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25ème convention entre la Sofitex et un Pool bancaire international

Publié le jeudi 14 janvier 2016 à 23h00min

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25ème convention entre la Sofitex et un Pool bancaire international

Bernard Zougouri, DG de la Sofitex : « Je suis satisfait parce que ce n’était pas évident de boucler notre budget »

Le directeur général de la Société burkinabè des fibres textiles, Bernard Zougouri, a le sourire. Dans un ensemble Faso dan Fani impeccablement coupé, il vient de signer en ce mardi 12 janvier, dans les locaux de l’ambassade du Burkina à Paris, la convention de financement de la campagne cotonnière 2015/2016 avec un Pool bancaire international, conduit par la Société générale et la Société financière internationale, la filiale de la banque mondiale dédiée au secteur privé.

25ème du genre, la convention porte sur un montant de 70 millions d’euros (45, 916 milliards de F CFA) et complète la première tranche de 122 millions d’euros (80 milliards de F CFA) obtenue auprès d’un Pool bancaire national dont le chef de file est Ecobank-Burkina. Le financement de la campagne cotonnière 2015/16 est donc bouclé, au grand soulagement du DG de la Sofitex, qui table sur une production de 580 000 tonnes contre 566 000 tonnes cette année.
A quoi servira cette enveloppe ? Quelle est la qualité des rapports entre la Sofitex et les producteurs ? Quid de la transformation de l’or blanc burkinabè et dans l’espace Uemoa ? Explications

Quel est l’intérêt de la convention que vous venez de signer avec le Pool bancaire international ?

En décembre 2015, nous avions signé une convention de financement avec le Pool bancaire national pour 122 millions d’euros (80 milliards de F CFA), mais ça ne suffisait pas à boucler nos besoins de financement de la prochaine campagne. Avec ce que nous venons de signer en complément, ça nous permet à présent de financer l’achat et la commercialisation du coton. Je suis satisfait parce que parce que, franchement, avec ce qui s’est passé dans notre pays en octobre 2014 et septembre 2015, ce n’était pas vident de boucler notre budget. Les banquiers estimaient que nous étions dans un pays où le niveau d’incertitude était élevé, donc ils étaient réticents à nous accorder le financement. Aujourd’hui, les gens sont un peu rassurés et ça nous réjouit

Avez-vous respecté votre engagement de payer rapidement les producteurs ?

Bien sûr ! Nous avons même commencé à payer avec ce que nous avons reçu du Pool bancaire national. Des producteurs ont reçu leur atgent, ce qui leur a permis de passer de bonnes fêtes de fin d’année ; ça nous fait honneur et renforce notre crédibilité auprès d’eux.
Quel est le prix d’achat cette année ?
Le premier choix est payé 235 F/kg contre 225 F l’année dernière. Il faut féliciter le gouvernement qui a accompagné les producteurs en augmentant le prix de 10 F CFA, donc nettement au-dessus de nos prévisions.

Des transporteurs protestent contre la présence de camions non qualifiés pour le transport du coton. De quoi s’agit-il ?

En fait, il s’agit de différentes catégories de transporteurs qui ont eu ce mouvement d’humeur. Quand nous commençons l’opération de collecte et de transport du coton, nous lançons un avis d’appel d’offre national qui est ouvert à tous et ceux qui remplissent les conditions fixées peuvent soumissionner. Ceux qui sont retenus transportent par la suite les balles de coton des usines vers les différents ports. Il se s’est trouvé que l’opérateur incriminé est pratiquement le plus gros, dispose d’une surface financière considérable que les autres n’ont pas. Ces derniers ne supportent pas la concurrence et se sentent donc écrasés.

Ils disent que ce sont des camions Benne de la société CimFaso qui ne sont pas homologués pour transporter du coton, mais autre chose…

Oui, c’est effectivement ce qu’ils avancent comme argument principal mais, en-dessous, il y a d’autres choses qui ne sont pas exprimées. De toute façon, nous sommes disposés à dialoguer pour trouver une solution, en réexaminant au besoin les textes sur lesquels ils se basent pour dire qu’il y a des catégories de camion destinées au transport de telles ou telles marchandises. Personnellement, je n’ai pas tous les éléments en main et je vais m’informer davantage pour voir quelle est la réalité des choses. S’ils ont raison, on va corriger ce qui est corrigible et dans le cas contraire, on n’y pourra rien. C’est la concurrence et elle est ouverte à tous les Burkinabè !

Il y a quelques années, des producteurs avaient menacé de produire autre chose que le coton. Cette menace existe t-elle toujours ?

Non, c’est du passé tout ça ! Aujourd’hui, les gens sont unanimes : On ne peut pas se passer de la culture du coton. C’est vrai, certains avaient tenté d’autres cultures de rente, comme le sésame, mais vu la volatilité du cours mondial avec parfois des chutes assez importantes, ça ne rassure pas les producteurs. En revanche, avec le coton, ils sont à l’aise parce qu’ils sont certains que leurs productions seront achetées. L’important pour nous aujourd’hui est de travailler à mieux les encadrer pour qu’ils utilisent au mieux les techniques que nos agents sur le terrain leur enseignent. Par exemple, comment mieux utiliser les engrais pour que l’exploitation soit de très bonne qualité et qu’ils remboursent leurs crédits. Vous savez que les producteurs sont organisés en groupement et c’est par les organisations professionnelles qu’on fournit les engrais et non individuellement. Ainsi, il est plus facile de récupérer les fonds parce que les gens sont responsables et solidaires entre eux. Lorsqu’un membre est incapable de rembourser son crédit, c’est l’ensemble du groupement qui est tenu de rembourser et en général, tout s’arrange

Quelle est la superficie consacrée à la culture du coton dans votre zone ?

Au début de chaque campagne, les producteurs font connaitre leurs intentions et après, nous allons sur le terrain pour recenser ce qui est réellement exploité. En prenant en compte les inondations qui surviennent parfois, nous pouvons estimer les surfaces totales cultivées autour de 600-700 000 ha. Mais quelque soient les aléas, je reste confiant quant à l’avenir du coton au Burkina. C’est vrai que depuis quelques années, il y a un boum minier dans notre pays, mais le coton demeurera une culture de rente qui apportera énormément aux producteurs et à l’Etat. Je le dis souvent : Nous sommes nés trouver le coton et on partira le laisser !

Quid de la transformation du coton dans l’espace Uemoa ?

Nous sommes des acteurs de terrain et notre souhait est de pouvoir trouver rapidement une solution à ce problème de transformation. Nous n’avons que les Filatures du Sahel (Filsa), la seule société qui transforme le coton et qui est installée à Bobo-Dioulasso. Mais elle n’absorbe même pas 5% de la production, ce qui signifie que la presque totalité est exportée, ce qui nous met à la merci des cours du marché mondial. Nous souhaitons donc que d’autres entités se créent, et je lance un appel aux potentiels investisseurs qui s’intéressent au coton. Le champ est libre et il y a des potentialités et beaucoup d’affaires à faire dans ce domaine. Si nous parvenons à transformer la moitié de la production, ce serait un vrai soulagement pour tous les acteurs de la filière.

Interview réalisée à Paris par Joachim Vokouma ; Lefaso.net (France)

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Vos commentaires

  • Le 14 janvier 2016 à 16:29, par BOLY En réponse à : 25ème convention entre la Sofitex et un Pool bancaire international

    "Tu es né trouver le coton au Burkina, tu vas partir laisser le coton" ... pauvre de toi cher DG ! Comment peut on être si ignorant de SES PROPRES intérêts vitaux ? On vient liguer, brader la sueur de vaillants paysans, à vil prix, aux prédateurs en leur faisant miroiter un prix de vente du coton de 135 F CFA/KG !!! 700 000 Ha de nos meilleures terres sont confisquées pour produire du coton juste pour satisfaire les intérêts d’un pool bancaire à paris. J’en passe sur les terres confisquées pour la canne à sucre à Banfora !! Mr le DG, comment le Burkina est arrivé dans le coton ? Depuis quand le coton est cultivé au Burkina ? Pourquoi et pour qui le Burkina cultive le coton ? Après 20 ans, vous êtes toujours à l’étape de lancer un appel à des investisseurs pour la transformation du coton sur place ? Si le ridicule pouvait tuer !!!! Dites-nous FILSAH, c’est pour qui ? Mr le DG, pourquoi y a t’il pas un tel pool bancaire pour la culture du Sésame ? du niébé ? du maïs ? ce que les Burkinabé mettent dans leur ventre et qui ne nécessitent pas de transformation colossale !

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