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Pétition contre le PSIC : Le faux bond des artistes

Publié le mercredi 10 décembre 2003 à 09h57min

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Un certain nombre d’artistes signataires d’une pétition contre le
PSIC avaient envisagé une marche, hier matin. Cette marche
devait les conduire au ministère de la Culture, des arts et du
tourisme et ensuite au PSIC. Mais la confrontation n’a pas eu
lieu. Au ministère comme au PSIC les premiers responsables
et notre équipe ont attendu en vain les manifestants. A quand
cette manifestation ? Explications.

" Nous venons par la présente exprimer notre écoeurement et
notre indignation face aux agissements du Programme de
soutien aux initiatives culturelles décentralisées (PSIC) dont la
mise en oeuvre s’est présentée aux artistes et opérateurs
culturels de notre pays comme une chance de voir leurs
structures, projets et activités, bénéficier d’une attention
particulière et d’un soutien véritable".

Ce postulat émis par des
artistes et opérateurs culturels, prouve sans doute à quel point
les hommes de culture burkinabè ont accueilli le PSIC. Ce
programme a vu le jour au Burkina Faso, grâce au
gouvernement burkinabè qui, par le biais du ministre de la
Culture, Mahamoudou Ouédraogo, en avait émis le voeu auprès
de l’ambassadeur de l’Union Européenne de l’époque, Pierre
Protar.
Avant de donner son OK, l’Union européenne s’est appuyée sur
des études menées par des experts burkinabè, en l’occurrence
les professeurs Jean-Pierre Guingané et Prosper Kompaoré.

Et
c’est ainsi qu’à l’instar d’autres pays africains, le Burkina Faso a
eu son PSIC. "Malheureusement, au fil des ans, le constat est
que le fonctionnement de ce programme est devenu une
nébuleuse où les critères énoncés sont battus en brèche,
contribuant à créer des sentiments de division, de frustration et
de suspicion dans le milieu artistique et culturel".

C’est face à
cette situation qu’une vingtaine d’artistes et de promoteurs
culturels, ont décidé de monter au créneau et de se faire
entendre tant au niveau du ministère de la Culture, des arts et
du tourisme, que du PSIC même. Si la remise de pétition au
ministre de la Culture et la marche sur le PSIC, annoncées pour
hier 9 décembre n’ont pas eu lieu, cette grogne de certains
artistes aura tout de même le mérite de mettre à nu quelques
problèmes nés du fonctionnement de la structure coordonnée
par Félicité Kaboré. Questions au bailleur de fonds qu’est
l’Union européenne.

Questions à l’Union européenne

Pourquoi instaurer dans tous les pays les mêmes règles
d’examen des dossiers et d’attribution des fonds ? Pourquoi ne
pas alléger un tant soit peu la procédure mise en place et qui
est la même dans tous les pays qui n’ont forcément pas les
mêmes réalités socio-culturelles ? Pourquoi ne pas confier la
direction du PSIC à une structure de tutelle en lieu et place de
cette administration plurielle ?

La liste de questionnements peut
être allongée davantage. Seulement, ces interrogations si elles
obtiennent des réponses adéquates, ne pourront qu’accroître
les rendements du PSIC, qui a insufflé un dynamisme certain à
la culture burkinabè. Certes, la culture burkinabè existait avant le
PSIC et continuera de rayonner, même si le PSIC arrivait à
disparaître. Seulement, il faut rendre à César ce qui est à César
et reconnaître que le PSIC, sans être indispensable, s’est
révélé comme un ingrédient de taille dans le printemps des
festivals et autres manifestations culturelles au Burkina Faso.

En effet, c’est plus de 1 300 000 000 de francs CFA que le PSIC
a injectés pour sa première saison dans le bal culturel des
"Hommes intègres". C’est encore autant d’argent que le
Programme met à la disposition des artistes, pour sa phase II
qui est en cours. Peut mieux faire, semblent dire les artistes
mécontents, potentiels bénéficiaires ou déjà bénéficiaires des
fonds du PSIC.

Une oeuvre perfectible

Toute oeuvre humaine est perfectible. Le PSIC est une oeuvre
humaine. Donc le PSIC est perfectible. Partant de ce syllogisme,
on ne peut qu’encourager le PSIC et l’Union européenne à
prendre en compte les doléances des artistes plaignants, afin
de tendre vers la perfection qui, dit-on, n’est pas de ce monde.

Toutefois, certains artistes semblent faire preuve de mauvaise
foi. Que celui qui n’a jamais péché, jette la première pierre à
cette femme , a dit en substance Jésus à la foule qui tenait à
lyncher une femme accusée d’adultère. Personne n’a osé jeter
le plus petit caillou. A l’heure des comptes, c’est ce qui risque de
se passer au niveau des artistes et promoteurs qui expriment
leur ire.

Car, certains d’entre eux, en seraient déjà à un ou deux
financements et d’autres encore auraient reçu des aides de
différentes natures, de la part du PSIC. En sus, sans dénier à
ceux-ci le droit de revendiquer, on peut faire remarquer que le
PSIC n’existe pas que pour les seules villes de Ouagadougou
et de Bobo Dioulasso qui, à elles seules, engloutissent près de
80% de l’aide accordée par cette institution. Comme sa
dénomination l’indique, c’est un programme de soutien aux
initiatives culturelles décentralisées.

A ce titre, le PSIC doit
s’étendre presque équitablement à toutes les régions du
Burkina Faso, notamment à ces nombreux festivals et
manifestations naissants et qui sont sans moyen. On ne saurait
occulter le fait que sans le PSIC, certains peuvent alors que
dans le même temps, d’autres ne peuvent rien.
L’erreur est humaine, dit-on chez les Latins. Sed perseverare
diabolicum. C’est persévérer dans l’erreur qui est diabolique,
affirment les mêmes Latins.

Aussi, le PSIC et l’Union
européenne feront sans doute preuve de réalisme en offrant à
chaque pays, des habits taillés selon ses mesures, lorsqu’ils
imposent leurs conditionnalités. Le PSIC ne s’en portera que
mieux et les activités culturelles n’en connaîtront que plus de
rythme. En attendant, la "bagarre" annoncée n’a pas eu lieu et
nous osons espérer que la voie du dialogue sera toujours
privilégiée par les acteurs en présence, qui sont avant tout des
membres de la grande famille "Culture".

Par Morin YAMONGBE
Le Pays

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