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Conférence publique : La faillite de l’école Burkinabè au cœur des débats

Publié le lundi 10 octobre 2016 à 00h14min

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Conférence publique : La faillite de l’école Burkinabè au cœur des débats

Les organisations syndicales de l’éducation ont animé une conférence publique le 8 octobre 2016, à l’Education ouvrière sur le thème « la responsabilité de l’autorité politique dans la faillite de l’école Burkinabè ».

Cette conférence de presse fait suite à la commémoration de la Journée mondiale de l’enseignant. « Nous avons voulu ce panel pour partager avec les enseignants mais surtout l’opinion, les grandes questions au cœur de ce que nous nous appelons aujourd’hui, la faillite du système éducatif. Il s’agissait également pour nous d’écouter ceux qui sont venus pour partager ces moments avec nous, leur sentiment sur ce qui est le système éducatif », a signifié le secrétaire général de la Fédération des syndicats nationaux des travailleurs de l’éducation et de la recherche (F-SYNTER), Mamadou Barro.

Pendant cette rencontre trois panelistes que sont Séma Blegné, Mamadou Barro et Juste Koumara Logobana, ont respectivement présenté des communications qui ont porté sur l’état des lieux du système éducatif, les causes de la faillite du système éducatif et la responsabilité des différents gouvernements. Et explorer les perspectives pour une éducation de qualité accessible aux enfants du peuple. Ces derniers ont été coiffés par un modérateur, le Secrétaire général national du Syndicat national des enseignants du secondaire et du supérieur, Samuel Dembélé.

D’entrée de jeu, le secrétaire général du syndicat national des enseignants africains au Burkina Faso, Séma Blegné a fait l’état des lieux du système éducatif et ensuite relevé les limites qui se dégagent. Il ressort de son exposé que l’éducation préscolaire reste le parent pauvre du système éducatif Burkinabè en matière de financement avec seulement 0,5% du budget de l’Etat accordé au sous-secteur. Du coup, il reste une chasse-gardée du privé. « Sur 1000 structures préscolaires, le public compte seulement 115 CEEP sur toute l’étendue du territoire », a-t-il indiqué. Cette situation s’est aggravée à partir des années 1990 avec l’application des instructions des institutions de Breton Wood, poursuit-il.

Au niveau de l’enseignement secondaire et supérieur, la situation est aussi peu reluisante, selon M. Blegné. « 60% des enfants d’âge scolarisable du post-primaire sont hors de l’école. Alors que la réforme du continuum d’éducation de base vise à offrir à tous les enfants sans exclusif, au moins une éducation de base allant jusqu’à la fin du post-primaire. A la même date, 89% des jeunes en âge d’aller au secondaire n’y ont pas accès », a-t-il constaté. De plus, avec la mise en œuvre du continuum, de nombreuses classes sont abritées dans des locaux de fortune : hangars, magasins désaffectés et même sous des arbres (…). Puis de conclure que le système LMD a contribué à des réussites catastrophes comme en Sciences et technologie (ST).

Pour le second intervenant, M. Barro, l’Etat est le principal responsable de la faillite progressiste de l’éducation au Burkina Faso. « La cause majeure réside dans l’incapacité ou le refus des différents gouvernements qui se sont succédé dans notre pays de prendre en charge les questions de l’éducation comme des problèmes de souveraineté dont dépend l’avenir même de la nation », a-t-il soutenu. Pour ce faire, en ce soumettant aux conditions des institutions financières internationales, il estime qu’ils ont opté pour la privatisation et l’abandon de l’investissement public.

A cet effet, le secrétaire général du Syndicat des travailleurs de l’action sociale, Juste K. Logobana a indiqué que des perspectives sont mises en œuvre pour une éducation de qualité accessible aux enfants du peuple. Au niveau du supérieur, malgré la répression, les travailleurs, élèves et étudiants se mobilisent autour des revendications telles que l’arrêt des programmes d’ajustement structurel, construction des infrastructures scolaires et universitaires digne du système éducatif et recrutement en nombre suffisant des personnel du système éducatif etc. Pour ce qui concerne le primaire, il s’agira de développer et généraliser des programmes de cantine scolaire, former les enseignants en fonction des besoins de formation continue, un déploiement des enseignants à améliorer (…). A ces solutions, il faudrait aussi travailler à développer un leadership fort dans la coordination multisectorielle pour un meilleur pilotage du Développement intégré de la petite enfance, au niveau du préscolaire.

Dès ce lundi 10 octobre 2016, la coordination des organisations syndicales de l’éducation entend transmettre leur plateforme revendicative à leur ministère de tutelle.

Encadré : Plateforme revendicative des syndicats de l’éducation

 La relecture de l’organisation du MENA dans le but d’une autonomisation de chaque niveau de l’éducation

 La prise de mesures nécessaires pour une application efficiente du système LMD dans les universités publiques

 L’adoption d’un statut autonome des personnels de l’éducation avec une classification catégorique et une grille salariale valorisées

 L’amélioration de l’indemnité spéciale de logement pour les personnels de l’éducation et son octroi d’office à tous

 La reconnaissance des prérogatives et l’allocation de moyens conséquents aux encadreurs pédagogiques de tous les ordres d’enseignement pour l’exécution de leurs missions

 L’allocation conséquente de moyens à toutes les structures éducatives de tous les ordres

 Le respect des effectifs dans les classes en tenant compte des normes internationales

 L’octroi d’un trousseau pédagogique aux enseignants à chaque début de rentrée

 La prise en charge effective des maladies professionnelles et accidents de travail

 L’allocation d’au moins 30% du budget national au secteur de l’éducation

 L’amélioration des conditions de vie et d’études des élèves et étudiants

 Le contrôle des établissements privés relativement au respect des cahiers de charge et aux frais de scolarité

 L’application effective de la convention collective de l’enseignant privé Laïc signée entre les organisations syndicales et l’UNEPEL et son extension aux autres types d’enseignement privé

 La tenue effective des conseils de disciplines, la poursuite et la sanction des responsables de structures administratives coupables de mauvaise gestion administrative et financière

 Le renforcement effectif des capacités des personnels e l’éducation de tous les ordres à travers un plan cohérent de formation continue

 Le respect des franchises scolaires et universitaires

 La gestion diligente et efficace des dossiers de carrière des personnels de l’éducation

 La réhabilitation du secteur de l’éducation non formelle et de l’alphabétisation

 La correction des incohérences et des iniquités constatées à travers le reversement des agents publics de l’Etat en lien avec la loi 081

 La reconstitution de la carrière des personnels des ex garderies populaires

 Le développement de l’éducation préscolaire

 L’effectivité de la gratuité dans l’éducation e base

 La valorisation, l’harmonisation et l’octroi de l’indemnité spécifique à tous les personnels de l’éducation.

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