N’empêche que les bornes-fontaines et les forages présentent toujours le visage triste de "pléiade" de barriques et de bidons en quête de l’or bleu. Une visite sur les lieux en compagnie de Issiaka Boukary, directeur départemental de l’ONEA/Ouaga (et non Lamine Issiaka) en compagnie de la chargée de communication de l’ONEA et du responsable du réseau ONEA de cette zone, a fini par convaincre que les faits sont têtus.

Barriques disposées en vrac, des bidons superposés attendant leur tour d’être remplis, tel est le spectacle qui s’offrait à nous à la première fontaine. Dieudonné Congo, le "komnaba" reconnaît que dans ces deux jours, il n’y a pas de coupure d’eau mais ajoute-t-il, la pression n’est pas forte.

Au forage d’eau jouxtant le nouveau château en construction, c’est un "tsumani" de bassines et de fûts qui nous accueille. Là, le "komnaba" du jour, Oumar Ouédraogo, affirme que depuis 16 heures (NDLR : Il était 18 h 45 mn), mercredi 27 avril, une coupure d’électricité a entraîné une coupure d’eau. Mme Marie Kaboré, une cliente laisse échapper : "C’est dur d’avoir de l’eau à Pissy". Or, à quelque 1000 m du forage se trouve une fontaine.

Pourquoi n’êtes-vous pas allée à cette fontaine ? Mme Kaboré : "Souvent il y a des embouteillages et des coupures d’eau à ce niveau". Depuis quand les coupures ont pris fin ? "Depuis ces 2 jours, il y a moins de coupures". Et soudain l’atmosphère se surchauffe à cause d’un nouveau venu, M. PilabréMalgré la présence des "autorités", l’homme est amer : "On doit fermer l’ONEA, car ici, ce sont les forages qui nous sauvent, pas les fontaines". Et l’homme de poursuivre : "Depuis une semaine, je n’ai aucune eau dans ma pompe". Une confrontation s’impose. Et le directeur départemental de l’ONEA/Ouaga de relever entre les lèvres : "Effectivement, M. Pilabré est mentionné sur nos documents car il est situé à une hauteur au-dessus du château".

(Lire suite des explications dans l’encadré).

Les faits sont têtus car depuis belle lurette, le problème d’eau à Pissy est récurrent. C’est un secret de polichinelle que de constater que le château-d’eau a des défaillances car il a été dépassé par son temps. Bien que l’ONEA multiplie les efforts, le constat est là amer qu’une frange de la population de Pissy souffre. Vivement que le château finisse vite ou plutôt que décembre approche à grands pas !

Daouda Emile OUEDRAOGO
ouedro1@yahoo.fr

Issiaka Boukary, directeur départemental ONEA/Ouaga :
"Il y a une défaillance électrique au niveau du forage"

Sidwaya (S.) : Après cette brève visite, quelles sont vos impressions sur la pénurie d’eau à Pissy ?

Issiaka Boukary (I.B.) : Nous venons de visiter trois sortes d’ouvrage : deux bornes-fontaines dépendant du réseau et il y a de l’eau quand bien même il y a l’affluence. Ensuite, nous avons visité un poste d’injonction d’eau transformé en poste d’eau autonome (PEA). Cela veut dire que c’est un point autonome qui dépend d’un forage. En principe, ce poste doit marcher quels que soient les niveaux d’eau. Tant que le forage marche, on doit toujours y trouver de l’eau en principe.

Issiaka Boukary, directeur départemental ONEA/Ouaga : "Le forage n’est pas en marche parce qu’il y a une défaillance électrique". Ensuite, nous avons visité un PEA qui est alimenté aussi par un forage qui est indépendant de notre réseau. Le forage marche tant que toutes les conditions sont réunies. Dans le cas d’espèce, le forage n’est pas atteint.

S. : Comment expliquez-vous le fait que le forage ne soit pas en marche ?

I.B. : Le forage n’est pas en marche parce qu’il a une défaillance électrique.

Il est alimenté par l’électricité. Cette défaillance ne relève pas de nous. Nous avons constaté que lorsque l’électricité est revenue, le forage s’est mis en marche.

S. : Nous venons de rencontrer et c’était en votre présence, un client de l’ONEA qui a affirmé qu’il peut passer une semaine sans avoir de l’eau dans son robinet. Comment expliquez-vous cet état de fait ?

I.B. : Ce client a été fiché chez nous il y a au moins 4 ou 5 années. Tous les matins, le surveillant de réseau passe chez lui pour savoir quelle est sa situation. Les années antérieures lorsqu’il y avait la pénurie, nous mettions une citerne dans le secteur en vue de ravitailler la zone. Et M. Pilabré devait se servir à cette citerne.

Avant le 12 avril, il est vrai que M. Pilabré n’avait pas d’eau puisque pour qu’il ait de l’eau, il faut que le château ait un minimum de 14 à 15 mètres d’eau. Il est situé en hauteur par rapport au château.

C’est pour cela que pour qu’il y ait de l’eau chez lui, il faut qu’il y ait suffisamment d’eau dans le château. Nous l’avons sérié et nous le vérifions tous les jours. Mais depuis le 12 avril, le château se remplissant, il a de l’eau. Je ne sais pas à quelle heure il a de l’eau, mais il a de l’eau dans les 24 heures.

S. : Mais pourquoi M. Pilabré, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a affirmé tout à l’heure devant vous que s’il avait de l’eau chez lui, il ne serait pas là ce soir 27 avril 2005 au forage ?

I.B. : M. Pilabré a de l’eau mais ce n’est pas en permanence. Je n’affirme pas qu’il n’y a pas de coupure d’eau. Quand on prend les heures de pointe, 6 h, 7 h, 8 heures au moment où tout le monde ouvre son robinet, Pilabré qui est situé à un point défavorisé, n’aura pas de l’eau. S’il ouvre aussi à 14 h, 15 h, il risque de ne pas avoir aussi de l’eau.

Mais à partir d’une certaine heure, il a de l’eau.

S. : Rassurez-vous que depuis le 12 avril, il n’y a plus de coupure dans les bornes-fontaines ?

I.B. : Je n’affirme pas qu’il n’y a pas de coupure d’eau. Je dis qu’il n’y a pas de pénurie d’eau et que s’il y a coupure, c’est pour une, deux heures de temps compte tenu de la pointe. Cela veut dire que lorsque tout le monde ouvre en même temps son robinet, les points les plus défavorisés n’ont pas d’eau souvent.

S. : Perspectives ?

I.B. : C’est la construction du château en cours. Ce château non seulement va alimenter toute la zone et même la zone non lotie mais puisqu’il surplombe la zone, il va couvrir toutes les zones au niveau de Pissy. Et d’ici à fin septembre, au plus tard en décembre 2005, il sera fonctionnel.

N.B. : Au moment où nous bouclons, nous n’avions pas encore eu la réaction de la SONABEL.

Propos recueillis par Daouda Emile OUEDRAOGO (ouedro1@yahoo.fr)

Sidwaya