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Attaque de Splendid Hôtel : Clément P. Sawadogo raconte le calvaire

Publié le samedi 16 janvier 2016 à 18h57min

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Attaque de Splendid Hôtel : Clément P. Sawadogo raconte  le calvaire

Les choses ont voulu que le tout nouveau ministre de la Fonction publique, du travail et de la sécurité sociale, Clément P. Sawadogo, comme les autres victimes, se retrouve en ces lieux pendant l’assaut des assaillants. Mais, il sera parmi les plus chanceux à sortir ‘’indemnes’’. Exfiltré avec d’autres otages tôt dans la matinée, le ministre a pris part au Conseil des ministres extraordinaire dès 9h ce samedi au Palais Kosyam.

Il était 8 h 45, lorsque le véhicule de l’ancien ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation de Blaise Compaoré s’est immobilisé devant la porte d’entrée du Palais. Téléphone scotché à l’oreille, c’est un homme au visage qui ne laisse rien entrevoir des difficultés qu’il a vécues, que nous avons aperçu. C’est avec punch et sérénité qu’il s’est adressé à ses interlocuteurs.

Pourtant, « C’était horrible. C’était difficile », avoue-t-il avant de retracer : « J’y étais dans les environs de 19h30, pour une réunion avec des amis avec lesquels nous étions en train de mettre en place une association à but humanitaire. Et nous étions au 4ème étage dans une salle de réunion, quand les coups de feu ont commencé. A un moment donné, les tirs étaient intensifs ; des tirs à l’arme lourde et des tirs vraiment nourris ».

Il poursuit : « On peut aussi dire que c’était un peu de plusieurs côtés. Donc, on pensait peut-être à autre chose, on ne pensait pas à une attaque terroriste ». Puis, « quand les choses se sont précisées, nous avons compris qu’en fait, c’est notre hôtel, l’Hôtel Splendid, qui était mis à sac par des assaillants. Evidemment, la peur a monté encore d’un cran, puisque ces gens-là ne font généralement pas de cadeau, ils tirent sur tous ceux se trouvant à l’intérieur. Donc, vraiment, l’horreur était à son comble. A un moment donné, ils sont venus tirer dans notre salle, blessant trois personnes. Mais, après, ils ne sont pas revenus ; comme nous étions au 4ème étage, je pense que ça nous a aidés (peut-être) ; parce qu’après cette première visite, ils ne sont pas revenus. Jusqu’à ce que dans les environs de 2h du matin, la sécurité (avec les Français, les Américains et la Sécurité burkinabè) soit venue nous exfiltrés et qu’elle ait organisé notre retour dans nos familles ».

Avez-vous pu voir les assaillants ?

« Malheureusement…, non. Ceux qui sont venus tirer dans notre salle, ils étaient deux : il y avait un, visiblement, touareg et l’autre, un peu moins visiblement (un peu plus noir). L’un était enturbanné (le touareg) et l’autre était à visage découvert. Mais, ils ne sont pas restés longtemps, ils ont tiré, ils ont fait quelques rafales dans la salle et ils sont repartis ».

Les assaillants se sont-ils adressés à vous ?

« Non, non, ils ne se sont pas adressés à nous ».

Mais, pensez-vous que vous étiez personnellement visé ?

« Je ne pense pas que j’étais personnellement visé. Toutefois, le fait que les médias aient annoncé qu’il y avait un ministre à l’intérieur était, bien sûr, source de danger, de risque supplémentaires ; parce que, vous imaginez, ces gens qui veulent faire des actions d’éclat, s’ils ont l’occasion de prendre un ministre…voilà ».

Etiez-vous informé de la situation et comment ?

« Par des messages que les gens nous envoyaient de la ville ? Non, nous étions vraiment enclavés dans notre salle, tout le monde couché, personne ne se relève, les téléphones, on évitait que les appels suscitent…et tout ça donc, on était vraiment enfermés. On n’a pas pu suivre de ce qui se passait à l’extérieur ».

Propos recueillis par Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 16 janvier 2016 à 19:53, par Brad En réponse à : Attaque de Splendid Hôtel : Clément P. Sawadogo raconte le calvaire

    Voila qui est tout bizarre. Comment ses gars sont ils rentrés dans la salle de réunion, trouvé des gens (au d’être "identifiés" comme touareg et noir) et n’ont pas tiré sur eux ? Cette histoire, chacun se la raconte mais la vérité on ne la connaitra jamais. D’ailleurs, est-il utile de la connaitre ?

  • Le 16 janvier 2016 à 21:07, par sow patrice En réponse à : Attaque de Splendid Hôtel : Clément P. Sawadogo raconte le calvaire

    je dénonce la présence du Ministre Clément à l’hôtel Splendid pour semble-t-il mettre en place une association à but humanitaire. Il faut arrêter les anciennes pratiques de l’ancien régime consistant à mettre en place des structures qui bénéficient des faveurs des autorités lesquelles sont à la base de création de ces associations. c’est injuste. il nous faut nous lever contre ces façons de faire. pauvre de Burkina !

  • Le 17 janvier 2016 à 03:30, par Sidpawalemdé Sebgo En réponse à : Attaque de Splendid Hôtel : Clément P. Sawadogo raconte le calvaire

    Un bon exemple pour ceux qui exigent la liberté totale de la presse : Pour peu que les terroristes aient suivi les média, ils auraient eu l’information qu’ils avaient un ministre sous la main et les choses auraient été différentes pour Clément Sawadogo. C’est même passé sur RFI à une heure de grande écoute. Et certains voulaient même filmer en direct l’assaut final, pour bien montrer aux terroristes, s’ils regardent simplement la télé, combien de gendarmes entrent et par quelle porte !

    Que le public et les journalistes comprennent une fois pour toutes que la liberté totale n’existe pas, et qu’en matière de sécurité, on ne peut pas laisser tout dire et montrer (surtout dans un direct qu’on ne peut pas contrôler) quand la vie ou la mort de gens en dépendent. Et ce ne sont pas excuses après la mort des gens qui vont réparer quoi que ce soit.

    Après les évènements, chacun peut y aller de son scoop, mais le direct est dangereux à la fois pour les otages et pour les forces d’intervention, car c’est donner un avantage (décisif) celui de l’information stratégique, détaillée et en temps réel aux malfaiteurs : Qui est dans les locaux et ou, quand et comment les forces de l’ordre interviennent, et j’en passe. Alors arrêtons de dire n’importe quoi au nom de la "liberté".

    Qu’on se le dise !

  • Le 17 janvier 2016 à 11:21, par yameogo victor En réponse à : Attaque de Splendid Hôtel : Clément P. Sawadogo raconte le calvaire

    merci a la force de sécurité,surtout etrangeurs ! moi j pense que l’intervention est très lent,j’imagine dans cette zone d’urgence de la ville la sécurité prend 1h et plus avant d’ intervenir

  • Le 17 janvier 2016 à 14:46, par leproff En réponse à : Attaque de Splendid Hôtel : Clément P. Sawadogo raconte le calvaire

    c’est vraiment surprenant que ces barbares aient l’occasion de faire plusieurs victimes dans une salle ou se tenait une reunion avec plusieurs personnes et qu’ils laissent passer !!!!
    Dieu merci qu’ils aient ete aveugles dans la salle de reunion de Monsieur le Ministre.
    Main dans la main nous vaincrons. Mais, Monsieur le Ministre quitte dans ca et dit nous la verite !!!!!!

  • Le 20 janvier 2016 à 10:56, par Ndivaler En réponse à : Attaque de Splendid Hôtel : Clément P. Sawadogo raconte le calvaire

    Supposons que ce que proclame notre vaillant ministre soit vrai. Mais Monsieur le Ministre pourquoi c’est en ce moment que vous avez eu ce sursaut humanitaire pour créer votre association au 4ème étage d’un hôtel huppé comme splendid hotel alors que vous êtes conscient que les gens dans un pays pauvre comme le burkina ne mange pas plus de 2 fois par jour ? De toutes façons il y a mal gouvernance quelque part.

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