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Campagne pré-électorale : "Le Burkina perd le nord"

Publié le mardi 26 avril 2005 à 06h11min

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Bagassi Koura, journaliste indépendant s’étonne du comportement de certains Burkinabè face au bilan du régime Compaoré qu’il juge désastreux.

" Nous n’avons pas de pétrole mais nous avons Blaise Compaoré", " Nous avons remarqué que le Burkina Faso est le seul pays où la nourriture coûte moins cher, un plat de riz peut s’acheter à 50 F CFA ou 75 F CFA"... N’importe quoi !

Ces derniers temps en voyant de gens raconter des inepties de toutes sortes à la télévision et dans la presse, on ne peut pas être fier de notre pays, pauvre parmi les plus pauvres, où le chômage et la corruption ont atteint maintenant des niveaux inquiétants au grand mépris d’un régime plus préocupé par le clientélisme et l’enrichissement illicite à l’outrance que la recherche d’une voie juste d’épanouissement social.

Alors que la pauvreté et la misère augmentent de façon exponentielle, nos compatriotes s’amusent tristement et dangereusement à faire croire que nous sommes les plus à l’aise au monde. " Voter pour Blaise Compaoré". C’est maintenant devenu hymne.

Des chômeurs , des débrouillards, des étudiants FONERisés, des gérants de parkings, bref des gens de toutes origines qui tirent le diable par la queue et qu’on pensait qu’à la faveur de ces élections, allaient se liguer pour demander des comptes, se sont curieusement mobilisés dans une ferveur incompréhensible pour "soutenir" Blaise Compaoré. Oubliant l’ extrême misère dans laquelle se trouve la majorité d’entre nous ils se convainquent que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Même " des commerçants du secteur informel" se montrent fiers de demeurer dans l’informel et préfèrent mobiliser leurs énergies pour appeler à voter Blaise Compaoré plutôt que d’exiger de ce dernier de les sortir de l’état de précarité où ils se trouvent.

Ce qui est choquant au Burkina ce n’est pas l’état de délabrement socio-économique. Loin de là. C’est surtout l’attitude d’indifférence totale des gens à tous les niveaux : de l’universitaire silencieux aux petites gens se complaisant dans un éternel et suicidaire " ça va aller". Quant aux députés, vaut mieux les laisser tranquilles rouler dans de grosses cylindrées.

Des études récentes ont montré que le pouvoir d’achat des Burkinabè est très bas et qu’ en dix ans, les prix des produits de base ont connu une hausse vertigineuse. N’allez pas croire que l’exemple assez éloquent de nos frères, mais "ça va aller". Rien n’explique non plus que malgré la montée et la persistance du grand banditisme depuis des années, les Burkinabè qui ont vu plusieurs dizaines de leurs frères y laisser la peau, applaudissent ce gouvernement ou restent dans l’indifférence totale face à l’inefficacité d’un régime qui semble avoir d’autres chats à fouetter.

A cette allure, il faut croire que c’est facile d’être dirigeant au Burkina que partout ailleurs dans le monde. Dans ce pays au moins, on n’a pas, en fin de mandat, obligation de bilan. D’ailleurs personne ne vous demande de rendre des comptes. Que vous ayez dompté la justice avec " des juges acquis"", que vous ayez totalement échoué à combattre l’insécurité, que vous n’ayez aucune politique de développement sérieuse en dehors d’un improbable programme de " lutte contre la pauvreté", etc.

La récente distribution de vivres à " des prix sociaux" par le gouvernement est la preuve qu’en 18 ans de pouvoir, Blaise Compaoré n’a rien construit de solide même épargner les Burkinabè des préoccupations élémentaires.
Oui n’en déplaise aux Tontons, aux Tanties et autres ABC, on ne peut pas être fier d’un régime qui en 18 ans , a laissé des hôpitaux délabrés, une jeunesse déseouvrée, une université moribonde, un arrière-pays plongé dans la misère et surtout un pays où la corruption est la règle.

On peut se voiler la face, ignorer notre misère et continuer à faire croire que nous avons le meilleur régime au monde mais cela ne fera qu’aggraver nos souffrances.
Il paraît que Blaise Compaoré est même le seul Burkinabè à même de diriger son pays, comme Mobutu en son temps. Eyadéma aussi était irremplaçable, paraît-il. Eh bien, si c’est ce régime Compaoré (...) qui est irremplaçable, tant pis pour tous.

Kgermain@voila.fr
Bagassi Koura, Journaliste indépendant.

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Vos commentaires

  • Le 26 avril 2005 à 11:06, par Alex En réponse à : > Campagne pré-électorale : "Le Burkina perd le nord"

    Voilá ce qui est bien dit. Le malheur des Burkinabés c´est de se contenter du peu. Á partir du moment que mon cousin Alidou a réussi á son Bac et devient infirmier d´etat dans un village du pays, en percevant environs 70 000 frs á la fin du mois, il s´achéte une moto JC ; Il croit avoir bien réussi sa vie. ces nombreux cas viendront grossir le rang de ceux qui pensent que Blaise Compaoré doit etre réelu. Il sera une fois de plus élu et lui il continuera á rouler en Jc et sa mére et ses fréres de l´autre coté de Rouko, dans la province du Bam continuera á manger le Benga et le mais, et ses niéces et cousins continuerons á mopurir chaque année de méningite comme si c´était une maladie inconnue. N´est-il pas temps que les burkinabés remettent un peu en cause leurs fiertés qui les détruisent á petits feux. pensez- vous pas qu´on peut mieux avoir et mieux vivre si Blaise Compaoré et son équipe rémuait un peu les méninges ? Régardez autour de vous, tous les jeunes désoeuvrés tentent de prendre la clé des champs pour s´effondre aprés au bord de la Méditerrannée, pourquoi, c´est tout simplement que leur avenir est incertain.

    IL faut oser le changement !
    Merci Koura Germain pour ton article qui pourrait peut etre faire changer les idées á ceux qui pensent que grace Blaise Compaoré manger un plat de riz á 50 frs cfa c´est bien vivre

    • Le 26 avril 2005 à 14:04, par Nogo En réponse à : > Campagne pré-électorale : "Le Burkina perd le nord"

      C’est un article très interressant qui dit en des termes simples le désarroi qu’on puisse avoir devant la situtation actuelle du BURKINA. Qu’on soit favorable à Blaise Compaoré et à son parti, c’est un droit et une opinion politique mais qu’on ne lui reclame pas de résultats de ses actions, qu’on soit prêt à le louer sans aucune mesure et sans aucune condition, c’est nettement moins honorable et cela traduit une psychopathologie dont souffre notre cher pays.
      cela caratérise aussi le manque d’esprit démocratique et patriotique qui caractérise nos concitoyens. En effet, contrairement à ce qu’on croît, ce n’est pas à Blaise qu’il faut d’abord exiger la démocratie mais à nous même, la démocratie est un état d’esprit qui doive habiter chaque individu, et au Burkina il n’ y a pas de démocratie parce que bcp de citoyens ne sont pas démocratiques d’abord. La démocratie consiste avant tout à élir les dirigeants selon leur programme et selon leurs résultats, Or au BF, la politique, c’est une question de parti pris : soit on est avec quelqu’un quelque soit les bétises qu’il fait, soit on est contre lui quelque soit le bien qu’on puisse penser de lui et du coup on le diabolise. Il faut que cela s’arrête et qu’on commence à sortir de la logique des partis pris qui nous empêche de voir et désirer la prospérité de notre pays. C’est ce manque d’esprit démocratique qui fait qu’on puisse soutenir Blaise sans réclamer des résultats et c’est vraiment dommage.
      Que ce soit Blaise ou pas, si on élit un leader et qu’on est prêt à le reélir même s’il fait de très maivais résultats, c’est qu’il y’ a quelque chose qui ne va pas. Pour ceux qui n’ont pas un niveau d’instruction suffisante pour comprendre les enjeux il faut les comprendre, en revanche à ceux qui les manipulent, il est temps d’arrêter de voir les choses sous l’angle du profit et des relations amicales ou parentales qu’on a avec les politiques, et commencer à se poser sérieusement la question : où va notre peuple ? Sommes nous condamner à disparaître ?

  • Le 27 avril 2005 à 19:23, par Yif menga En réponse à : > Campagne pré-électorale : "Le Burkina perd le nord"

    Reflexion légitime. Je souhaiterais avoir ton courage. Pour avoir été curieux de son medecin hésitant devant son frère mourant, un de mes amis s’est laisser dir : si tu peux le soigner pourquoi viens tu nous voir ; prends allors ma place. Nous n’avons pas droit de critiquer nos sup. Ou alors !!!!

    Je suis frustré au poin de ne plus parler de politique car c’est mortel ; aussi mortel que rouler à Ouaga !

    Ciao
    Dianda

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