lieu avant la publication de la liste des candidats consulaires, dlr).

Lefaso.net : Les différents mouvements autour de ces élections laissent à l’opinion publique, l’impression de manipulations politiques. Ne craignez-vous pas que la Chambre de commerce soit déviée de sa vocation, si tel est effectivement le cas ?

Harouna Gouem : Nous espérons bien que la Chambre de commerce va fonctionner comme il se doit. Quand on parle d’élections déjà, ça a trait à politique et les gens vont parler politique ; chacun usant de ses stratégies pour avoir des électeurs. Mais, nous croyons bien que les politiques réels qui gèrent le pays ne vont pas s’immiscer dans ces élections. Nous n’avons pas de preuve de leur immixtion et nous espérons bien que les gens sont sincères et sereins dans leur candidature. C’est cela même qui fait qu’au niveau de la présidence de la Chambre de commerce, il n’y a pas de favoris qui se dégage pour le moment. Même si cela ne veut pas dire que les opérateurs économiques ne vont pas essayer de demander leur soutien mais, c’est difficile parce que ce sont les 151 élus consulaires qui vont voter le président. Et pour être membre consulaire, il faut que les électeurs te votent. Donc, si tu vas t’acoquiner avec les politiques, c’est inutile… Chacun doit se battre.

Lefaso.net : Un message à l’endroit des acteurs !

Harouna Gouem : J’appelle vraiment le ministère à redoubler d’effort pour qu’il y ait de la sérénité le jour des élections, que les urnes soient sécurisées à maximum ; parce qu’on ne peut pas faire confiance à des gens qui continuent de revendiquer aujourd’hui le report des élections, la répartition des sièges ou encore la limitation de l’âge du président de la chambre de commerce. Il faut donc que les dispositions soient prises pour assurer des élections sereines. Aussi, je demanderais qu’on permette aux gens de retirer les cartes d’électeur des autres inscrits parce qu’il a été permis que les inscriptions se fassent en groupes. Ne pas permettre qu’on retire les cartes pour des gens qu’on a inscrits ne s’explique donc pas. Cela peut décourager des électeurs. Nous sommes dans un milieu de commerçants et il faut en tenir compte parce que pour le commerçant, le temps est très capital. Je souhaite de bonnes élections à tous pour une Chambre de commerce au service de toute l’économie nationale.

Propos recueillis par Oumar L. Ouédraogo
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