Observation des élections du 29 novembre 2015 : le REN-LAC note 241 cas de corruption
Au cours d’un déjeuner de presse qu’il a organisé ce mardi 12 janvier 2015 à Ouagadougou, le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) a dressé le bilan de l’observation des élections du 29 novembre 2015 qu’elle a faite. Un bilan peu reluisant car le réseau dit avoir noté 241 cas de corruption électorale. Actualité faisant, le secrétaire exécutif Claude Wetta a également rappelé la nécessité d’organiser des audits de la gestion de la transition.
Plus d’un mois après la présidentielle et les législatives qui ont porté Roch Marc Christian Kaboré à la tête de la Magistrature suprême, le Réseau national de lutte anti-corruption dévoile les chiffres sur les cas de corruption notés durant le scrutin. Presque tous les partis en lice pour la présidentielle et quelques partis ayant pris part aux législatives ont été cités lors du déjeuner de presse animépar Claude Wetta, secrétaire exécutif du REN-LAC qui avait à ses côtés Kondé Mafing, trésorier général du réseau, Bruno Kéré, chargé des plaidoyers et du lobbying et Guézouma Sanogo, le responsable à la communication. Et ce sont 241 cas de corruption électorale « caractérisée par la distribution d’argent, de gadgets ou de carburant » qui ont été mentionnés par les conférenciers.
Le MPP, l’UPC et le CDP en tête
« L’argent reste le moyen le plus important de gagner des élections », dixit Claude Wetta. Pour une première observation qui fut de longue durée (2 août au 29 novembre 2015, NDLR), les couacs relevés par le REN-LAC font froid dans le dos. Le Mouvement du Peuple pour Progrès (MPP) détient le bonnet d’âne des partis politiques cités dans les cas de corruption avant et pendant la campagne électorale. Le parti, cité 121 fois selon Claude Wetta, se serait illustré par le paiement de frais de carburant, de restauration et la distribution de billets de banques dans des secteurs des villes telles que Bobo-Dioulasso, Manga, Kaya, etc.
L’Union pour le progrès et le changement (UPC) cité 33 fois, aurait remis, le 27 novembre dans la ville de Tenkodogo, des billets (1000 F à 5000 F) à des habitants. Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) cité 24 fois, vient en troisième position. Parmi les indépendants à la présidentielle, figure aussi Issaka Zampaligré qui aurait fait don de huit motos à des chefs traditionnels le 25 octobre 2015.
La liste est longue et l’on retrouve des partis tels que l’Union pour la renaissance/Parti sankariste (UNIR/PS), le Faso Autrement, l’Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA), le Parti de la renaissance nationale (PAREN), le Parti pour le développement et le changement (PDC), la Nouvelle alliance du Faso (NAFA), le Mouvement pour la démocratie en Afrique (MDA), etc.
Recommandations
Si la bonne organisation des élections a été saluée par la plupart des partis politiques et observateurs nationaux et étrangers, il reste que le scrutin a été marqué par quelques imperfections. L’ouverture tardive de plusieurs bureaux de vote dont certains ne disposaient pas suffisamment de matériel et de documents électoraux, et l’absence des noms de certains électeurs, pourtant munis de leurs cartes d’électeurs, sur les listes sont entre autres les irrégularités notées par le REN-LAC. Au regard donc des insuffisances constatées avant et pendant le scrutin, le réseau a formulé quelques recommandations. Il s’agit pour le gouvernement de « repenser le mécanisme de financement des partis et formations politiques ; pour la Cour des comptes de « veiller au dépôt des rapports financiers par les partis politiques et candidats ayant bénéficié des financements publics pour les élections » ; pour les acteurs politiques d’ « adopter un comportement responsable en bannissant les actes proscrits » ; pour la CENI de « sensibiliser les acteurs et de renforcer l’organisation opérationnelle du scrutin ».
Pour ce qui concerne la justice, le REN-LAC estime qu’une police des élections devrait être déployée à chaque élection pour « constater les pratiques déviantes constitutives d’infractions pénales ». Et puisque le rapport du REN-LAC n’a pas valeur juridique, Bruno Kéré reconnait que le réseau ne peut recourir qu’aux simples témoignages puisque les informations recueillies dans les treize régions ont été traitées minutieusement.
Audit de la transition
L’investiture de Roch Marc Christian Kaboré, le 29 novembre 2015 a mis fin à la transition entamée au lendemain de l’insurrection populaire d’octobre 2014. Pour le REN-LAC, cette Transition « était censée relever un défi, celui de la gestion transparente de la chose publique ». Mais en tant qu’organisation de veille et conformément à l’esprit de redevabilité, le réseau s’est réjoui de la volonté du président de faire l’audit de la Transition. Ce qui permettra à chaque acteur, selon Claude Wetta, de répondre de ses actes pour que les Burkinabè aient un jugement « objectif » de la gouvernance. Et si l’Autorité supérieure du contrôle de l’Etat et de la lutte contre la corruption (ASCE-LC) et la Cour des comptes se déclarent incompétentes, Claude Wetta pense qu’un cabinet privé pourrait bien se charger du travail.
Herman Frédéric BASSOLE
Annick Kaboré(Stagiaire)
Photos : Bonaventure PARE
Lefaso.net
Vos commentaires
1. Le 13 janvier 2016 à 07:15, par Charles En réponse à : Observation des élections du 29 novembre 2015 : le REN-LAC note 241 cas de corruption
Elle était visible là, en mpp l’interdiction des gagés je sais pas si les thee shirts et les casquettes ne son pas gagés.
2. Le 13 janvier 2016 à 08:42 En réponse à : Observation des élections du 29 novembre 2015 : le REN-LAC note 241 cas de corruption
Messieurs du REN-LAC, les cas que vous avez évoqués ne sont qu’une goûte d’eau dans la mer. C’est le côté visible de l’iceberg. Sinon s’il faut parler de corruption, corruption il y a eu et beaucoup d’argent, de matériel ont été donnés. De mémoire d’hommes, corruption n’a pas été autant pratiquée, au vu et au su de ceux qui de ceux qui devaient sanctionner ou interpeller les auteurs de ces actes. Beaucoup de motos, de véhicules, de pagnes et autres biens d’achats de consciences ont circulé. REN-LAC a peut-être été un peu trop myope ou sourd sur ces faits. Ou bien il n’a pas été suffisamment présent sur le terrain pour voir les choses. Les faits cités dans la présente conférence de presse sont négligeables par rapport à l’armada de moyens mis pour gagner des voix ou les élections. J’ai espéré que les Burkinabè aient un sursaut de civisme, mais hélas. Les gens sont encore prêts à se faire acheter avec des pagnes, 1000 f, en somme des gadgets. Vraiment les mentalités restent celles d’hommes et de femmes aliénées.
3. Le 13 janvier 2016 à 10:02, par OCy En réponse à : Observation des élections du 29 novembre 2015 : le REN-LAC note 241 cas de corruption
Peut on vraiment faire une campagne sans rien donner. Même dans la vie, quand on rend visite à quelqu’un pour le respect il arrive que l’on donne quelque chose. Pensez vous que l’on peut réunir des gens sans rien donner surtout pendant plusieurs heures sur place. Le mieux serait de changer le mode des élections en permettant par exemple à un collège d’intellectuels et de leadeurs d’opinion de voter. A voir vos résultats, on peut dire que la corruption électorale est en fonction des moyens de chacun. Pour dire, qu’il n’est pas exclu que les partis soient au même niveau s’ils avaient les même moyens.
4. Le 13 janvier 2016 à 10:26, par wasiba En réponse à : Observation des élections du 29 novembre 2015 : le REN-LAC note 241 cas de corruption
Bon boulot, REN-LAC
5. Le 13 janvier 2016 à 10:33, par wasiba En réponse à : Observation des élections du 29 novembre 2015 : le REN-LAC note 241 cas de corruption
M. ou Mme OCy, Bien sûr, on peut le faire. Ici, c’est la loi qui l’interdit. Ce qui veut dire que les partis peuvent être traînés devant la justice. Il faut arrêter de faire les rapprochements avec les choses sociales etc. C’est des contextes différents. C’est vrai que cette loi (ne pas donner l’argent etc) est un idéal. Mais il faut la respecter en NE sortant pas des propos comme les vôtres. Il faut supporter les structures comme REN-LAC qui osent dénoncer ces départages par rapport à la loi. C’est ainsi qu’on construira une société de plus en plus responsables, non avide d’argent et meilleure. Est-ce que vous n’avez pas honte pour ces chefs traditionnels (supposé garant de de dignité), qui se livre à des pratiques rabaissantes ? Où se trouve le "kuum saon yandé" ?
6. Le 13 janvier 2016 à 12:01 En réponse à : Observation des élections du 29 novembre 2015 : le REN-LAC note 241 cas de corruption
pour moi le seul cas de corruption valable est celui qui a donné des motos aux bonnets rouges sinon pour les bons d’essence etc un parti peut le faire à ses militants pour qu’ils battent campagne sinon pourquoi nos ressources sont distribuées à hauteur de 25 millions a chaque candidat ? c’est pour leur propre poche ?
7. Le 13 janvier 2016 à 12:37 En réponse à : Observation des élections du 29 novembre 2015 : le REN-LAC note 241 cas de corruption
J’encourage le REN-LAC pour le travail abattu, mais il faut reconnaitre qu’à chaque fois son travail est "médecin après la mort" pour dire que le REN-LAC a peur de dénoncer les actes de corruption à temps. Courant mois d’avril-mai 2011, j’ai été victime de corruption à outrance au Palais de Justice de Ouagadougou et pendant que j’y étais, j’ai appelé sur le numéro vert du REN-LAC de 9h00 à 13h00 sans avoir de réponse. Ce n’est que le lendemain vers 11h00 qu’on m’a rappelé pour savoir ce qui se passait. Quand j’ai expliqué le problème, celui qui était à l’autre bout du fil m’a simplement dit que je devais faire un scandale pour me faire entendre. Je me pose la question de savoir si le REN-LAC est là pour lutter contre la corruption ou il est là simplement pour informer qu’il y a eu corruption par ci ou par là ? Aidez moi....
8. Le 13 janvier 2016 à 14:03, par ablo En réponse à : abdoulaye88@yahoo.fr
je ne suis pas d’accord avec le RENLAC ;même ds les démocraties avancées(France, USA) on ne peut pas faire une campagne électorale sans donner du carburant ou de l’eau à certains soutiens pour qu’ils fassent le travail.Cà ce n’est pas une corruption.Ns vs attendons dans les grandes corruptions tels les marchés publics qui grèvent notre économie.Vs accusez inutilement les partis politiques.VS MËME vs prenez du carburant pr vos tournées et de l’argent pour manger ou louer des hôtels.
9. Le 13 janvier 2016 à 14:08, par Jeunedame seret En réponse à : Observation des élections du 29 novembre 2015 : le REN-LAC note 241 cas de corruption
Pardon ; ne blâmez pas tant le REN-LAC ; il se cherche aussi ; comprenez son euphémisme ; il se cherche. Si vous voulez élections sans corruption chez vous, c’est simple : supprimez les subventions et interdisez campagne politique. C’est ce mot campagne qui excite les tentations ; toujours créées par l’argent gratuit. REN-LAC, courage ! Dénonce un peu et tais-toi !
10. Le 13 janvier 2016 à 15:24, par l’éteincelle En réponse à : Observation des élections du 29 novembre 2015 : le REN-LAC note 241 cas de corruption
L’argent donné par l’Etat est destiné à permettre aux partis d’aller à la rencontre des populations . On peut donner des motos mais aux structures du parti et non à des individus. Les structures sont animées par des hommes à qui il faut donner du carburant et un peu d’argent de poches pour rallier les campagnes. Si ce n’est que ça,on ne peut parler de corruption. Ce qui est interdit par la loi c’est quand le don d’argent est destiné à acquérrir la voie d’un electeur comme une marchandise. Dans un pays comme le nôtre cet idéal peut être atteint mais pas dans l’immédiat. Il est important néanmoins que le RENLAC continue à sensibiliser,pour que,ce qui apparait aujourd’hui comme fantasme d’intelectuels voire de la chimère rencontre réellement l’adhésion des populations.La loi doit être toujours en avance sur la réalité pour tirer la société vers le meilleur. Il faut donc arrêter de dire qu’on rêve,car sans rêve aussi,la vie devient sans goût.
11. Le 13 janvier 2016 à 16:13 En réponse à : Observation des élections du 29 novembre 2015 : le REN-LAC note 241 cas de corruption
internaute 9,
je suis d’accord avec vous.
Mais pour que le REN-LAC réussisse, il faut revoir sa compétence et ses pouvoirs.
1- les membres doivent être neutres (partis politiques, société civile, juriste)
2- son rattachement. ministère ? président du faso ? président AN ?
3- son autorité : convocation ? sanction ? limite de réaction ex : peut il convoquer
un fonctionnaire ? un responsable ?
etc
mais s’il est une coquise vide, il va exister pour le nom. Parce ce que le ren-lac doit être comme la police ou la gendarmerie. Pouvoir convoquer, écouter, donner des avertissements et sanctionner les récidivistes
12. Le 13 janvier 2016 à 16:22 En réponse à : Observation des élections du 29 novembre 2015 : le REN-LAC note 241 cas de corruption
Les gars, pour lutter contre la corruption, il faut que les travailleurs soient bien payés avec des avantages (aide sociale, crédit en interne, aide santé etc)
imaginez un policier qui a une femme et quatre enfants, si le salaire ne suffit pas, vous croyez qu’il peut resister à ceux qui veulent donner quelque chose pour qu’on les laisse tranquille ?
c’est tout un système à revoir. regardez l’université et les concours. les fraudes ne manquent pas
l’Etat doit voir le niveau de vie, créer des emplois pour lutter contre la corruption
13. Le 13 janvier 2016 à 17:19, par Lalbila En réponse à : Observation des élections du 29 novembre 2015 : le REN-LAC note 241 cas de corruption
RENLAC, certains cadeaux ne doivent pas être traités de corruptions.
Un militant qui fait 17 à 25 kms à vélo pour aller assister à un meeting, est déjà convaincu !
Si après cette cérémonie le Délégué Régional du Parti remarque son effort et lui donne amicalement 1000 f, est-ce vraiment une corruption ?
Je pense que la corruption c’est entre autre, faire savoir à l’avance au Militant que s’il se déplace, il aura ça.
Pour la couleur, chaque Parti peut se l’attribuer sans écriteau, c’est une humeur d’ensemble qui n’est pas interdit.
14. Le 13 janvier 2016 à 21:42, par Elmagnifico En réponse à : Observation des élections du 29 novembre 2015 : le REN-LAC note 241 cas de corruption
J’apprécie les actions du REN-LAC mais ici le REN-LAC a tout faux ! Si vous voulez être objectif il suffit de dire que l’Etat ne doit plus dégager un budget pour les candidats lors des élections. Que chacun se débrouille avec ses propres moyens financiers et relationnels. Le capitalisme et le libéralisme sont les lits moelleux de la corruption ! Vous le savez mieux que quiconque. Et aujourd’hui tout tourne autour du pouvoir d’achat ! Le système a la peau dure. Si vous voulez enrayer la corruption il faut relever le niveau de salaires donc le niveau de vie des populations, casser les prix des produits de première nécessité et vous verrez qu’un jeune ne s’hasardera plus à damer le macadam de Kossodo à Bilbalogo juste pour 1000 frs et un sachet d’eau. Vous maintenez le peuple dans un état inimaginable de total dénuement et vous voulez qu’il refuse de courir derrière des machines ambulantes à sous ?