Depuis mars 2016, la mine d’or de Youga gérée par Burkina Mining Company (BMC) et détenue à 90% par Endeavour et 10% par l’Etat burkinabé, est passée aux mains du turc MNG Gold pour la coquette somme de 25.6 millions de dollars américains, soit près de 15 000 milliards de Francs CFA, au cours actuel du dollar. Un an plus tôt, la même société avait racheté à Golden Rim, le gisement aurifère de Balogo situé dans la région du centre-sud dont le minerai sera exploité à partir d’octobre 2016 et acheminé sur le site de Youga. Mais avant cela, le président de MNG, Serhan Umurhan a effectué le déplacement de Youga pour prendre langue avec les populations.

Doléances des jeunes

La rencontre a eu lieu chez le chef du village, le naaba Baongho. Après les salamalecs, le président du géant turc a fait remarquer à ses hôtes que le travail à la mine était stressant, mais que MNG Gold était heureux de partager les fruits de son labeur avec la communauté. Fortement représentés à cette rencontre, les jeunes du village ont par la voix de Nanga Achille, étudiant en 1re année de Philosophie, égrainé un chapelet de doléances. Construction de barrages et de forages, électrification du village, construction d’un centre de formation pour jeunes et personnes vivant avec un handicap, construction de routes reliant Youga à ses villages voisins.

Riverains d’accord, qualification d’abord

Pour toutes ces préoccupations, M. Umurhan s’est dit disposé à faire ce qui était en son pouvoir. Mais pour ce qui est de la cession d’un périmètre de la mine pour les activités d’orpaillage, le président de MNG a rappelé aux jeunes que cela ne relevait pas de son ressort et que dans le contrat qui le liait à l’Etat burkinabè, il n’était nullement question d’activités illégales. Idem pour ce qui est de favoriser le recrutement des fils de la communauté à un taux de 85% sur les demandes déposées. Pour MNG, il est clair que si deux personnes ont les mêmes qualifications, la mine préférera celle qui est plus proche d’elle. Le chef du village sera on ne peut plus clair sur le sujet : « les jeunes mêmes savent que la mine a besoin de personnes qualifiées. Si on a besoin d’un chauffeur qui a le permis on va le prendre. Si on a besoin par exemple de cinq mécaniciens et que dans le village il n’y en a pas, on va faire comment ? On ne peut pas contraindre la mine à prendre un jeune du village qui ne connait pas le travail ».

Remise de présents

Après les échanges, Serhan Umurhan a procédé à la remise de kits pour 500 familles. Chaque kit est composé d’un sac de cinq kg de riz, de deux boules de savon, de deux paquets de détergent, de deux paquets de sucre, de deux litres d’huile et d’une moustiquaire imprégnée. Un échantillon de kit scolaire a été également offert aux villageois en attendant le lot entier à la rentrée des classes, tout comme les années antérieures. C’est une tradition à Youga et l’assurance a été donnée aux populations que cela se poursuivra.

MNG Gold et la mine de Youga en bref !

Un point de presse animé par M. Umurhan a permis aux journalistes de mieux connaitre la société MNG, du nom de son propriétaire Mehmet Nazif Günal. C’est une société privée turque d’exploration et de développement aurifère présente en Turquie, au Ghana avec la construction d’un aéroport, au Libéria avec l’acquisition de deux mines d’or et au Burkina Faso avec la mine d’or de Youga. Construite en 2006 sur 19km2, cette dernière a coulé son premier lingot d’or en 2008. Et jusqu’en 2015, elle a contribué au budget de l’Etat à plus de 37 milliards de francs CFA. Après son rachat par MNG, la mine est toujours gérée par Burkina Mining Company, détenue à 90% par le géant turc. 19 expatriés y travaillent en ce moment et les Burkinabè représentent 95% du personnel. Et en tant qu’entreprise responsable, MNG compte, selon ses responsables, traiter les employés, la communauté riveraine, l’Etat burkinabè et les investisseurs sur un même pied avec respect. Son ambition, c’est de conquérir l’Afrique sub-saharienne.

Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net