Aucun des passagers, manifestement, n’envisage l’éventualité de rester sur la touche, bien que l’assurance ait été donnée qu’un autre car arriverait très prochainement. Rien ne semble les rassurer.
Autre scène, tout aussi désagréable. C’est ce passager qui, après avoir acheté le ticket sur lequel est marqué son numéro de siège - ce qui ne semble pas fréquent - grogne, une fois dans le car.

S’étant aperçu que son siège a été occupé par un autre passager, il réclame sa place, et crie au désordre ! Ces scenarii sont assez illustratifs du manque de rigueur constaté dans les gares de quelques compagnies de transports terrestres burkinabè et du grand fossé qu’il y a, en matière d’organisation, entre elles.

Ailleurs, en effet, on conçoit mal qu’on puisse délivrer un certain nombre de tickets sans tenir compte du nombre de places, car ce serait mettre le client mal à l’aise et à l’amener à aller voir ailleurs, la prochaine fois. Ces sociétés de transport incriminées sont pourtant de grandes compagnies bien "labellisées".

Mais qui semblent très peu soucieuses de leur image. Pour offrir d’agréables conditions de voyage à leurs passagers et les satisfaire, si tant est qu’on accepte qu’ils sont rois, encore faut-il pouvoir se doter d’une discipline intérieure ! Or là, pour certaines compagnies en tout cas, c’est une autre impression qui est donnée : seul l’argent est roi.

Les conditions dans lesquelles les passagers voyageront importent peu. Il y a lieu de se ressaisir, absolument. D’autant qu’à ce jour, bien des compagnies ont littéralement terni leur image. Aucune rigueur, trop de laisser-aller, si elles ne sont pas accusées de "s’amuser avec la vie des gens".

Pour mettre fin à cette pagaille, on devrait peut-être commencer par marquer sur les tickets délivrés, un numéro, le même qu’on affichera sur le siège du client. Ceci pourrait avoir l’avantage d’instaurer une certaine discipline. Il ne faudra pas s’ arrêter là. Il faudra surtout veiller à ce qu’il n’y ait pas de surcharge.

Il est vrai, des compagnies ont tenté l’expérience du siège numéroté, mais elle n’a pas eu un franc succès. Se sont-elles rendu compte qu’elles avaient affaire à des analphabètes ? Dans ce cas, que leur coûtait-il de veiller à ce que les clients occupent effectivement les places à eux attribuées ? Visiblement, sur ce point, elles ont baissé les bras et bonjour les surcharges !

Si la pagaille constatée a pu enfoncer ses racines, la poire des responsabilités est à diviser. Aussi bien les sociétés de transport, les forces de sécurité postées sur les corridors empruntés que les ligues de consommateurs sont coupables.

Force est de constater que beaucoup de compagnies de transport soumises à des faux frais, essaient de rentrer dans leurs fonds en ayant recours à la surcharge ; en quelque sorte, un cercle vicieux. De la surcharge ou non du véhicule en particulier et des conditions de voyage en général, dépend un bon parcours. C’est de la surcharge et du laxisme des compagnies que sont survenus bien des drames. Les constructeurs d’automobiles ont pourtant tout prévu.

Ce n’est pas pour les beaux yeux des conducteurs qu’ils sont allés jusqu’à limiter dans certains véhicules, le nombre de places. Mais l’on a passé outre ces consignes, comme pour défier ceux-là mêmes qui ont conçu ces véhicules. Il n’y a pas le feu dans la baraque, même si le car est plein. On s’en remet au bon Dieu ! Mais c’est oublier que c’est en s’aidant qu’on est aidé par le Ciel.

Dans cette pagaille, il ne faut pas non plus occulter la responsabilité des passagers. Comment accepter en son âme et conscience d’emprunter un véhicule déjà hyper surchargé ? Comment comprendre que certains, parmi eux, quittent une localité pour une autre, sans penser à se munir d’une pièce d’identité ? C’est bien là un minimum ! On n’oublie pas non plus le rôle de certains convoyeurs qui acceptent de prendre des passagers en cours de route, pour gonfler leur portefeuille. Comment, dans ces conditions, le désordre peut-il ne pas être entretenu ?

Fort heureusement, dans cette multitude de sociétés de transport, quelques-unes ont pu s’imposer, car très regardantes sur la satisfaction des clients et déployant beaucoup d’efforts pour leur assurer un voyage dans de bonnes conditions de confort et de sécurité. Mais combien sont-elles ?

Le Pays