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Pr Charlemagne Ouédraogo : « Derrière la blouse blanche se cachent des faussaires »

Publié le vendredi 12 août 2016 à 04h00min

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Pr Charlemagne Ouédraogo : « Derrière la blouse blanche se cachent des faussaires »

Gynécologue-obstétricien, le Professeur agrégé d’université, Charlemagne Ouédraogo est un visage bien connu dans son domaine. Président du Conseil régional de l’Ordre des médecins de Ouagadougou, nous l’avons rencontré à l’issue de la première assemblée générale de l’ordre des médecins tenue le 6 août à Ouagadougou. Le bilan des activités du premier semestre de l’année 2016, l’état d’avancement des projets sociaux de l’ordre, la poursuite des faux médecins sont entre autres points abordés dans cet entretien.

Lefaso.net : Qui peut être membre de l’ordre national des médecins du Burkina ?

Charlemagne Ouédraogo : Pour être inscrit au tableau de l’ordre des médecins, il faut avoir un diplôme de docteur en médecine, il faut également être burkinabè ou ressortissant de l’UEMOA ou de l’espace CEDEAO, ou avoir le statut de coopérant ou de refugié. Voici les conditions stipulées par l’article 38 de la loi N°28 de l’année 2012 qui a été promulguée et qui montre comment s’inscrire au tableau de l’ordre. Une fois que vous remplissez ces conditions, il y a un cahier de charges que vous devez remplir. Il faut nous présenter un certain nombre de documents (votre diplôme de docteur en médecine ou le diplôme équivalent, votre casier judiciaire, le certificat de nationalité, etc.) pour constituer votre dossier et à l’issue de cela, le Conseil régional statue et accepte votre inscription au tableau de l’ordre et vous devez renouveler votre inscription de façon annuelle, à travers vos cotisations qui sont de 25 000 FCFA/an.

Lefaso.net : A ce propos, y a-t-il eu des cas où la demande d’inscription à l’ordre a été refusée à un médecin ?

Oui, il y a eu des situations où les diplômes se sont avérés faux. Nous avons refusé et des situations où vous n’êtes ni burkinabè, ni ressortissant de la CEDEAO, ni de l’UEOMA, vous n’avez pas de statut de coopérant ni de refugié. Même si votre diplôme est bon, vous ne pouvez pas appartenir au tableau de l’Ordre des médecins.
Lefaso.net : Egalement des cas où des médecins ont perdu leur statut de membre de l’ordre des médecins ?
A ma connaissance, non ! Depuis que nous sommes à la tête du conseil, il n’y a pas eu quelqu’un qui est passé au conseil de discipline et qui a perdu son statut.

Lefaso.net : A ce jour, combien de médecins sont inscrits sur le tableau national ?

Le tableau qui va paraître bientôt, aura environ 2 400 médecins sur le plan national. Ce n’est pas très exact parce que, dans les régions, comme chaque président est autonome, il y a également des inscriptions. Pour notre tableau de la région ordinale de Ouagadougou, ce sont 1 416 médecins qui sont inscrits, à la date de l’assemblée générale. Ce sont 1 416 médecins qui vont voir paraître leur nom sur le tableau, que nous allons publier dans les jours à venir.

Lefaso.net : Le 6 août 2016, l’Ordre national des médecins du Burkina Faso a tenu sa première assemblée générale de l’année. Quels sont les points qui ont été abordés au cours de cette rencontre ?

D’abord, nous avons fait deux communications. La levée de rideaux sur les projets sociaux, notamment l’assurance maladie et le dossier baptisé « cité du médecin ». Il s’agit d’un projet qui vise à doter chaque médecin, surtout les plus jeunes, d’un logement. Le deuxième point, il s’agissait de dresser le bilan des activités réalisées au cours du premier semestre et puis, aborder le chapitre des divers. Voici les trois articulations qui ont ponctué cette assemblée générale.

Lefaso.net : Concernant la cité du médecin, où en êtes-vous à ce jour ?

Pour la cité du médecin, nous avons inclus deux nouveaux opérateurs dans le panier comme nous l’ont recommandé le ministère de l’habitat et les médecins. Nous avons commencé avec CGE qui nous a présenté un bon projet avec la « Cité Yennega » et aussi Bassinko. Nous avons ajouté Abdoul Services qui est un autre opérateur et la société Expertise. Ce sont ces trois opérateurs qui sont en train de travailler avec nous, pour nous faire une présentation de quelque chose qui convienne aux médecins.

Nous avons également travaillé avec des établissements financiers notamment la SGBF, la BICIAB, Coris Bank et la banque de l’habitat, qui sont en train de travailler avec nous, pour nous faire une offre de groupe. Nous avons évité la démarche individuelle parce que ça coûtera cher aux médecins. Lorsqu’on va de façon groupée, ça permet de réduire, de mutualiser les risques et d’avoir plus d’avantages que la démarche individuelle. Et donc, même aujourd’hui, nous avons une séance de travail avec Coris Bank et la société Expertise sur ce dossier. C’est quelque chose que nous voulons vraiment voir opérationnaliser à partir de janvier 2017 et que les souscriptions puissent commencer, pour que chaque médecin puisse cotiser pour avoir un logement dans la ville de Ouaga ou les environs.

Lefaso.net : Qu’en est-il de l’assurance maladie ?

Pour l’assurance maladie, là aussi, nous avons réalisé une étude de faisabilité avec des différents scénarii qui ont été présentés aux médecins. Le gouvernement a lancé l’avènement de l’assurance maladie pour le Burkina mais nous, nous avons commencé cela depuis et nous avons demandé aux médecins, d’analyser les différentes propositions de sorte à ce que nous puissions mettre en place la mutuelle de santé, et s’ il y a un début de mise en œuvre de l’assurance maladie du gouvernement, que ce que nous avions prévu soit complémentaire de sorte à ce que le médecin soit entièrement couvert.

C’est l’ONG ASMADE qui nous a fait cette étude de faisabilité et qui nous a également présenté les différents scénarii possibles et le montant de la prime à payer par médecin, puisque nous avons considéré la cellule de six personnes ; c’est-à-dire, le médecin, son épouse et éventuellement, trois enfants à prendre en charge. Et ça correspond à une prime que chaque médecin devra payer de façon annuelle et on a présenté les différents scénarii possibles : le scénario où c’est le médecin, sa femme, plus deux enfants ; le scénario où c’est le médecin, sa femme, un enfant. Mais on s’est dit globalement, le médecin, sa femme et trois enfants, ça pourrait être intéressant parce que nous sommes en Afrique, où souvent, on a des enfants dans la maison qui ne sont pas vos enfants biologiques mais dont vous avez la charge.

Ce serait intéressant qu’on aille jusqu’à la cellule de cinq personnes. Ce projet coûte beaucoup de millions, les médecins vont réfléchir et on se réunira autour du conseil national pour prendre le meilleur choix et demander aux médecins de souscrire pour pouvoir avoir une couverture sanitaire parce qu’aujourd’hui, si un médecin est malade, il sort l’argent de sa poche. On a trouvé que c’est difficile et on a eu des cas malheureux, où nous étions obligés d’utiliser notre fonds de solidarité pour pouvoir venir en aide aux médecins mais ça aussi, c’est de façon ponctuelle et on souhaite que ça se règle autour d’une assurance maladie.

Lefaso.net : Revenons aux projets sociaux, comment s’est faite la mobilisation des Fonds, étant donné que l’Ordre fonctionne sur la base des cotisations des médecins ?

Pour la mobilisation des Fonds, les médecins vont payer sur la base de leurs revenus, leur salaire. C’est pour cela qu’aller individuellement, vous ne pourrez pas rêver avoir un logement. A partir des cotisations, nous essayerons de voir comment dégager un fonds de garantie, pour faire en sorte que ça puisse diminuer un certain nombre d’agios et autres frais bancaires , ce qu’on appelle les « faux frais » ; et aussi , que la banque ne demande pas au médecin de déposer une garantie pour avoir son prêt logement et pour obtenir des taux très réduits en raison de la teneur du groupe. Sinon, il n’y aurait pas un apport financier extérieur. C’est sur la base des revenus des médecins. On aura donc des logements taillés selon la catégorie du médecin et sa capacité financière. Comme on est en nombre important, on pourra faire de la péréquation en ce qui concerne les risques.

Lefaso.net : Quelle appréciation l’assemblée générale a faite de vos activés et quelles sont les recommandations qui ont été faites ?

Nous faisons une bonne appréciation parce que nous avons pu réaliser les activités qui étaient prévues à 92 ,30%. C’est une note de satisfaction. Le reste des activités qui n’ont pas été réalisées, notamment deux, vont connaître une réalisation avant le mois d’octobre. Les recommandations, c’est qu’on accélère la publication du tableau. On avait connu un retard en raison de perturbations du fichier, c’est presque bouclé et nous allons très vite rentrer en imprimerie et le publier sur internet. L’autre recommandation, c’est la poursuite des dossiers judiciaires. D’ailleurs ce matin, sur mandat de l’assemblée générale, j’étais au palais pour rencontrer le premier substitut du procureur en vue d’avoir des informations sur l’ensemble des dossiers judicaires en souffrance, notamment la poursuite des faux médecins. Ce matin, j’ai eu les informations que nous allons après, porter à la connaissance des médecins.

Lefaso.net : Parlons des « faux médecins », comment expliquez-vous leur présence dans le milieu ?

C’est assez difficile. C’est du faux. C’est comme si vous me demandez comment expliquer la présence d’un voleur à Ouagadougou. C’est exactement la même chose .C’est une autre façon de voler mais voler en faisant mal. C’est un phénomène que nous ne maîtrisons pas, nous essayons au maximum de resserrer nos liens pour avoir les informations sur tous ceux qui exercent la médecine, afin de pouvoir déceler du faux. C’est comme ça que nous avons pu justement déceler un certain nombre de faux qui se sont glissés et qui exerçaient la médecine à l’insu de la population et des médecins. Derrière la blouse blanche, se cachent souvent des faussaires et nous appelons à la vigilance de tout le monde, que ce soient nos confrères ou la population, pour qu’on nous signale toute situation anormale afin que nous puissions investiguer et signaler cela au procureur qui va poursuivre.

Lefaso.net : A ce jour, combien de faux médecins avez-vous recensés et combien sont soumis à des procédures judiciaires ?

Il y a eu le dossier Chérif Dabo. Chérif Dabo a été jugé en première instance, il a été condamné et reconnu coupable des faits d’usage de faux, notamment de faux diplôme de docteur en médecine, d’usurpation de titre de médecin et d’exercice illégal de la profession de médecin. Il a été condamné à 24 mois ferme, à payer 40 millions à l’ordre des médecins et une interdiction de séjour de 10 ans parce que ce n’était pas un Burkinabè. Il a obtenu la liberté provisoire à la date du 13 février 2015 à la cour d’appel, sur présentation d’un faux certificat médical signé par un autre faux médecin qui s’appelle Mahamadi Ouédraogo et qui sera bientôt jugé, parce qu’il avait été écroué à la MACO (Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou) depuis près d’un an.

Chérif Dabo quant à lui, a pris la poudre d’escampette, il est parti hors du Burkina. Il n’a pas purgé sa peine et n’a pas payé ce qu’il devait à l’ordre des médecins, parce qu’il a vu plus de 3 000 personnes qui ont des ordonnances graves que nous devrions rechercher pour corriger les soins. Malheureusement, nous n’avons pas pu avoir ce qui devait être payé pour que nous puissions rechercher ces gens, puisque l’ordre des médecins n’a pas de fonds spéciaux pour ça.

Après lui, il y a le cas Mahamadi Ouédraogo, celui qui aurait signé le faux certificat médical de Chérif Dabo. Mahamadi Ouédraogo a fait 15 ans dans la fonction publique avec un faux diplôme de docteur. Il va être bientôt jugé.
Il y a eu le dossier Mamadou Dicko, un faux anesthésiste qui voulait se faire recruter à l’hôpital Blaise Compaoré avec un faux diplôme d’anesthésie qui proviendrait du Gabon. Le Gabon a authentifié que c’est faux, un faux diplôme de médecine du Togo, là aussi, c’est faux. Il a été écroué et placé en dépôt depuis décembre et là, nous attendons qu’il y ait une instruction. On ne nous a pas encore convoqués. Nous attendons de savoir ce qui va se passer pour Mamadou Dicko, est- ce qu’il est toujours en prison ou pas, je ne sais pas.

Il y a un autre cas qui va être jugé le 19 de ce mois, parce que le dossier a été renvoyé cinq fois. C’est un faux médecin qui va être jugé. Il y a un faux cardiologue que nous poursuivons également, je tairais son nom. Nous avons signalé son nom ce matin au procureur et le procureur va nous gérer cette affaire.

On a déposé également une plainte contre des brouteurs qui ont usurpé des identités de gynécologues pour escroquer des européens. On ne les connait pas, mais nous avons déposé la plainte parce que nous avons été saisis par les victimes et nous avons jugé nécessaire de signaler au procureur. C’est en moyenne deux faux médecins par an, depuis que nous sommes à la tête du Conseil régional de l’ordre des médecins de Ouaga. A ce jour, nous avons sept dossiers en justice.

Lefaso.net : Comment comptez-vous assainir le milieu ?

C’est à travers l’information que nous diffusons par toutes les opportunités que nous avons, puisque nous avons développé un plan de communication envers la population, mais ça coûte cher. Nous n’avons pas de moyens. On essaie d’utiliser des opportunités qui se présentent pour envoyer un certain nombre de messages et dire à la population, de saisir l’ordre des médecins pour signaler toute situation anormale .Cela nous permet de mener des enquêtes et de signaler au procureur, pour que des investigations plus appropriées soient réalisées. Nous tenons nos assemblées et nous diffusons aux médecins, l’ensemble des textes qui régissent l’exercice de la médecine pour que les médecins puissent se comporter de façon correcte et ne pas avoir des comportements qui prêtent à confusion avec un faux médecin.

Lefaso.net : Comment appréciez-vous l’application de la gratuité des soins chez les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes ?

Déjà, la mesure en elle-même est salutaire, parce c’est une mesure qui vient à point nommé. Il y a beaucoup de personnes démunies qui décèdent ou qui ont des complications parce qu’elles n’ont pas de moyens financiers pour faire face aux frais occasionnés par leurs maladies. Nous saluons la décision de cette mesure de gratuité qui vient en faveur des femmes et des enfants de moins de 5 ans. Quant à sa mise en œuvre qui est au début, il y a certainement des difficultés rencontrées mais qui n’enlèvent en rien, la justesse de cette mesure qui est une mesure salutaire.

Et le ministère de la santé, mène régulièrement des concertations avec les acteurs de terrain pour corriger les imperfections et faire en sorte qu’il n’y ait pas de rupture de stock de médicaments, et que les praticiens s’habituent aux outils car il y a beaucoup d’outils à manipuler et comme c’est nouveau pour le personnel, on a souvent des imperfections en rapport avec la manipulation des outils, en rapport avec l’engouement au niveau des points de cession des médicaments. Vous allez voir une longue queue parce que chacun tient sa fiche, donc les structures qui offrent les soins sont en train de s’organiser pour développer plusieurs points pour réduire le temps d’attente pour se faire servir un médicament dans le cadre de cette mesure, mais une évaluation à mi-parcours va certainement relever les insuffisances avec des propositions d’améliorations.

Lefaso.net : Comment appréciez-vous la répartition des médecins au plan national ?

Il y a un audit à ce niveau avec le ministre de la santé le 12 août 2016. Le ministre présentera à cette occasion, la cartographie du personnel soignant sur toute l’étendue du territoire national, assortie de ses recommandations, pour le redéploiement et les nouvelles affectations, afin qu’il y ait une répartition assez homogène et équitable. J’apprendrai certainement beaucoup de choses en même temps que vous, sur cet audit là, qui viendra nous rappeler qu’il faut beaucoup travailler au redéploiement des ressources humaines pour les amener là où les populations en ont le plus besoin.

Lefaso.net : Quelles sont vos attentes vis-à-vis de l’Etat ?

Nos attentes vis-à-vis de l’Etat, c’est d’abord relire la loi portant création de l’ordre des médecins. C’est vrai qu’elle n’a pas encore connu une longue période d’application, mais nous pensons qu’il y a un élément essentiel qui doit être inclus dedans, voilà pourquoi nous parlons de relecture ou qu’il y ait un amendement à cette loi ; c’est-à-dire, qu’il faut doter l’ordre des médecins , des moyens conséquents directement prévus dans la loi, à l’image du Conseil National des Droits Humains (CNDH).
L’ordre est membre et le CNDH a des moyens financiers prévus déjà dans la loi et ils seront audités par la Cour des comptes pour ce qu’ils feront comme action publique avec cet argent. Et nous pensons que l’ordre des médecins doit également bénéficier de tels financements et être audité par la Cour des comptes et rendre compte de ce que cet argent sera utilisé pour travailler.

Aujourd’hui, nous traquons les faux médecins avec seulement l’argent issu des cotisations des médecins au moment où les médecins se battent pour qu’on améliore leurs conditions de vie. S’il faut demander aux médecins de cotiser pour prendre des actions pour protéger la population, je crois que c’est leur demander d’assumer ce qu’il ne leur revient pas. C’est une responsabilité régalienne de l’Etat burkinabè, et l’ordre des médecins est là pour apporter un appui. Nous pensons qu’il faut donner les moyens financiers à l’ordre pour lui permettre d’assainir le milieu afin qu’il n’y ait pas de faussaires, et faire également en sorte que les médecins puissent être formés régulièrement et de façon continue afin d’être à jour sur le plan des connaissances et des compétences. Ça aussi, on a demandé à l’ordre de l’assumer, mais l’ordre n’a pas les moyens de le faire. C’est pour cela que nous attendons de l’Etat que cette partie soit revue ou si la loi ne peut pas être relue, qu’on trouve des moyens conséquents pour que l’ordre des médecins puisse mener à bien sa mission car nous avons des difficultés en raison de l’insuffisance des moyens financiers.

Ensuite, nous attendons également que l’Etat examine les conditions de vie des médecins de façon particulière. Nous pensons qu’un médecin qui exerce sous la contrainte, il est dangereux pour lui et pour ceux qu’il soigne. Et l’une des contraintes du médecin est sa contrainte financière pour mieux se loger, mieux se nourrir et s’assurer sur le plan santé. Si un médecin arrive à résoudre ces problèmes essentiels, nous pensons qu’il va exercer sa médecine sans contraintes en toute quiétude.
Et la question du logement se pose. Aujourd’hui, vous vous rendez compte que nous utilisons des astuces, des initiatives pour aider le médecin à avoir un logement, ce qui n’est pas évident.

Aussi, le niveau salarial du médecin ne lui permet pas de faire sa formation continue, ne lui permet pas de construire un logement, ne lui permet pas de vivre correctement. C’est un cri de cœur. L’ordre des médecins n’est pas un syndicat mais nous faisons un plaidoyer pour que l’Etat puisse travailler à améliorer les conditions de vie du médecin pour qu’il puisse régler un certain nombre de choses et qu’il n’exerce pas sous la contrainte.

Enfin, ce que nous attendons de l’état, c’est une accélération de l’amélioration des infrastructures hospitalières ; c’est-à-dire, faire en sorte qu’il y ait des conditions de travail qui soient plus améliorées et qu’il y ait encore plus d’hôpitaux, notamment dans les districts. Qu’à l’image du nouvel l’hôpital du secteur 30 qui sera bientôt inauguré, nous souhaitons que ce type d’infrastructure soit dans la plupart des districts et que les populations puissent rester à proximité de leurs maisons et bénéficier des soins au lieu de traverser toute la ville pour se rendre à l’hôpital Yalgado, qui aujourd’hui, ne s’en sort pas car beaucoup de gens brûlent toutes les étapes pour y parvenir, pour recevoir des soins. Nous attendons essentiellement ça de l’Etat. Sur ces trois points, que l’Etat essaie de faire quelque chose, tout en nous disant que l’Etat, c’est nous aussi.

Lefaso.net : Un dernier mot à nos lecteurs !

Nous demandons à la population de nous excuser, d’excuser les médecins pour toutes les imperfections et les rassurer que l’ordre des médecins travaille d’arrache-pied pour améliorer les prestations des médecins au Burkina Faso et qu’ils ont le droit de faire encore confiance aux médecins, car il y a un ordre qui travaille pour que chaque médecin puisse se comporter correctement. Nous leur demandons aussi de nous signaler toutes les imperfections qu’ils viendraient à subir ou à rencontrer dans le cadre de l’exercice de la médecine, afin que nous puissions interpeller les tenants et les aboutissants pour améliorer les prestations à l’avenir.

Entretien réalisé par Nicole Ouédraogo
Anaïs Moné (Stagiaire)
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