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‘’ Prostitution politique’’, manigances…, faut-il craindre le pire pour les conseils municipaux ?

Publié le vendredi 17 juin 2016 à 01h12min

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‘’ Prostitution politique’’, manigances…, faut-il craindre le pire pour les conseils municipaux ?

« Je suis très, très déçu de la politique dans notre pays. Les gens n’ont aucune conviction, ils se livrent à des pratiques incroyables pour leurs propres intérêts. Personne ne veut se battre pour l’idéologie de son parti. Personne ne pense sincèrement à ce pays. Ce qui intéresse les gens, c’est comment avoir à manger … ».

Ces propos d’un responsable de parti politique, montrent à souhait comment la scène politique reste encore un véritable bazar au Burkina. Malgré les propos de changement distillés au lendemain de l’insurrection par les mêmes personnes et servis à volonté aux dernières élections, le changement reste visiblement de la mer à boire au sein des partis politiques. En effet, si pour le commun des Burkinabè, l’élection municipale est désormais derrière, au sein des partis politiques qui ont engrangé des sièges, une autre page du processus s’est ouverte depuis la proclamation des résultats provisoires : celle des tractations et autres calculs politiques visant à contrôler les exécutifs communaux. Cela est réel qu’au Burkina, l’expérience a montré qu’un parti politique peut arriver minoritaire mais réussir à ravir la vedette à celui qui a obtenu la majorité absolue. En clair, remporter la majorité, fut-elle confortable à l’issue des municipales, n’est pas synonyme de contrôle d’un conseil municipal. Le cas patent, et encore vif dans les mémoires, est celui de l’arrondissement N°5 avec Ratamanégré Assibo Ouédraogo élu sous la bannière de l’UPC (majoritaire avec dix conseillers) contre neuf pour le CDP. Le "parti du lion » qui devait donc, logiquement, contrôler ladite mairie s’est vu déposséder par le ‘’basculement’’ de Ratamanégré Assibo Ouédraogo pour le candidat du CDP. Nous sommes aux dernières élections municipales en décembre 2012. « Trahison du mandat du peuple », s’étaient insurgés les leaders de l’UPC, face à l’acte de Ratamanégré Assibo Ouédraogo, accusé d’avoir été ‘’acheté’’ par le CDP, parti au pouvoir en son temps.

Outre cela, on a assisté à des blocages de conseils municipaux dus à des revirements de conseillers inspirés par des intérêts personnels et individuels, des querelles de leadership, etc. Aujourd’hui encore, rien ne semble changer. Les tractations en cours dans la constitution des exécutifs municipaux mettent bien à nu cette réalité. Des conseillers municipaux qui font des pieds et des mains pour s’approcher du cercle du pouvoir. Des responsables politiques, de la majorité comme de l’opposition, confient l’existence de ces pratiques qui consistent pour ces conseillers élus à ‘’proposer’’ leur voix à l’adversaire contre des espèces sonnantes et/ou dans la perspective d’un bénéfice quelconque. « Les conseillers, et pas des moindres je vous dis, appellent pour dire qu’ils souhaitent venir chez nous parce que c’est mieux d’être à côté du Président du Faso », confie un responsable politique proche du pouvoir. « Tu vois ça ! Chacun veut seulement être à côté, chacun veut manger », a martelé notre interlocuteur, visiblement assommé par ce cirque. Propos non réfutés par ce responsable de parti de l’opposition qui relève cependant que même s’il est indéniable que des élus de partis de l’opposition se livrent à de telles « bassesses », il reste aussi qu’il y a une ‘’campagne de soudoiement’’ d’élus de l’opposition par le parti au pouvoir. « Mais, que voulez-vous, tous ne peuvent pas résister face à l’argent hein ! Pour des broutilles, les gens retournent leur veste et tournent le dos à leur parti quand vient le moment de désigner les maires », a expliqué ce responsable de parti politique avant de tirer la conclusion avec un sourire forcé : « C’est la triste réalité de la politique dans ce pays. Vous (la presse, ndlr) avez beaucoup à faire encore dans l’éveil des consciences, parce que ça ne va pas. Alors là, pas du tout ».

Quant à cet aspect, s’ajoutent les brouillements au sein du parti au pouvoir dans les primaires, on ne peut que craindre pour nombre de conseils municipaux qui pourraient subir des blocages liés simplement aux jeux égoïstes et à des querelles de leadership. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, de par le passé, ces mêmes scènes avaient débouché sur la paralysie de communes, appelant à des reprises d’élections dans ces circonscriptions. Le cas de l’arrondissement N°4 de Ouagadougou est encore édifiant. Ce qui engendre non seulement des dépenses pour l’Etat mais mobilise également la ressource humaine, freine le processus de développement et entame parfois la cohésion sociale dans ces localités. Ce qui porte, par ricochet, un coup à la dynamique même du processus de décentralisation intégrale dans laquelle le pays est engagé depuis 2006.

Oumar L. OUEDRAOGO
(oumarpro226@gmail.com)
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 17 juin 2016 à 02:10, par La kaa yi san En réponse à : ‘’ Prostitution politique’’, manigances…, faut-il craindre le pire pour les conseils municipaux ?

    Quand il n’a plus de repère on fait quoi ?Pouvez-vous me donnez-vous un exemple d’un seul homme politique qui incarne une idéologie politique ? Le seul et le moyen meilleur pour éduquer les militants d’un parti fut-il est l’exemple.

  • Le 17 juin 2016 à 07:40 En réponse à : ‘’ Prostitution politique’’, manigances…, faut-il craindre le pire pour les conseils municipaux ?

    Ainsi vont les peuples sans repères et qui après organisent séminaires sur séminaires pour identifier les causes du sous-développement et des problèmes de société de leurs pays.

  • Le 17 juin 2016 à 07:58 En réponse à : ‘’ Prostitution politique’’, manigances…, faut-il craindre le pire pour les conseils municipaux ?

    Avons-nous la chance de moraliser la politique avec les politiciens actuels ? Qui sauvera le Burkina. j’ai beaucoup apprécié l’action patriotiques des jeunes officiers lors du coup d’Etat de Diendéré. peut-être que ceux-ci ont encore une ligne idéologique et quelque chose dans le cœur.

  • Le 17 juin 2016 à 08:13, par BOUREIMA En réponse à : ‘’ Prostitution politique’’, manigances…, faut-il craindre le pire pour les conseils municipaux ?

    Monsieur le journaliste, c’est plutôt votre étonnement qui m’étonne.
    1. souvenez-vous de la création du CDP, l’ODP/MP a rejoint la ligne politique de la CNPP/PSD sans qu’il est un seul militant qui a refusé. meme pas les RSS
    2. A la création du MPP on y comptait effectivement des militants convaincu. Aujourd’hui hors mi les membres du dernier Gouvernement de Blaise Compaoré et les Députés de l’ex-majorité sanctionnés injustement juste, tous les autres qui ont organisé le referendium sont au MPP et y boivent encore le lait.
    3. jeter un coup d’œil sur le taux de participation à ces élections dans les arrondissement de Ouagadougou et vous verrez( 27%, 28%,29%) . ce sont des intellectuels , ils ont compris que nous sommes entrain de reculer.
    EN TOUT CAS MOI JE NE SUIS PAS ETONNE, JE SUIS PLUTOT INQUIET.

  • Le 17 juin 2016 à 09:03, par TIENFO En réponse à : ‘’ Prostitution politique’’, manigances…, faut-il craindre le pire pour les conseils municipaux ?

    Quittons dans ces analyses. L’UPC à travers son président est sur la voie de la Prostitution politique. Rien qu’à le voir défendre TAPSOBA et ZAMBEDE. Le cas de l’arrondissement N°5 avec Ratamanégré Assibo Ouédraogo en 2012 est certes regrettable, mais de mon point de vue ce n’est pas forcement la majorité qui doit l’emporter dans le cas des communes. On est loin des élections présidentielles et législatives. Dans le cas d’espèce, c’est tout autre chose. Que les conseillers portent à leur tête des élus de consensus qui ont les atouts nécessaires pour le développement économique et social de leurs arrondissements et communes. Un contre-exemple du cas de l’arrondissement N°5 de Ouaga est celui de Feu Arba DIALLO à Dori. Son parti n’avait pas la majorité des conseillers mais il est passé comme maire de Dori haut les mains et personne n’a crié au scandale. Mieux, il a développé sa collectivité sans faire des deals de parcelles, de passations douteuses de marchés ou toute autre pratique pas orthodoxe. Arrêtez de crier au scandale et portez à la tête de vos collectivités des « nationalistes locaux » porteurs de projets pour l’épanouissement de leur population. Généralement, il n’y a pas de bagarre sur le travail, mais sur le « manger ». Si vous élisez des « voleurs » comme maires et qu’ensuite le fonctionnement de la collectivité se trouve paralyser, vous aurez des PDS pour vous gérer ou du moins pour vous perfuser de la quinine. Comme on le dit vulgairement « ne quittez pas le caca pour l’anus ». Chers conseillers municipaux élus en 2016, prenez le cas de Dori sous Arba DIALLO comme modèle. Ça s’est passé à Dori il y a plus de 15 ans. Essayez-le chez vous. Valorisez vos talents respectifs au sein de vos collectivités. D’après l’adage populaire « même si le lièvre est ton ennemi, il faut admettre qu’il coure ». A bon entendeur salut.

  • Le 17 juin 2016 à 10:53, par Amadoum En réponse à : ‘’ Prostitution politique’’, manigances…, faut-il craindre le pire pour les conseils municipaux ? : QUEL PARTI, QUELLE IDEOLOGIE ?

    Avec l’enrichissement exponentiel ces deux dernieres decenies de certaines personnes, j’ai cru qu’il etait permis d’esperer la naissance d’une classe politique avec une ideologie claire et convictions, mais c’etait ne pas connaitre la nature humaine.
    La seule conviction des Burkinabe, quand il a la politique, c’est l’ARGENT : ou est-ce que je peux me positionner pour accumuler des sous ou accumuler plus de sous. Et a croire que les dirigeants d’aujourd’hui sont les memes qui, dans les annees 70-80s, animaient les activites scolaires et universitaires du pays. Ils ont fait de l’agitation ! Ils ont denonce et combattu les opportunistes de tout bord ; ils ont revendique de meilleures conditions de vie pour les etudiants et les travaileurs ; Ils tenaient de longs debats houleux, vigoureux, et informatifs pendants des nuits et des jours, sans the. Tout cela etait beau et donnait de l’espoir ; c’etait beau a ecouter et ca donnait a reflechir. On sentait une profonde conviction et un profond desir de faire changer les choses pour le pays. Notre pays semblait avoir un bel avenir.

    Ou sont passes tous ces jeunes gens d’hier ? Se reconnaissent-ils ?

  • Le 17 juin 2016 à 11:36, par KONE Henri En réponse à : ‘’ Prostitution politique’’, manigances…, faut-il craindre le pire pour les conseils municipaux ?

    L’idée selon laquelle, il faut se faire de l’argent en politique demeure toujours malgré les évènements qui ont conduit à la transition. Le faible taux de participation aux dernières élections municipales, s’explique en partie par le fait que les gens ont toujours en mémoire qu’en lieu et place des maires c’est-à-dire des responsables communaux censés agir dans l’intérêt de leur communauté, on a eu à faire à des "vendeurs de parcelles". C’est clair, rien a changé, la politique du ventre reste toujours la motivation de nos élus communaux. C’est on ne peut plus déplorable quand on sait qu’il y a des Burkinabé qui ont sacrifié leur vie pour que ça change.
    Je leur pose alors la question suivante : qu’est ce c’est que l’intérêt général ?

  • Le 17 juin 2016 à 12:31, par TIENFO En réponse à : ‘’ Prostitution politique’’, manigances…, faut-il craindre le pire pour les conseils municipaux ?

    Quittons dans ces analyses. L’UPC à travers son président est sur la voie de la Prostitution politique. Rien qu’à le voir défendre TAPSOBA et ZAMBEDE. Le cas de l’arrondissement N°5 avec Ratamanégré Assibo Ouédraogo en 2012 est certes regrettable, mais de mon point de vue ce n’est pas forcement la majorité qui doit l’emporter dans le cas des communes. On est loin des élections présidentielles et législatives. Dans le cas d’espèce, c’est tout autre chose. Que les conseillers portent à leur tête des élus de consensus qui ont les atouts nécessaires pour le développement économique et social de leurs arrondissements et communes. Un contre-exemple du cas de l’arrondissement N°5 de Ouaga est celui de Feu Arba DIALLO à Dori. Son parti n’avait pas la majorité des conseillers mais il est passé comme maire de Dori haut les mains et personne n’a crié au scandale. Mieux, il a développé sa collectivité sans faire des deals de parcelles, de passations douteuses de marchés ou toute autre pratique pas orthodoxe. Arrêtez de crier au scandale et portez à la tête de vos collectivités des « nationalistes locaux » porteurs de projets pour l’épanouissement de leur population. Généralement, il n’y a pas de bagarre sur le travail, mais sur le « manger ». Si vous élisez des « voleurs » comme maires et qu’ensuite le fonctionnement de la collectivité se trouve paralyser, vous aurez des PDS pour vous gérer ou du moins pour vous perfuser de la quinine. Comme on le dit vulgairement « ne quittez pas le caca pour l’anus ». Chers conseillers municipaux élus en 2016, prenez le cas de Dori sous Arba DIALLO comme modèle. Ça s’est passé à Dori il y a plus de 15 ans. Essayez-le chez vous. Valorisez vos talents respectifs au sein de vos collectivités. D’après l’adage populaire « même si le lièvre est ton ennemi, il faut admettre qu’il coure ». A bon entendeur salut.

  • Le 17 juin 2016 à 15:28, par bintoa En réponse à : ‘’ Prostitution politique’’, manigances…, faut-il craindre le pire pour les conseils municipaux ?

    Que chaque parti refuse d accepter un élu d un autre bord ! Réponse simplistes est ce pas ? Mais ce serait la bonne à ces vautours sinon la trahison ne prendra jamais fin et qui a bu, boira.

  • Le 17 juin 2016 à 16:02, par NABAYAOGO André En réponse à : ‘’ Prostitution politique’’, manigances…, faut-il craindre le pire pour les conseils municipaux ?

    Je suis d’accord avec toi mon frère. Aucun de nos hommes politiques incarne une idéologie politique. Ils courent tous derrière la soupe. Certains d’entre eux pensent même qu’on ne peut être normal et refuser la soupe si on ne suit pas un régime alimentaire. Vraiment ça fait pitié. Et vous vous étonner que les Burkinabè refusent de voter. Que Dieu aie pitié de nos âmes

  • Le 17 juin 2016 à 17:07 En réponse à : ‘’ Prostitution politique’’, manigances…, faut-il craindre le pire pour les conseils municipaux ?

    Rien à ajouter, très bonne analyse, il faut se réveiller. On ne sait même plus on va, sincèrement ; tout le monde est perdu dans ce pays.

  • Le 17 juin 2016 à 23:57, par Neih En réponse à : ‘’ Prostitution politique’’, manigances…, faut-il craindre le pire pour les conseils municipaux ?

    Bien dit N.9,il fo que ca change. Je crois q le camp au pouvoir devrait ns donner ce bel exemple. Malheuresement dans ma pauvre commune ceci soudoie les pauvres conseillers moyennant des sommes colossales et des motos apre’s les elections. Mais ns allons leur vendre du feu. Ou bien ?

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