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Promesses du gouvernement : L’ANEB veut des preuves écrites

Publié le vendredi 13 mai 2005 à 10h08min

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Depuis fin avril, l’ensemble des étudiants sont en grève pour la satisfaction de la plate- forme revendicative de l’ANEB et la résolution des problèmes de l’UFR/SDS. Après l’abrogation du contingentement en médecine et pharmacie, pourquoi la reprise des cours n’est-elle pas effective ?

Le président de l’ANEB, Ali Sanou, dans cette interview, précise les blocages et évoque aussi les raisons des troubles dans les cités universitaires à cause de la mise en place des corporations.

"Le Pays : La principale revendication des étudiants de l’UFR/SDS a été satisfaite, c’est-à-dire l’abrogation de l’arrêté portant contingentement. Pourquoi jusque-là, vous n’appelez pas vos camarades à reprendre les cours ?

Ali Sanou : Il convient d’abord de préciser que nous sommes allés en grève pour exiger la satisfaction de la plate-forme d’action de l’UFR Sciences de la santé et l’examen sérieux de la plate-forme revendicative de l’ANEB. En réalité, pour l’UFR/SDS, c’est un point qui a été satisfait, à savoir le contingentement en 2e année médecine et pharmacie. A ce sujet, nous avons tenu une assemblée générale la semaine dernière pour faire le point de la lutte. A l’issue de la rencontre, les étudiants ont décidé que pour lever le mot d’ordre de grève sur le campus, il fallait l’élaboration d’un document par les autorités qui sera signé par l’ANEB pour préciser les engagements pris. Cela se justifie par le fait que plusieurs problèmes avaient déjà fait l’objet de promesses.

Cette année, lorsque nous avons exigé qu’elles soient respectées, les autorités nous ont demandé de produire des preuves en l’occurrence des documents. Nous disons donc que nous n’allons pas retomber dans les mêmes erreurs. Des promesses ont été faites. Et comme nous savons qu’avec le ministre Laya Sawadogo, on ne signe jamais de procès-verbal de réunion, nous exigeons que les points d’accord soient codifiés dans un document.

Aujourd’hui, quelles sont les questions qui doivent être matérialisées par écrit ?

Dans la plate-forme d’action de l’ UFR/SDS, il y a d’abord les problèmes relatifs aux indemnités de stage. A ce niveau, les autorités nous ont fait savoir que ce point était à l’étude et que bientôt au ministère de la Santé, des solutions seraient trouvées. Dans ce volet, il faut mentionner l’allocation d’une indemnité pour le stage terrain des techniciens supérieurs de la santé, 3e année (TSS3).

A ce propos, nous attendons un écrit du ministère. Il y a ensuite l’élaboration de textes consensuels sur le statut de l’ étudiant dans le centre hospitalier universitaire (C.H.U). Là également, on nous a fait savoir qu’ils étaient en cours d’élaboration au niveau du ministère de la Santé et qu’ils pourront être amendés par les représentants des étudiants. Par rapport au concours d’internat, la promesse a été faite de le réouvrir en décembre prochain. Pour le stage en milieu rural (6e année de médecine et 4e pharmacie), l’assurance nous a été donnée de le maintenir pour les années à venir.

L’ANEB est également accusée de vouloir installer par force des corporations dans les cités universitaires. Et cela a créé des troubles. Que dites-vous pour votre défense ?

Nous avons l’occasion dans cette tribune de dire ce qui s’est réellement passé. On a lu dans la presse que les résidents s’opposaient à des corporations ANEB dans les cités universitaires. Je tiens à préciser qu’en aucun moment, l’ANEB ne va obliger quelqu’un à militer dans une section. Il se trouve que dans les cités, les étudiants ont d’énormes problèmes pour lesquels ils doivent s’organiser afin de trouver des solutions idoines. Le DG du CENOU a vite fait d’interdire la mise en place de ces corporations en disant qu’il y avait des textes en la matière. Pourtant, au jour d’aujourd’hui, aucun texte n’empêche une structure d’installer ses corporations dans les cités. La preuve, des associations ont même devancé l’ANEB.

C’est le cas du MEFA. Alors, pourquoi cette politique de deux poids deux mesures ? Ensuite, il faut dire que les résidents ne sont pas opposés à cela. Le jeudi dernier, nous avions ciblé 5 cités et nous avons pu installer effectivement 3 corporations à savoir Gounghin, Tampouy et SIAO. A Zogona , cela n’a pas été possible parce qu’entre- temps, il y avait des problèmes à la Patte d’Oie.

Justement, qu’est-ce qui s’est passé réellement à la Patte d’Oie où il y a eu des courses poursuites entre étudiants ?

Nos camarades sont venus à la cité universitaire de la Patte d’Oie pour mettre sur pied la corporation comme partout ailleurs. Et ils ont eu en face un groupe de voyous et de délinquants composés majoritairement de non étudiants. A la tête de ce détachement se trouve un certain Sawadogo Idrissa dit Oxon qui totalise maintenant près de 6 ans en cité. Il a logé à Zogona et maintenant il est à la Patte d’Oie. Or les textes (puisque le DG de CENOU semble être très frileux en matière de respect de textes) n’autorisent que 2 années de vie en cité. On se demande alors quelles sont les relations dont dispose cet individu pour bénéficier de telles faveurs.

Mais, nul n’est dupe et au niveau de l’ANEB, nous disons que c’est cela aussi l’origine de la violence. Ce sont des individus à la solde des autorités et qui étaient chargés de recruter des loubards pour agresser nos camarades. Ce jour-là, ils étaient armés de gourdins et de poignards. Nos camarades ont alors évacué la cité, comme ils le demandaient, tout en y laissant leurs engins.

Au retour pour récupérer leurs motos, ils ont été attaqués et nous leur avons dit de se défendre. Les courses-poursuites dont vous parlez se sont engagées entre nos camarades et les voyous qui les ont agressés. Cependant nous avons mis la main sur 4 personnes à savoir, un étudiant en 1re année sciences juridiques et politiques, 2 élèves et un vigile. Qu’est-ce que des élèves et des vigiles ont à voir dans l’installation de corporations en cités ?

Vous dites également avoir arrêté des loubards à l’université le lundi 09 mai dernier...

Effectivement, l’ANEB avec l’ensemble des étudiants a mis la main sur 5 loubards qui ont été remis à la gendarmerie. Qui les a recrutés ? Nous pensons savoir qu’à l’assemblée générale de la coordination des associations, il y avait des loubards qui étaient sur les lieux ce jour-là. Et certains ont été retrouvés dans le groupe qui nous a rendu visite le lundi 09 mai sur le campus. Sur cette base, nous arrivons à la conclusion qu’il s’agit du même recruteur.

Quelle est la pomme de discorde entre l’ANEB et cette coordination des associations ?

Ecoutez, il suffit aujourd’hui que l’ANEB aille en mouvement pour que toutes ces associations se mettent en branle ! Nous n’ avons pas de problèmes avec quelqu’un parce que nous allons en lutte pour l’amélioration des conditions de vie des étudiants. Ces associations sont libres d’appeler nos camarades à reprendre les cours au regard de leur analyse de la situation. Cela n’engage qu’elles. L’ANEB aussi est libre d’appeler les étudiants à poursuivre la grève.

Alors, quand nous lançons notre mot d’ordre et que les étudiants le respectent, ce n’est pas normal que ces associations recrutent des délinquants pour instaurer la terreur sur le campus. Nous n’allons pas attendre de voir nos camarades blessés avant de réagir. La preuve de la responsabilité du mouvement d’ailleurs, c’est que les loubards arrêtés ont été remis à la gendarmerie.

Propos recueillis par D. Parfait SILGA
Le Pays

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