C’est le groupe de rap Dumba Kultur qui a donné le ton ou plutôt la cadence de la soirée à travers une prestation remarquable.

Révélation de l’année 2004 et meilleure voix masculine avec Sini Moulaye lors de Burkina Rap Awards, Dumba Kultur s’est révélé un duo virevoltant, débordant de vitalité. Sini Moulaye et Alkaboré Tégawendé ont su puiser dans la riche tradition africaine l’inspiration et l’énergie nécessaires pour irriguer un talent certain. Le nom Dumba Kultur ne signifie-t-il pas en langue malinké la profondeur culturelle ?

Monté sur le podium sans complexe, ce jeune groupe a plus que mérité les ovations du public qui ont accompagné sa sortie de scène. L’affiche de la soirée prévoyait Dumba Kultur et Ali Farka Touré mais comme dit souvent "trop de viande ne gâtent pas la sauce".

C’est ainsi que le public a agréablement accueilli Diabaté Sékou Bembeya, l’emblématique guitariste de "Bembeya Jazz" venu jouer trois morceaux, histoire de mettre l’eau à la bouche des mélomanes avant le concert de ce groupe prévu le 7 mai. Précédé par une réputation de virtuose de la guitare, Diabaté Sékou Bembaya a prouvé en l’espace de (3) titres que son surnom de "Diamond fingers" n’est pas usurpé.

Quand Ali Farka Touré est annoncé, c’est toute la Maison du peuple qui se lève pour saluer son entrée sur scène. Habitué de Jazz à Ouaga, Ali Farka Touré est alors apparu tout de blanc vêtu avec un feutre vissé sur la tête et tenant sa légendaire guitare comme un balai pour s’envoler. Effectivement toute la salle décolla dès les premières notes de la guitare.

A voir ce sexagénaire enthousiaste au jeu de guitare aérien et féerique, on n’a plus peur de vieillir. Cet homme qui est maire de sa ville et qui a tutoyé des grands de la musique comme John Lee Hooker et Ry Cooder est resté très proche du public à qui il communique sa joie presque puérile de vivre. Plus d’une heure durant, Ali Farka Touré va promener les spectateurs à travers son très large répertoire matérialisé par plusieurs albums dont les inoubliables "The source", "Niafunké", "The river", "Talking Timbuktu" réalisé avec Ry Cooder.

Comme apperitif, "Jazz à Ouaga" ne pouvait trouver mieux que ce musicien charmant pour aiguiser l’appétit des mélomanes pour un festin qui s’étalera cette année jusqu’au 14 mai. La fête du Jazz s’est poursuivie samedi 30 avril avec Bill Aka Kora et Alif Naaba du Burkina Faso et dimanche 1er mai avec By Spiel project de Suisse au Centre culturel Georges Méliès. Ce soir rendez-vous est pris avec Florin Niculescu quartet de France au Centre culturel Georges Méliès.

Hamado NANA
Sidwaya