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Elections municipales du 22 mai : Les partis politiques peaufinent leurs stratégies

Publié le mercredi 9 mars 2016 à 02h03min

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Elections municipales du 22 mai : Les partis politiques peaufinent leurs stratégies

Les citoyens burkinabè sont appelés à nouveau aux urnes le 22 mai prochain pour élire cette fois-ci les conseillers, qui à leur tour choisiront les maires de communes et d’arrondissements.Nous avons fait la ronde de certains partis politiques, histoire de voir comment les responsables politiques se préparent à aborder ces élections de proximité et quelles stratégies ont été mises en place pour se donner le maximun de chance.Voici ce qu’ils nous ont confié.

Adama Séré, président du Rassemblement des Ecologistes du Burkina Faso (RDEBF) à propos du dernier congrès du parti et des préparatifs aux municipales : “Nous venons de tenir notre congrès extraordinaire le samedi 20 février dernier. Lequel congrès a été convoqué suite à la décision du président du parti, monsieur Ram Ouédraogo, de se retirer de la vie politique. Il était donc nécessaire que nous puissions nous retrouver pour échanger sur la vie du parti et renouveler l’exécutif du parti. Le congrès a essentiellement consisté à travailler sur le diagnostic des maux qui minent le parti et d’y apporter des propositions de solutions dans un prémier temps. Dans un deuxième temps, il s’est agi de pencher sur les textes fondateurs du parti, notamment les statuts et le règlement intérieur, et enfin sur la stratégie de mobilisation. A l’issue de ces travaux qui nous ont permis de déceler les forces et faiblesses du parti, des possibilités d’opportunités que le parti pouvait avoir pour aborder au mieux l’avenir, nous avons procédé au renouvellement du bureau exécutif.C’est ainsi que les militants ont jugé bon de me porter à la tête du parti. S’agissant maintenant du chantier immédiat qui se pose à nous et qui est la préparation des élections municipales qui sont fixées pour le 22 mai 2016, il faut dire que le temps d’organisation qui nous est imparti à partir de notre congrès est infime. Comme vous le savez, il faut un certain minimun pour aborder ce genre d’élection. Malgré ce handicap, le parti se prépare à se présenter dans les régions, les communes où nous avons déjà une base. Cela est une obligation pour nous parce que le parti a décidé de ne pas jouer la politique de la chaise vide. Nous sommes d’autant plus intéressés par ces élections que ce sont des élections de proximité, des élections à la base qui pourront nous permettre de mener un tant soit peu la politique chère aux écologistes. Puisque vous n’ignorez pas que les écologistes sont des développeurs à la base. Mais pour tout dire, l’ambition réelle du parti est de se positionner pour les élections de 2020. Et nous travaillons à ce qu’au soir de ces élections, le RDEBF soit un parti incontournable pour nous permettre de mettre en oeuvre notre programme de société. Car nous pensons que ce programme est quand même essentiel pour un pays comme le Burkina Faso”.

Député Alexandre Sankara, secrétaire national chargé de la communication de l’Union pour la Rénaissance/Parti Sankariste (UNIR/PS) : “Il faut dire que après l’annonce du gouvernement fixant la date des municipales pour le 22 mai, le secrétariat exécutif du parti a convoqué l’ensemble des responsables des 45 provinces appelés "Présidents Fédéraux" à Ouagadougou pour faire le point, donner les informations nécessaires et les indications quant à la conduite à tenir par rapport à la préparation de ces élections. C’était aussi l’occasion de donner certaines informations provenant de la CENI. Nos responsables des provinces sont repartis donc très outillés. Actuellement nous sommes dans la phase de collecte des candidatures et de remplissage des dossiers de candidature. S’agissant de présenter des candidatures partout, dans toutes les localités, nous disons que cela depend de certaines conditions et des objectifs visés. Il ne s’agit pas de se présenter pour se présenter. Quand on est un parti politique, on sait où se trouvent ses forces et ses faiblesses. On sait là où on peut gagner ou perdre. Aussi, nous allons cibler les communes où nous sommes sûrs de remporter des mairies et à défaut, un maximun de conseillers. Nous avons conscience du fait que nous ne sommes pas forts dans toutes les 350 communes. Nous n’allons donc pas disperser inutilement nos forces.
Les objectifs se fixent en fonction des priorités que nous donnons à chaque commune. Nous avons des bastions traditionnels où nous voulons vraiment prendre les mairies. Vous avez par exemple que Tema Bokin, la ville natale du président Thomas Sankara ; des communes comme Yao dans les Balés où nous avons toujours dirigé la mairie...Il y a aussi des provinces comme le Passoré que nous considérons comme etant également des bastions de l’UNIR/PS et où nous comptons engranger 2 à 3 communes de plus. Il y a le Kadiogo où nous visons au moins 2 arrondissements et pourquoi pas si possible, prendre d’autres arrondissements, voire la mairie centrale en plus, en alliance avec d’autres partis. Il y a aussi la ville de Bobo où le parti est très bien implanté. Nous avons comme objectif d’y prendre le maximun d’arrondissements possible. Hormis cela, nous avons d’autres villes comme Gaoua, Fada Gourma, Kaya où aux municipales passées concernant cette dernière ville, nous avions eu le poste de 1er adjoint au maire. Il s’agira maintenant de passer du poste de 1er adjoint au maire à celui de maire.Voilà un peu nos objectifs pour ces municipales. Nous invitons donc l’ensemble de nos militants à se tenir prêt car il s’agit d’une élection qui intervient après notre alliance avec le Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP). C’est aussi un défi car c’est la prémière fois que notre parti part en élection en etant de la majorité. Sinon, depuis une vingtaine d’années, nous sommes toujours partis aux élections en etant de l’opposition. Nous allons cette fois avec une nouvelle casquette, et c’est l’occasion de prouver que notre choix de soutenir la majorité afin que le pays soit stable et que nous puissions sortir de ce marasme économique, politique et social est un choix juste et judicieux. Et cela doit se traduire dans les urnes”.

Mamadou Bénon, secrétaire national à l’organisation de la Nouvelle Alliance du Faso (NAFA) : “Je crois que dans un prémier temps,nous sommes dans la phase la plus délicate qui consiste à l’élaboration des listes.Vous savez que pour les élections municipales, la circonscription électorale est le village. Nous avons autour de 8500 à 9000 villages d’une manière globale que nous voulons couvrir. Nous sommes donc à pied d’oeuvre pour réussir cette mission qui est de présenter des listes dans toutes les communes du Burkina, tant rurales que urbaines.
A propos des alliances dont vous avez fait cas, il faut dire que nous nous retrouvons présentement à l’opposition. Nous envisageons dans certaines localités si necessaire, et si nous avons des partenaires qui optent pour cette vision, d’aller en alliance. Nous pensons alors à plusieurs partis dans ce cas là. Mais vous savez, les élections municipales sont des élections de proximité et ce ne sont pas les mêmes raisons ou motivations qu’ont les candidats et les électeurs. Tout de même, nous sommes ouverts aux alliances avec particulièrement tous les partis de l’opposition qui veulent bien travailler avec nous pour qu’on puisse unir nos forces. Et c’est d’autant plus nécessaire parce qu’il y a un gros problème qui se profile à l’horizon. C’est celui de la caution par liste. De 1000 fcfa, nous sommes passés à 5000 par liste. Et si vous couvrez tout le territoire national, vous avez au bas mot pour simplement les cautions 45 millions à débourser.C’est extrêmement élevé et nous doutons fort qu’un parti politique puisse aisément réunir une telle somme. Aussi, il est bon qu’on puisse, dans certaines localités, unir les forces. Mais c’est surtout bon que nous puissions interpeler le législateur sur le fait que ce montant est extrêmement élevé pour une élection de proximité dont l’objectif n’est pas d’empêcher les gens de participer à la vie de leur commune mais plutôt de les y inviter.
A notre niveau, nous n’avons pas de visée particulière sur telle ou telle autre commune. Nous visons en réalité toutes les communes et tous les arrondissements. Vous savez que nous sommes de création récente et que nous avons vecu tous les problèmes de la terre en un temps rélativement court. Cela ne nous a pas empêché d’aller en tant que parti républicain aux élections législatives. Même si nous avons eu seulement 2 sièges, il faut voir qu’en termes de suffrages exprimés, la NAFA vient en 4ème position après le MPP, L’UPC et le CDP d’une manière générale. Ça veut dire que nous avons une implantation nationale et il n’est pas décent pour un parti comme le nôtre de ne pas viser toutes les communes. Nous pensons sérieusement pouvoir faire un travail de fond dans toutes les communes du Burkina. Nous souhaitons bonne chance à tous les candidats et que ces élections se fassent dans un climat fraternel parce que, la politique ou une élection ne devrait pas amener des dissensions assez profondes entre les fils d’une même nation”.


Issa Dominique Konaté, coordonnateur national chargé des campagnes municipales au Mouvement du Peuple pour le Progrès(MPP)
 : “Comme vous le savez, les élections municipales sont par excellence des élections de proximité.Le peuple burkinabè à travers les élections passées, a massivement témoigné sa confiance à notre parti, en élisant au 1er tour notre président Roch Marc Christian Kaboré. Autour de son programme, nous disons que cette étape des municipales sert à parachever l’édifice institutionnel des institutions démocratiques pour l’animation du renouveau démocratique dans notre pays. Le MPP en tant que parti majoritaire, principal parti sur la scène politique, entend se donner les moyens d’assurer la gestion de la plus grande majorité des collectivités locales, c’est à dire des municipalités dans notre pays. Nous avons déjà mis en place une directive portant définition des critères, des procédures et des modalités de désignation des candidatures au niveau du MPP. Et cela repose vraiment sur des bases démocratiques pour avoir des candidats qui sont capables de réfleter les aspirations des populations à la base. Nous venons de boucler le week-end passé (entretien réalisé le mercredi 24 février, ndlr) des missions dans les 45 provinces. Nous sommes allés expliquer à nos structures locales, les critères et l’approche que le parti entend mettre en oeuvre pour ces élections municipales à venir, afin d’assurer une victoire du MPP dans la transparence et le respect de toutes les règles du jeu démocratique dans notre pays. Nous sommes en train d’affiner les autres élements en terme d’organisation même des structures des campagnes. On doit être bientôt fin prêt pour permettre de donner à notre candidat qui est devenu le président de tous les Burkinabè, les moyens de mettre en oeuvre son programme de société au profit des populations des 9000 villages et des communes du Burkina Faso.
Concernant les alliances dont vous faites cas, il faut savoir que ce sont les réalités du terrain qui guident. Nous avons clairement montré au niveau de la direction politique du MPP, notre ouverture à conjuguer avec tous ceux qui permettent de mettre en oeuvre de façon efficace, le programme du président Roch Marc Christian Kaboré. Cette volonté a même été demontrée au niveau de certaines institutions. Mais pour le moment, nous respectons l’autonomie organisationnelle de chacun des partis. Pour ce qui me concerne, je suis responsable de la campagne au niveau du MPP et je ne peux parler que du MPP. Il est prématuré de parler de quelques stratégies d’alliance, etant entendu que nous respectons tous nos partenaires, leur autonomie organisationnelle, en particulier nos alliés au niveau de la majorité présidentielle. Et à ce titre, certainement qu’il y a des contacts à d’autres niveaux. Mais pour le moment, le plus important pour nous c’est de nous organiser, de faire en sorte que chacune des communautés à la base puisse se donner les moyens de choisir de façon démocratique, des répresentants qui sont capables de l’aider pour son travail de mobilisation et d’édification du bonheur.Parce qu’il y a un certain nombre de chantiers qui sont ouverts.Le Burkina Faso sera fait par les Burkinabè en commençant par les communautés de base, les collectivités locales”.

Nathanaël Ouédraogo, secrétaire national chargé des questions électorales à L’Union pour le Progrès et le Changement (UPC) : “L’UPC est déjà même dans la phase d’activité puisque nous avons commencé les préparatifs. Comme vous le savez, les élections doivent se tenir le 22 mai 2016 et les candidatures doivent être déposées 70 jours avant auprès des commissions électorales....d’ici le 13 mars. Cela implique donc une préparation pour être dans les délais prescrits. Au niveau de L’UPC, nous avons entamé ce processus depuis plus d’un mois. Nous avons mis 2 comités en place dont un pour la stratégie et l’autre pour organiser les structures qui vont se charger de la coordination de l’ensemble du procéssus. Suite à cela, il y a eu une directive nationale qui a été produite pour aider nos candidats à constituer les dossiers et à désigner nos différents camarades qui vont porter les couleurs de L’UPC dans les villages et les secteurs.
Pour les objectifs, il faut d’abord rappeler que L’UPC avait 1653 conseillers et à peu près une vingtaine de mairies que notre parti gérait depuis les élections de 2012 et celles complémentaires qui ont eu lieu par la suite. Nous ne partons donc pas de zéro. Nous partons déjà avec un acquis. Et ces 1653 conseillers sont prêts à rélever le défi pour confirmer le challenge qui est le leur de se faire élire de nouveau. Comme tout parti qui se respecte, nous avons l’ambition aussi de montrer au niveau des communes et arrondissements de notre pays que L’UPC incarne justement une autre façon de gérer. Et pour cela, il faut gagner un peu plus de mairies pour que le changement qui va s’opérer dans la gestion de ces mairies, montre qualitativement que les choses changent pour la vie des populations. Nous avons donc un objectif qui est d’aller au-délà de ce que nous avons toujours eu. Par exemple à Ouagadougou, nous avons eu la possibilité d’avoir 1 arrondissement sur les 12 que compte la capitale. Mais malheureusement à l’époque, ça ne s’est pas fait. Nous pensons que cette fois- ci, nous allons largement dépasser quand même le seul arrondissement qu’on prétendait avoir et faire donc mieux.
A propos des alliances dont vous avez fait cas,il faut dire que l’alliance peut être structurelle ou occasionnelle.Mais pour le moment, l’UPC va positionner des listes dans les 368 communes et arrondissements du Burkina Faso. Maintenant, une fois les élections passées, il pourra avoir des alliances pour donc élire les maires cette fois parce qu’il s’agit là de suffrages indirects. En ce moment, on verra le nombre de conseillers par arrondissements ou communes que nous détenons et avec ceux aussi qui ont été élus, pour pouvoir faire des alliances avec les autres partis dans le but de gouverner. Vous savez que cette élection est particulière parce qu’il va y avoir beaucoup d’indépendants et c’est une très bonne chose. En effet, ça permet que des alliances ne puissent pas toujours se faire autour des partis politiques mais que ça se passe avec la société civile, avec des associations ou avec des individus. Quand je parle d’associations ou de groupements,il faut savoir que ce ne sont pas les associations de la société civile telles qu’on les connait. Car la nouvelle loi interdit à tout membre d’un directoire d’une association de la société civile de se porter dorénavent candidat à des élections. Je faisais référence à des régroupements d’indépendants et de personnes pour briguer des mandats électifs.
L’appel en direction de nos militants que nous voulons lancer, et notre président l’a dit au sortir de l’éléction présidentielle, est qu’il reste convainçu que son projet pour le Burkina d’un vrai et réel changement est toujours d’actualité. Et je crois que les populations sont assoiffées de voir autre chose. Donc nous appelons tout Burkinabè qui a envie de voir les choses changer, à porter son choix sur l’UPC le moment venu, pour essayer aussi le vrai changement, le vrai projet de société porté par notre parti et particulièrement son président Zéphirin Diabré”.

Aboubacar Sawadogo, 11ème vice-président chargé du développement régional du Congrès pour la Démocratie et le Progrès(CDP) ; chargé de l’organisation des élections municipales : “Le CDP comme vous le savez, est un parti très organisé jusqu’au plus pétit coin du Burkina.Ce qui fait que nous avons opté d’aller aux élections municipales et de presenter des listes sur l’ensemble des communes du Burkina. La tâche aujourd’hui qui incombe à l’instance dirigeante est de donner les instructions nécessaires aux structures de base pou l’organisation matérielle de ces élections et notamment la confection des listes.Nous sommes donc à la confection des listes que nous voulons très démocratiques parce que c’est une élection à la base, locale et de proximité. Pour nous, il importe que les populations elles-mêmes choisissent leurs répresentants.
S’agissant des alliances, c’est tout à fait naturel pour nous.Nous sommes un parti d’opposition et nous pensons que des alliances sont possibles pour que nous puissions couvrir l’ensemble du térritoire national, mais également maximiser nos chances d’avoir beaucoup plus d’élus et contrôler le maximun de collectivités. C’est donc une éventualité à ne pas écarter.
Pour le cas de nos militants en détention, cela handicape naturellement le parti. Mais nous croyons à la sincérité de notre justice et que si ce n’est donc pour des raisons évidentes, que ceux qui sont en détention provisoire puissent récouvrer la liberté provisoire pour pouvoir prendre part à ces élections. Vous savez que personne n’est jugé à l’heure actuelle. Donc il ya la présomptiom d’innocence et ils peuvent dans ce cas bénéficier de la liberté provisoire pour leur permettre d’exercer leur droit de citoyen. Nous demandons sincèrement aux autorités judiciaires de voir cela parce que nous avons effectivement des militants de tous les niveaux, du sommet comme de la base du parti, qui sont incarcérés et qui attendent d’être jugés pour certains, et pour d’autres qu’on leur communique même ce qu’on leur réproche. Nous demandons qu’on puisse les élargir afin qu’ils puissent prendre part aux élections. Ce sont des Burkinabè qui naturellement vont répondre à tout moment à l’appel de la justice, si toutefois on les appelait tôt ou tard”•

Propos recueillis par Angelin Dabiré

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