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Attaques terroristes sur avenue Kwamé Nkrumah : Que s’est t-il passé du côté de l’Institut Français ce jour ?

Publié le mercredi 20 janvier 2016 à 01h08min

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Attaques terroristes  sur avenue  Kwamé Nkrumah : Que s’est t-il passé du côté de l’Institut Français ce jour ?

Vendredi soir, je me suis retrouvé à l’Institut Français, sur invitation d’un ami artiste qui présentait son premier album au Café Concert. Un public métissé, d’artistes, avec quelques enfants qui couraient et s’amusaient sur la scène.

A l’entrée de l’Institut, pour les habitués, il se trouve un cordon de sécurité qui vérifie au laser les personnes qui franchissent cet espace culturel, de littérature et d’échanges multiculturels. On y vient pour voir du cinéma, assister à des concerts, étudier, emprunter des livres, boire une bière, prendre son café et deviser avec un partenaire, un ou une amie. Depuis le très bas âge, connu sous le nom du centre culturel Georges Méliès, il est le lieu ou plusieurs élèves et étudiants ont fourbi leurs armes à la vie active et intellectuelle. Aujourd’hui encore j’y vais à l’occasion de concerts, de festival. J’ai toujours aimé fréquenté ce lieu.

Me voici alors ce vendredi autour de 19h sur invitation de mon ami Noufou qui m’a fait l’honneur d’être parmi la centaine de ses invités. Certains adossés au comptoir et d’autres assis à leurs tables, savourant les notes mélodieuses et écoutant les paroles poétiques de ce jeune artiste. 19h30, je reçois un appel d’une source qui me dit qu’il ya des tirs en ville. Je m’éclate en lui répondant « c’est quoi ça encore ? C’en est fini les ting tang » et lui dit que d’ici on entendait rien. Malgré tout j’appelle une autre personne pour vérifier l’info. Non, cette personne me dit qu’il n’a pas d’infos. Quelques minutes après la première personne me rappelle et affirme qu’il y a véritablement des tirs du côté de Kwamé Nkrumah et qu’on dit que des Djihadistes ont pris en otage ceux qui étaient à l’hôtel Splendid.

Ne voulant pas paniquer les gens, je me dirigeai discrètement vers deux policiers et leur demandai s’ils avaient reçu une information, ils me répondirent que si, mais ils cherchaient à vérifier. Un Français s’avança vers moi et me demanda ce que j’avais comme info. Ne le connaissant pas, je lui dis que je discutais avec des hommes de sécurité, pour moi habiletés à me répondre. Il cria « Monsieur, oui ! nous sommes au courant, il y a quelque chose qui se passe sur Kwamé Nkrumah ». Et, ce monsieur me pria de rejoindre les spectateurs. Ok, ce je fis.

Quelques minutes après, voici ce monsieur qui commença à crier en direction de l’orchestre et du public « arrêtez tout ! Arrêtez ! Éteignez les lumières !... ». Panique, le public ne comprenait pas ce qui se passait, femmes, enfants, criaient. Pire on entendit des tirs en face. Les militaires passaient par là et faisaient des tirs de sommation. La panique doubla, les gens couraient dans tous les sens sans savoir quoi faire, plusieurs se retrouvèrent coincés au grand mûr barbelé au fond de l’Institut. Les enfants pleuraient, la situation étaient surréaliste, chacun faisait sa dernière prière.

Personnellement, je pris la décision d’escalader le mûr et de me retrouver dans le six mètre entre le camp Guillaume et l’Institut, dans ma chute je me déchirais la main droite avec une vielle tôle et un fessier contusionné. Un monsieur de passage par là m’emmena jusqu’à SITARAIL et je pris un taxi pour allé dans un centre de soin. Aujourd’hui tout est en ordre, j’ai fait les contrôles, tout va bien.

Mon récit est juste pour qu’on se pose des questions et qu’on prenne des mesures idoines pour sécuriser les lieux dont raffolent ces bandits et mieux nous éduquer à observer des mesures de sécurité.

En effet, comme beaucoup de gens le savent, ces soi disant Djihadistes, visent tout d’abord des intérêts étrangers. Nous étions dans une enclave diplomatique française et du coup tout le monde a pensé que c’était la fin. Malgré la présence de la sécurité, lorsqu’il y a eu la panique, les gens n’avaient plus de repères en ce moment T. La débandade qui s’en est suivie pouvait créer un drame sans précédent. Dans la bousculade, certains disaient de percer le mûr pour sortir, d’autres envisageaient des solutions risquées.

Après avoir échappé, j’ai appris que les choses étaient entrées dans l’ordre et qu’un cordon de sécurité avait été dressé pour évacuer le public. De plus en plus, il est nécessaire d’enseigner les mesures primaires de sécurité à la population lorsqu’on est en face de ce type de danger. Nous Burkinabè, nous devrons apprendre à changer nos habitudes et nos comportements.

Evariste ZONGO
Journaliste,
Spécialiste en éducation et développement

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Vos commentaires

  • Le 19 janvier 2016 à 14:09, par l’Intègre En réponse à : Attaques terroristes sur avenue Kwamé Nkrumah : Que s’est t-il passé du côté de l’Institut Français ce jour ?

    hoo mon ami, ta formation (éducative ou journalistique) t’oblige à protéger au lieu de fuir comme un rat laissant des femmes et enfants derrière.
    désormais, soit un peu courageux.
    néanmoins, meilleur santé à toi ainsi qu’a tous blessés.

  • Le 19 janvier 2016 à 14:42, par gangoblo En réponse à : Attaques terroristes sur avenue Kwamé Nkrumah : Que s’est t-il passé du côté de l’Institut Français ce jour ?

    Mais pourquoi des tirs de sommation ? Était ce chez les corps habillés aussi ou quoi !

  • Le 19 janvier 2016 à 15:54, par le peuple En réponse à : Attaques terroristes sur avenue Kwamé Nkrumah : Que s’est t-il passé du côté de l’Institut Français ce jour ?

    Ne voulant pas paniquer les gens, je me dirigeai discrètement vers deux policiers et leur demandai s’ils avaient reçu une information, ils me répondirent que si, mais ils cherchaient à vérifier. Un Français s’avança vers moi et me demanda ce que j’avais comme info. Ne le connaissant pas, je lui dis que je discutais avec des hommes de sécurité, pour moi habiletés à me répondre. Il cria « Monsieur, oui ! nous sommes au courant, il y a quelque chose qui se passe sur Kwamé Nkrumah ». Et, ce monsieur me pria de rejoindre les spectateurs. Ok, ce je fis

    Ce paragraphe me déroute quand même. Je ne comprends pas l’attitude de :
    Le Journaliste Evariste Zongo (Pourquoi vous rejoignez votre place malgré le coup de fil ?)
    Le Français (membre de la sécurité ?)
    Les Policiers (Reflexe...)

    Nous avons un sérieux problème. Gestion/transmission de l’information - Bon reflexe de la part même des forces de sécurité et conséquence la population reste exposée

  • Le 19 janvier 2016 à 16:05, par Goyang En réponse à : Attaques terroristes sur avenue Kwamé Nkrumah : Que s’est t-il passé du côté de l’Institut Français ce jour ?

    J’ai apprécié ton calme même si tu as pris tes jambes au cou par la suite. Ce que je déplore c’est l’acte irresponsable du Monsieur qui a crée la panique dans le public.A partir de cette situation, je pense qu’il faut désormais songer à donner des consignes de secours à ceux qui gèrent un public pour éviter ces situations de panique qui peuvent tourner facilement au drame.

  • Le 19 janvier 2016 à 17:33 En réponse à : Attaques terroristes sur avenue Kwamé Nkrumah : Que s’est t-il passé du côté de l’Institut Français ce jour ?

    Effectivement dans pareils circonstances les tirs de sommation produisent des effets indésirables. Gendarmes. policiers et militaires gagneraient à se déployer discrètement quite à bloquer la circulation partout où besoin.

    L’administration du centre culturel en collaboration avec la police et les sapeurs pompiers gagneraient à travailler ensemble sur un plan d’évacuation en cas d’urgence. Ils peuvent même faire des simulations pour voir sir le plan est adéquat comme cela se fait ici au Canada. Un plan d’évacuation est également valable pour tous les grands immeubles, lieux de spectacle et les hôtels. Je ne suis pas spécialiste en la matière mais en regardant l’architecture de l’hôtel Spelendid, c’est un immeuble qui se prêtait très bien à plusieurs sorties d’urgences qui peuvent d’ouvrir automatiquement en cas d’alarme. Cela aurait pu limiter les dégâts. J’ose croire que les dégâts en vie humaines ont d’ailleurs pu être limités à Splendid car le carnage a véritablement eu lieu au restaurant Cappiccino.

    Enfin, il y a lieu de réfléchir sur la question des Wahabia, Wahabites et autres salafites radicaux ? En fait, je crois qu’entre les musulman, on sait qui est radical et qui n’est pas radical. Si face à notre tolérance, nous sommes payés en monnaie de singe par l’introduction d’une telle insécurité... Pour prévenir des règlements de compte où la population se rendra justice ne gagnerait-on à anticiper en interdisant certains types d’accoutrements ? à refuser ces financements d’origine douteuse pour construire des mosquées ? à règlementer par des autorisations officielles la construction des mosquées sur tout le territoire ? Je ne dis pas interdire mais règlementer

    Enfin j’ose croire que les responsables la moquée où ces fous ont prié le vendredi avant leur carnage ont été entendu par la police ou la gendarmerie, avec une garde à vue de quelques jours. C’est le minimum pour les interpeler sur leur responsabilité et donner un signal à d’autres.

  • Le 19 janvier 2016 à 17:43, par Sidpawalemdé Sebgo En réponse à : Attaques terroristes sur avenue Kwamé Nkrumah : Que s’est t-il passé du côté de l’Institut Français ce jour ?

    Surprenant...
    Que nos autorités n’aient pas de plan de réaction rapide en cas d’attentat ou de plan d’évacuation des lieux publics, c’est plus ou moins normal. Non seulement nous ne nous sentions pas concernés par ce genre d’attaque, mais nous scrutions surtout les frontières et les villes périphériques dans l’optique d’attaques isolées et/ou d’enlèvements. Et nous étions trop pris par l’installation de nos nouvelles autorités.

    Mais que l’ambassade de France et l’Institut Français dans un pays Sahélien n’aient pas de plan en cas d’attentat ou assimilé, alors que les intérêts Français ont déjà été ciblés plusieurs fois à travers le monde, c’est vraiment surprenant...

    Reste une question : Qui a tiré dans le voisinage de l’Institut Français et pourquoi ? Si c’était pour faire évacuer par précaution, il y avait d’autres méthodes ?

  • Le 20 janvier 2016 à 06:31, par Alban En réponse à : Attaques terroristes sur avenue Kwamé Nkrumah : Que s’est t-il passé du côté de l’Institut Français ce jour ?

    En effet, c’est les étrangers occidentaux qui sont visés par ces fous de djihadistes.
    Mais nous faisons toujours parti des dégâts collatéraux.
    Donc c’est aussi notre problème à nous aussi.
    C’est ensemble qu’on vaincra la terreur.
    merci

  • Le 20 janvier 2016 à 09:12, par Bangreson En réponse à : Attaques terroristes sur avenue Kwamé Nkrumah : Que s’est t-il passé du côté de l’Institut Français ce jour ?

    La plus grande faiblesse du Burkina Faso, c’est le côté communication. Nos hommes du monde de la communication sont très peu formés à la gestion des informations en temps de crise.

    Ils font de l’information plate. J’ai suivi le Journal télévisé du 20h (19.01.2016) et franchement, on a l’impression que toute l’enquête est révélée au grand public. Aujourd’hui, nos médias et télé sont suivis dans le monde entier et même nos adversaires (voire ennemis) suivent les mêmes infos que nous.

    En second lieu, nos médias font beaucoup l’affaire des terroristes, par la grande médiatisation des événements. Il ne faut pas copier France 24 ou RFI. Ces médias sont leurs plus grands appuis, car contribuent fortement à répandre la terreur.

    Quand le pays traverse une crise majeure, il ya lieu que, sur le plan national, il y ait une grande coordination, comprenant le monde de l’information et de la communication nationale (pas international). Dans la défense de l’intérêt commun, il faut s’entendre avec la sécurité et la Justice sur les éléments qu’on peut divulguer. Les médias doivent savoir qu’en tant de crise, ils font partie du système de défense et de sécurité et doivent contribuer par un savoir-faire dans l’exploitation, la gestion et la diffusion des informations.

    Ne soyons plus naïfs ! Ce que nous diffusons et la manière de la faire peuvent servir contre notre pays.

  • Le 20 janvier 2016 à 13:35, par Abu Imrane En réponse à : Attaques terroristes sur avenue Kwamé Nkrumah : Que s’est t-il passé du côté de l’Institut Français ce jour ?

    MOI MON PROBLEME ET QUI M’ENERVE,C’EST LE FAIT QUE DES PERSONNALITÉS FRANÇAISES AFFIRMENT SUR DES MEDIA FRANÇAIS QUE LE DEMANTELEMENT DU RSP A FAVORISÉ L’INSECURITÉ FACE AU TERRORISTES.POUR QUI BOSSAIT LE RSP ?POUR LA FRANCE OU LE BURKINA ?C’EST LA QUESTION

  • Le 20 janvier 2016 à 13:47, par Abu Imrane En réponse à : Attaques terroristes sur avenue Kwamé Nkrumah : Que s’est t-il passé du côté de l’Institut Français ce jour ?

    INTERVENANT N°5, LES MUSULMANS REPRESENTENT 60,50% DE LA POPULATION BURKINABE, SOURCE:INSD, RGPH 2006. DONC ON UNE MINORITE PEUT PAS TOLERE UNE MAJORITÉ. IL FAUT EVITER DE SEMER LES GERMES DE LA HAINE RELIGIEUSE ET DE LA GUERRE CIVILE PARMI LES BURKINABE

  • Le 20 janvier 2016 à 21:31, par Bouba En réponse à : Attaques terroristes sur avenue Kwamé Nkrumah : Que s’est t-il passé du côté de l’Institut Français ce jour ?

    Monsieur Abu Imrane,
    Je suis l’auteur du commentaire 5. As-tu compris mon commentaires ? Tous les musulmans ne sont pas intégristes. Je suis moi-même musulman. Esprit trodu et intégriste, vas te pendre ou rejoins Al Qaida

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