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Lutte contre l’insécurité alimentaire : Le programme FASO célèbre ses « Amazones »

Publié le mercredi 26 octobre 2016 à 03h32min

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Lutte contre l’insécurité alimentaire : Le programme FASO célèbre ses « Amazones »

Fort respectées dans leurs communautés, elles sont de véritables vecteurs de changement dans les localités où l’insécurité alimentaire et la malnutrition sont le quotidien des ménages et des enfants de moins de 2 ans. Elles, ce sont les mères-leaders du programme FASO, un programme piloté par Catholic Relief Services (CRS) et mis en œuvre par l’OCADES-Kaya et l’Association Tin Tua. Un hommage leur a été rendu le jeudi 20 octobre 2016 à Gayéri, chef-lieu de la province de la Komondjari, en présence des autorités provinciales et du bailleur de fonds, l’USAID.

Aucun programme ou projet de développement communautaire ne peut atteindre les résultats escomptés sans l’adhésion et l’implication des populations bénéficiaires. Le plus souvent, celles-ci ne sont réceptives qu’aux messages délivrés par les personnes qui vivent leurs réalités et considérées comme des modèles. Dans les districts de Tougouri, Manni et Gayéri, une approche innovante a été développée dans le cadre du programme FASO (Families Achieving Sustainable Outcomes : les familles réalisent des acquis durables) dont l’objectif est de réduire la vulnérabilité à l’insécurité alimentaire. Il s’agit du « care group » (groupe de soins) qui gravite autour d’une bénévole engagée à changer les mentalités et les comportements des ménages en ce qui concerne la santé-nutrition, l’hygiène, l’eau et l’assainissement. Les mères leaders, puisque c’est d’elles qu’il s’agit, ont été célébrées dans le district sanitaire de Gayéri pour les sacrifices consentis au bénéfice de la mère et de l’enfant.

Des résultats satisfaisants

C’est sous une canicule des jours d’avril que la célébration des mères-leaders a eu lieu. Bien que l’Astre royal brillait de mille feux, les populations de Gayéri et des localités environnantes et les autorités ont sacrifié trois heures de leur temps pour magnifier le travail abattu par ces braves femmes au nombre de 2065 dans le district de Gayéri. Selon le coordonnateur national du Programme FASO, Edouard Nonguierma, grâce aux mères-leaders, les femmes ont adopté les pratiques appropriées en matière de santé, nutrition et hygiène. Aussi, elles ont permis aux centres de santé d’être régulièrement fréquentés par les femmes enceintes et allaitantes.

Il en veut pour preuve, l’augmentation du taux des mères pouvant citer au moins deux avantages de l’allaitement maternel exclusif qui est passé de 26,70%, au démarrage du projet en 2010, à 82% en 2015. Quant aux consultations prénatales et les accouchements assistés, ils sont respectivement passés de 35.57% à 63%, et de 62% à 92% toujours sur la même période. L’utilisation des latrines a également connu un grand bond en avant passant ainsi de 22.6% en 2010 à 57% en 2015. A ce sujet, aucun ménage dans le village de Madagu ne possédait de latrine au démarrage du programme. Mais en 2014, grâce à l’assainissement total porté par la communauté (ATPC), une approche participative, les communautés ont compris la nécessité de ne plus déféquer à l’air libre. De nos jours, le village compte 45 latrines. Chaque concession dispose d’au moins une latrine.

L’USAID réconforté

L’Agence américaine de développement international (USAID) qui a injecté 40 millions de dollars (environ 21 milliards de francs CFA) dans le programme FASO est réconfortée par les résultats atteints. D’ailleurs, selon le représentant de l’institution, Siaka Millogo, c’est fort de ces résultats que le bailleur de fonds a décidé de l’extension du programme jusqu’en septembre 2017. Il a exhorté le gouvernement burkinabè à « maintenir le bâton pour guider les populations » dans la poursuite du processus, toute chose qui incitera les partenaires techniques et financiers à s’investir davantage. Déjà, le Haut-commissaire de la province de la Komondjari a rassuré les acteurs de l’accompagnement des entités déconcentrées et décentralisées pour la consolidation et la pérennisation des acquis.

Les doléances des mères-leaders

Certes, elles ont été à l’honneur, mais les femmes leaders n’ont pas manqué de citer les difficultés auxquelles elles font quotidiennement face dans l’accomplissement de leurs missions. Il s’agit entre autres de l’absence de rémunération et de moyens de déplacement surtout en saison pluvieuse, du manque de matériel adéquat de travail et de l’incompréhension des conjoints de certaines d’entre-elles qui doivent effectuer les travaux champêtres. Le coordonnateur national du Programme FASO a été réceptif à toutes ces difficultés soulevées et annoncé qu’une batterie de mesures seront prises pour faciliter la vie et le travail de ces amazones. Mais d’ores et déjà, elles ont reçu des kits d’hygiène et de cuisine. Idem pour les 79 promoteurs du district sanitaire de Gayéri dont le rôle est de superviser le travail des mères-leaders.

Une visite des stands a permis aux autorités de découvrir une exposition de photos, un dispositif de lavage des mains (tippy tap), un dispositif de dissémination de vidéo communautaire promue par SPRING, une démonstration de préparation de bouillie améliorée, des produits agricoles (niébé, maïs, riz, patate douce, mil, sorgho, arachide) cultivés dans le cadre du programme. Les mères-leaders sont de véritables leaders communautaires. Au regard des résultats engrangés par les mères-leaders du Programme FASO, les autres projets sur la santé, la nutrition et l’hygiène gagneraient à utiliser l’approche d’éducation par les pairs pour plus d’efficacité.

Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net

Encadré 1 : Rôle des mères leaders

Le programme FASO compte plus de 4000 mères-leaders dans les districts de Tougouri et de Gayéri. Elles ont pour rôle de :
• Prendre part aux formations mensuelles menées par le promoteur,
• Faire la promotion des messages et bonnes pratiques sur la santé de l’enfant à travers des rencontres mensuelles de groupe,
• Effectuer une visite mensuelle à domicile à chaque femme au moins une fois par mois pour di¬ffuser les messages. Ces visites peuvent être informelles tout en incluant au moins un message circonstanciel par rapport à la situation de la mère ou de l’enfant (grossesse de la mère, allaitement ou la santé de l’enfant de moins de 2 ans, etc.),
• Effectuer des visites à domicile pour les accouchées et pour les enfants malades et malnutris (au moins toutes les 2 semaines),
• Faire un dépistage mensuel des enfants dans le Care Group et la référence des malnutris dans les centres de santé,
• Vérifier la participation des mères aux rencontres de Care group et indiquer au promoteur qui va cocher les présences.
• Organiser des démonstrations culinaires en collaboration avec les Grand-mères,
• Communiquer au promoteur les statistiques relatives aux décès, naissances, accouchements à domicile, maladies, etc. des nouveau-nés dans leur groupe.

Encadré 2 : Quelques notes sur le Programme FASO

Le Programme FASO est mis en œuvre à Manni et à Gayéri par l’ONG Tin Tua et à Boulsa par l’OCADES Kaya. Il poursuit 3 objectifs spécifiques :
1 : Agriculture : 56 126 ménages ont amélioré leur accès à la nourriture en quantité et en qualité tout le long de l’année ;
2 : Santé-Nutrition-WASH : 51 426 couples mère/enfant ont amélioré leur statut de santé et de nutrition ;
3 : Les structures communautaires utilisent, dans au moins 100 villages, les principes de bonne gouvernance pour prendre des décisions stratégiques en lien avec la pérennisation des investissements communautaires et la réduction de l’insécurité alimentaire.

HFB

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