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Massacre de civils en RDC : A quand la fin de l’épisode sanglant ?

Publié le mardi 16 août 2016 à 21h02min

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Massacre de civils en RDC : A quand la fin de l’épisode sanglant ?

Une fois de plus, le sang a coulé en République démocratique du Congo. Au moins 51 civils ont été tués dans la nuit du 13 au 14 août 2016 dans les quartiers périphériques de Beni, à l’Est du pays. La rébellion d’origine ougandaise des Forces démocratiques alliées (ADF) est pointée du doigt. Mais cette fois, la population dénonce un autre bourreau, son gouvernement incapable d’assurer sa sécurité face à ces drames à répétition.

Plusieurs chiffres sont avancés, 51, 42, 36, mais cela n’enlève à rien l’atrocité des tueries. En tous cas, des dizaines de personnes ont été tuées à coups de machettes et autres armes blanches, dans la nuit du 13 au 14 août dans la commune de Beni dans le Nord-Kivu.

Forces démocratiques alliées (ADF) est le groupe armé indexé. Créé en 1995 de la fusion de deux mouvements rebelles ougandais (ADF et Nalu pour Armée nationale de libération de l’Ouganda), le groupe a longtemps été soutenu par les services secrets soudanais et congolais, selon le rapport 2012 de l’International Crisis group (ICG). Ces rebelles qui luttent alors contre le régime ougandais prennent pour base les montagnes de la région frontalière de Beni au Nord-Kivu, dans l’est de la RD-Congo.

L’ADF-Nalu qui s’est par la suite rapproché des organisations islamistes radicales de la région est classé comme organisation terroriste par les États-Unis dès 2001. C’est en 2007 que le mouvement perd sa composante Nalu et se « congolise » selon une pression de l’ICG. Il mène ses premières offensives contre les Forces armées de la RD-Congo (FARDC) en 2010 et multiplie les actes d’extrême violence depuis 2014.

D’octobre 2014 à maintenant, ce sont 650 morts qui ont été enregistrés à Beni, et dont le groupe armé a à son triste compteur.

La nouvelle attaque a eu lieu 72 heures après une visite dans la région du président congolais Joseph Kabila. Le chef de l’Etat promettait de tout mettre en œuvre pour y « imposer » la paix et la sécurité. Un véritable pied de nez.

Non-assistance à population en danger

Le gouvernement a décrété trois jours de deuil national à partir du lundi 15 août. C’est donc un décompte macabre qui continue dans cette région du pays en proie depuis des décennies à des attaques entre rebelles et armée loyaliste, et encore plus triste entre rebelles et populations civiles désarmées.

Mais cette fois, la population refuse de pleurer ses morts, en attendant la prochaine attaque. Elle a décidé de donner de la voix et tient le gouvernement pour responsable. Incapable selon elle, d’assurer la sécurité d’une population qui paye le lourd tribut d’une instabilité dont elle est étrangère.

Certaines familles ont même refusé de placer leurs défunts à la morgue, préférant organiser leur deuil en privé et refusant que le gouvernement les enterre alors qu’il ne les avait pas sécurisés de leur vivant, a déclaré lundi un responsable de la société civile de Beni. Une décision qui en dit long sur le désarroi de milliers de personnes prises au piège dans leur propre pays.

Dès dimanche, une centaine d’habitants de Beni a exprimé leur colère en scandant des slogans hostiles au gouvernement et au président Kabila.
Surfant sur la vague, et dans un contexte d’effervescence politique où l’opposition et une partie de la population sont contre un prochain mandat du président Kabila, certains hommes politiques n’ont pas hésité à demander la démission du gouvernement.

Mais au-delà de la récupération politique, ce nième drame devrait interpeller les autorités, et la communauté internationale sur les limites de ses actions jusque-là expérimentées pour recoller les morceaux dans cette région déchirée par la violence depuis la fin de la deuxième guerre du Congo (1998-2003).

En effet, malgré, la présence de la Mission de l’ONU en RDC (Monusco) et des forces régulières, les groupes armés dictent leurs lois, volant, violant, brulant et décapitant les populations civiles. On comprend dès lors le dépit de cette population au nom de qui les organisations internationales et le gouvernement parlent pour mobiliser les fonds en vue d’une stabilisation. Elle est fatiguée de cette politique de saupoudrage qui consiste à se déplacer au lendemain de chaque massacre en hélicoptère, pour apporter soutien et réconfort aux survivants.

Beni serait-il en réalité maudit ? En tout cas, cette commune de l’Est de la RDC est un exemple que la situation de fragilité est une vache à lait de bien de groupes, pas forcément ceux qui sont visiblement armés.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 16 août 2016 à 21:22, par Le Fou En réponse à : Massacre de civils en RDC : A quand la fin de l’épisode sanglant ?

    A qui profite cet acte ? A Kabila ou à ses opposants ? Massacrer des innocents pour des intérêts égoïstes. Sachez une chose, ce qui vous attend est pire que tout mal qui puisse exister sur cette terre des humains. Je pleure déjà vos descendances qui vivront plus que le feu de l’enfer sur terre.

  • Le 19 août 2016 à 09:38, par BIRBA Piga En réponse à : Massacre de civils en RDC : A quand la fin de l’épisode sanglant ?

    Le Congo n’a pas encore fini de prendre son long bain de sang qui a duré une éternité !!! A l’issu duquel la population civile paie le prix de ce sale besogne. Non seulement ces civils souffrent de la boulimie de ses dirigeants écervelés mais aussi et surtout ces rapaces de pyromanes. Que de trop !! Je soutien l’initiative de ces victimes de prendre en main leur propre sécurité en attendant le jour ou chaque africain se rende compte que nous sommes tous des frères et sœurs de la même mère : l’ Afrique !! Envers qui nous sommes redevables en amour, l’amour le vrai avant d’oser prétendre au développement.

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