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Etats-Unis et reste du monde : La guerre économique aura-t-elle lieu ?

Publié le jeudi 12 mai 2005 à 08h27min

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Le XXIe siècle s’annonce comme celui des batailles économiques à l’échelle mondiale. C’ est dans ce cadre qu’il convient de situer le récent sommet arabo-sud-américain de Brasilia. Il a réuni du 10 au 11 mai 2005, dans la capitale brésilienne, 34 Etats arabes et latino-américains qui entendent jeter les bases d’un nouveau partenariat Sud-Sud.

Bien que les questions politiques de l’heure comme la transition en Irak, la situation palestinienne ou syrienne semblent dominer les débats, il faut être un myope pour perdre de vue les vrais enjeux de ce sommet.

Ce sommet s’apparente en fait à une coalition des pays en présence contre les intérêts des Etats- Unis. En répondant " non et oui" à une question de journalistes qui lui demandaient si l’objet de leur rencontre était de contrer l’influence économique américaine, Hugo Chavez, le président vénézuélien n’a pas écarté cette éventualité. Mais c’est surtout au Moyen et Proche-Orient où ils appliquent la politique du "diviser pour mieux régner" que les Américains sont attendus.

Du reste, la résolution finale condamne toute forme d’occupation d’un Etat par un autre. Ce qui rend moins étonnantes les absences à Brasilia de pays comme l’Egypte, le Maroc ou la Jordanie.

Mais qu’à cela ne tienne, le rapprochement entre l’Amérique Latine et les Etats arabes en vue d’un nouveau pôle dans les échanges internationaux est en lui même une bonne chose. En ce sens que cela permettra de réduire l’écrasante domination américaine dans le commerce mondial au détriment des pays en voie de développement.

A ce niveau, l’engagement de certains dirigeants politiques latino-américains comme Lula Da Silva du Brésil ou Hugo Chavez du Venezuela, qui affichent leur indépendance vis-à-vis des USA, peut constituer un motif de galvanisation pour les pays arabes dont les ressources pétrolières sont prises en otage par des multinationales anglo-saxonnes avec la complicité de certains régimes monarchiques peu soucieux de l’intérêt de leurs peuples.

La lutte contre la présence outrancière des Etats-Unis au Proche et Moyen-Orient n’est cependant pas impossible, même si la situation des Etats de la région semble délicate du fait que les dirigeants et les citoyens ne sont pas sur la même longueur d’onde. A cela, il faut encore ajouter la duplicité de certains membres de la Ligue arabe.

Toutefois, l’histoire a toujours démontré qu’à chaque fois que des peuples s’ engagent résolument dans un combat, ils finissent par être récompensés. A ce propos, les résultats arrachés par le monde arabe suite au sommet d’Alger en 1973 tendant à utiliser le pétrole comme moyen de pression en vue d’infléchir les rapports inégaux entre Nord et Sud, sont illustratifs. Tout est donc une question de volonté politique et de détermination. Dans ce contexte général d’élaboration de stratégies économiques du Sud, l’on peut s’intéresser au cas de l’Afrique.

Elle a été aussi partie prenante en avril dernier au sommet Afrique-Asie de Djakarta en Indonésie, une rencontre qui intervient 50 ans après celle de Bandung en 1955. Cette dernière avait réuni les dirigeants asiatiques et les leaders africains de l’époque. Bandung visait à affirmer le non alignement des Etats concernés sur les idéologies capitaliste et communiste.

Aujourd’hui, la lutte idéologique n’est plus d’actualité avec la disparition du bloc soviétique dans les années 1990. Les préoccupations des nations de nos jours sont d’ordre économique. Dans cette optique, on peut s’interroger sur la capacité des pays africains à faire face aux défis du monde actuel. La question se pose d’autant plus que le continent éprouve de réelles difficultés à concrétiser un projet comme le NEPAD qui était censé permettre aux Africains de participer activement aux échanges intercontinentaux et d’affirmer leur indépendance économique et politique.

Ce constat de quasi-échec trouve son explication dans un certain nombre de faits. Il y a d’abord la guerre de paternité qui s’est engagée dès le départ entre les chefs d’Etat chargés de piloter le projet. Ensuite vient l’ absence d’environnement politique et juridique fiable. A cela s’ajoute, enfin, l’appel fait au secteur privé occidental sans véritablement se soucier au préalable de l’apport du secteur privé africain. Il est insensé d’afficher sa volonté d’indépendance en comptant sur l’ aide d’autrui.

Si le continent noir ne veut pas demeurer en marge de la mondialisation, il est peut-être temps pour lui de se ressaisir. En tout état de cause, avec la participation ou non de l’Afrique aux négoces de la planète, les prémices d’une bipolarisation, voire d’une multipolarisation du monde est en marche. Avec le sommet de Brasilia, c’est un pas supplémentaire qui vient d’être franchi.

Le Pays

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