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Pr Robert Soudré, président de la Société Burkinabè de Pathologie : « Vaut mieux prévenir que guérir le cancer »

Publié le jeudi 6 octobre 2016 à 13h56min

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Pr Robert Soudré, président de la Société Burkinabè de Pathologie : « Vaut mieux prévenir que guérir le cancer »

La Société Burkinabè de pathologie (SOBUPATH) tient son congrès depuis le 5 octobre 2016 à Ouagadougou. Un rendez-vous de 48 heures, qui sert de cadre de partage et de dialogue pour les membres. Nous avons rencontré le Pr Robert Soudré, ancien président de la société africaine contre le SIDA, qui revient de façon générale sur les pathologies. Il nous parle également de la SOBUPATH et de ses missions.

Lefaso.net : Pouvez-vous vous présentez-vous à nos lecteurs ?

Pr Robert Soudré : Je suis le professeur Robert Soudré, Professeur titulaire des universités à la retraite, ancien doyen de la faculté de médecine de Ouagadougou, ancien président de la société africaine contre le SIDA dont le siège est à Accra. Je suis également ancien président du CCM, le mécanisme de coordination du fonds mondial du Burkina, expert de l’OMS pour les laboratoires des pays en développement, expert de l’AUPELF/UREF dans le domaine de l’enseignement, ancien vice-président du réseau africain de recherche pour le SIDA . Du point de vue honorifique, je suis officier de l’ordre du mérite de la France, de l’ordre du Lion du Sénégal et je suis commandeur de l’ordre du mérite agrafe Santé du Burkina Faso et commandeur de l’ordre national.

Lefaso.net : qu’est-ce que la société burkinabè de Pathologie (SOBUPATH) et quels sont ses objectifs ?

Pr Robert Soudré : La Société de pathologie du Burkina réunit les anatomo-pathologistes du Burkina, en vue de faire connaître la discipline. C’est une société qui rassemble non seulement les spécialistes d’anatomo-pathologie mais également, des spécialistes apparentés, les histologistes, les médecins légistes, etc.

Lefaso.net Quelles sont les activités déjà réalisées par la Société burkinabè de Pathologie ?

Pr Robert Soudré : Au titre des activités déjà réalisées par cette société, c’est surtout la tenue d’un registre de cancer au niveau de l’hôpital Yalgado, des ateliers de formation, de renforcement des capacités de ses membres et également, la participation à des journées scientifiques.

Lefaso.net : La SOBUPATH se prépare pour un congrès mercredi 5 octobre, qui seront les participants à cet évènement et en quoi consistera-t-il ?

Pr Robert Soudré : En réalité, ce sont des journées organisées d’une part, avec la Société burkinabè de pathologie et d’autre part, avec la division africaine de l’académie internationale de pathologie. Il y a deux cérémonies en une. L’objectif de ces journées, c’est de faire le point sur les thèmes qui ont été retenus. Les thèmes retenus pour cette année concernent les tumeurs de l’ovaire chez la femme, les tumeurs de la prostate chez l’homme et également, une technique de diagnostic précis des cancers qu’est l’immuno-histo -chimie

Lefaso.net : Quand on parle de pathologie, de quoi parle-t-on ? Y a-t-il une différence avec la maladie comme on dit couramment ?

Pr Robert Soudré : La maladie, c’est toute altération de la santé de l’homme, de l’animal ou de l’arbre, de tout organisme vivant. La pathologie, c’est la science qui étudie les signes des maladies mais dans notre cas précis, il faut dire qu’on utilise la pathologie pour dire anatomie pathologique. L’anatomie pathologique est une spécialité médicale qui étudie les lésions provoquées dans le corps par la maladie.

Lefaso.net : Au Burkina Faso, quelles sont les pathologies qui menacent le plus souvent les enfants, les femmes et les personnes âgées ?

Pr Robert Soudré  : Si on veut rapporter votre question à notre discipline, c’est surtout les cancers puisqu’on parle d’anatomie pathologique et les pathologies qui menacent les enfants, les femmes et les hommes, ce sont les cancers. Chez l’enfant, c’est surtout le cancer embryonnaire, c’est-à-dire, des cancers des tissus ou des organes immatures.
Chez la femme, ce sont surtout les cancers gynécologiques, les cancers du col de l’utérus, du sein. Chez l’homme, c’est surtout le cancer de la prostate, les cancers de la sphère Oto-rhino-laryngologie (ORL) ; mais chez l’homme comme chez la femme, les maladies qui menacent, c’est surtout le cancer du foie ; chez les personnes âgées, c’est toujours le problème de cancer, particulièrement celui de la prostate.

Lefaso.net : Existe-t-il des pathologies rares au Burkina Faso ? Si oui, lesquelles ?

Pr Robert Soudré : J’évite d’utiliser ce terme de pathologie rare parce que tout est question du niveau de possibilité de diagnostic, c’est-à-dire, si vos moyens vous permettent de diagnostiquer facilement les pathologies, alors certaines pathologies rares le sont moins mais néanmoins, on peut citer certaines tumeurs de la peau, certaines maladies des vaisseaux sanguins etc.

Lefaso.net : Un centre de traitement du cancer a été créé récemment ; quelle est l’efficacité d’une telle structure ?

Pr Robert Soudré  : L’efficacité d’un tel centre ne peut être garantie que si des moyens lui sont offerts pour faire face à ses missions de prise en charge des cancers ; c’est-à-dire, un bon diagnostic, une bonne orientation du traitement et des médicaments en quantité et en qualité suffisantes, mais aussi des spécialistes.

Lefaso.net : En tant qu’ancien doyen de la faculté de médecine de l’Université de Ouagadougou et une référence dans le domaine de la santé, dites-nous un peu comment se porte, la médecine burkinabè ?

Pr Robert Soudré : je crois que la médecine se porte comme tous les autres domaines dans un pays comme le Burkina .Tout est question de moyens, autrement dit, je dirai que la médecine du Burkina se porte comme notre pays se porte, c’est –à dire, que ce sont des médecins courageux qui travaillent, qui, à l’échelle internationale sont parmi les meilleurs ; cela veut dire qu’ils sont aptes à faire une bonne médecine mais souvent, les moyens font défaut. En d’autres termes, la médecine du Burkina, est une médecine efficace à condition que les moyens suivent.

Lefaso.net : L’on dénonce de plus en plus le fait que les anciens ne veulent pas céder la place aux jeunes au niveau des enseignants hospitalo-universitaires ; qu’en est-il au juste ?

Pr Robert Soudré : Par principe, les jeunes sont faits pour remplacer les vieux. Au niveau de l’université effectivement, il y a des textes qui permettent de récupérer des enseignants qui doivent aller à la retraite, du fait du manque d’enseignants. Partout où il y a des jeunes aptes à prendre les relais, les anciens doivent sans tarder les leur passer.

Lefaso.net : Il y a aussi l’exercice de la médecine par les professionnels fonctionnaires à qui l’on reproche d’être plus présents dans le privé que dans le public…

Pr Robert Soudré : Il faut dire une chose, si cela s’avérait vrai, c’est condamnable que des gens amènent des malades du public vers le privé. Chaque domaine doit garder ses patients hors mis les références.
Mais d’une manière générale, si j’établis un parallèle entre l’enseignement et la santé qui sont tous deux des domaines sociaux, et si vous considérez l’enseignement au Burkina, je pense que sans le privé, on n’aurait pas atteint ce taux de scolarisation.
Dans le domaine de santé qui est un domaine social, l’Etat a surement besoin du privé pour élever le niveau de satisfaction des besoins de santé et donc, en d’autre terme, c’est une nécessité. Il y a obligation probablement de légiférer là-dessus parce que chaque fois qu’il y a un vide, les gens exploitent. Un fait est certain, qu’effectivement, à l’heure actuelle, en général, les enseignants hospitalo-universitaires utilisent leurs heures en dehors des heures de services effectives de présence à l’hôpital pour aller faire des vacations dans le privé.

Lefaso.net : Un dernier mot…

Pr Robert Soudré : Dans le domaine de la santé et plus spécifiquement de la pathologie cancéreuse dont il question dans notre discipline, rien ne sert de courir, il faut partir à point. Rien ne se sert de chercher à guérir un cancer, il faut d’abord le prévenir, c’est -à -dire, pour ce qui concerne les cancers des poumons, de la gorge, etc., alors, il faut arrêter de fumer. Pour ce qui concerne les cancers digestifs, de l’estomac, du foie, il faut arrêter de boire l’alcool ou en consommer très peu .D’une manière générale, il faut avoir une vie bien ordonnée sans excès d’alcool, de tabac et des repas bien garnis.

Entretien réalisé par Nicole Ouédraogo et Herman Frédéric Bassolé
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Vos commentaires

  • Le 7 octobre 2016 à 12:10, par SOS En réponse à : Pr Robert Soudré, président de la Société Burkinabè de Pathologie : « Vaut mieux prévenir que guérir le cancer »

    merci le faso net pour cet entretien, seulement j’ai une question pour le Pr Soudre qui est la suivante:qu’est ce qui cause le cancer embryonnaire chez l’enfant ? Est-il d’origine congénitale ou génétique ?

  • Le 8 octobre 2016 à 16:32, par Pr Jacques Leibowitch En réponse à : Pr Robert Soudré, président de la Société Burkinabè de Pathologie : « Vaut mieux prévenir que guérir le cancer »

    À compter de 2003 le Pr Jacques Leibowitch (Raymond-Poincare hôpital universitaire de Garches, France) a mis en œuvre un programme de traitement hebdomadaire discontinu en cycles courts chez les patients traités efficacement pour leur condition HIV depuis plus d’un semestre … histoire de se conformer si possible aux commandement universel du “primum non nocere” , au risque de battre en brèche le préjugé convenu par l’ordre établi en faveur des traitements continus sans interruption sept jours par semaine « à vie »…

    Deux premières études pilotes sur 48 et 94 patients en phase chronique de leur traitement, 4 jours contigus de maintenance antivirale par semaine sous trithérapies standards se sont montrés 100 % efficace sur leur HIV–cf The FaSEB Journal january 2010, and june 2015

    À partir de ses résultats incitatifs, l’ANRS (agence nationale de recherche sur le sida en France) a en 2014 initié son propre essai clinique en ouvert non randomisé prospectif (ANRS 4 D 162) qui recruta en quelques trois mois à partir de 17 départements de maladies infectieux indépendants associés aux centres hospitaliers universitaires correspondant au travers du pays 100 patients volontaires en phase stable de leur traitement d’entretien - HIV indétectable dans le plasma depuis au moins 12 mois.

    Résultats ANRS présentés par le docteur Pierre de Truchis en juillet 2016 à la 21e conférence internationale sur le sida à Durban en Afrique du Sud ; à la 52e semaine de traitement discontinus 100 % des patients qui avaient adhéré au protocole des intermittences quatre jours par semaine avaient maintenu sans remittence aucune le contrôle - virus en dessous des seuil de détection ET de transmission .
    Les études pilotes ICCARRE[1] combinées totalisent plus de 350 années–traitement intzemittent quatre jours par semaine sans echec, un temps pendant lequel ont été omis en toute sécurité 156 jours de médication non nécessaires par an et par personne. La sur médication on le sait interfère avec la qualité de vie physiologique et psychologique des patients au point de dissuader les preneurs de pilules antivirales d’adhérer à leur traitement à long terme.

    [1] Intermittent, in Carefully shortened Cycles, Anti Retrovirals may Retain Efficacy),

    Acteurs du Bien Commun engages publiquement dans la bataille contre le sida HIV , prenez de ces faits s il vous plait acte ; faites pression sur les responsables sanitaires en charge du VIH sida en France, Europe Ameriques Afrique,, pour qu’ils conduisent incessamment sous votre instance les essais cliniques propres à valider dans leurs pays les traitements d’entretien intermittents quatre jours par semaine…

    Il es temps de rejeter les 156 jours de sur-médication actuelle, conforméméent au bon sens commun : six moins de médicaments c’est bien, alors c’est mieux … comme à l’éthique et déontologie médicales qui commandent d’ajuster les posologies hebdomadaires de leurs traitementd à ce qui est nécessaire et suffisant pour l’objectif désigné : HIV infra detectable dans le plasma des patients, garant de la non transmission du virus aux partenaires intimes…

    Richard Cross (President)
    Dr Jacques Leibowitch (Honorary President)
    Les Amis d’ ICCARRE
    20 rue du Terrage Paris 75010 +33 655 76 74
    Hopital Raymond Poincaré 92 380 Garches France, +33 618 94 26 26

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