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Décennie d’Actions des Nations unies pour la Nutrition

Publié le mercredi 15 juin 2016 à 23h30min

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Décennie d’Actions des Nations unies pour la Nutrition

Le 1er avril 2016, l’Assemblée Générale des Nations Unies a lancé la Décennie d’actions pour la Nutrition. Cette résolution adoptée à l’unanimité témoigne du caractère prioritaire et crucial que revêt la nutrition dans le développement humain. Cette résolution entre en droite ligne avec la poursuite de l’objectif de développement durable 2 « éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable. » Le Réseau de la société civile pour la nutrition (RESONUT) du Burkina Faso apprécie positivement l’initiative et appelle le Burkina Faso à plus d’engagements politiques et surtout financiers en faveur de la nutrition.

Dans la lignée de la Déclaration de Rome sur la Nutrition et du Cadre d’action, l’Organisation des Nations unies a lancé début avril 2016 la décennie (2016-2025) d’actions pour la nutrition. Cet engagement fort vise à contribuer à prévenir toutes formes de malnutrition dans le monde entier, en particulier le retard de croissance (taille trop petite par rapport à l’âge), l’émaciation (poids trop faible pour la taille), l’insuffisance ou la surcharge pondérale chez les enfants de moins de 5 ans et l’anémie chez les femmes et les enfants.

10 ans pour réaliser des progrès significatifs

Selon l’étude sur le coût de la faim, le Burkina Faso a perdu, en 2012, 409 milliards de FCFA, soit 7,7% de son Produit intérieur brut (PIB), du fait des conséquences de la sous-nutrition (Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, Programme alimentaire mondial). « La malnutrition est la principale cause de maladies dans le monde. Si la faim était une maladie contagieuse, elle aurait déjà été éradiquée » affirmait en 2014 le Directeur général de L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), José Graziano da Silva, lors de la séance de clôture de la deuxième Conférence internationale sur la nutrition. La Décennie d’actions « place la nutrition au cœur du développement durable et reconnaît que l’amélioration de la sécurité alimentaire et la nutrition est indispensable à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 » a confié le Responsable de la FAO. Pour lui, « Les enfants ne peuvent pas profiter pleinement des avantages de l’école s’ils ne disposent pas des nutriments dont ils ont besoin ; et les économies émergentes ne pourront pas réaliser pleinement leur potentiel si les ouvriers sont constamment fatigués à cause d’une alimentation déséquilibrée. »

Selon la résolution, la FAO et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sont chargées de diriger la mise en œuvre des activités afférentes à la Décennie d’actions pour la Nutrition en collaboration avec le Programme alimentaire mondial (PAM), le Fonds international de développement agricole (FIDA) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF). Cette résolution constitue en elle-même une grande avancée en termes d’engagements au niveau mondial, et un signe fort à l’endroit des Etats afin qu’ils amorcent véritablement les changements indispensables en matière de nutrition pour leurs populations respectives.

Au Burkina Faso, plusieurs engagements ont été pris au sommet de l’Etat pour lutter contre la malnutrition. Cependant, le plus grand défi à ce jour reste de les réaliser effectivement au profit des populations, notamment des enfants de moins de 5 ans, et des femmes enceintes ou allaitantes. Malgré des avancées palpables (par exemple la récente mesure de gratuité des soins pour les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes), beaucoup reste à faire.

A l’heure de la rédaction du Plan National De Développement Economique et Social (PNDES), le Réseau de la société civile pour la nutrition (RESONUT) du Burkina Faso encourage fortement le Gouvernement du Burkina Faso à continuer de s’engager dans la lutte contre la malnutrition par l’adoption de politiques publiques qui intègrent la dimension de la malnutrition de manière prioritaire et, au-delà des politiques et stratégies à poser des actes forts pour la réalisation effective de ces politiques.

La lutte contre la malnutrition ne passera que par des actions multisectorielles et la question de l’ancrage institutionnel de la coordination et du suivi de la lutte contre la malnutrition doit être revue de manière prioritaire par le gouvernement du Burkina Faso et le RESONUT l’exhorte à y travailler d’arrache-pied.

Quel rôle pour les acteurs intervenant dans la nutrition ?

La réduction, voire l’éradication de la malnutrition au Burkina Faso n’est pas seulement une question de ressources financières. Elle passe d’abord par une coordination multisectorielle au plan politique et institutionnel.

Comme le rappelle l’Ambassadeur et Représentant permanent du Brésil auprès des Nations Unies, Antonio de Aguiar Patriota, il est impérieux d’unir nos efforts et nos forces : « Nous considérons la Décennie d’actions pour la nutrition de l’ONU comme une véritable opportunité d’unir nos efforts et nos initiatives en vue d’éradiquer la faim et de prévenir toutes formes de malnutrition, éléments clés du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Nous encourageons les agences de l’ONU, les pays membres, la société civile et le secteur privé à se joindre à cet effort collectif. […] »

Le RESONUT est solidaire du Gouvernement et des autres acteurs dans la lutte contre la malnutrition. Conscient de ce rôle de veille citoyenne en matière de nutrition, le RESONUT se sent concerné et se fait le devoir de féliciter le Gouvernement pour les résultats déjà engrangés tout en l’incitant à faire de la nutrition une priorité quotidienne pour les Burkinabè.

Le RESONUT rappelle au Gouvernement la pertinence de rendre des comptes aux populations ainsi que le recommande la deuxième Conférence internationale sur la nutrition et propose la mise en place de mécanismes de suivi et de responsabilisation quant aux progrès relatifs aux engagements pris. Le RESONUT, à l’instar du Président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, interpelle les autorités Burkinabè à « élever le jeu » dans la dynamique de lutte contre la sous-nutrition et le retard de croissance. Car l’on peut réparer un pont, une route ou un port qui sont visibles, mais l’on ne peut pas réparer un cerveau abîmé par la malnutrition.

Le RESONUT

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