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Gestion de la faune au Burkina : L’Etat respecte-t-il ses engagements ?

Publié le mardi 17 mai 2005 à 07h16min

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Le projet d’appui aux Unités de conservation de la faune, avec l’appui de son ministère de tutelle, a organisé à l’intention des médias une excursion dénommée "Presse Safari" dans les aires fauniques de l’Est où se trouvent les 3/4 du potentiel faunique du Burkina.

L ’objectif de la sortie était de permettre une large diffusion de la politique et des règles de gestion de la faune au Burkina et d’amener les hommes de médias à s’imprégner des problèmes liés à la gestion de la ressource faunique.

Parrainée par les députés Yaméogo Jean Baptiste, Dicko Hama Moussa, Lankouandé Folga Ildevert, Djéjouma Sanon, la sortie a eu pour cadre les concessions de chasse de Pama Centre-Sud ou Yeryanga Safari et d’Ougarou (Nerwaya Safari) respectivement situées dans les provinces de la Kompienga et du Gourma.

Bubale, cob de buffle, cob de fassa, cob de redunca, guib harnaché, ourébi, phacochère, francolin, coba, éléphant, etc., ont été les espèces aperçues lors de cette excursion. Alors qu’il est permis d’abattre certaines d’entre elles, quand, bien sûr, la chasse est ouverte, d’autres par contre sont entièrement protégées par la Convention internationale contre le trafic et l’exportation des espèces de flore et de faune menacées (CITES).

Sont de celles-là, les hippopotames, les éléphants, les crocodiles. Que retenir des échanges entre les hommes de médias et les acteurs impliqués dans la gestion des ressources fauniques à Pama ? Le braconnage pose un sérieux problème aux acteurs. Des citadins fournissent aux villageois des armes et munitions pour se ravitailler en viande. Il arrive même que des braconniers soient des hôtes des villageois.

Frank Alain Kaboré, concessionnaire du campement du Lion Ougarou, indique qu’il est presque impossible, dans sa zone de chasse, d’amener un villageois à dénoncer un braconnier. "J’ai l’impression qu ’il n’y a pas de réelle implication des villageois dans le processus de conservation de la faune, malgré toutes les retombées" dont les populations sont censées tirer de la nouvelle réforme de 1996, remarque, amer, Patrick Thiombiano, chef de poste forestier. Il ajoute que depuis la mise en place des comités de gestion, aucun n’a dénoncé un braconnier. Que faire quand le nombre d’agents de la protection de la faune s’avère insuffisant et que les moyens manquent ?

Au problème du braconnage, souligne Gustave Yaméogo, directeur provincial de l’Environnement et du cadre de vie, vient se greffer celui de l’insuffisance de communication entre concessionnaires et populations riveraines. Ces dernières ne perçoivent pas toujours l’intérêt de protéger les aires de faune protégées. Malgré l’existence de l’Unité de conservation de la faune (UCF), la communication reste toujours difficile, déplorent quelques membres des comités villageois de gestion de la faune CVGF) au niveau de la province de Pama Centre-Sud.

La réforme des règles de gestion durable de la faune qui a favorisé la mise en place du système de concession, a été engagée par le Burkina à travers un partenariat socio-économique qui doit profiter à l’Etat, aux populations et aux concessionnaires.

Les populations profitent-elles pour autant des retombées de la nouvelle réforme de gestion de la faune ? Les acteurs sont formels : le développement socio-économique de la zone a été au rendez-vous, ajoutant que les 3/4 des carcasses d’animaux abattus reviennent aux comités villageois qui les vendent et reversent les fonds collectés dans les caisses des comités villageois.

La ressource faunique sera-t-elle préservée pour les générations futures ? Aucun animal, en tout cas, ne peut parcourir plus de 5 km sans trouver un point d’eau, avec la construction de mares, de forages et de salines à l’intérieur des aires de faune. Aussi, seuls les mâles sont prélevés, et de préférence, les solitaires, pour ne pas mettre en danger la structuration des groupes.

Les investissements de M. Kaboré s’évaluent à plus de deux cents millions de F CFA. Il s’apprête à renouveler les contrats de concessions, mais attend, comme de voir "un peu plus clair" avant de se lancer dans une nouvelle aventure". Tout comme Bardet Maurice, concessionnaire de la zone de Pama Centre-Sud, il souhaite que l’autorisation de chasse lui soit attribuée pour certaines espèces protégées. Il demande que l’Etat lui fixe des quotas.

Tout comme Maurice Bardet , M. Kaboré évoque la possibilité d’introduire de nouvelles espèces menacées ou disparues. Il affirme que le fait l’Etat ne respecte pas ses engagements. " Alors qu’il avait promis l’exonération totale, l’Etat nous fait payer en TTC tout ce que nous sommes en train de réaliser".

Par Cheick Beldh’or SIGUE
Le Pays

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