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Polémique sur le lundi de Pentecôte en France : « C’est encore une connerie des Français »

Publié le vendredi 20 mai 2005 à 08h09min

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Parmi les jours fériés en France, figurent les lundis de Pâques et de Pentecôte. Et ce, depuis une lointaine loi datant du 8 avril 1886. Mais cette année, et pour la première fois, les travailleurs du public et du privé de ce pays ont été priés d’aller travailler et d’appliquer, comme à l’ordinaire, la célèbre formule « métro, boulot, dodo ».

Certains citoyens français n’ont cependant pas voulu entendre parler de cette décision. D’autres par contre la trouvent bien fondée, d’où la naissance d’une polémique, et un boycott du travail, ce jour, estimé à 35% par certains organes de presse.

A défaut de pouvoir nous rendre dans l’Hexagone pour débattre de la question, nous avons cherché à rencontrer des répondants français au Burkina, chose que nous avons faite dans la soirée du lundi 16 mai 2005, à l’Ambassade de France, au Centre culturel Georges- Méliès, et au lycée français Saint-Exupéry.

La logique des autorités françaises est simple. Pour elles, il suffirait de faire le calcul suivant : une journée chômée transformée en journée de travail pourrait rapporter environ deux milliards d’euros à l’Etat. Face à une population vieillissante, cette somme pourrait servir à moderniser les maisons de retraite, à améliorer les prestations des hôpitaux et à venir en aide aux handicapés.

Cet objectif est en soi noble, surtout quand on se rappelle le débordement des services sanitaires français pendant la canicule de l’été 2003, qui a précipité la mort de bien de personnes âgées. Mais, c’est sans compter avec « l’origine gauloise du Français. Le Français est d’abord un râleur. Napoléon disait qu’il grogne tout le temps, et ensuite il fait ce qu’on lui dit de faire », nous dira, non sans humour, Jean Louis Roth, deuxième conseiller et attaché de presse de l’ambassade de France au Burkina. A son entendement, c’est un mouvement de contestation qui est traditionnel dans le pays du général De Gaulle.

Certains remettent en question les calculs du gouvernement, estimant qu’ils peuvent être fallacieux. M. Roth précisera que le raisonnement des travailleurs de l’Hexagone qui se plaignent est le suivant : « Vous nous retirez un jour et vous dites que ça rapporte tant de milliards. Je n’y crois pas du tout. Je veux d’abord en être convaincu ».

Comme il fallait s’y attendre, des mouvements syndicaux ont appelé au boycott de cette journée de travail. En tant que journaliste burkinabè, nous nous attendions à ce qu’il y ait des répercussions dans les services français implantés au Burkina. D’abord nous nous sommes rendu à l’ambassade de France. A la vue des rangées de mobylettes et des nombreux véhicules garés aux abords de la voie qui longe le mur, nous nous sommes aussitôt dit que cette maison dépendant du Quai d’Orsay est ouverte.

A l’intérieur, c’est l’ambiance de travail habituelle. Comme s’il nous prenait à témoin, M. Roth, assisté pendant l’entretien de sa charmante adjointe, Emilie Constable, fera remarquer : « Ici, tout le monde est présent. A moins qu’il n’y ait quelqu’un qui ait demandé un jour de congé. En toute honnêteté, si vous faites le tour, tout fonctionne. Ce matin, j’ai vu des gens qui ont été reçus ». Au Centre culturel français, où nous nous sommes rendu aussitôt, « tout baignait » également en ce lundi de Pentecôte. Naturellement, la bibliothèque, qui n’ouvre pas ses portes lundi, est close. Ce qui n’est pas le cas de l’administration. La « cafétéria » est fonctionnelle et grouille de monde. Un orchestre réduit à son strict minimum s’échine même à faire de la musique.

« Nous vieillirons tous un jour »

Arrivé au lycée français Saint-Exupéry, nous avons tout de suite senti une journée passée dans le labeur ; il était environ 17h30, heure de la fermeture des classes. A l’extérieur, des automobilistes, comme à l’accoutumée, attendent des élèves, dont certains avaient déjà enfourché leur engin, le casque vissé sur la tête. Certaines filles, qui ne semblent pas pressées de partir, font des photos avec leurs téléphones portables dotés de caméras intégrées. D’autres lycéens sont encore assis sur les bancs dans la cour de l’école.

Le proviseur, Francis Cauet, qui semble un peu bousculé, malgré l’heure de la descente, consent à nous parler : « A condition que ça ne prenne pas du temps », nous prévient-il. Selon lui, il n’y a pas de polémique qui tienne. La question de travailler ou de ne pas travailler ne se pose même pas à son niveau. « Moi, je suis un fonctionnaire de l’Etat. Je ne fais qu’appliquer la décision du gouvernement. Le jour où l’on dit que je dois aller travailler, j’y vais. Si on dit que je ne travaille pas, je n’y vais pas ». D’ailleurs, ajoutera-t-il, au Burkina, le calendrier de l’année scolaire (défini par le Conseil de l’établissement, dans le respect des règles que donne l’Agence de l’enseignement français à l’étranger) est connu une année à l’avance, et le lundi de Pentecôte a toujours été considéré comme un jour de travail. « A cette heure, les enseignants sont partis, mais ils étaient tous présents ».

Dans la cour de l’école, d’un air un peu outré, un jeune lycéen français nous tiendra ce raisonnement (assez pertinent à notre goût eu égard à son âge) face à cette polémique du lundi de Pentecôte : « C’est encore une connerie des Français. Qu’est-ce qu’un jour de plus ou de moins peut faire à un travailleur, d’autant plus que dans quelques temps, on ira du « babyboomer » au « papyboomer » ? Il faudra donc trouver une solution ! ». L’attaché de presse de l’ambassade de France, lui, a une approche quelque peu nuancée du problème.

« Les gens ont le droit de dire qu’ils sont d’accord ou qu’ils ne sont pas d’accord. C’est aussi un signe de liberté. Une fois que l’on saura ce que cette journée de travail a rapporté aux maisons de retraite et à la protection des personnes âgées, je me dis qu’0ce moment, dans deux ou trois ans, tout va rentrer dans l’ordre. C’est ça aussi la solidarité à la française. Cela est d’autant plus important que nous allons tous vieillir un jour ».

Issa K. Barry


Histoire des origines de la Pentecôte

Après sa résurrection, Jésus vit dans un « état glorieux » : il échappe à l’espace et au temps (apparaissant et disparaissant), tout en ayant un corps. Il parle, mange et peut être touché. Il apparaît à ses apôtres et reproche même à Thomas son incrédulité. Au bout de 40 jours, Jésus, du mont des Oliviers, bénit ses disciples et « monte au ciel ». C’est l’Ascension.

Dix jours après (fête juive de la Pentecôte, c’est-à-dire des 50 jours), les apôtres, en présence de Marie, reçoivent le Saint-Esprit (des langues de feu, venues du ciel, descendent sur leur assemblée). Ils sont chargés d’aller évangéliser tous les hommes en les baptisant. Le baptême doit être donné « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit », première explication du dogme de la Trinité. La Pentecôte est donc célébrée, depuis la fin du 4e siècle, 50 jours après Pâques.

Le Pentecôtisme, quant à lui, est un courant religieux qui s’est manifesté spontanément dans la mouvance méthodiste, en particulier aux Etats-Unis, par les étudiants du collège biblique de Charles Parham (ancien pasteur méthodiste) en 1900 (Kansas, USA), puis surtout par William Seymour à Los Angeles. Ce courant est caractérisé par un retour à la simplicité de l’Evangile (notamment au « parler en langues », manifesté par les apôtres le jour de la Pentecôte), qui se retrouve sporadiquement dans l’histoire de l’Eglise.

Le Mouvement est vécu non seulement dans les églises pentecôtistes, mais également dans certaines églises catholiques ou protestantes, et l’église la plus représentative des pentecôtistes est celle des Assemblées de Dieu, qui comptait 32 millions de fidèles en 1999.

I. K. B.

Source : QUID 2005

Observateur Paalga

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