A Arreel, Jean-Baptiste Natama va construire une ‘’vraie’’ école avec sa subvention de campagne

Jean-Baptiste Natama n’a peut-être pas été élu président à l’issue de l’élection du 29 novembre 2015, mais en se portant candidat, des élèves dans une école sous paillote à Arreel, 15 Km de Gorom-Gorom, en tirent les dividendes. Sa subvention publique de 25 millions permettra de sortir les mômes d’une paillote qui leur servait de salle de classe pour une salle plus confortable. Une école de trois classes, un bureau, des mobiliers et équipements scolaires, c’est ce à quoi servira ce qui devrait initialement être utilisé pour battre sa campagne électorale. Ce 27 janvier 2016, les émissaires de l’ambassadeur sont allés remettre le chèque aux autorités de l’éducation de la commune de Gorom-Gorom.
Souvenez-vous, le candidat indépendant à l’élection présidentielle du 29 novembre 2015 Jean Baptiste Natama avait renoncé à utiliser sa part du financement public pour battre campagne. Il avait par la suite lancé un appel à projets sur les réseaux sociaux en vue de la réalisation d’une œuvre sociale avec les 25 millions.
C’est donc la construction d’une école qui a été retenue, et ce à Arreel, une localité située à 15 km de la commune de Gorom-Gorom dans le sahel burkinabè. Ce 27 janvier, les émissaires de l’ambassadeur sont allés remettre le chèque aux autorités administratives de la commune, pour l’exécution du projet.
« A travers cette décision, nous entendons défendre et donner corps aux valeurs qui gouvernent notre engagement politique, qui sont celles que nous avons défendues dans le cadre de notre campagne électorale, à savoir notamment que la politique est un sacerdoce et qu’elle n’a de sens que si elle est au service de l’utilité sociale », a précisé le donateur Jean-Baptiste Natama dans une correspondance envoyée aux autorités en charge de l’éducation dans la province, pour expliquer sa démarche.

Le Chèque BICIAB n°A 9627 887, d’un montant de 25 millions permettra de construire ainsi trois salles de classes, un magasin, un bureau, et d’acquérir du mobilier et des équipements scolaires. « C’est possible, si on sait être efficient, sobre, et juste du point de vue du prix, de l’exécution, mais dans la qualité requise (…) de concert avec nous, le DPENA (Ndlr. Directeur provincial de l’éducation nationale et de l’alphabétisation) a retenu l’entrepreneur », a dit Arnaud Maré, conseiller juridique et politique de Jean-Baptiste Natama, l’émissaire qui a remis le chèque. Il précisera que le donateur aura essentiellement un rôle de contrôle du chantier et remettra les clés de l’infrastructure une fois réalisée aux autorités. En tout cas, son souhait est que les élèves quittent la paillote pour intégrer la nouvelle « vraie école », dans trois mois.
Les populations engagées à se laver la figure

Grande était la joie des parents d’élèves en cet après-midi du 27 janvier. Ils sont venus exprimer leur reconnaissance au bienfaiteur, à travers son émissaire. Faisant leur cette sagesse populaire qui dit que « quand on te lave le dos, il faut savoir laver sa figure », ils ont pris l’engagement d’accompagner le projet en s’y impliquant pleinement, en apportant par exemple les agrégats, et en créant toutes les conditions favorables pour le travail de l’entrepreneur.
C’est un engagement qui selon le directeur provincial de l’éducation nationale et de l’alphabétisation de l’Oudalan, Mamadou Diallo sera effectif. Selon lui, depuis l’ouverture de l’école en 2014, les parents sont enthousiastes, malgré les conditions difficiles. « Arreel est l’une des rares écoles sous paillotes qui concentrent un grand nombre d’enfants. Au recrutement, nous étions à plus de 100 enfants dans le village, et même que tous les enfants en âge d’aller à l’école n’ont pas été pris ».
A l’en croire, cela montre la détermination des parents. « Dans notre philosophie, nous disons que les bonnes conditions, les bâtiments, sont bons mais on ne doit pas attendre les bâtiments avant de commencer à éduquer les enfants. Les infrastructures ne sont pas forcément des déterminants absolus pour un enseignement ou une éducation de qualité ; c’est souhaitable, et non un déterminant absolu », a-t-il dit avant de louer l’initiative de Jean Baptiste Natama qui vient comme une récompense au village dont les enfants ne se sont jamais découragés d’aller apprendre à lire et à écrire sous un hangar.
Dans l’espoir d’autres bonnes volontés

Dans une localité où les écoles sous paillotes se comptent par centaine, le DPENA nourrit l’espoir que l’acte du candidat à l’élection présidentielle inspire d’autres bonnes volontés. Pour lui, il ne faut pas laisser les efforts de développement aux seules mains de l’Etat. « Aujourd’hui, il y a des gens qui ont atteint visiblement un certain niveau de vies ou de possibilités et qui peuvent poser des actions concrètes pour soutenir l’Etat dans ses projets. Je suis sûr que l’acte de l’ambassadeur Jean-Baptiste Natama peut faire école. Et les gens comprendront que pour venir aider les populations, on n’a pas forcément besoin d’attendre l’extérieur ».

En attendant, la paillote qui fait office de salle de classe accueille les élèves en classe de CP2. D’un effectif de 82 élèves, avec 15 abandons, les élèves enregistrent de bons résultats à en croire le jeune enseignant Daouda Guinko. Du haut de son 1m 85, il est obligé de se plier toute la journée, impossible de le redresser sur tout son long dans sa ‘’classe’’. S’il est fatigué, il s’assoit sur un bidon, sa chaise. Son calvaire, prendra fin dans quelques mois. Les enfants également s’essayeront enfin, depuis qu’ils sont à l’école, sur des tables bancs, plutôt que sur des murettes. Et le village n’aura plus à chasser les animaux qui viennent brouter les ’’murs ‘’ de la classe en paillotes.
Tiga Cheick Sawadogo (tigacheick@hotmail.fr)
Lefaso.net