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Entrepreneuriat au Burkina : Global entrepreneurship monitor (GEM) présente la photographie en 2015

Publié le mercredi 5 octobre 2016 à 00h10min

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Entrepreneuriat au Burkina : Global entrepreneurship monitor (GEM) présente la photographie en 2015

Le Burkina Faso enregistre une nette amélioration sur les attitudes et les activités entrepreneuriales. En revanche, la qualité de l’activité entrepreneuriale demeure faible. Aussi, l’appréciation des experts par rapport à l’écosystème entrepreneurial reste négative. C’est le résultat de la 2e enquête du Global entrepreneurship monitor (GEM) sur l’entreprenariat au Burkina en 2015. Deux enquêtes réalisées par la Laboratoire de recherche en gestion des entreprises et des organisations (LaReGeo) de l’Université Ouaga II.

Florent SONG-NABA et Manadou TOÉ sont, tous les deux, enseignants-chercheurs à l’Unité de formation et de recherche en Sciences économiques et Gestion (UFR/SEG) de l’Université Ouaga II. Ils sont membres du Laboratoire de recherche en gestion des entreprises et des organisations (LaReGeo). Mais aussi co-auteurs du rapport GEM (Global entrepreneurship monitor) sur l’entreprenariat au Burkina, en 2015. Ils ont été appuyés par trois d’enseignants-chercheurs de la même UFR, membre du laboratoire sus-cité. Et, ce rapport se veut une photographie de l’entrepreneuriat au Burkina Faso en 2015. Les auteurs, dans leurs analyses, se fondent sur deux enquêtes distinctes effectuées entre mai et juillet 2015. La première, intitulée Adult Population Survey (APS), a été réalisée sur une population d’adultes âgée de 18 à 64 ans. 2325 individus ont constitué l’échantillon. Cette enquête a pris en compte les attitudes, les activités et les aspirations entrepreneuriales.

La seconde enquête, dénommée National Expert Survey (NES), a, quant à elle, été effectuée à partir d’un panel d’experts composés d’enseignants-chercheurs, de consultants, de banquiers, d’investisseurs, de spécialistes en développement et accompagnement d’entreprises, de décideurs économiques ou politiques, etc. Ces experts ont donné leurs avis sur des sujets relatifs à  : l’accès au financement, les politiques gouvernementales, l’éducation et la formation, les programmes gouvernementaux, le transfert de technologies et la recherche-développement, les infrastructures commerciales, l’ouverture des marchés nationaux, les infrastructures physiques, ainsi que les normes culturelles et sociales. Toute chose qui a permis d’avoir une idée sur l’écosystème entrepreneurial du Burkina.

Attitudes et activités entrepreneuriales : Une nette amélioration, mais…

De cette deuxième participation du Burkina Faso à l’enquête du GEM, on retiendra que le pays des Hommes intègres « enregistre une nette amélioration de ses scores en ce qui concerne les attitudes et les activités entrepreneuriales. En revanche, les aspirations, qui traduisent la qualité de l’activité entrepreneuriale, demeurent faibles. L’appréciation des experts par rapport à l’écosystème entrepreneurial reste également négative ».

En effet, 74% des enquêtés estiment que l’entrepreneuriat est un bon choix de carrière. Dans le même temps, 83% des personnes interrogées pensent que les entrepreneurs qui réussissent ont un statut élevé dans la société. Aussi, ils sont 67% à soutenir que les médias nationaux accordent une attention suffisante à l’entrepreneuriat.

Pour autant, pensent-ils à se lancer dans l’entreprenariat ? Le rapport est formel : 78% des personnes interrogées se sentent compétents pour entreprendre, contre un taux de 66% dans le rapport concernant l’année 2014. Mais, ils ne sont que 46% à avoir l’intention de se lancer dans la création d’entreprise. Cette évolution des attitudes est à mettre à l’actif des pouvoirs publics dont les discours tendent à présenter l’entrepreneuriat comme une alternative crédible à l’emploi salarié, avec en sus des réformes entreprises depuis deux décennies pour transformer le climat des affaires. Cette perception est aussi, en partie, liée au resserrement du marché de l’emploi salarié. Elle s’expliquerait également par la chute du régime Compaoré, accusé d’avoir verrouillé l’économie nationale au profit d’une poignée de personnes gravitant autour de la famille présidentielle.

Un écosystème défavorable à l’essor de jeunes entreprises

Toutefois, dans cette perception de l’entrepreneuriat, l’innovation reste très marginale et le potentiel de création d’emplois et d’internationalisation est très faible.
Aussi, le rapport GEM 2015 conclut à une faible qualité de l’entrepreneuriat au Burkina Faso. Selon les experts interrogés dans le cadre de cette enquête, cette qualité peu enviable s’explique en partie par l’écosystème entrepreneurial, qu’ils estiment « défavorable à l’essor des jeunes entreprises ».
Faut-il le préciser, les experts interrogés dans le cadre de l’enquête « NES » sont extrêmement pessimistes quant à la capacité de notre système éducatif à préparer la jeunesse à l’entrepreneuriat. Les autorités administratives et politiques sont donc prévenus : elles doivent engager une réflexion profonde sur la diffusion de l’esprit d’entreprise dans nos écoles.

62 pays ont participé au GEM en 2015

Les deux enquêtes ont été entièrement réalisées par une équipe de chercheurs du Laboratoire de recherche en gestion des entreprises et des organisations (LaReGEO), membre du du Centre d’études, de documentation et de recherches économiques et Sociales (CEDRES) de l’Université Ouaga II au Burkina Faso. Pour la réalisation des enquêtes et l’élaboration dudit rapport, le LaReGeo a bénéficié du soutien financier du Centre de recherches pour le développement international (CRDI), et de l’accompagnement méthodologique des équipes GEM Québec et GEM Suisse.
Le GEM est la plus vaste enquête sur l’activité entrepreneuriale dans le monde et regroupe les meilleurs chercheurs en entrepreneuriat. En 2015, 62 pays ont participé à l’enquête. Mais, l’Afrique francophone au Sud du Sahara n’est représentée que par le Burkina Faso, le Cameroun et le Sénégal.

Plus de détails, voir : http://www.gemconsortium.org/report/49631

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