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Putsch manqué du 16 septembre 2015 : « Ce n’est pas à l’approche de l’anniversaire qu’on doit tenir des conférences de presse », Bassolma Bazié, SG/CGT-B

Publié le vendredi 16 septembre 2016 à 22h15min

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Putsch manqué du 16 septembre 2015 : « Ce n’est pas à l’approche de l’anniversaire qu’on doit tenir des conférences de presse », Bassolma Bazié, SG/CGT-B

Opposé à la tentative de prise du pouvoir par les armes du Général Gilbert Diendéré, la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B) avait appelé à une grève générale sur toute l’étendue du territoire national. Son Secrétaire général, Bassolma Bazié s’en explique. Il s’exprime aussi sur les suites judiciaires des dossiers de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, et de la tentative de putsch. Cela, en marge de la conférence de presse du SYNTSHA (Syndicat des travailleurs de la santé humaine et animale), tenue à la bourse du travail de Ouagadougou, ce jeudi 15 septembre 2016.

Que pouvez-vous dire aux Burkinabè, un an après l’épisode de la tentative de putsch ?

Nous ne pouvons que féliciter l’ensemble du peuple burkinabè. Comme on l’a dit, la liberté, la dignité, la démocratie, ça ne se donne pas. Ce sont des éléments qui s’arrachent. Et le peuple burkinabè a su s’assumer, face à cette situation. Au niveau du mouvement syndical, nous sommes une entité de ce peuple et nous sommes interpelés quand ce peuple est en train d’être convoyé ou mis dans une situation catastrophique.

Beaucoup disent que le mouvement syndical est reconnu à travers des revendications corporatistes sur les salaires, les indemnités. C’est une vision limitée. Une vraie organisation syndicale doit se donner des voies et moyens de faire de ces préoccupations la qualité de la démocratie, la qualité des libertés, la qualité de la dignité humaine. Parce que sans ces éléments, quel que soit votre niveau salarial, vous n’allez pas pouvoir vivre digne. Donc il est un devoir pour nous, dès lors que la démocratie est menacée, les droits humains sont menacés, l’organisation syndicale doit prendre ses responsabilités.

Quand le putsch est arrivé, on avait bel et bien des revendications qui portaient sur les salaires et autres. Mais ici, nous avons tout mis de côte et nous assumer face à l’histoire. Parce que c’est une grève politique et nous l’assumons comme telle. De toutes les façons, ce n’est pas une première dans l’histoire. Le 3 janvier (1966), le mouvement syndical a manifesté. Les 17 et 18 décembre 1975 que le mouvement syndical a manifesté. Cette occasion également, on ne pouvait pas faire autrement d’autant que nous avons remplacé des devanciers qui ont bien tracé des lignes. Si on ne le faisait pas comme nous l’avons fait, on allait avoir à répondre devant les générations futures.

Ce que nous exigeons de la part des gouvernants actuels, c’est qu’il y ait la vérité et la justice sur cette situation. Qu’il y ait une prise en charge conséquente des familles de ces martyrs. Et faire en sorte que les autres dossiers de crimes économiques et crimes de sang se résolvent.

La CGT-B était au-devant la scène, lors de ce putsch manqué ?

La CGT-B était à la présidence du mois de l’Unité d’action syndicale (UAS). Ce que nous avons pu faire, c’est le mot d’ordre de grève générale sur l’ensemble du territoire et ce jusqu’à nouvel ordre. Mot d’ordre qui a été suivi par l’ensemble de ceux qui font partie de l’unité d’action syndicale et ceux qui n’en font pas partie.

Et comme nous sommes représentés dans toutes les provinces et régions, nous avons donné des instructions à ce que chacun s’investisse de sorte à ce que le contenu de la motion puisse trouver solution. Cela veut dire, arrêter tous ceux qui sont impliqués dans le putsch, libérer tous ceux qui avaient été arrêtés dans le cadre du putsch, s’investir à éviter toute trace de guerre civile dans notre pays. Et s’investir véritablement à ce que la démocratie, la liberté, la dignité humaine soient défendues. C’est ce que nous avons fait.

Quelle appréciation faites-vous de la conférence de presse animée le 14 septembre 2016 par le Procureur du Faso, près le Tribunal de grande instance de Ouagadougou et le Commissaire du gouvernement près le Tribunal militaire ?

Nous n’attendons que cela. Qu’on informe la population, qu’on nous informe à quel niveau nous sommes avec le traitement des dossiers de crimes économiques et crimes de sang. Mais nous ne voulons pas du théâtre. Il faut qu’on soit claire. Ce n’est pas à l’approche de l’anniversaire qu’on doit s’activer, tenir des conférences de presse pour indiquer aux populations que ça bouge. Cela doit être fait à tout temps et en tout lieu de la même façon. Qu’on soit à proximité de l’anniversaire ou pas. De toute façon, nous nous veillons au grain et nous disons que nous restons débout jusqu’à ce qu’il y ait vérité et justice sur cette question. Donc ce ne sont pas les engagements à travers les conférences de presse qui nous émeuvent, ce sont les actes posés de façon concrète que nous attendons.

Propos recueillis par Marcus Kouaman
Lefaso.net

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