Validation du PNDES : Une croissance économique de 8,5% en moyenne attendue

Après les assises nationales des 20 et 21 juin 2016, où la version provisoire du projet de document du Plan national de développement économique et social (PNDES), a été examinée et amendée, les membres du Comité d’orientation et de supervision (COS) dudit programme, ont tenu une rencontre ce lundi 11 juillet 2016 pour sa validation.
Présidée par le président du COS, le Premier ministre Paul Kaba Thiéba, la réunion de ce jour a porté sur la validation du projet de document du PNDES avant son introduction en conseil des ministres. Financé par les ressources propres de l’Etat à hauteur de 60,4%, le coût global de la mise en œuvre du programme s’élèverait à environ 15 000 milliards de francs CFA sur la période 2016-2020.
Au moins 50 000 emplois par an, la baisse de l’incidence de la pauvreté à moins de 35%, la réalisation d’une croissance économique moyenne de 8 ,5% par an : ce sont les indicateurs d’une mise en œuvre réussie du PNDES. Et ils étaient tous présents, représentants du gouvernement, des collectivités territoriales, du secteur privé, de la société civile et des partenaires techniques et financiers, pour la validation du projet de document du PNDES.

Membres du Comité d’orientation et de supervision (COS), Il était surtout question pour eux de s’assurer que la présente version du document, qui sera le référentiel de la politique économique et sociale du gouvernement au cours du quinquennat du président Roch Kaboré, a bien intégré les observations et amendements formulées lors des assises nationales.
S’inscrivant dans le cadre du programme présidentiel, l’objectif du PNDES est de : « transformer structurellement l’économie burkinabè, pour une croissance forte, résiliente, inclusive et créatrice d’emplois décents pour tous ». Le programme est axé sur « une nouvelle dynamique de transformation des structures économiques, démographiques et sociales, générant des effets multiplicateurs cumulatifs et durables sur l’amélioration de la croissance du revenu moyen, la satisfaction des besoins fondamentaux, la réduction de la pauvreté, le relèvement du niveau de développement des capacités humaines, la viabilité environnementale et l’équité sociale ».
Le PNDES, un document consensuel
Pour le président du COS, cette réunion a donné l’occasion d’avoir un dialogue fructueux et d’aboutir à un document validé par l’ensemble des parties prenantes. « Ce document reprend essentiellement les objectifs du programme présidentiel. On a un document qui permettra, à travers sa mise en œuvre, de sortir notre pays de la stagnation, du cycle de la pauvreté, de mettre le pays sur un sentier de croissance vraiment forte. La croissance qui est projetée est de l’ordre de 8,5% en moyenne au cours du quinquennat afin de rompre définitivement avec le cycle de la pauvreté » a signifié le Premier ministre Paul Kaba Thiéba.
Dans cette dynamique, le représentant des partenaires techniques et financiers a indiqué que le document qui leur a été présenté est un document de qualité, d’autant plus qu’il reste un document stratégique. Au niveau sectoriel, chaque ministère devra élaborer sa politique sectorielle pour la mise en œuvre du PNDES. « Nous apprécions également la manière dont le document a été préparé, c’est un document inclusif qui prend en compte toutes les couches socio-économiques du Burkina » a indiqué Cheik Kanté, représentant résident de la Banque mondiale et chef de file de la Troïka.
Des observations pour améliorer la qualité du PNDES

Se réjouissant de l’intégration de leurs commentaires relatifs aux normes uniformes dans le domaine de l’agriculture, l’urbanisme, l’habitat, la sécurité, la gouvernance locale, les partenaires techniques et financiers se sont interrogés sur le réalisme et la cohérence des projections macroéconomiques. « En effet, par rapport à la version de juin 2016, la version actuelle anticipe un scénario de croissance plus ambitieux (avec une croissance moyenne de 8,5% contre 7,3%). Ainsi, la croissance sous-jacente est encore plus éloignée du scénario proposé par le FMI d’environ 6%. Avec un seul changement dans les hypothèses de croissance que nous avons noté, qui est une augmentation de la production des céréales d’environ 5,7% à 6,3%, il est impossible que cela puisse induire une croissance économique assez forte. L’expérience acquise lors de la mise en œuvre de la stratégie agricole nous commande qu’une telle élasticité de la production agricole-croissance économique ne soit réalisable à court terme » a expliqué Cheik Kanté, représentant de la Troïka des partenaires techniques et financiers.
Pour la ministre de l’économie et des finances, Rosine Sori /Coulibaly, il faut un mix de financement pour développer des pays comme le Burkina. Le développement doit aller avec un équilibre du cadre macroéconomique. S’appuyant sur les réunions de printemps du FMI, la ministre de l’économie indique : « il est ressorti que tant que les instruments actuels qui existent au niveau de la communauté internationale ne tiennent pas compte de la réalité de nos pays et qu’on veut nous niveler vers le bas, nous n’allons pas avancer » a dit Rosine Sori/Coulibaly.
A cet effet, la ministre de l’économie souligne que toutes les études qui ont été menées, ont montré que pour inverser durablement la pauvreté, il faut un taux de croissance moyen soutenu de 7% /an. « C’est pour ça que dans le premier document, nous avons effectivement affiché ce taux de croissance et on s’était rendu compte qu’il était en deçà des ambitions déclinées dans le programme présidentiel. Nous pensons qu’on ne peut pas afficher un taux de croissance de 6% si nous voulons durablement inverser la tendance actuelle et la situation de 40% d’incidence de pauvreté dans ce pays » a-t-elle renchéri.
Ainsi, la ministre en charge de l’économie précise qu’un dialogue sera engagé avec les partenaires techniques et financiers. « Nous sommes d’avis qu’il ne faut pas déséquilibrer ce cadre que nous voulons stable, mais nous pouvons nous permettre en matière de politique économique, d’avoir un déséquilibre de court terme pour nourrir la croissance dans nos pays » a souligné Rosine Sori-Coulibaly.
Dans l’ensemble, la politique de communication qui sous-tend le PNDES a été une préoccupation pour l’ensemble des acteurs. « C’est un document qui engage toute la nation et il faut un outil de communication qui permette à tout le monde de s’imprégner des objectifs du PNDES et du rôle que les uns et les autres auront à jouer dans la mise en œuvre de ce plan » a précisé le président du COS.
S’agissant des différentes structures, en l’occurrence l’association des régions du Burkina (ARBF), les structures décentralisées ont suggéré un renforcement des compétences. IL est surtout question d’un transfert des compétences et des ressources vers les collectivités territoriales. Le secteur privé a recommandé des séances de dialogue et leur participation dans le cadre des échanges. La société civile pour sa part, a demandé le renforcement des mesures en matière de réduction de la pression démographique.
Après la validation par le COS, le projet de document du PNDES sera présenté en conseil des ministres pour examen, sous la supervision du chef de l’Etat. « Le chef de l’Etat va peut-être apporter des amendements. Une fois que le document sera validé en conseil des ministres, la prochaine étape sera l’organisation d’une table ronde pour la recherche des financements » a conclu Paul Kaba Thiéba.
Nicole Ouédraogo
Lefaso.net