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Création artistique : Idrissa Bitiogo, le magicien des accessoires en pagne

Publié le mercredi 24 août 2016 à 01h00min

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Création artistique : Idrissa Bitiogo, le magicien des accessoires en pagne

Les accessoires confectionnés à base de pagnes font la pluie et le beau temps au Burkina Faso comme d’ailleurs dans les pays côtiers, surtout au Nigéria et au Ghana. Cette tendance en vogue est beaucoup prisée par la gente féminine, mais aussi par une certaine frange de la population masculine. Idrissa Bitiogo, artiste de son état, en a fait son métier.

Le pagne africain, une tradition vivace, fait parler de lui en mode. Désormais, il ne se contente pas seulement d’envelopper les corps des femmes africaines. Le pagne marque encore plus sa présence auprès de celles-ci à travers des accessoires de mode faits en pagne tels que les bracelets, les chaines, les boucles d’oreilles, les sacs, les chaussures, les couronnes à cheveux, les ceintures et autres. Il n’y a pas seulement que les femmes qui sont concernées par ce style d’habillement. Pour les hommes, il y a aussi des cravates, nœuds et des chaussures entre autres.

Idrissa Bitiogo en a fait sa spécialité car, nous confie-t-il, « la mode est en constante évolution et plus particulièrement chez les femmes qui, pour la plupart du temps, n’hésitent pas à débourser la somme qu’il faut pour se rendre belles ». C’est alors qu’il débute dans ce métier. Mais une autre chose motivait cet artiste. « Il faut dire sincèrement que c’est un marché un peu porteur. Toute chose qui nous permet d’avoir des revenus », a poursuivi M. Bitiogo. Toutefois, ses débuts dans le métier n’ont pas été aisés. « Avant, je pouvais prendre quatre à cinq jours pour confectionner un ensemble tout simplement parce que je n’avais pas la main », se rappelle-t-il toujours. Fort heureusement, cela n’est plus qu’un lointain souvenir. Comme le dit un dicton, « c’est en forgeant qu’on devient forgeron ». Quelques heures lui suffisent désormais pour fabriquer deux ensembles.

Le prix d’un article varie entre 3000 et 5000 F CFA

La matière de travail préférée de Idrissa Bitiogo est le pagne Faso Danfani. Viennent ensuite les pagnes de marque wax, hollandais, woodin. Les prix des accessoires varient en fonction de la qualité du pagne en question. « L’ensemble bracelet, boucle d’oreille, couronne faite en Faso Danfani est entre 4000 et 5000 F CFA. Les autres types de pagnes, par contre, font 3000 F CFA », a dit M. Bitiogo. Aujourd’hui propriétaire d’une boutique au grand marché de Ouagadougou, il emploie quatre personnes dont deux femmes.

« Nous travaillons en équipe et chacun joue sa partition », a-t-il avancé. Aussi, ce confectionneur averti entretient une étroite collaboration avec d’autres artistes œuvrant dans le milieu. « Dans ce travail, c’est l’entente (…). Tu peux avoir un collaborateur qui a des clients qui sont intéressés par tes articles et qui te contacte. Nous travaillons toujours ensemble. Forcément, il faut qu’il y ait la collaboration, sinon c’est difficile » confie t-il. Pourtant, c’est un marché fermé. Egalement, certains commerçants gardent « jalousement » leurs créations. A en croire M. Bitiogo, ce comportement complique davantage le travail parce qu’il y a des jours où on n’est pas inspiré pour faire nos propres créations ».

Des difficultés…

Le visage de l’amoureux des accessoires s’illumine lorsqu’il parle de son métier, mais s’assombrit soudainement quand il s’agit d’évoquer les difficultés. En effet, M. Bitiogo est également confronté au manque de ressources financières. Du coup, il se débrouille avec ses propres moyens de bord. « De plus, les mauvais imitateurs gâtent notre marché. Lorsqu’ils habillent par exemple un sac pour un client, il se gâte après un ou deux usages. Conséquence : l’acquéreur se décourage », a-t-il dénoncé. Malgré tout, il dit avoir l’amour du métier, ce qui l’empêche de baisser les bras.

« Ce métier, je l’ai dans la peau et je ne m’imagine pas en train de faire autre chose », a-t-il fait comprendre pour manifester sa détermination à toujours exercer le métier. Dans cette dynamique, il a formulé des recommandations non seulement à l’endroit des politiques, mais aussi à l’intention des acteurs concernés. Il estime qu’avec « un coup de main à travers notamment l’octroi de microcrédits », le métier ne pourra que mieux se porter au « pays des hommes intègres ». Et partant de là, soutient-il, leur ouvrir (peut-être) des portes à l’extérieur pour participer à des expositions et foires. L’objectif recherché étant de nouer des relations et bénéficier par la même occasion de l’expertise d’autres artistes. Par ailleurs, il est convaincu qu’avec une bonne organisation des acteurs, le secteur pourra véritablement prendre son envol. Sera-t-il entendu ?

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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