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Campagne agricole 2016-2017 : Les greniers de la Boucle du Mouhoun et des Hauts Bassins pourraient se remplir

Publié le lundi 22 août 2016 à 23h25min

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Campagne agricole 2016-2017 : Les greniers de la Boucle du Mouhoun et des Hauts Bassins pourraient se remplir

Dans le cadre du suivi de la campagne agricole 2016-2017, le ministre de l’agriculture et des aménagements hydrauliques était dans la région des Hauts Bassins le 20 Aout dernier. Le jour d’avant, c’est le gouverneur de la région de la Boucle du Mouhoun, accompagné des techniciens du ministère en charge de l’agriculture qui parcourait les champs de la région pour constater le déroulement de la campagne. Zones à forte production agricole, les Hauts Bassins et la Boucle du Mouhoun tiendront encore leur place de grenier du pays, si le ciel continue d’être généreux, jusqu’à bonne date.

La végétation est luxuriante sur tout le trajet qui mène au bas-fond rizicole de Lémini, dans la province de la Kossi. Les champs présentent une bonne physionomie, les paysans sont à la tâche.

Sur une piste rurale envahie par les eaux et parsemée de crevasses, la multitude de véhicules avance difficilement. « Il y a chauffeur de piste et chauffeur de goudron » lancera un conducteur plus tard, comme pour dire qu’il maîtrise la situation malgré l’état de la route.

Le chef de la délégation est le gouverneur de la Boucle du Mouhoun, Justin Somé à l’absence du premier ministre et du ministre de l’agriculture et des aménagements hydrauliques, annoncés au départ.

D’une superficie de 60 ha, le bas-fond rizicole de Lémini a été réalisé et appuyé par le Projet riz pluvial. Réunies au sein d’un groupe de producteurs de riz, ce sont 199 personnes, dont 30 femmes qui exploitent le site. Avec un fonds de roulement de 5 800 000 FCFA, la totalité de la somme a été recouvrée à 101%.

A en croire les exploitants, la saison écoulée (2015-2016), ils ont enregistré un excédent céréalier de 27,680 tonnes de riz paddy que la Société nationale de gestion de stock de sécurité alimentaire (SONAGES) a récolté. Pour cette campagne, les riziculteurs qui ont investi 31 497 000 FCFA sur le site, attendent de récolter un bénéfice de l’ordre de 11 853 000 f CFA. Mais en vue de l’accroissement de leur rendement pour les saisons à venir, ils demandent un appui pour la réalisation de 10 puits à grands diamètres pour associer le maraîchage à la riziculture. Ils plaident également pour l’obtention d’une décortiqueuse de riz et d’un magasin d’au moins 250 tonnes.

En attendant, les exploitants du site ont reçu les conseils des responsables des services techniques du ministère de l’Agriculture et des aménagements hydrauliques ainsi que ceux du gouverneur. Ce dernier leur a remis un lot de matériel agricole, comme signe d’encouragement.

A Bokuy, 18 km du chef-lieu de la province du Mouhoun, sur l’axe Dédougou-Soukuy, s’il y a un producteur qui a bonne presse de par ses rendements, c’est Esaïe Yézouma Dakuyo. 50 ha repartis en coton (37 ha), maïs (7 ha), sorgho (5 ha) et arachide-niébé (1 ha) qu’il exploite. Normal qu’il préside l’Union départementale des producteurs de coton de Dédougou.

M. Dakuyo emploie une main d’œuvre occasionnelle de 180 personnes. Un entrepreneur agricole qui crée donc de l’emploi et un partenaire des services techniques pour la recherche et le développement dans la production agro-pastorale. Ses terres ont ainsi abrité des tests sur la production et l’utilisation de la fumure organique, et la production du maïs Bondofa .

Une satisfaction pour le gouverneur qui a salué cet exploitant « modèle et moderne » qui dispose entre autres de quatre fosses fumières pour enrichir ses terres, deux tracteurs, 10 bœufs de trait, quatre charrues bovines.

Seul hic, Esaïe Yézouma Dakuyo ne dispose pas de titres fonciers, il dit exploiter les terres de ses parents. Ses spéculations sont au stade de floraison, épiaison (pour le maïs) et début de capsulation (coton).

Après la visite du champ du président de l’Union départementale des producteurs de coton de Dédougou, la délégation s’est rendue sur le site de l’Union des groupements pour la commercialisation des produits agricoles de la Boucle du Mouhoun. Créée en 1993, l’union collecte, trie, nettoie et commercialise en moyenne 3 000 tonnes de produits agricoles (maïs, sorgho, mil, niébé) chaque année pour 3 000 productrices/producteurs.

Demeurer le grenier du Burkina

C’est à la mairie de Dédougou que le gouverneur et la délégation se sont retrouvés pour des échanges « directs et francs » sur la campagne agricole. Les acteurs se sont réjouis du bon déroulement de la campagne. Par contre, l’excès de pluie dans la troisième décade de juillet et la première décade d’août a provoqué des inondations. Kounandia dans le Mouhoun, Badala dans la Kossi, Yé et Gossina dans le Nayala, Gomboro dans le Sourou, et Néména, Bérenkuy, kounla et Pékuy ont subi la furie des eaux. 1214,5 ha ont été noyés par les averses.

Une situation regrettable pour Oumarou Sawadogo, directeur régional de l’agriculture et des aménagements hydrauliques de la boucle du Mouhoun pour qui, il a toujours été demandé aux producteurs de cultiver des variétés adaptées aux zones inondables. « Nous les avons toujours interpellés pour qu’ils produisent le riz dans les zones inondables et éviter certaines cultures qui ne veulent pas l’excès d’eau, comme le coton ».

La situation phytosanitaire également n’est pas préoccupante bien que des attaques ont été notées au cours du mois de juin, du fait des insectes (chenilles, larves de sautereaux, puerons, mouches de fruits).

Si les tendances actuelles se confirment, foi de Oumarou Sawadogo, les attentes en termes de production céréalière (838 800 tonnes) de la région de la Boucle du Mouhoun seront atteintes, renforçant sa position de grenier du Burkina Faso.

La hauteur des espoirs est grande dans les hauts-Bassins

Le samedi 20 août, le premier responsable du ministère de l’agriculture prenait le relais pour la visite des champs et structures du développement du monde rural de la région des Hauts Bassins.

Première étape, Tolontama à un jet de pierre de la capitale économique du Burkina sur l’axe Bobo-Dédougou. Avec ses 10 ha, Etienne Sanou a une particularité, la diversification de ses productions. Trois ha de maïs, un ha de riz, un ha de niébé, deux ha de mil, deux ha de culture maraîchère (tomate, aubergine, piment…).

Une pratique bien appréciée par le ministre de l’agriculture et des aménagements hydrauliques, Jacob Ouédraogo pour qui cela est à encourager et à promouvoir. « C’est une très bonne chose. Actuellement il (Ndlr. Etienne Traoré) est en train de récolter le piment, sur son budget prévisionnel, il doit avoir 1 200 000 F CFA. Il a commencé également la récolte de la tomate et il attend 3 000 000. Il peut utiliser cet argent pour réinvestir dans la même campagne, c’est une très bonne chose et nous conseillons cela. Nous comptons encourager cette pratique pour que même en période de soudure, les producteurs puissent avoir des ressources », a indiqué le ministre en poursuivant que Etienne Traoré a bénéficié de l’accompagnement technique des agents de l’agriculture. « Les résultats sont là, les champs sont très beaux » s’est réjoui le ministre.

Par cette pratique de diversification, le producteur modèle fait reposer ses sols et la production maraîchère lui permet de disposer de ressources pour acheter les facteurs de production en vue de financier les autres productions dont la maturation prend plus de temps.

En plus, « on peut récolter plusieurs fois, il a déjà fait trois récoltes » précise Salifou Ouattara, inspecteur régional des semences. Etienne Traoré est donc la preuve que la culture maraîchère en saison pluvieuse est possible et qu’en dehors des bas-fonds, on peut cultiver le riz, à condition d’avoir les semences adaptées.

Tout n’est pourtant pas rose pour lui qui voudrait accroître ses rendements. Ses préoccupations sont celles de la plupart des producteurs agricoles. Du matériel pour la mécanisation agricole, les intrants et l’écoulement des produits.

Jacob Ouédraogo a saisi l’occasion pour annoncer les mesures du gouvernement en réponse aux préoccupations du monde rural. « Nous sommes en train de commander 500 tracteurs, ce n’est pas beaucoup, mais l’ambition du gouvernement ce n’est pas d’acheter des tracteurs, mais construire une usine de montage de tracteurs et ce dossier est suffisamment avancé ».

En plus, le Burkina Faso a l’ambition de produire de l’engrais à Kodjari à l’Est du pays, avec le phosphate.

Par contre, les producteurs reconnaissent l’accompagnement dont ils ont déjà bénéficié de la part du gouvernement. Certains comme Etienne Traoré ont reçu des semences améliorées, d’autres plus modestes ont bénéficié de charrues, d’animaux de trait …« ce sont les accompagnements du gouvernement qui veut aller encore plus loin », a déclaré le ministre Jacob Ouédraogo.

« Des chercheurs qui trouvent, on en trouve à FaraKôba »

Si les champs visités par le ministre et sa délégation ont une bonne évolution, cela est dû en partie à des hommes et femmes qui ont travaillé en amont pour dégoter les bonnes semences, expérimenter les bonnes pratiques culturales et former les agents d’encadrement des agriculteurs.

Situé à une dizaine de km de Bobo Dioulasso, le Centre agricole polyvalent (CAP) de Matourkou créé en 1963, a reçu la visite du ministre. Le directeur général du centre Dr Denis Ouédraogo qui a présenté le centre s’est surtout appesanti sur les difficultés notamment la vétusté des bâtiments.

L’hôte du jour qui a encouragé et félicité les enseignants et les étudiants qui évoluent dans des conditions difficiles, les a rassurés que la situation va s’améliorer. « On a un plan de développement avec les israéliens et les allemands. Nous travaillons déjà à réorganiser tout l’espace, la construction d’un amphithéâtre, avec une cité universitaire de 500 lits et l’espace pour la production et l’encadrement des étudiants sur toutes les spéculations aussi bien végétales que animales ».

De l’autre côté du bitume, se trouve la station de recherche de FaraKobâ où les chercheurs travaillent pour mettre au point les nouvelles pratiques et instruments pour le développement du monde rural. Foi du ministre qui a visité les différentes activités du centre, sur dix résultats trouvés au Burkina, huit viennent de Farakobâ. Visiblement heureux de ce qui lui a été donné à voir sur les stands dressés pour l’occasion, le ministre a déclaré que « des chercheurs qui trouvent, on en trouve à Farakobâ ».

Beaucoup de difficultés ont cependant été égrenées au ministre, allant du manque du personnel, au manque de moyens techniques. « Le manque de moyens ne nous surprend pas. J’ai encouragé les chercheurs à aller avec le peu de moyens et faire des miracles. Le gouvernement est conscient de cela, et nous cherchons les voies et moyens pour promouvoir la recherche qui est à la base du développement », a dit le visiteur.

Au gouvernorat de la région des Hauts bassins, Jacob Ouédraogo a rencontré les acteurs du monde rural avec qui il a discuté pour que le secteur agricole continue de jouer pleinement son rôle de moteur de l’économie nationale.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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