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Côte d’Ivoire : Le "Front républicain" tiendra-t-il la route ?

Publié le jeudi 19 mai 2005 à 07h59min

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Après l’accord de Yamoussoukro signé il y a une décade et portant sur les modalités pratiques du désarmement des différentes factions, les différentes forces politiques s’organisent dans la perspective de la présidentielle d’octobre prochain.

Un "front républicain" est ainsi en gestation aux bords de la Seine et devrait en principe regrouper le PDCI/RDA de Bédié, le RDR de Alassane Ouattara, les "Guéistes" de l’UDPCI et le MFA.

En décidant de s’unir dans la perspectives de la présidentielle à venir, les héritiers politiques de Félix Houphouët Boigny font preuve de maturité et de vision prospective. Surtout que pour une fois, les deux "grands" de ce futur regroupement, Alassane D. Ouattara et Henri Konan Bédié se sont réciproquement promis "secours et assistance" dans le cadre de cette présidentielle et envisagent une fois parvenus au pouvoir de partager la gestion de celui-ci.

Oubliées donc les rancœurs du passé, nées de la lutte fratricide qui avait opposé les deux hommes en 1993 sur fond de succession d’Houphouët, lutte qui avait, par la suite, amené "HKB" a théorisé l’ivoirité avec les conséquences que l’on sait. En retour, "ADO" avait pactisé avec Laurent K. Gbagbo pour "l’enquiquiner" Bédié, ce qui nonobstant les autres causes avait conduit à la chute du régime de celui-ci en décembre 1999.

C’est dire qu’entre les deux hommes, la confiance ne règne pas, ce qui a amené le boulanger à vouloir "jouer" dans un passé récent, Bédié contre Ouattara, dans sa politique d’exclusion et de repli identitaire. Des jeux de passe-passe qui ont conduit la mosaïque des peuples et des cultures léguée par Houphouët Boigny à l’implosion du 19 septembre 2002.

Conscients de leurs "errements" et de la force, que leur regroupement pourrait générer les deux hommes veulent taire leurs rancœurs et "ramener" la Côte d’Ivoire dans l’espace démocratique. Si l’intention est bonne, elle risque d’être contrariée par deux écueils majeurs. Première "arêt", les Forces nouvelles (FN) nées de la politique d’exclusion dont les deux hommes portent la responsabilité dans une certaine mesure, et qui ont été laissées sur le bas-côté de la route au motif qu’elles "n’ont pas pu se transformer en force politique véritable".

Une tare que nous soulignions dans notre dernier "papier" sur la Côte d’Ivoire, mais qui ne les empêche pas pour autant, d’avoir une forte capacité de nuisance. Guillaume Soro qui est devenu au fil du temps une "personnalité" et surtout ses "chefs de guerre", Wattao, Chérif Ousmane... n’accepteront pas d’être mis hors-jeu sans contrepartie politique.

Gbagbo reste le maître du jeu

Bien sûr, du fait de leur faiblesse structurelle (manque de cadres politiques, tendance à la "criminalisation") elles peuvent être "ingérées" dans le cadre d’un front républicain élargi, mais, "l’équation" de la réinsertion des militaires demeurera, malgré l’accord de Yamoussoukro. Nonobstant le fait que celui-ci risque de se heurter à des problèmes d’intendance (où trouver l’argent pour les soldats démobilisés) il y a que la rupture de la confiance entre FN et camp présidentiel risque d’aboutir à un désarmement biaisé.

Autrement dit, se sont "les couteaux, les coupe-coupe, les haches"...bref les armes insignifiantes que l’on va donner, l’armement lourd restant bien au chaud en "cas de cas". Du reste dans le camp Gbagbo, les "durs" comme Charles Blé Goudé, Charles Dué ont laissé entendre qu’ils ne "désarmeraient pas" tant que les rebelles n’auront pas déposé toutes leurs armes.

Jouissant de plus en plus d’une autonomie financière du fait du "racketage" des paisibles populations, les milices pro-gouvernementales sont des hydres incontrôlables et fanatisées qui ne veulent pas retourner à leur ancien statut. A ce premier écueil militaro-politique, vient se heurter un autre écueil plus difficile à surmonter, celui politico-juridique.

L’accord de Pretoria qui a redonné un souffle d’espoir à la paix, a, sans le savoir conféré plus de force à Laurent Gbagbo, lequel on s’en doute va s’en servir jusqu’à plus soif. "Assis", sur la légalité de l’article 48, il a déjà commencé à prendre en otage le processus électoral, en confiant le recensement de la population à l’INSD ivoirien alors que c’est la CENI qui devait le faire.

En Afrique, les élections se gagnant dès la confection des listes électorales on peut être certain que les militants ou supposés tels de ce Front républicain en gestation seront écartés en masse des listes. Et comme les Houphouetistes ne voudront pas laisser faire, on retournera à la case départ.

Bien sûr on nous parlera de l’ONU et de la CEDEAO qui contrôlent le processus, mais le manque d’argent va transformer ces deux institutions en "accompagnateurs" de la crise. Avec tous ces obstacles, la date du 27 juin prévue pour le désarmement va donc ressembler à une ligne d’horizon au fur et à mesure qu’on se rapprochera d’elle.

Le "boulanger" nous prépare un beau gâteau de son cru, ce qui nous permet de réaffirmer qu’avec lui aux commandes, la paix, demeurera introuvable en Côte d’Ivoire. Les uns et les autres gagneraient à faire preuve de moins de naïveté pour contraindre Gbagbo à aller dans le bon sens à défaut démettre. Quant aux initiateurs du Front républicain, ils ont comme dirait l’autre, "mis la charrue avant les bœufs".

Boubakar SY
Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 20 mai 2005 à 01:50, par Dr Yao Emmanuel (USA) En réponse à : > Côte d’Ivoire : Le "Front républicain" tiendra-t-il la route ?

    Merci cher ami pour ton analyse approximative car emaillee d’erreur grossiere. Un journaliste c’est fait pour informer et cela suppose que vous savez de quoi vous parlez.Dans ton cas, aveugle que tu es par la haine du president Gbagbo, tu as du mal a prendre de la hauteur. Au lieu de l’INS (Institut national de Statistique) qui est une structure technique pour le recensement national depuis notre independance et qui depend de la (commission Electoral Idependante) CEI qui est l’organe de decision,tu parles de L’INSD au quel tu trouves d’autres roles et j’en passe. Tu ferais mieux de consacrer le peu d’energie qui te reste aux problemes burkinabe au lieu d’aller en aventure sur les bords de la lagune ebrie. De toutes les facons en Cote D’ivoire, on prefere de loin notre pressuppose "boulanger" a un criminel avere comme le votre.

    • Le 21 mai 2005 à 15:10, par BURKINBI En réponse à : > Côte d’Ivoire : Le "Front républicain" tiendra-t-il la route ?

      MEME LES XENOPHOBES DE LA LAGUNE EBRIE VIENNENT SUR LEFASO.NET...MONSIEUR VOUS SAVEZ LA QUALITE DU FORUM DE CE SITE EST DE LION SUPERIEUR A CELUI DE ABIDJAN.NET...LES XENOPHOBES NE SONT PAS LES BIENVENUE SUR CE SITE CAR TOUT COMME LE BURKINA C’EST UN HAVRE DE PAIX.

      • Le 21 mai 2005 à 16:31, par manituo En réponse à : > Côte d’Ivoire : Le "Front républicain" tiendra-t-il la route ?

        Ôoooh làààààààà ! Balle à terre, on se calme.
        Que l’on aie affaire à des boulangers ou à des criminels, on ne va pas par dessus le marché se génocider sur le forum.
        lefaso.net est une initiative que j’aime t respecte, ce n’est pas le lieu. Dr, faites honneur à votre titre que diable.
        Moi je suis burkinabé, mes meilleurs amis sont des diaspos et des ivoiriens et on critique aussi bien Gbagbo que Soro ou tout autre de ce pays aussi bien que je le faitr à Blaise ou je ne sais quel opposant digne de ce nom on a.
        Laissez les problèmes inutiles et revenez sur terre. On a un avenir lié que vous le vouliez ou non !!!

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