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Situation nationale : « Nous, militants du CDP, assumons toutes les erreurs commises par le trio majestic au pouvoir », dixit le président par intérim du CDP, Marie Joseph Achille Tapsoba

Publié le vendredi 9 septembre 2016 à 10h52min

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Situation nationale : « Nous, militants du CDP, assumons toutes les erreurs commises par le trio majestic  au pouvoir », dixit le président par intérim du CDP, Marie Joseph Achille Tapsoba

Le Congrès pour la démocratie et le Progrès (CDP) a animé ce jeudi, 8 septembre 2016 à son siège national sis avenue Kwamé N’Krumah, Ouagadougou, une conférence de presse autour de la tenue de son Congrès extraordinaire prévu pour se tenir le 24 septembre prochain et sur des questions relatives à l’actualité nationale.

C’est par un regard sur la situation nationale que le président par intérim du CDP, Marie Joseph Achille Tapsoba et ses « camarades » sont entrés dans le vif de leurs sujets. Ainsi, après avoir rappelé et déploré les attaques dont le pays est victime depuis un certain moment, le CDP a interpellé de nouveau le gouvernement à redoubler également d’efforts pour la libération du Docteur Eliot (enlevé avec son épouse, Jocelyn Elliot, dans la nuit du 15 au 16 janvier 2016 dans la ville de Djibo).

Jetant un regard sur les neuf mois de gestion du nouveau régime, Marie Joseph Achille Tapsoba a affirmé que « le MPP et le Président Roch Marc Christian Kaboré n’arrivent pas à proposer des solutions à tous ces problèmes qui suffoquent et étouffent le peuple du Burkina ». Pour M. Tapsoba, les premières autorités se livrent à des guerres par organisations de la société civile interposées au lieu de travailler à répondre aux préoccupations des populations. En réaction aux propos du Président de l’Assemblée nationale qui interpelait le gouvernement sur son manque d’audace et d’initiatives, le président par intérim du CDP développe : ’’Ce qui nous intéresse ici, ce ne sont pas les propos du Président de l’Assemblée nationale envers le Président du Faso, c’est le contexte dans lequel cela se passe. Le gouvernement du MPP est dénoncé par le premier vice-président du MPP comme manquant d’audace et d’initiatives. C’est ce qui nous intéresse. Par conséquent, nous disons que c’est grave et nous demandons aux premiers responsables du MPP de s’assumer au lieu de se cacher derrière la séparation des pouvoirs’’. Pour lui, tout cela témoigne que le Burkina fonce droit au mur, ‘’à telle enseigne qu’eux-mêmesqui tiennent le gouvernail du Burkina, sont obligés de s’interpeller ; le capitaine interpelle le commandant pour dire que tu manques d’audace…’’.

A ceux qui penseraient que neuf mois, c’est peu pour « redresser un marasme de 27 ans du régime Compaoré », le président par intérim du CDP réplique : ‘’Ce n’est un secret pour personne, le Burkina a été dirigé par le Président Blaise Compaoré et le CDP. Et le CDP a été dirigé par Roch Kaboré, Salifou Diallo et Simon Compaoré. L’Etat burkinabè a été co-géré par le Président et ces trois personnalités. Nous disons que, toutes les erreurs qui ont été commises par le trio majestic au pouvoir, sont des erreurs que nous, militants du CDP, assumons. Contrairement à eux, qui renient leur passé et leur personnalité. (…). Nous assumons les 27 ans de pouvoir de notre parti. Et nous reconnaissons, de manière responsable, que nous avons commis des insuffisances et des erreurs et nous sommes toujours là pour en tirer des leçons pour affronter de manière beaucoup plus sereine, l’avenir du pays à travers notre parti’’. Pour le président par intérim du CDP, cette façon pour les ténors du MPP à ne pas reconnaître leur passé n’est ni plus ni moins qu’ « une objection de conscience ».

De la conférence nationale des insurgés

Sur la conférence nationale des insurgés annoncée pour les 29 et 30 octobre 2016 par la Coalition des Forces démocratiques pour un vrai Changement, Marie Joseph Achille Tapsoba et ses camarades ont affiché leur distance de ce cadre. Pour eux, le CDP est exclu de par le cadrage même de la notion. « Mathématiquement, nous ne sommes pas dans le domaine de définition des insurgés. (…). Dans l’analyse des évènements des 30 et 31 octobre 2014, il y a d’un côté les insurgés et d’un autre, les victimes des actes des insurgés. Le CDP sait de quel côté se placer », soutient M. Tapsoba. Le parti dit ne pas faire d’amalgame entre Zéphirin Diabré président de l’UPC et Zéphirin Diabré porte-parole de l’opposition politique. « L’UPC fait partie du CFOP-BF et a son autonomie politique … », estime M. Tapsoba pour qui, Zéphirin Diabré en tant que président de l’UPC est dans son rôle. Il réaffirme l’attachement du CDP au CFOP-BF (Chef de file d l’opposition politique au Burkina-Faso) et surtout à travailler pour renforcer davantage l’institution. En tant qu’opposition, dit-il, le parti entend assumer ses missions républicaines à cet effet. « Nous sommes en train de faire notre apprentissage dans l’opposition et cet apprentissage va bon train. Notre présence dans l’opposition ne nous dérange pas », confie M. Tapsoba.

Un lien entre le feuilleton judiciaire et le Congrès en vue ?

C’est la question que les responsables de l’ex-parti au pouvoir disent se poser. Pour Marie Joseph Achille Tapsoba, la coïncidence entre l’annonce du Congrès (le 24 septembre) et l’ouverture du feuilleton judiciaire (avec les auditions) suscite des interrogations. « Face à ces difficultés réelles, le MPP et son gouvernement, en lieu et place de recherche de solutions adéquates, s’acharnent contre notre parti à travers un faisceau d’actes politico-judiciaires, curieusement depuis l’annonce de la tenue de son congrès extraordinaire », a déclaré le principal orateur à la conférence, M. Tapsoba. « Ce que nous dénonçons, et continuons de dénoncer, ce n’est pas les interpellations devant la justice. Ce que nous dénonçons, c’est la nature même de la justice qui interpelle », précise-t-il. Pour lui, tout citoyen burkinabè est justiciable et est, de ce fait, censé répondre devant la justice. « Nous sommes à l’aise pour répondre devant la justice. Lorsque la justice nous interpelle, nous irons répondre », dit-il, prônant une justice juste, équitable et transparente. A en croire M. Tapsoba, le parti reste vigilant sur ce qui pourrait paraître comme « chantages déguisés » sous le sceau de prétendues procédures judiciaires. Selon le président par intérim du CDP, la question de justice est fondamentale, incontournable pour qu’un pays solde son compte et avance dans le développement. Pour lui, ce qu’il faut dénoncer, c’est le fait que certains gens veuillent utiliser la justice pour résoudre leurs propres comptes. A en croire M. Tapsoba, le CDP est dans une logique que tout crime doit être jugé et dans la logique des arts. ‘’Tous les Burkinabè ont intérêt à ce qu’on solde le passif pour qu’on puisse regarder vers les questions de développement’’, souligne-t-il en substance.

C’est pourquoi a-t-il rappelé la « nécessité pour le pouvoir de poser les bases d’une réconciliation nationale et d’engager des démarches vers une réconciliation nationale véritable ». Pour Marie Joseph Achille Tapsoba, il faut mettre tout cela au-dessus des intérêts partisans ; ce qui pourra permettre aux Burkinabè de bâtir une « plateforme minimale de solidarité et de convivialité pour aller vers le développement. Toute attitude contraire nous maintiendra toujours, dit-il, dans ce marasme économique et social dans lequel nous sommes ».

Sur le sujet relatif au Congrès, le président du comité d’organisation, Blaise Sawadogo a expliqué que tout est fin prêt pour ce rendez-vous qui verra la restructuration du parti après le coup d’Etat de septembre 2015 qui lui a porté un coup. Les travaux se dérouleront sur une seule journée avec la cérémonie d’ouverture à la Maison du Peuple puis les travaux à l’espace Dieudonné sis côté Est de la mairie de l’arrondissement 5. Selon ses explications, environ 1 500 congressistes sont attendus à cette instance suprême du parti.

Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net

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