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Démocraties africaines : Les peuples ont les dirigeants qu’ils méritent

Publié le vendredi 6 mai 2005 à 08h17min

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Selon toute vraisemblance, la qualité des classes dirigeantes africaines dépend de la qualité des populations qui les ont portées au pouvoir. "Chaque peuple a les dirigeants qu’il mérite". On pourrait même ajouter à cette formule, la locution : dis-moi quel peuple tu gouvernes et je te dirai quel dirigeant tu es.

Partant de ce postulat et en jetant un regard rétrospectif sur la façon dont certains chefs d’Etat africains ont accédé au pouvoir, on comprend mal qu’ils puissent tirer gloire d’une élection où les votants sont constitués en majorité d’ analphabètes. Car, ces électeurs illettrés n’ont assurément pas fait un choix éclairé.

Qu’ils soient du pouvoir ou de l’opposition, nombre de politiques africains redoutent les électeurs éclairés, critiques, parfaitement conscients de leur choix. Trop de clairvoyance et de perspicacité, de leur part, pourraient mettre à nu les insuffisances ou les tares de ces dirigeants.

Mais si l’obscurantisme constitue encore en Afrique, un fonds de commerce pour bien des politiciens, comment, dans ce cas, parler de démocratie ? L’absence ou l’insuffisance de cette forme de gouvernance a, c’est connu, ses conséquences. Elle génère frustrations, tensions et convulsions, entraîne des injustices sociales qui conduisent à des remous, et dans le pire des cas, à des conflits ouverts. Ces insuffisances démocratiques semblent être une exception africaine. Les pays asiatiques, en matière de démocratie, sont plus en avance sur l’ensemble du continent africain.

On y a rarement entendu parler de fraudes, de mascarades électorales et d’achats de conscience. La France, elle, a montré que la voix des électeurs compte pour beaucoup, dans l’adoption de la Constitution européenne, par exemple. A travers un référendum qu’il organise, le pouvoir appelle les Français à voter "oui" à cette Constitution, les tripes nouées par la peur du non.

En Afrique, cette peur serait sans objet, la mécanique de la fraude étant une panacée toute trouvée.
Sous nos tropiques, on a beau crier à une prise en otage de la démocratie, à des comportements anti-démocratiques, à une mal gouvernance ; on a beau énumérer les comportements générateurs de conflits, tant que les populations, elles-mêmes, resteront passives et ne constitueront pas des relais aux critiques, les plaintes et les vacarmes ressembleront aux aboiements d’un chien voyant passer une caravane.

En effet, que dire de certaines structures qui, après avoir mis à nu et critiqué des injustices sociales criardes, attendant que les structures compétentes leur viennent en renfort, tout en espérant qu’une opinion publique plus alerte prendra le relais, se rendent finalement compte qu’elles prêchent pratiquement dans le désert ?
Toutefois, il serait trop facile de jeter la première pierre aux seuls pouvoirs en place, quand les choses vont mal.

Si la machine démocratique se grippe, c’est que chacun, à son niveau, n’a n’a pas accepté de jouer de façon citoyenne sa partition. Même si, bien sûr, tout le monde n’est pas au même degré de culpabilité.

A ce propos, on peut, une fois de plus, critiquer les oppositions africaines qui n’ont pas toujours l’initiative de certaines réactions citoyennes, laissant celles-ci à la société civile ou à la presse.
De telles insuffisances, dans l’arène du combat politique comme dans bien d’autres, amènent parfois à douter de la sincérité de certaines oppositions africaines.
En Afrique, les sources de mécontentements sont si nombreuses qu’on pourrait y consacrer des années d’études.

En commanditant deux études sur "les principaux germes potentiels de tensions sociales au Burkina" et les comportements générateurs de conflits, des acteurs impliqués dans le processus électoral", le Groupe d’étude et de recherche sur la démocratie et le développement économique et social du Burkina (GERDESS-Burkina) a véritablement touché du doigt la précarité de la stabilité sociale au Burkina, mais aussi dans le reste de l’Afrique.

Faut-il s’étonner que l’étude ait montré que les principales causes de tensions sociales au Burkina soient, entre autres, la pseudo-démocratie, la mauvaise distribution des ressources, l’extrême pauvreté des populations, l’injustice et la mauvaise gestion des affaires par les autorités politiques et administratives, l’impunité, l’analphabétisme et l’ignorance, etc. ?

Quoi qu’il en soit, la suprématie de la force des peuples sur celle des dirigeants ne souffre pas de doute. En Ukraine, par exemple, c’est la volonté populaire qui a fait changer la donne politique. Certes, il est vrai, on ne peut pas avoir tout, tout de suite. Mais l’essentiel, c’est d’être constamment vigilant. Pour le reste, on pourra compter sur les générations futures pour qu’elles prennent le relais.

Le Pays

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