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Crise ivoirienne : les petits pas de la réconciliation

Publié le mardi 17 mai 2005 à 07h30min

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Comme on le sait, Pretoria était le rendez-vous de la dernière chance pour le retour de la paix dans le pays d’Houphouët Boigny, déchiré par une crise politique sans précédent suite aux événements du 19 septembre 2002. Deux ans de guerre, qui ont endeuillé de nombreuses familles, avec des exactions à n’en plus finir. Et cela par la faute de politiciens de tous poils, dont les ambitions se résument à la conquête du pouvoir.

La guerre en Côte d’Ivoire, il faut le dire, a fait trop de mal et le fait que le pays soit coupé en deux est la preuve qu’on ne se soucie pas de ceux qui veulent vivre dans la quiétude comme du temps du père de l’indépendance. La guerre s’étant installée un peu partout, depuis lors, les Ivoiriens sont divisés et ont même oublié que la paix, comme le disait le « vieux », est un comportement. On sait ce qui a provoqué toute cette situation et fait basculer ce pays qui était cité en exemple dans la sous-région.

Dans le camp du parti au pouvoir comme dans la rébellion, les responsabilités sont partagées. Mais force est de reconnaître qu’on n’en serait pas arrivé là si Guillaume Soro et ses hommes n’avaient pas pris les armes pour combattre le régime en place.

Certains diront qu’il fallait peut-être passer par là, pour donner une autre image de la Côte d’Ivoire. Mais là n’est pas la vraie solution parce que les assaillants sont des putschistes qui ont été guidés par des intérêts qui n’ont rien à voir avec la problématique de la démocratie.

Pour réconcilier les frères ennemis, il y a eu les Accords de Linas Marcoussis, d’Accra II et III.

La mise en œuvre de la feuille de route a été difficile à appliquer parce qu’il y avait de la mauvaise foi de part et d’autre. Dans tous les cas, Gbagbo, qui aime à dire qu’il fait la politique en rappelant souvent Soundiata Kéita, sait ce que veut la rébellion et qui est derrière elle.

Malgré cela, même s’il n’avait pas le choix, pour donner une chance à la paix, il a accepté la médiation du président sud-africain Thabo Mbeki.

La rencontre, on se rappelle, a abouti à de nouveaux accords en 18 points, consignés dans un document de 6 pages prévoyant entre autres la cessation immédiate et définitive des hostilités et de la guerre en Côte d’Ivoire, le désarmement et le démantèlement des milices, la question de l’article 35 de la Constitution relatif aux conditions d’éligibilité à la magistrature suprême...

Ce dernier point a toujours été la pierre d’achoppement et quand Gbagbo est rentré de Pretoria après avoir consulté les forces vives de la nation, il a presque surpris tout le monde en levant les obstacles qui mènent à la paix. A Pretoria donc, la date du 14 avril 2005 avait été arrêtée pour la mise en œuvre du processus de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR).

Après quelques problèmes relatifs à la date de démarrage du désarmement et son calendrier, depuis samedi dernier, tout semble indiquer qu’on s’achemine vers la réconciliation. En effet, l’armée et la rébellion ivoiriennes ont procédé, à Yamoussoukro, à la signature d’un accord fixant les modalités pratiques du désarmement. Ce processus de désarmement démarre par des opérations de sensibilisation auprès des combattants.

Les chefs d’état-major des Forces armées nationales de côte d’Ivoire (FANCI), le colonel- major Philippe Mangou, des Forces Nouvelles, le colonel Soumaïla Bagayoko, ainsi que le président de la commission nationale de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR), Alain Donwahi, ont signé trois documents dont ceux fixant les règles et la chronologie du désarmement des combattants ivoiriens. Un document sur la restructuration de l’armée a été également signé.

La réhabilitation des sites de cantonnement devrait s’étaler du 24 mai au 14 juin tandis que du 5 au 27 juin commenceront les préregroupements et l’identification des combattants. Les opérations de désarmement et démobilisation se dérouleront du 27 juin au 10 Août.

Le désarmement concerne quelques 48 000 combattants (42 500 chez les rebelles et 5500 du côté des forces loyalistes). Comme on le voit, les bonnes intentions ne manquent pas. Pourvu qu’on aille jusqu’au bout, car la population est fatiguée de la guerre. Le bas peuple a marre de cette situation et souhaite vivement que sur le terrain les choses se passent bien pour qu’il puisse, demain, dans une Côte d’Ivoire réconciliée, manger tranquillement son attiéké.

Justin Daboné
L’Observateur

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Vos commentaires

  • Le 17 mai 2005 à 21:52, par Jacques Lohourou Digbeu-Badlor En réponse à : > Crise ivoirienne : les petits pas de la réconciliation

    Qui ronge " l’ os de l’ omerta ? "

    Ca y est, le degel commence ; le " glacis franceafricain " n’ en a plus pour longtemps ; sur le dossier ivoirien du moins ; car la verite, comme on le dit du cote de la lagune ebrie, finit toujours par rattraper le mensonge. Oser ecrire ce que vous ecrivez aujourd’hui, sous-tendre un debut -un debut seulement- de corresponsabilite dans cette crise , alors que le piege de la propagande semblait s’ etre a jamais referme sur Gbagbo, seul et unique dictateur africain des temps modernes, grand pretre naturel de la haine d’ autrui et fauteur de troubles indecrottable, voila qui constitue l’ acte premier d’ une "piece de repentance" qu’ il faudra bien se resoudre a jouer pour esperer regagner la sympathie des democrates ivoiriens depites par tant de mauvaise foi longtemps jubilatoire. Cette guerre, on vous le dit, n’ a pas fini de livrer ses secrets. Que la nebuleuse putshiste se le tienne pour dit.
    Votre exercice d’ "Aufklaerung" un peu a reculons certes vaut neanmoins base de depart pour qui veut se regarder dans une glace au sortir de cette mauvaise passe...

    Jacques Lohourou Digbeu-Badlor

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